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1 Utilisateur(s) anonymes
Le der des ders |
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Bonjour.
Suite au commentaire de Robot, que je remercie par la même occasion, je crois qu’une mise au point est nécessaire. En retraçant l’histoire et la fin d’Augustin Trébuchon, ce sonnet est d’abord un rappel en hommage à ce que nos anciens ont vécu durant cette guerre qui devait être la dernière. Ne cherchez pas ici trace d’humour, il n’y a pas sa place. Ces quelques vers ont été écrits pour dénoncer la connerie du Commandement qui envoie à la mort, pour des raisons futiles (et vérifiées), une estafette à onze heures moins dix alors que l’on savait depuis quelques heures que la fin du conflit était officiellement fixée à onze heures. Mais peut-être me suis-je fait mal comprendre… Je reviendrai plus tard répondre aux observations qui m’ont été adressées au travers des commentaires.
Contribution du : 04/02/2014 12:02
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Re : Le der des ders |
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Rassure-toi Alexandre, tu as choisi le bon registre.
Nul d'entre nous ne peut en témoigner directement, et pour cause, mais j'imagine que c'est sur ce ton que ses camarades ont du commenter la triste mésaventure de Trébuchon. Il faut savoir aller au delà de ce ton faussement détaché (mais très réaliste) pour saisir toute la rage de l'auteur devant la sottise meurtrière de l'adjupète.
Contribution du : 04/02/2014 14:05
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Re : Le der des ders |
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Maître Onirien
Inscrit:
31/10/2009 09:29 De du côté de Brocéliande
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Je ne vois pas en quoi toute trace d'humour ôterait de la gravité à ton texte Alexandre.
Plus que ton propos et ta façon de présenter la chose c'est le déroulement de cette anecdote, c'est la mort elle-même qui fait ici de l'humour noir et traite avec dérision ce pauvre Trébuchon. Cette fable cruelle et macabre aurait-elle gagné en profondeur si tu nous l'avais faite larmoyante et tragique ? Je ne crois pas et je suis convaincue que si le lecteur trouve entre tes lignes cet humour que tu te défends d'y avoir mis (c'est son droit, c'est le tien) il ne peut le voir que comme "la politesse du désespoir"
Contribution du : 04/02/2014 18:31
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"La poésie est aux apparences ce que l'alcool est au jus de fruit" Guillevic |
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Re : Le der des ders |
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Bonjour ! J’avais promis de répondre à vos questions, me voici…
Après avoir lu et pesé chaque commentaire, j’ai décidé d’apporter quelques modifications à ce sonnet en ce qui concerne la forme et le vocabulaire. Oui, la virgule après « frontière » est tout à fait justifiée et le tercet final aura sans aucun doute meilleure allure sous la forme suivante : C’est ainsi que périt Augustin Trébuchon, Tombé pour annoncer la soupe et le cruchon Avant que le clairon ne sonne l’Armistice… Enfin le vers 5 devient : « Quatre ans sous la mitraille en simple combattant, » car je crois que mitraille est plus appropriée que gadoue. Pour ce qui est du reste, je pense que chaque mot est à sa place. Adjupète ? C’est ainsi que l’on désignait un adjudant à cette époque La double allitération du vers suivant : « Quand d’un maudit Mauser la culasse coulisse. » n’est pas là par hasard… ni pour faire joli. Le fusil Mauser qui équipait l’armée allemande était bien entendu maudit par les Français tout comme le Lebel, le fusil français, l’était par les Allemands. La culasse qui coulisse indique l’introduction d’une balle dans le canon, dernière opération avant le tir sur un fusil semi-automatique. Pour la petite histoire, les Autorités militaires françaises, sans doute conscientes mais un peu tard de leur bêtise, ont officiellement fait mourir Augustin Trébuchon le 10 Novembre… La vérité a été rétablie et son nom figure sur le monument aux Morts de Vrigne/Meuse où il repose pour l’éternité… La majorité des commentateurs ayant compris le sens de ce texte écrit à ma façon mais sans la moindre ironie, le but est atteint… car Augustin est sorti de l’ombre. Je vous remercie très sincèrement ainsi que le C.E et les correcteurs… A la prochaine...
Contribution du : 05/02/2014 11:57
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Re : Le der des ders |
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Salut, Alexandre,
J'ai vainement cherché l'extrait de film que je voulais déposer ici. Il y a très longtemps que je n'ai plus vu ce film, mais je me rappele plutôt bien la scène dont on peut voir le début ici. J'ai pensé à cette scène en lisant ton texte. Je me rappelle qu'ensuite (ce n'est hélas pas inclus à la vidéo ci-dessus), Jean-Paul Belmondo, ou plutôt le personnage qu'il incarne, imagine le texte qu'on enverrait par courrier aux parents du défunt, dans lequel on ne les baratinerait pas sur le comportement héroïque de leur fils, mais dans lequel on écrirait simplement la vérité toute nue, ordinaire et sans gloire, mais d'autant plus tragique qu'elle serait dite sans dramaturgie. On écrirait simplement que le soldat - répondant au patronyme d'Alexandre ! - est mort à la place d'un autre en allant chercher du café pour ses copains. Week-end à Zuydcoote, réalisé par Henri Verneuil, sorti en 1964.
Contribution du : 05/02/2014 14:05
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Re : Le der des ders |
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Salut stony. Je viens de regarder l'extrait en question et je me souviens parfaitement de ce film. Il y a une similitude entre les deux situations, la mort du trouffion, mais sur la Meuse c'est à la suite d'un ordre à la con qu'Augustin a laissé sa peau...
Contribution du : 05/02/2014 14:24
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Re : Le der des ders |
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Oui, similitude partielle, on est bien d'accord.
Pour moi, cette scène revêt un caractère un peu particulier. Un ou deux endroits exceptés, je déteste la côte belge. Il m'est arrivé plusieurs fois, en me trouvant du côté ouest, de préférer franchir la frontière pour me retrouver deux kilomètres après celle-ci, sur une plage où l'on ne trouve rien d'autre que la nature et le calme absolu que l'on ne trouve pas de l'autre côté. C'est à Zuydcoote. Ayant gardé cette scène en mémoire depuis mon enfance, le contraste entre ce souvenir et le calme de cet endroit est particulièrement frappant. Je rapprochais cette scène (surtout la partie que l'on ne voit pas dans l'extrait) et ton texte pour leur ton, relatant un scène qui aurait pu être une scène de vie ordinaire si elle s'était produite ailleurs ou à un autre moment. Bien entendu, l'aspect "inutile" du décès est encore renforcé par les circonstances, dans ton poème. Et c'est cela qui est tragique. Un ton plus grave aurait dénaturé, je crois, l'absurde de la situation. Dis-moi comment que t'as fait pour l'adjupète ? Ca t'es venu comme ça ? Réminiscence professionnelle ? Ne me dis quand même pas que t'as trouvé ça dans un dico des rimes ! Bon... à discuter comme ça du fond, on en oublierait presque que c'est un sonnet, avec derrière un boulot que l'on ne voit pas.
Contribution du : 05/02/2014 14:59
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Re : Le der des ders |
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Adjupète ? Oui, il figure dans tous les dicos de rimes mais, comme tu l'as deviné, je n'ai pas eu grand effort à faire pour le trouver bien que ce terme d'argot militaire 14/18 ait été depuis fort longtemps remplacé par "juteux", pas vraiment plus élégant.
L'adjudant n'a jamais eu bonne presse !
Contribution du : 05/02/2014 16:27
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Re : Le der des ders |
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Alexandre,
Toi, on peut dire que t'es un chef pour me faire remonter des trucs de loin. D'abord, c'était Zuydcoote. Et maintenant, à bien examiner cet "adjupète" et ses différentes combinaisons de sonorités, je crois entendre "jupette", et du coup une vieille chanson de mon enfance. Et d'ailleurs, une autre combinaison (que je ne détaille pas) me ramène encore une autre chanson de mon enfance. Tu sais ? Cette histoire d'un type qui écoutait cet "adjudant d'mes fesses" dans le pagne de Ludi. A présent qu'on est bien détendu, après le pouce café et quelques chansonnettes, je vais pouvoir t'énnerver un petit peu... Je n'ai pas trouvé que le ton de ton poème ne convenait pas à la situation, bien au contraire, mais j'ai tout de même été un peu contrarié par le vers suivant : "Quand d'un maudit Mauser la culasse coulisse..." Comme, décidément, les choses m'en ramènent toujours d'autres, j'ai cru entendre ces répliques de "La grande vadrouille" : BOURVIL : Y'a pas d'hélice, hélas. DE FUNES : C'est là qu'est l'os ! Du coup, ça m'a un peu coupé mon effet. ... ... ... Bon, maintenant que te sens déjà bien chaud, je peux te dire que c'est pas grave parce que, comme les Bretons se serrent toujours les coudes (j'ai dit "se serrent"... pas "lèvent" !), le commentaire de Tizef m'a permis de réécouter ce vers d'une nouvelle façon et, là, ça passe beaucoup mieux. Désolé... je me suis un peu moqué des sergents. C'était pas sérieux. Mais celui de ton poème, au moins, il l'aura pas volé.
Contribution du : 05/02/2014 22:04
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Re : Le der des ders |
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Ne t'inquiète pas stony, il n'y a pas là matière à m'énerver. L'âge aidant, je suis plutôt du genre cool et pour me faire sortir de mes gonds il en faudrait bien plus. Ca fait vingt deux ans que j'ai quitté l'uniforme et mon passé d'aviateur "militaire" ne me colle pas à la peau... sans pour autant cracher dans la soupe.
En écrivant ce sonnet, j'étais bien loin de songer à la Grande vadrouille et je n'aurais jamais imaginé que ce vers "Quand d'un maudit Mauser la culasse coulisse..."puisse prêter à confusion... Comme quoi il faut toujours bien peser ses mots et ses tournures. Tizef et moi-même avons été élevés dans le même quartier et à la même époque, l'après-guerre... Ca crée des liens ! C'est toujours un plaisir de débattre d'un sujet, quel qu'il soit, avec des interlocuteurs de ton genre... et je te le dis comme je le pense. Bonne nuit jeune homme !
Contribution du : 05/02/2014 22:34
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