J'ai lu Les Catilinaires et un autre que je me suis empressé d'oublier. Au risque de casser l'ambiance et conscient que tous les goûts sont dans la nature, je dois avouer que je n'ai pas encore compris ce qu'on pouvait trouver à la prose de Mademoiselle Nothomb. Je trouve ça consternant. Mais c'est sans doute moi qui ne suis pas réceptif.

"Stupeur et tremblements" est un petit roman tout à fait conventionnel et, à mon avis, fort bien écrit, qui plaira beaucoup plus à ceux que les métaphores d'Amélie rebutent absolument.
Pour ma part, c'est le dernier livre d'elle que j'ai lu, ayant avalé tout ce qui l'avait précédé et ayant fait une soudaine overdose. Irréversible ? Je ne sais pas.
Mon préféré - jusque là - était "La métaphysique des tubes"...

"Mercure", une magnifique fable sur l'acceptation de soi et sur ce que l'amour peut pousser à faire; superbe.

"Antecrhista", encore une histoire de manipulation,... et de rédemption.

"Cosmetique de l'ennemi", un voyage dans le suréalisme, la folie, les mondes parrallèles et puis le désespoir, la solitude, le monde moderne aseptisé.

"Stupeur et tremblement", pour un amoureux du japon come moi, et voulant découvrir sa culture, une merveilleuse initiation, réelle, conforme à la réalité.

"Hygienne de l'assassin", un chef d'oeuvre intimiste, un plaisir du verbe, des dialogues aux ciseaux

"Le sabotage amoureux", "peplum", ? peut être un cran en dessous, mais il faut bien se reposer de temps en temps.

Enumération, énumération, quel intérêt? Peut être simplement pour relever que dans son imposante production, il y a quelques perles, quelques joyaux qui excusent les romans presque alimentaires. Oui, j'aime lire Nothonmb, même si c'est du politiquement correct, j'y prend du plaisir, et surtout, oui surtout, je me refuse à intellectualiser mon plaisir, à le décortiquer, à critiquer de manière docte, oui, je préfère jouir de la lecture que de me demander pourquoi je devrais ne pas en jouir.

Et donc, aimer même les navets, comme les cinéphiles parfois aiment à regarder les séries B, parce qu'elles font ressortir encore les qualités des bons films, et aussi, oui aussi, parce que l'on y prend du plaisir. Ne pas bouder son plaisir, et être vigilant, prendre garde à ce que la raison, la culture, le savoir, ne pennent pas le pas sur notre sensibilité.

Bonjour,

Je vois que "Le Nothomb annuel fait couler beaucoup d'encre"...

On dirait que la plupart des lecteurs d'Oniris se retrouvent un peu sur les mêmes titres, parmi les premiers qu'elle a publiés. Ces ouvrages figurent parmi ceux que je préfère. Les derniers ouvrages qu'elle a publiés m'ont déçue mais qui sait, peut-être publiera-t-elle un jour un roman qui me surprendra agréablement ?

PS : Cet auteur n'est toutefois pas mon préféré.

""Stupeur et tremblements" est un petit roman tout à fait conventionnel"
tiens, c'est curieux à lire, comme expression

c'est difficile à lire, pour moi, un A.N.
impossible à dire pourquoi.
dans "hygiène de l'assassin" je me suis dit "mais qui peut avoir écrit un truc de malade ainsi?" et quand un proche m'avait demandé de préciser, je n'ai pas pu. je n'arrivais pas à trouver les mots pour expliquer mon malaise
puis j'ai lu "la métaphysique des tubes" et ça m'a conforté: ou bien l'auteur a un grain, ou bien il est génial.... ou bien je n'arrive pas à comprendre sa logique.
puis j'ai lu "Stupeur et tremblements", grandement autobiographique. et là, je tenais du tangible: une humaine vrai de vrai. trompée par la vie, qui croyait au père noel à 35 ans, mais que je ne pouvais que croire quand elle me parlait du japon et de son vécu là bas .
après ça, je n'ai plus osé lire quoique ce soit d'autre d'elle. Pourtant tous ses bouquins sont à la maison: acide sulfurique doit être à 5 mètres de moi, si je le cherche, mais j'ai peur de perdre l'image de mademoiselle nothomb que "stupeur et tremblement " m'en a donné. alors je ne lis pas.
donc, bidis, pour reprendre mon expression de départ, conventionnel n'est pas le terme que j'emploierai mais je suis d'accord que les deux autres que j'ai lu d'elle ne le sont pas, par contraste.

Citation :

Je voulais dire que ce livre répond à l'idée que la plupart des gens se font du roman (convention = accord tacite sur des règles établies). Si Amélie avait écrit dans les années 1940-1970, j'aurais parlé de "Nouveau roman", mais ce mouvement est clos. Sarraute, Robbe-Grillet, Butor, etc... n'avaient d'autre rapport entre eux que dans leur façon non conventionnelle d'écrire, chacun à leur manière. La plupart des oeuvres d'Amélie s'inscrivent tout à fait dans cet esprit tandis que "Stupeur et tremblement" est un simple récit. On peut être scotchant et original tout en se maintenant dans des règles établies.

ah! d'accord, je comprends mieux et effectivement.
c'est vrai que le mot "conventionnel " a un petit côté "bof", à priori, mais ton explicatio est tout à fait claire. merci de l'explication.

Pour ceux que cela intéresse
Amélie Nothomb sera l'invitée du "Jeu des dictionnaires" la semaine prochaine. (du lundi 15 au jeudi 18, de 17h15 à 18h30 sur La première (RTBF radio)).
Pour les Français qui sont privés des radio Belges, Les jeu des dictionnaires est une émission qui allie culture et humour (genre bande à Gueluk)
Postcastable le lendemain de la diffusion ici
http://podcasting.rtbf.be/montre/index.htm?key=LP-DICO&chaine=lapremiere

et après, vous la verrez d'un tout autre oeil (permettez-moi l'expression), je vous le garantit. Merci Colette

Je vous trouve bien courageux d'y passer autant de temps, sur le cas Nothomb. J'ai dû m'arrêter à métaphysiques des tubes, et j'aurai dû m'arrêter juste avant... Elle a assurément une technique d'écriture redoutable, une maîtrise de la langue, mais quand on est publié, c'est le minimum du minimum que l'on puisse exiger. Quand on est noyé sous la production des livres, je trouve qu'il faut garder un peu d'humilité et se dire : non, je tenterai la publication en maison d'édition quand j'estimerai avoir écrit un chef-d’œuvre ou avoir trouvé des idées exceptionnelles, des intrigues a-lu-ci-nan-teus. Je ne suis pas sûr que Nothomb se pose ce genre de question... et ce n'est pas la seule, certes, étant donné que l'on se retrouve face à la même absurdité, exacerbée d'année en année, d'avoir quelques centaines de romans qui sortent en septembre.