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1 Utilisateur(s) anonymes
Le petit crabe - Commentaires |
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Expert Onirien
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22/05/2015 16:04 De REGION PARISIENNE
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Bonjour,
Je remercie vivement les femmes et les hommes de l'ombre qui font vivre ce site et y impriment des valeurs de respect, d'ouverture, de pluralité et d'exigence. Je remercie les lecteurs et tout particulièrement ceux qui ont laissé un témoignage de leur lecture, un commentaire de partage. Je vais vous dévoiler l'histoire de ce texte. Je l'ai écrit pour répondre à un appel à des auteurs solidaires sur le thème du cancer. Je n'ai pas voulu contourner l'obstacle, au contraire, j'ai choisi de m'atteler à la lourde tâche de parler du cancer de l'enfant, et d'aborder une issue fatale. Il ne s'agit pas d'une auto-biographie, si ce n'est qu'au même âge que mon héroïne (j'ai remarqué cette coïncidence hier), j'ai affronté un problème de santé, moins grave, mais qui venait quand même bousculer la vie de famille sans soucis jusqu'alors. J'ai compris que mes parents, trop bouleversés, ne pourraient pas me soutenir, et que ce serait à moi de les aider à traverser au mieux cet épisode. Je me suis sentie responsabilisée, mûrie, par cet événement, presque instantanément. Une fois la décision prise d'écrire, ma ligne de conduite a été : - apporter un espoir même à ceux qui connaissent ou qui redoutent la mort de leur enfant - déculpabiliser la recherche de plaisirs après l'épreuve fatale - rester dans une dignité dans le fond et dans la forme - me souvenir que je serai lue par des victimes, des personnes qui vivent le cancer, avec lesquelles on ne triche pas En écrivant, j'étais appliquée, comme l'écrit in-flight, « tel un gymnaste sur une poutre qui oscillerait entre tomber à gauche (le monde du pathos) et tomber à droite (le monde de la description froide, le regard clinique). » Je cite également Elena tant sa perception décrit le but que j'ai cherché à atteindre : « c’est comme si vous autorisiez l’espoir. Celui qui permet de croire que dans les pires moments aussi peut s’illuminer la douceur des souvenirs. »… ou encore jaseh « Il y a un grand message d'espoir derrière la douleur et vous avez bien su le restituer dans cette courte nouvelle: la vie ne s'arrête jamais et rien ne se fait sans la lumière de cet espoir. » J'ai beaucoup pratiqué le théâtre (amateur) et j'ai trouvé mes plus grandes satisfactions dans la crédibilité qui est perçue et qu'on ressent soi-même dans la peau d'un personnage, ou juste en jeux d'improvisation, dans la restitution d'émotions. Avec ce texte, c'est aussi ce que j'ai espéré. En le relisant encore aujourd'hui, je frissonne moi-même, alors que le temps de l'écriture semblait m'épargner. Un immense MERCI à vous tous pour vos témoignages de compassion dans des douleurs universelles que j'ai juste voulu partager, une minute de silence pour réfléchir, se recueillir. Merci à ceux qui pensent, comme papipoète « Votre texte est écrit avec pudeur et délicatesse ». Ce texte est en ligne depuis quelques mois sur mon blog (qui reste très confidentiel). Pourtant, mes statistiques m'informent que deux à trois fois par semaine un lecteur allemand lit ce texte-là. C'est pour moi un mystère et une merveilleuse reconnaissance.
Contribution du : 27/10/2015 13:40
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"Penser est difficile, c'est pourquoi les gens jugent" Carl JUNG |
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Re : Le petit crabe - Commentaires |
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Visiteur
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Bonjour Lala,
Vous avez su donner à votre texte une crédibilité telle, que nous avons été nombreux à penser qu'il s'agissait d'une histoire autobiographique. C'est là tout votre talent. Toutefois, je crois que j'aurais préféré lire en incipit les circonstances de l'écriture du texte. Cela n'aurait rien enlevé à sa qualité. Et personnellement, j'aurais été moins gênée pour le commenter.
Contribution du : 27/10/2015 15:31
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Re : Le petit crabe - Commentaires |
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Expert Onirien
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24/03/2013 19:06 Groupe :
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Bonjour Lala,
Je suis parti d'un constat simple: l'auteur a mis ce texte en ligne, il sait à quoi il s'expose donc il faut faire fi de la question "autobiographie". Ce texte est en ligne et il doit être soumis à la critique au même titre que les autres, aussi tragique que soit le thème abordé. Sincèrement, je suis surpris car l'écriture est simple, le thème est évidemment "sensible" mais c'est autre chose qui m'a plu. Je crois que j'ai aimé cet hommage dans la dignité, dans la retenue. Un exercice d'équilibriste, avec une dernière phrase qui vient quand même exploser cette retenue. En tout cas, vous êtes une sacrée actrice car nombreux sont ceux qui ont pensé que vous étiez la maman de cet enfant alors qu'en fait, vous avez été l'enfant de cette maman, avec un dénouement plus heureux.
Contribution du : 27/10/2015 16:02
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La peur rend lâche, la lâcheté rend soumis. |
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Re : Le petit crabe - Commentaires |
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Expert Onirien
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14/08/2009 09:58 De Bretagne
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Ayant lu les circonstances de création, je me sens plus à l'aise pour faire un commentaire moins laudatif que la plupart des autres lecteurs.
Tout d'abord, j'ai une très forte réticence à l'égard des textes sur des sujets aussi sensibles: j'ai toujours le sentiment d être prise en otage. Mais sur votre texte, ce n'est pas ce qui m'a le plus génée : autant je peux comprendre qu'une mère ait besoin de magnifier les dernières relations avec son enfant mort, autant je suis mal à l'aise quant à cette exaltation fictive : la maladie c'est moche et sale, on se débat et on surnage comme on peut, plus souvent mal que bien et je trouve qu'accréditer l'idée que ce soit potentiellement un moment sublime n e peut qu'accentuer la détresse de ceux qui sont simplement dans l'angoisse, l'impuissance et la souffrance. Comprenez moi bien : votre texte est très bien écrit, d'une efficacité remarquable et je salue le talent. En revanche, le message me gêne.
Contribution du : 27/10/2015 18:34
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Croire qu'on écrit, ça demande déjà de l'imagination... |
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Re : Le petit crabe - Commentaires |
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Expert Onirien
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18/07/2009 23:51 Groupe :
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J’ai lu, hier, « Le petit crabe »…. Et j’ai fait l’erreur de le commenter comme s’il s’agissait d’un témoignage. Témoignage tellement poignant, presque insoutenable.
Dans un tout premier temps, j’ai quand même trouvé bizarre deux choses : - Je croyais que Lala était une jeune fille… Allez savoir pourquoi ! Les pseudos, les écrits, les interventions, sur le Web, sont parfois trompeurs, me disais-je. - Qu’il ne soit pas question, dans un cas aussi gravissime, d’I.R.M. Le récit étant écrit à la première personne du singulier, il s’agissait donc, à mes yeux, d’une maman - en l’occurrence Lala - terriblement courageuse. Courageuse, qui plus est, d’oser publier une page témoignant, avec pudeur, de sa douleur. Profondément émue, je ne me suis pas autorisée à décortiquer le moindre défaut éventuel d’écriture. D’où mon « Passionnément + ". Et voilà que j’apprends, aujourd’hui, que ce récit est une fiction… D’un sens, pour Lala, tant mieux. Oh, tant mieux. Mais j’éprouve une certaine gêne d’avoir, en quelque sorte, été roulée dans la farine. L’auteur a joué avec les émotions de certains de ses lecteurs. Cela me fait penser à un poisson d’avril du plus mauvais goût. Ainsi, j’exprime ma colère et me pose des questions : - Il aurait été de bon ton, au minimum, d’expliquer, dans l’incipit, à quoi correspondait ce récit (les naïves de mon espèce ne l’auraient pas pris pour autobiographique). - Comment un auteur est-il capable d’écrire une fiction sur un sujet aussi dramatique ? - La souffrance de la voisine, de la cousine ou de la concierge, confrontée à un tel drame, ne peut se comparer à notre propre souffrance. Chacun possède sa façon de gérer les traumatismes infligés par la vie. - Qu’ont vraiment pensé, de cette nouvelle purement fictive, les mamans réellement confrontées à la perte d’un enfant ? Terminant, ces temps-ci, la lecture du croustillant « Voyage au bout de la nuit », de Céline, je me demandais, pas plus tard qu’hier au soir, si cette histoire était autobiographique. Eh bien l’auteur ne manque pas de nous préciser, en préambule, qu’il s’agit d’un « roman, rien qu’une histoire fictive »… Bref, j’ai le sentiment désagréable que Lala, en utilisant le « je » (faisant donc croire qu’il s’agissait d’une terrible autobiographie), a joué avec ma sensibilité. Maintenant, peut-être ai-je tort. Grand tort. Peut-on, en littérature, tout se permettre ? Ce sujet mérite-t-il - ou non - un débat ? P.S. – Je souligne bien que s’il avait été indiqué dans l’incipit (du petit crabe) qu’il s’agissait d’une fiction, mes questions, ma colère seraient totalement infondées. Automnale
Contribution du : 27/10/2015 18:44
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Re : Le petit crabe - Commentaires |
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Chevalier d'Oniris
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08/05/2015 22:47 De Buis-les-Baronnies
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Merci de votre réflexion. Je rejoins assez Coline-Dé et me méfie beaucoup des "thèmes à la mode" ou des livres sur commande. Vous avez bien écrit votre texte mais je me demande si la fiction est le bon endroit pour nous faire réagir sur ces réalités-là...
Libre à vous d'écrire sur ce qui vous semble bon, évidemment, mais moi non plus je n'aime pas être pris en otage ou avoir à participer forcément à de bons sentiments. J'ai eu la chance en revanche de lire le dernier roman de Maylis de Kerangal: "Réparer les vivants" et j'ai beaucoup aimé ce livre, à la hauteur de son sujet, sans complaisance ni apitoiement. Un texte très rigoureux et précis, quoique lyrique, sur le don d'organe. Comme quoi, on peut aborder les "grands sujets", mais encore faut-il alors que son texte soit au niveau de ce qu'il aborde... Complexe et profondément travaillé... Je ne dis pas que ce n'est pas le cas du vôtre, mais... On n'est jamais assez exigeant avec soi-même... Merci en tout cas de l'occasion de ce partage...
Contribution du : 27/10/2015 19:17
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Ma jouissance est sens ouïr, sans tutelle de sens jouir |
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Re : Le petit crabe - Commentaires |
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Visiteur
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Bonsoir lala... Je suis un grand naïf ! Non seulement la narration à la première personne mais aussi certains détails que je cite dans mon commentaire m'ont fait croire que vous étiez la maman de cette petite fille. Grâce au ciel il n'en est rien et c'est très bien ainsi... Toutefois, ayant moi-même perdu une personne très chère, mon épouse pour ne rien vous cacher, dans ces conditions, je ne pense pas qu'un auteur soit en droit d'aborder un tel sujet, à la première personne, sans expérience personnelle ou tout au moins sans prévenir que ce n'est qu'une fiction...
Comme beaucoup d'autres vous m'avez trompé et votre référence au théâtre n'est pas une excuse... Ca me servira de leçon ! A vous aussi peut-être...
Contribution du : 27/10/2015 19:47
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Re : Le petit crabe - Commentaires |
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Organiris
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17/09/2009 15:41 Groupe :
Évaluateurs Groupe de Lecture Responsables Edition Onirateurs Onimodérateurs Équipe de publication Organiris Auteurs Correcteurs Comité Editorial Membres Oniris Post(s):
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La lecture de toutes ces interventions me fascine...
Le texte de Lala a tout d'abord recueilli une brassée de plumes, en grande partie sur la puissance émotionnelle qu'il dégage. Soit. A présent qu'il s'avère être une fiction, certains d'entre vous se disent trompés, voire en colère. Soit. Mais tout de même, sans porter d'avis sur ce texte en particulier, je m'insurge sur: - le fait qu'on imagine ne pas pouvoir écrire sur n'importe quel sujet. Certains sont plus risqués que d'autres, mais c'est l'auteur qui décide, tant pis pour lui s'il se plante. - le fait qu'on ne puisse pas, qu'on n'ait pas le droit, d'écrire à la première personne du singulier sous prétexte qu'on n'est pas le narrateur, qu'on n'a pas vécu soit même ce qu'il raconte. (sachant que là également, c'est l'auteur qui décide et peut se planter). Ceci, en particulier, me parait nuire gravement à la bonne santé de la littérature. Bref, je revendique le droit d'écrire à la première personne du singulier sous le masque d'un violeur, d'un président de la République, d'une mère de terroriste, d'une victime d'un attentat.
Contribution du : 27/10/2015 20:05
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Re : Le petit crabe - Commentaires |
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Expert Onirien
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24/03/2013 19:06 Groupe :
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@ Alexandre:
vous écrivez "je ne pense pas qu'un auteur soit en droit d'aborder un tel sujet, à la première personne, sans expérience personnelle" --> J'ai écrit un texte sur un psychopathe qui tue une femme mais je ne l'ai jamais fait dans la vraie vie. Je m'en vais de ce pas descendre dans la rue pour buter le premier venu. Comme ça je serai légitime. Tout ce débat sur la réalité de l'histoire me semble complètement à côté de la plaque. J'ai fini le texte de Lala très secoué et j'ai pensé à elle, puis j'ai pensé à ceux à qui c'est arrivé. Et puis j'ai commenté : pas le fond mais la forme. Ce texte m'a ému et c'est ce qu'on cherche en littérature comme ailleurs.
Contribution du : 27/10/2015 20:08
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La peur rend lâche, la lâcheté rend soumis. |
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Re : Le petit crabe - Commentaires |
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Visiteur
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Bonsoir Perle-Hingaud... Qu'il n'y ait pas de sujets tabous que l'on ne puisse aborder, je suis tout à fait d'accord avec vous. Toutefois, quand vous achetez un ouvrage en librairie vous savez pertinemment s'il s'agit d'un récit autobiographique ou d'une fiction... C'est l'unique reproche que, pour ma part, je fais à lala !
Bonne soirée.
Contribution du : 27/10/2015 20:13
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