J'ai fini par mettre le doigt dessus. Plusieurs fois, je lis un truc et je me dis "c'est bien, l'histoire est sympa, mais c'est un peu plat".

Et pourquoi?

Bingo!

La question du narrateur.

On peut avoir trois type de narration:

- A la premiére personne, sous forme journal (cf confession d'accesoire). Autant le dire, c'est plus facile à faire, pourvu qu'on joue le jeu. Indispensable: respecter un ton "parlé" (en fonction du personnage choisi), et ne pas hésiter à transcrire tout ce qui reléve de l'émotion et de la sensation.
Ca donne, si c'est bien fait, un récit trés vivant, mais partiel: pas moyen d'apprendre un truc que le narrateur ne sait pas.

- A la premiére personne, sous forme de lettre. On en apprendra autant, normalement, sur le destinataire que sur l'expediteur. C'est extremement difficile à réussir, parce que dés qu'on en dit trop ça à l'air artificiel.
Ca peut créer une ambiance, mais c'est souvent un peu terne.

- A la troisiéme personne. La, le narrateur, c'est Dieu, et il fait ce qu'il veut y compris intervenir dans le récit. La liberté est totale. On peut, sur ce mode, faire tout ce qu'on veut.

Et justement.

Trop souvent, en narrateur externe, l'auteur s'attache à un personnage et ne le lache pas. On peut changer de lieu, de moment, de personnage, d'angle, de logique narrative et... rien. Si c'est pour coller au basques du perso principal, alors autant utiliser la premiére personne (plus vivant). En jouant avec le zoom du narrateur (plus prés, plus loin, plan américain, plan large, plan fixe...), on crée une varité dans le récit, qui permet de relancer l'attention du lecteur. Et de s'amuser un peu aussi.

Alors, ne pas hésiter a changer d'angle, de point d'attention, le but du jeu, c'est que le lecteur en sache le plus possible, et même, plus que les personnages.

J'écris tout à la troisième personne. Je me sens incapable d'écrire au "JE", de faire du héros le narrateur. En fait, c'est un peu mon graal. Dans 10 ans, si dieu le veut, si j'écris encore, je tenterais le coup...

Vachement intéressant, ce que tu dis, Maelle. Je suis la première à affirmer : "Alors, ne pas hésiter a changer d'angle, de point d'attention, le but du jeu, c'est que le lecteur en sache le plus possible, et même, plus que les personnages."
...et je tire cette pensée de mes lectures de Queneau!

je trouve le "je" effectivement plus facile. Et souvent plus justifié pour parler des émotions du personnage. Ce que je préfère en faite, c'est un "je" un peu excentré, qui peu raconter à la 3ème personne, puis revenir sur lui même.

Mais on bon narrateur omniscient, qui développe une fine complicité avec le lecteur, un narrateur externe mais vivant, une conteur en faite, c'est super agréable.

... de ce que j'en pense.

Je n'ai pas l'impression qu'un "je" soit plus adapté qu'un "Il" et vis versa, pour ma part, c'est l'histoire qui dicte le point de vue le plus adapté, par contre il m'est arrivé d'écrire une nouvelle en "Je", puis en "Il" voire en "On" et de les comparer afin de savoir ce qui correspondait le mieux.

Un exemple de "Je" bien utilisé, c'est la nouvelle de Den sur ce site : "Jacquou".

J'adore le "je" des lettres. Je le trouve beaucoup plus intéressant que le premier "je" parce qu'il s'adresse à quelqu'un. Le premier "je" s'adresse aussi à quelqu'un, indirectement, il pense au lecteur. Mais d'avoir deux lecteurs à penser, c'est une mise en abîme qui rend le tout encore plus compliqué et super intéressant.

Un poil tordue la Kâgneuse

merci de me le rappeler xD