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Les coupables
Chevalier d'Oniris
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16/07/2010 17:45
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Bonjour et merci à toutes celles et ceux qui ont lu et commenté cette nouvelle.

Je me rends bien compte, en lisant vos commentaires, que la lecture de ce texte a été "pénible" pour beaucoup d'entre vous. J'en suis désolée. Je vais tenter de répondre point par point aux commentaires:

Sur la pénibilité de la lecture:
Je vous rejoins, effectivement s'il faut deux ou trois lectures pour comprendre qui pense, cela est effectivement très, voir trop, pénible. Mon principal souci était d'être compréhensible, tout en restant dans le non-dit, puisqu'il s'agit du thème principal de la nouvelle. De toute évidence, je n'ai pas réussi ce point.
Initialement, j'avais pensé ce texte comme un court-métrage. Dans les premières versions, le texte commençait par un film projeté dans le tribunal qui permettait, selon moi de mieux situer chaque personnage de l'extérieur. Or il semble que cela rendait le texte répétitif, trop explicite pour le coup. J'ai donc retiré cette introduction de cette version, et me voilà donc dans l'excès inverse.
Finalement, je pense que dans la prochaine version, je pourrais garder et accentuer ce parti pris. Écrire cette nouvelle à la manière d'un story-board incluant les "dialogues", ce qui permettrait d'intégrer des indications de jeu de chaque personnage, leur nom mais aussi ce qu'ils font. Vos avis sur cette possibilité m'intéressent… N'hésitez pas.

Sur l'égocentrisme des personnages:
Il s'agit de pensées, forcément égocentriques dans la mesure où elles sont toutes imprégnées (à part pour celles du maire) de sentiment de culpabilité: Evan se sent coupable de ne pas être "à la hauteur", Élodie de la mort de son frère et Alain de ne pas pouvoir protéger son village. D'où le titre: tous les innocents se sentent coupables, seul le véritable coupable est en plein déni.

Sur la crédibilité des pensées de Evan:
D'après mes expériences professionnelles et personnelles, les enfants qui sont confrontés à des situations extrêmes ne se victimisent jamais (cela est une réaction très adulte, une fois que la personne n'est plus exposée à la situation de danger). L'une des postures possibles est "l'adultisme" (le terme n'est pas de moi) qui consiste à mettre entre soi et cette réalité extérieure agressive une sur-intellectualisation, certes décalée par rapport à l'âge réel de l'enfant, qui permet une mise à distance des émotions. D'autres postures possibles sont la non-pensée, voir la non-émotion. J'ai volontairement choisi cette première posture qui pour le coup est bien réaliste. Est-elle crédible? Si la référence est le monde littéraire, probablement que non, si la référence est la réalité de certains enfants, alors oui.

Sur le choix de la catégorie:
Au départ, j'avais classé cette nouvelle en SF, mais puisque selon les premiers commentaires (auxquels j'ai adhéré), la machine "l'empathiplan" qui permet de lire dans les pensées, semblait poser des problèmes de cohérence, j'ai choisi de l'édulcorer. Tout bien réfléchi, je pense que j'aurais dû au contraire insister sur cet aspect, mais sans mes habituelles demi-mesures, en changeant complètement le contexte pour un cadre futuriste.

La dénonciation:
Alain justifie sa violence à l'égard du maire par son préjugé selon lequel son point de vue ne sera pas entendu. Alain est très complexé par rapport à son ami d'enfance. Il ne s'agit que de son point de vue. Le fait que le maire soit arrêté et jugé montre que ces accusations ont bien été prises en compte.
Alain souffre d'une véritable obsession et effectivement, cela crée des répétitions qu'il faudra que je retravaille.

Sur l'aspect artificiel de certaines phrases:
Effectivement, certaines phrases ne sont placées que pour donner des indications aux lecteurs mais ne sont pas dans la fluidité des personnages. Je pense que la version story-board permettrait de retirer ces lourdeurs. (Par exemple, lorsque Evan décrit ses vertiges, sa perte d'équilibre…)

Pour ce qui est du "charcutage" du texte:
Ce texte a subi de très nombreuses "interventions". La "première" version soumise (qui était déjà une énième version… si! si! Il y aurait une vie avant Oniris) était construite de manière différente et j'avais apprécié que grâce aux premiers commentaires, je puisse déconstruire la structure du texte (ce que je n'avais jamais fait jusque là). J'ai fait de mon mieux pour prendre en compte les conseils donnés (que chaque personnage ait un niveau de langage différent, estomper l'aspect tribunal et empathiplan, entre autres…) Quant à savoir si j'ai retravaillé ce texte, d'autres ont répondu pour moi, et je les en remercie.

Enfin pour terminer, je voudrais juste préciser ma démarche: sur ce site, je ne soumets à la lecture que des textes qui me posent problème, devant lesquels je me sens "coincée" après de très nombreuses réécritures. Celui-ci en est un bon exemple. Je suis en attente de pistes, de regards constructifs pour que je puisse réécrire mon texte. J'ai peut-être tort mais je ne vois pas en Oniris un site d'exposition sur lequel je viendrais chercher flatteries et compliments, en proposant à la lecture des textes aboutis. Je viens apprendre et améliorer mon écriture. Je précise cela pour éviter de nouvelles déconvenues à certains lecteurs: en lisant mes textes, vous ne lirez pas des chefs-d'œuvres, seulement des textes en cours d'écriture.

Une nouvelle fois merci pour les pistes offertes.

Yaya

Contribution du : 30/09/2010 11:28
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Re : Les coupables
Expert Onirien
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Après avoir lu le texte et les commentaires que vous en faites, je retiens ceci :

ce texte est très travaillé mais on a le sentiment qu'il l'est dans des objectifs multiples et qu'il peut y avoir comme un épuisement à vouloir tous les atteindre :

Que l'écriture soit de qualité
Que l'histoire ait un sens
Que le sujet, classique, soit traitée de façon "différente"
et surtout :
Que le style (chaque partie prenante de l'action monologuant et donnant des indications, à la fois de leur personnalité et sur le fil de l'histoire, etc.) conduise à une conclusion claire et "percutante"

Ce qu'il me semble, donc, c'est que l'auteur s'est peut-être pris les pieds dans le tapis de ce dernier objectif en voulant lui donner le plus de force et d'efficacité possible, donc en "surtravaillant" son texte sur cet aspect (ce qui expliquerait les commentaires les plus critiques)

En ce qui me concerne et, spontanément, je trouve l'exercice bien fait et je pense sincèrement n'être pas capable de construire un texte de cette façon

Contribution du : 01/10/2010 10:39
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Re : Les coupables
Chevalier d'Oniris
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Bonjour Yaya,

Je vais reprendre le nom des parties de ton post (certaines) pour répondre à plusieurs choses.

"Sur la pénibilité de la lecture:"

"Finalement, je pense que dans la prochaine version, je pourrais garder et accentuer ce parti pris. Écrire cette nouvelle à la manière d'un story-board"

Je ne sais pas vraiment ce que tu appelles "story-board" mais si c'est comme ce qui se fait dans le cinéma, pré-production du film, ça risque de ne plus ressembler du tout à une nouvelle, mais... à un story-board quoi :)

Après, ça dépend, je t'encourage là dedans si c'est plus un truc du genre :
----------------------------------------------------------------------------
Elodie, place du marché, 8h33.

"Suivent les pensées d'Elodie, ses actes, etc, comme on écrit une nouvelle."
----------------------------------------------------------------------------

Mais je ne vois pas quelque chose de très explicite avec qui parle, qui se tient comment, qui prend quel ton, etc. Il ne faudrait pas que ça devienne une pièce de théâtre.

Franchement, c'est clair, il parait flou ton texte, même s'il ne l'est pas pour toi. Mais même en restant dans le non dit, on peut faire des choses pas trop mal et surtout "suivables".
Jphil a publié un texte dernièrement (L'ombre et la luciole) où il met en scène pas mal de personnages, parfois pas nommés tout de suite, et à deux époques différentes, sans le dire explicitement (pas au début du moins). J'ignore si tu l'as lu mais c'est très réussi, beaucoup de lecteur ont apprécié la lecture et ne se sont pas perdus dans les méandres de sa nouvelle. Peut être que tu pourrais t'amuser à décortiquer son texte, ça te donnerait une piste ou des idées, je ne sais pas...

Moi, je ne suis pas à l'aise avec il/elle. Avec du "je", ça coule tout seul. C'est un problème, que j'ai contourné à ma manière. Loin d'être un handicape je trouve, cette faiblesse de toujours vouloir du "je" est devenue une caractéristique de mes textes (de mon style ?). Dans des textes que je ne montre pas ici, j'adopte les points de vue de mes personnages, à tour de rôle, toujours avec le "je".
Au début de chaque partie/chapitre, j'indique simplement le nom du personnage, sans aucune indication sur "l'espace-temps" et je démarre ma narration.
Ici, peut être que tu pourrais essayer comme ça... Je lance juste l'idée, vu que tu cherches à faire autrement.

"Sur la crédibilité des pensées de Evan:"

"(...) Est-elle crédible? Si la référence est le monde littéraire, probablement que non, si la référence est la réalité de certains enfants, alors oui."

Bon... si tu le dis...
Je n'ai pas d'expérience en la matière, ce qui fait que je suis très sceptique là. Mais en admettant que la "théorie" que tu énonces est juste, du point de vue littéraire, comme tu le dis, c'est difficilement crédible. Je vois ce besoin de retranscrire une réalité à laquelle tu crois (potentiellement juste hein, je dis pas que c'est juste toi qui y crois), mais là, dans une nouvelle, ça passe pas du tout. Disons que le lecteur n'a pas de manuel de psychologie de l'enfant à côté de lui et ne peut pas identifier ce petit garçon, lui donner vie comme personnage à part entière, crédible.

Je crois que dans mon commentaire je dis qu'il peut penser ce qu'il pense, mais pas l'exprimer ainsi.
Les mots choisis, le phrasé, sont tellement loin de ceux des enfants que... ben que c'est pas crédible quoi.

J'en profite pour parler d'Alain aussi.
Lui non plus n'est pas crédible vis à vis de la formulation de ses pensées. Je veux dire : c'est un mec, un adulte, qui a un métier manuel (aucun préjugé de ma part mais ça compte), qui est en colère, tellement en colère qu'il pourrait (et envisage d'ailleurs) tuer.
Et il pense ceci ? --> "(...) je n'ai pas le choix, je dois trouver un moyen de le réduire à l'état de casse-croûte pour vers."

Franchement, je me suis dit : c'est un simplet le Alain ?
Je verrai plutôt un truc du genre : "Je vais lui faire bouffer ses couilles à ce gros vicelard de merde !"

Surtout que même si en l'occurrence, il s'adresse à nous, lecteurs, ça reste ses pensées. Il n'a pas besoin de se montrer poli ou quoi face à une dame par exemple.

Les paroles, dans la vulgarité, permet d'extérioriser la colère, le malêtre. C'est très important. Si quelque chose de me plait pas, je ne vais pas me sentir mieux après avoir dit que ça m'incommodait, mais je vais me sentir bien mieux après avoir hurlé que ça m'emmerdait grave.
Là on se croirait dans HP avec Hermione qui dit "cette horrible bonne femme" au lieu de "cette foutue garce" parce qu'on a interdit à JK Rowling de mettre des gros mots.

Le ton est une échelle qui permet de entrevoir les sentiments de celui qui parle/pense. Les mots en sont une aussi, faut pas négliger.
C'est vraiment là que ça pêche. C'est un peu tout les personnages qui ont des lacunes de crédibilité dans leur pensée.
Ils sont en colère ou pas ? Je dis pas d'être forcément trash ou grossier, mais il faut écrire autrement, sans cette pluie de "!" pour nous faire comprendre qu'ils sont révoltés ces personnages.

Bref, je m'éloigne un peu. Ce que je voulais dire, c'est que le petit Evan parait trop adulte et Alain parait trop enfant.

"Pour ce qui est du "charcutage" du texte:"

Je n'ai pas lu d'autres versions du texte, je ne peux pas dire ce qui a changé ou non. Visiblement, beaucoup de choses d'après ce que tu dis ici.
Quand j'ai dit "il faut que ça saigne" en faisant référence à placebo, je ne parlais pas de charcuter le texte en fait. Je me suis mal exprimé et ce que je voulais dire moi, c'est qu'il doit plus nous transporter ce texte. Etre plus incisif, plus noir, plus glauque. Il devrait nous mettre mal à l'aise au vue du sujet non ?

Enfin voilà pour mon ressenti et les précisions au niveau de mon commentaire.

J'espère que tous les comm que tu auras eu t'aideront dans la réécriture (exercice super dur alors te décourage pas surtout !) :)

Margone

Contribution du : 01/10/2010 12:44
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Amorce
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Re : Les coupables
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bonjour yaya :)

je ne vais pas reprendre l'ensemble des éléments de ton post, juste la partie où je me sens concerné (le ''charcutage du texte'', certains autres points), pour le reste d'autres sauront faire aussi bien et même surement mieux que moi.

Citation :
j'ai envie de dire, il faut que ça saigne ! ce texte doit être charcuté pour s'élever d'un niveau.


Je partais du constat suivant : ce texte, quoi que j'ai pu en dire dans mon commentaire, tu l'as travaillé assez longtemps. Qu'il y ait eu des changements majeurs, je n'en sais rien : Sur certains domaines comme l'informatique, je travaille très longtemps pour obtenir peu de résultats. Je voulais aussi dire par là que si tu as travaillé longtemps dessus, il faut peut être le laisser reposer quelques temps avant de pouvoir le regarder d'un oeil plus neuf.

Dans cette phrase, je reprenais la remarque que j'avais faite plus haut : effectuer des changements radicaux. ''Dans une situation désespérée, un coup désespérant est bon'' (proverbe de go). Se lacher, couper des paragraphes, rajouter un peu de délire et de vie dans ces personnages qui ont une façon de penser / s'exprimer assez bizarre.


Je trouve intéressante ton idée de ne poster que des textes sur lesquels tu as des problèmes. Après, j'ai une question et une remarque (sans méchanceté ni ironie ni...) : es-tu sure que les textes que tu as écrit et que tu trouves bon seront couverts de louanges ? Et puis en tant que commentateur (et même auteur), j'ai plaisir à voir qu'un auteur progresse.


Bonne continuation :)
placebo

Contribution du : 01/10/2010 15:46
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Re : Les coupables
Chevalier d'Oniris
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Je confirme que je me suis bien pris les pieds dans le tapis et que j'ai bien compris que mon texte est flou pour le lecteur. Je crois que vous pointez effectivement un de mes grands défauts: je ne cible pas un objectif et à force d'en poursuivre plusieurs, le résultat perd en précision et en clarté. Je crois qu'avant de choisir une forme, il faut vraiment que je sois claire avec le thème que je veux privilégier, ce qui n'est toujours pas le cas aujourd'hui.
Je crois qu'il faut effectivement que je laisse reposer tout ça et que une fois ce thème choisi, j'opte pour une forme, qui pour le coup sera indépendante des formes pré-existantes (ça va donc saigner . )

Merci pour ces précisions sur les personnages: en fait, je n'ai pas osé... C'est bête, non? Dans mon esprit Alain est effectivement en colère et grossier, mais je me suis "censurée". Et le pire c'est que je ne m'en rends compte que maintenant. Là encore, il faut que j'arrête avec mes demi-mesures. Même chose pour Evan: Soit je décris un fait peu connu et il faudrait à ce moment que ce soit l'unique thème d'une nouvelle, soit je dois être dans une certaine norme... Je ne suis pas très claire (désolée, je rentre du travail et je suis un peu fatiguée).

Merci beaucoup pour ces nouveaux messages.

PS: j'oubliais de répondre à la dernière question. Il se trouve que je publie également sur un autre site et je sais que certains textes sont appréciés (ce qui ne signifie toujours pas que ce sont des chefs-d'œuvres). Je me suis inscrite sur Oniris parce que j'étais souvent plus insatisfaite que mes "lecteurs" et que j'avais vraiment envie d'apprendre à maîtriser mon écriture: petit à petit et très modestement, je me sens moins dans le flou, grâce aux commentaires reçus mais aussi aux commentaires que je laisse sur d'autres textes. J'apprends donc et j'en suis ravie, même si en ce moment je n'ai pas beaucoup de temps à consacrer à l'écriture.
Encore une fois merci

Contribution du : 01/10/2010 19:11
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