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Re : liens entre fiction et réalité
Onirien Confirmé
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14/01/2010 11:19
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Ce que j'ai noté, depuis que je suis arrivé sur Oniris, mais que je constate aussi ailleurs dans d'autres formes d'art, c'est une sorte de fuite de la réalité. Une fuite recherchée.

Une poésie que j'ai proposée a été refusée par le comité de lecture (à raison : elle n'était pas bonne), mais les commentaires laissaient supposer que le côté trop réaliste du texte nuisait à la poésie.

Inversement, j'ai regardé la poésie number one à ce moment-là dans les nouveautés (Au purgatoire des dispensés), et j'y ai vu pas mal de trucs qui, à moi, me semblent totalement abscons.

J'espère ne pas froisser son auteur en disant que les "âmes asymétriques" et "la craie (qui) disculpe nos rivages" sont des expressions que je ne parviens pas à resituer dans un contexte réaliste.

Personnellement, j'aime quand l'art, quelle que soit sa forme, me permet d'avancer dans ma compréhension du réel. Cela ne veut pas dire que la connexion avec le réel doit être explicite et constante. La fiction, voire la science-fiction peuvent apporter à notre perception du réel.

Il me semble noter, chez mes contemporains, une tendance à la recherche inverse : on veut s'évader, et ne plus entendre parler de ce monde qui est décidément trop imparfait.
Mais un monde, ça se change. Et ce n'est pas en s'en extrayant qu'on y arrivera.

Voilà mon avis. Mais je suis plus blogueur que poète. Ceci explique cela.

Contribution du : 10/02/2010 09:34
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Re : liens entre fiction et réalité
Visiteur 
Mais le réel est bourré de fictions !!

Contribution du : 10/02/2010 09:56
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Re : liens entre fiction et réalité
Maître Pattie l'Orthophage
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Votre vision des choses, Merome, nous a beaucoup intéressés (non que nous la partagions forcément, mais elle allume des choses dans nos têtes), et elle a créé une discussion dans les forums des actifs du site, que nous souhaitions partager avec le reste d'Oniris (voilà le pourquoi de ce fil). Il n'y aura jamais trop de discussions littéraires sur un site littéraire ! Merci de nous faire part de votre opinion.
Quant à l'auteur du poème, je doute qu'il se froisse d'être cité ici : il assume ce qu'il écrit, il assume son rapport à l'écrit, au réel et à l'irréel, et ce que vous en dites n'est pas négatif.

Contribution du : 10/02/2010 12:32
_________________
C'est quoi cette mode de bâcler ses loisirs à toute vitesse ?
Turtle Power !
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Re : liens entre fiction et réalité
Visiteur 
Oh !... l'intéressante question que voilà !

Je n'ai aucun a priori lorsque j'ouvre un bouquin (ou le moins possible).
Par contre, je constate tout de même que je suis plus sensible à certaines choses. La narration à la première personne, par exemple, m'accroche beaucoup plus. J'aime être emmené à l'intérieur du cerveau du narrateur (et au-delà, de l'auteur). J'aime découvrir tous les aspects de l'être humain, particulièrement les plus mauvais ou en tous cas ceux qui sont le moins facilement avouables. Pour l'étalage des qualités et des bonnes intentions, il n'est besoin d'ouvrir un livre, il suffit de tendre l'oreille et de capter l'auto-satisfaction ambiante. Les faiblesses me paraissent beaucoup plus humaines que les actes héroïques. J'aime lorsque le texte s'apparente (j'insiste sur le terme !) à de l'autobiographie. Que les événements aient été réellement vécus par l'auteur ne m'intéresse pas beaucoup. Ce qui m'intéresse, c'est de recueillir les émotions qu'il nous livre, les siennes probablement, les siennes si possible, qui demandent pour être transmises au lecteur non pas du réel, non pas de la fiction, mais de la transposition.
Je dirais donc que cette transposition m'importe plus que le réel ou la fiction.
Et puis, le réel existe-t-il vraiment ? N'y a-t-il pas plusieurs réalités ?... autant que d'individus à la percevoir. Ce que nous avons en mémoire de nos expériences passées n'est pas constituée que de réalité, mais d'un magma de faits et impressions subissant les distorsions du temps, des déceptions qui poussent à enjoliver ou au contraire à déprécier, des discours extérieurs, des proches ou de la Société, de ce que la morale ou la religion pousse à glorifier ou au contraire à refouler,... et pourtant nous nous évertuons à appeler tout ça des "souvenirs"... de mauvaise ou de très bonne foi.

Je reste perplexe devant les réactions qu'ont certains personnes par rapport à mes goûts de lecture ou à la lecture de ce que j'écris. Il y voient du gris, du noir, teintés d'humour tout de même heureusement, mais cynique à ce qu'ils disent. Je reste perplexe parce qu'ils ne voient pas toutes les couleurs qui jaillissent en moi en lisant ou en écrivant. Ils sont peut-être après tout plus sensibles au gris ou au noir que moi, ils ont besoin de couleurs éclatantes pour distinguer quelques vagues pastels, alors que moi je vois toute une palette derrière un nuage gris. Ils ont la fée plus facile que moi, il leur suffit d'un ciel d'azuuuuur pour voir la magie des choses. C'est que j'aime à penser pour me rassurer.
C'est peut-être ce qu'évoquait Kaos en faisant allusion au "trash". Il faut bien sûr s'entendre sur la signification de ce mot parce que le trash pour le trash ne m'intéresse pas.

"La mémoire est aussi menteuse que l'imagination et bien plus dangereuse avec ses petits airs studieux" (Françoise Sagan)

"Au commencement était le verbe ? Non!... au commencement était l'émotion !" (Louis Ferdinand Céline)

Contribution du : 10/02/2010 12:42
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Re : liens entre fiction et réalité
Maître Onirien
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De Canada
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Citation :

Incognito a écrit :

"Au commencement était le verbe ? Non!... au commencement était l'émotion !" (Louis Ferdinand Céline)


Évangile selon Jean, chapitre 1 verset 1 : "Au commencement était le verbe..." faut surtout pas se tromper

Contribution du : 10/02/2010 13:05
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L'homme est comme de l'herbe, et son éclat, comme la fleur des champs ; l'herbe sèche, la fleur tombe, mais la Parole de Dieu subsiste éternellement !
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Re : liens entre fiction et réalité
Visiteur 
Citation :
Mais le réel est bourré de fictions !!

C'est à dire?

Contribution du : 10/02/2010 13:56
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Re : liens entre fiction et réalité
Onirien Confirmé
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La difficulté dans l'art, c'est de savoir où placer la limite du foutage de gueule. Dans la peinture, par exemple, on a déjà vu des choses très spéciales qui sont à la frontière.
J'avais fait un article là dessus l'été dernier : http://merome.net/blog/index.php?post/2009/08/09/583-trois-enfants-dans-la-ville-partie-7-visite-du-musee-d-art-moderne

Je pense qu'on peut avoir le même problème dans la littérature. À quel moment le style prend-il tellement le pas sur le fond que cela en devient un gros n'importe quoi ?

Contribution du : 10/02/2010 14:03
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Re : liens entre fiction et réalité
Organiris
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Merome a écrit :
Je pense qu'on peut avoir le même problème dans la littérature. À quel moment le style prend-il tellement le pas sur le fond que cela en devient un gros n'importe quoi ?

Ce n'est pas une question neuve : Molière en a même fait Les Précieuses Ridicules. Et il me semble me souvenir d'un passage très ancien (Aristote ou Virgile – ou un autre, je ne sais plus) où il est question de ces poètes (déjà !) qui alignent les mots pour eux-même et pas pour la beauté des rêves qu'ils suscitent.

En quoi les mots sont-ils poésie par eux-mêmes ? Suffit-il d'écrire le mot pour qu'il devienne poésie ? J'avoue que je me pose aussi parfois la question, devant certaines productions.

Contribution du : 10/02/2010 14:35
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"Il vaut mieux mobiliser son intelligence sur des conneries que sa connerie sur des choses intelligentes" (Proverbe Shadock)
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Re : liens entre fiction et réalité
Visiteur 
Sauf que la préciosité ne fait pas style, quand même.

Je rejoins ce qui est dit par Léo en ce sens que les mots pour faire joli quel intérêt ? Mais le style c'est autre chose : Sagan, Duras, Fargues, ont du style et leurs mots ont quelque chose à dire. Pour moi le style c'est le savoir dire, particulièrement. Encore faut-il avoir un truc à dire, sinon autant se taire, c'est autrement plus élégant que du verbiage :)

Contribution du : 10/02/2010 15:01
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Re : liens entre fiction et réalité
Visiteur 
[ Heu... je ne sais pas comment vous-faites pour mettre une citation en encadré. S'il y a une âme charitable pour me l'expliquer... ]

La limite du foutage de gueule, oui, c'est une question épineuse, mais après tout au lecteur/auditeur/spectateur/... de savoir où il entend la mettre.
Exemple: Je ne suis pas, mais alors pas du tout fan de Léo Ferré. Pourtant, je considère "C'est extra" comme un des slows les plus dévas... heu... si pas LE slow le plus dévastateur (dans le bon sens du terme, évidemment) de l'histoire de la musique (musique ET texte). Un extrait des paroles : "... et dans le port de cette nuit, une fille qui tangue et vient mouiller". Fallait oser tout de même !... et il y en a d'autres que je laisse pour l'écoute. A côté de ça, "Les sucettes" ou le "Banasplit" pourraient passer pour un gargarisme de sacristain. Et bien ce brave Léo a concédé un jour qu'il avait écrit ce morceau rien que pour prouver qu'on pouvait faire un tube avec n'importe quoi (enfin, je ne sais plus exactement, mais en gros c'était l'idée). Et bien moi, je continue de faire figurer ce morceau dans mon panthéon. Je dirais même mieux : lorsque je vois entrer Ferré sur scène avec sa crinière blanche et son air très inspiré de poète écorché, ça m'emmerde avant même qu'il ne prononce un seul mot. Donc, je ne suis pas certain de savoir exactement à quel moment il pensait se foutre de ma gueule, mais mois je sais bien à quel moment je sens qu'il se fout de ma gueule. Avec le temps va... Léo à l'eau qu'il devient cruche à le laisser se noyer dans l'oubli.
Bref, ce n'était qu'un exemple et je ne veux pas froisser les amateurs de ferraille. Ce n'est que mon avis et tant pis si je suis le seul à le partager.

La vraie limite, pour moi, n'est pas celle du "foutage de gueule", mais celle du "cassage de gueule". Je ne suis évidemment pas insensible au fond, mais la forme m'importe avant tout. Le style, donc, pourrait-on dire. Pour être original, pour être truculent, pour amuser, pour innover,... il faut être audacieux, prendre des risques... à chaque phrase... à chaque mot... à chaque virgule pour un écrivain. C'est un exercice de funambule et la probabilité est grande à chaque instant de se casser la gueule d'un côté ou de l'autre du câble. Céline, lui, parlait de rails, de métro, ... ("Entretiens avec le professeur Y" dont je vous conseille vivement la lecture), mais je pense que l'idée est la même. Il y ajoutait la notion de "profilage" de ses rails qui est une image pour parler de la transposition, entre autres. Du reste, le bonhomme, manifestement, dans certains passage, ne se privait pas de se foutre de ma gueule de lecteur, mais c'est tellement bien fait que je le pardonne... et que je laisse à d'autres le soin de lui casser la gueule.

Contribution du : 10/02/2010 15:29
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