La nouvelle que vous avez lue est la dernière d'un ensemble de sept nouvelles que je suis en train d'achever. J'en a publié quatre sur Oniris, "Les silences de Tournelâme Fraîchardie" (qui ouvrira le recueil), "A la lumière de Baume noire", "Danse l'ombre" et celle-ci. Je vous remercie beaucoup pour vos retours éclairés et de toute façon toujours instructifs et souvent éclairants. Comme Louis l'a très bien vu, la problématique de ces nouvelles c'est : "comment habiter le monde, la vie, l'espace et le temps qui nous sont offerts?" La première et la dernière nouvelle sont "en mouvement", les narrateurs ne sont que de passage dans le ou les lieux qu'ils décrivent tandis que les 5 nouvelles centrales présentent des narrateurs "installés" dans des chez eux divers: dans un village, au Nord, au Sud, sur un col orienté Est-Ouest, au creux d'une vallée sur le bord d'une "Sorgue". J'ai toujours été fasciné par les montagnes, ces "multiplicateurs d'espace" et je voulais montrer les multiples façons de vivre que celles-ci engendraient par leur présence. Le recueil s'appellera: "Au nom du Nord, du Sud, de l'Est et de l'Ouest"...

Mais, bien sûr, comme Hersen l'a bien vu, mon propos n'est pas "régionaliste", il est peut-être un peu trop "intello", il s'agit de rendre compte de cette crise du sens que nous traversons me semble-t-il et qui nous "désoriente" au sens plein du terme, nous fait perdre "le Nord"... La vie vaut-elle mieux que l'intelligence? Quelle intelligence du sensible pouvons-nous proposer? Quelle place pour le corps? La Terre sera-t-elle toujours notre horizon d'animal?... Ainsi la nouvelle "A la lumière de Baume noire" est-elle centrale parce qu'elle montre qu'il y a peut-être un au-delà du psychisme humain. Notre "biologie" est jusqu'à présent le support de notre intellect mais les machines vont peut-être devenir plus performantes que le biologique pour juger, entendre, comprendre l'univers et nous-mêmes...

Merci à Jaimme et à Vincendix d'avoir saisi le caractère fantaisiste voire fantastique du propos. Il me semble en effet que la littérature, si elle sert à quelque chose, permet de remettre en cause notre prétendue "réalité", et de montrer son peu d'assise.

Coline-Dé a bien su voir que j'aimais autant Borges que Giono (même si ces deux-là ne s'aimaient pas) l'intellect de l'un et le "Chant du monde" de l'autre. La part "calculante" et la part sensible, les deux pouvant difficilement se scinder dans nos psychismes biologiques.

Merci beaucoup à Carbona d'avoir été sensible au "chemin"... En effet, l'écriture de cette dernière nouvelle du recueil n'a pas été du tout facile pour moi, elle s'est étalée sur plusieurs mois et il m'a fallu une expérience sensorielle très particulière, la découverte du "trio Zéphyr" pour savoir comment l'achever. En effet, les trois "Sirènes" de la fin existent, je les ai entendues en "chair et en os", bref, en concert tout près de chez moi et ce fut une expérience bouleversante. Une violoniste, une altiste, une violoncelliste, mais au lieu de jouer les pièces du répertoires, elles improvisent à trois à partir de compositions personnelles. Une présence sur scène absolument éblouissante. Je vous avoue avoir été subjugué. D'où ma dédicace.

Merci à Pepito d'avoir su, comme à l'accoutumée, mêler l'humour à la pertinence, dans des remarques toujours décalées et souriantes.

Mais je voudrais terminer sur l'hommage que Louis m'a rendu et voudrais lui redire à quel point je lui en suis reconnaissant.

Bien chaleureusement à vous tous!

Mauron