Bonjour tous,
Ma compagne m’a dit, « T’as eu 5 cornichons, c’est bonard de vivre avec une espèce de Victor Hugo qui en plus vide les poubelles, fait la vaisselle et va repeindre le couloir… »
J’ai répondu : « Pour le couloir, on se calme, j’ai pas les pinceaux, et en plus, c’est pas des cornichons, c’est des plumes… »

Merci à vous qui avez pris le temps de commenter mon coup de cœur pour Séraphine et tous les autres. Ceux qui ne sont parvenus à la lumière qu’après être descendus au royaume des ombres.
J’aime écrire des choses simples, qu’on ne se prenne pas le chou ni le hibou ni le caillou pour les lire. Des choses simples sur ceux qui ont mis leur âme dans la couleur, dans la forme, dans la pierre, dans les mots. C’est pas très compliqué d’aimer…un peu violent parfois. Si tu as envie de chialer, ou de toucher ou de rester là hypnotisé, c’est ça.
Merci Socque, c’est bien de Vincent Van Gogh, de Camille Claudel qu’on cause… trois de mes chouchous. Tu as ouvert la fenêtre. Moi je m’étais dit, ils peuvent bien chercher un peu, bande de ramiers. On ne va pas non plus refiler du tout cuit, du décortiqué, de l’emballé sous vide. Non mais !
Plus sérieusement : « ciseleuse de nitescences »
Quatre remarques sur le même sujet. (Socque, Yavanna, Phil…) dont les commentaires sont toujours pertinents. Cinq avec la mienne, d’auto-remarque…quelque chose ne va pas bien.
Le mot « nitescence » lui-même n’est pas si rare en littérature. Je ne pense pas que le registre de langue soit inadapté, par rapport au texte... peut-être limite... Ce qui m’a plu dans ce mot, c’est qu’il ne veut pas dire « lueur, ou clarté » seulement, mais clarté en train de jaillir (du participe présent : nitescens, -nitescentis). Mais « ciseleuse de lumière », ça n’est pas ça : la lumière serait déjà là… Séraphine, elle la fait naître.
Je verrais plutôt l’association des deux mots « ciseleuse de nitescence » comme « fautive ».
Je « vois » Séraphine, collée à son tableau, besogneuse, affairée… et en même temps un jaillissement de lumière. Je voulais une antithèse entre ces deux mots. Et c’est pour moi « ciseleuse » qui ne convient pas. D’abord, « ciseleuse » est un peu précieux, ensuite, il décrit mal le geste de Séraphine. Il n’est pas chargé de sens, il n’évoque pas l’image désirée.(Je n’ai pas vu le film, seulement ses tableaux, des livres et des photos)

Avec le recul, et après vos remarques, j’aurais pu choisir « ouvrière de (en) nitescences » ça me plaisait bien, à cause de la connotation du mot. (operarius : celui, celle qui œuvre,) le côté modeste, manuel, simple, populaire. Là, l’antithèse serait bien marquée, mais la connotation était-elle évidente ? Sans doute pour les gens d’Oniris. Séraphine fait bien partie du monde ouvrier, sauf qu’elle fait naître la lumière et qu’elle dépasse ainsi largement cette condition. Mais « ouvrière de nitescences », comme on dit « ouvrier du bâtiment », grammaticalement ce n’est pas très joli, mais si je pouvais corriger je le choisirais.
Il y avait « tricoteuse », mais ça dévalorise trop la créatrice, c’est trop machinal, trop mécanique pour notre Séraphine, toute emportée par son oeuvre. (à dégager !)
Je pense aussi à « brodeuse ». La minutie, la précision, la magie du geste, le regard rivé à l’ouvrage à s’en abîmer les yeux… c’est mieux Séraphine, ça, et en plus le côté artistique du travail fini. « brodeuse de nitescences »…peut-être ?
J’ai vu un jour un film où Picasso dessinait (je crois une esquisse de Guernica) avec juste une sorte de bout de charbon noir…on entendait le chuintement à chaque trait, sur la feuille blanche…et ça faisait jaillir de la lumière, juste avec du blanc et du noir…un petit temps d’hésitation, et hop ! le trait juste, le dessin qui se fabrique… « obrero de la luminosidad »
« nos liens raisonnables ».
Décrire un beau paysage façon Leconte de Lisle, c’est bien. Mais un paysage n’est jamais qu’un paysage, n’est jamais qu’un paysage (2 manières de lire…comprenne qui voudra…), pour moi, un poème c’est ce qui, en plus d’émouvoir, d’être bien écrit, orignal, bien assis dans la prosodie, etc, pose une question, remue le lecteur, crée le lien qui rassemble les humains. Nos liens raisonnables : Nos égoïsmes, nos lâchetés, nos peurs, nos vanités, notre petit confort de bourgeois, nos lois, notre soumission au regard des autres, nos modes sociaux …notre bigoterie… qui nous lie et nous empêche de nous élever. Plafond de verre. Couvercle raisonnable.
« humble » vient de humus…collés à la terre, à la matérialité, petits quoi…rikikis.

Tout ça pour dire que les échanges sont vraiment utiles. Et que cet aspect « remettre sans cesse l’ouvrage sur le métier », c’est un des plaisirs d’écrire, même en amateur pas toujours éclairé…. Tu sais que le mot juste doit exister quelque part, alors trouve-le, fainéant ! Sauf que quand tu cliques « envoyer » t’es marron. D’un autre côté, « La Pléïade » c’est pas pour tout de suite…ça nous donne du temps. J’aimerais bien savoir, camarades, s’il le trouverait, le mot juste, ce couillon de machin GPT. Ça rassure, non ? Et vous, vous me le trouvez ?
Bien cordialement.

PS. J’avais décidé de ne commenter aucun poème du concours, because ce ne serait pas très sport. Je « m’ai gouré » et j’ai commenté « Effigies »…mais je ne regrette pas. C’est un bien beau poème. Il y a comme une magie là-derrière… et c’est bon comme un pastis un soir, avec l’ami Vincent, sur la place du forum à Arles.

Bonjour Edgard,

Tous ces poètes scrupuleux ça m'épate, mois si j'avais participé, non seulement j'aurai voté (bah non pas pour moi) mais j'aurais aussi commenté (bah non pas mieux que d'hab.).

Je n'ai d'ailleurs pas été très éloquente sur ce poème que j'ai pourtant trouvé magnifique. Vous l'avez peut-être écrit dans un esprit de simplicité, mais le résultat englobe beaucoup de notions parfaitement exprimées ou suggérées dans cette poésie qui témoigne d'un haut niveau de sensibilité et qui constitue un bel hommage à ces artiste. Merci de ce cadeau.

A part ça, pour les travaux, je vais vous envoyer la référence des couleurs, parce que moi mon mari une fois qu'il a vidé les poubelles, fait a vaisselle et acheté les cornichons, ce n'est pas la peine de lui parler de la peinture en plus, alors pour mon couloir, c'est quand vous voulez, juste une précision : il vous faudra déclamer des poèmes de Victor Hugo en même temps que vous peindrez.
Vous ne croyez quand même pas que j'ai voté pour vous gratos non ?

Merci pour l'humour.
Je passerai Gastibelza, l'homme à la carabine par Brassens!
Avec ça je pourrais repeindre la tour Eiffel.
Bien cordialement

Repeindre la tour Eiffel vous n'y pensez pas ? Songez aux polémiques, allez-y mollo quand même avec la folie, n'abusez pas de votre niveau de communion avec certains artistes, on n'a pas envie de vous retrouver en train de peindre des fleurs sur les murs d'un hôpital psychiatrique en compagnie d'un art thérapeute.

Gastibelza, Guitare, quelle âme romanesque, je prends.

Très belle journée Edgard.