En premier lieu je voudrais exprimer ma gratitude aux évaluateurs qui ont permis sa publication et aux lecteurs qui ont eu la patience de s’attaquer à Moleskine malgré sa longueur et ses défauts dont je suis le premier conscient. Et puis naturellement un grand merci à : plumette, Malitorne, Cyrill, papipoete, alvinabec, Angieblue, Jemabi, AnnaPanizzi, cherbiacuespe, Ingles, socque. Pour une première publication, je ne pourrai pas me plaindre d’avoir été boudé ! Je ne peux pas non plus me plaindre d’avoir été malmené. De toute façon j’ai le cuir épais et les réserves que j’ai relevées ici et là sont pleines de bon sens.

Ce qui a notamment tracassé certains d’entre vous est le fait que la Potvine ait conservé par devers elle ce cahier. N’oublions pas que c’est un personnage de fiction. Comme je ne fais ni dans le documentaire ni à proprement parler dans le mémoriel, je conçois très bien que sa conduite puisse passer pour insensée. Et pourtant… Nous savons très bien que certains individus ayant commis des abjections ne se réfugient pas forcément dans la dissimulation ou le déni de leurs actes ; il y a des tueurs en série qui ramènent des « trophées » de leurs scènes de crime. Pour rester près de l’époque évoquée dans Moleskine, le docteur Petiot n’a jamais témoigné le moindre repentir ; des individus comme Bousquet ou Papon ne se sont pas précisément cachés dans un trou de souris à la Libération et savaient très bien ce qu’ils avaient sur la conscience ; autant que je sache, on n’a jamais lu sous la plume de Rebatet ou de Benoist-Méchin la moindre velléité de contrition. C’est pourquoi la scène du métro a son importance, car elle est le reflet déformé d’une sorte de transvaluation des valeurs qu’a connue la France après la défaite de 1940. Des militants de l’Action Française, antisémites assumés, ont rejoint de Gaulle à Londres tandis que des individus marqués à gauche, ex-socialistes ou ex-communistes, se sont engagés dans la collaboration. Considérons que la Potvine a refusé de « choisir son camp » : on ne me dira pas qu’elle fut la seule dans ce cas.

Il y a également les passages relatifs aux yeux des grands-parents. Je reconnais que, sans jeu de mots, tout cela ne brille pas par sa clarté. Le propos était de montrer que le membre de la famille qui avait le plus l’air « aryen » ne l’était précisément pas. On pouvait mieux faire, en moins alambiqué, c’est indéniable.

On m’a aussi reproché (gentiment) une fin un peu terne. C’est qu’en réalité la nouvelle se clôt une quinzaine de milliers de signes plus tard sur une scène où, le narrateur devenu grand-père à son tour, se trouve questionné par son petit-fils d’une façon faisant écho à la question qu’il avait posée 50 ans plus tôt avec le résultat qu’on connaît. Mais qu’on se rassure, aucun autre enfant n’a été maltraité durant l’écriture de cette nouvelle ! Quoi qu’il en soit j’ai pris la décision d’élaguer le texte : à 40 000 signes, je vous perdais tous !

Enfin je voudrais conclure en signalant quelques ouvrages qui, s’ils ne m’ont pas directement inspirés pour l’écriture de Moleskine, m’y ont, chacun à sa façon, beaucoup aidé :

Illska - Eiríkur Örn Norđdahl
La France goy - Christophe Donner
La fabrique des salauds - Chris Kraus
Alias Caracalla - Daniel Cordier
Un bon fils – Pascal Bruckner
Mischling – Affinity Konar
La passeuse – Michaël Prazan
Les complémentaires - Jens Christian Grøndahl.

Encore merci à toutes et tous.

Merci pour ton retour Johan et encore bravo pour ta première publication, c'est une franche réussite ! En regardant les ouvrages que tu cites, je viens de me souvenir qu'en lisant ta nouvelle, j'ai songé à celle de Stephen King Un Élève Doué, si tu l'as lu tu me diras : Quel rapport ? Je te répondrais : Je ne vois pas bien non plus !

Va savoir où ça se niche les rapprochements qu'on peut faire dans sa tête...

Anna

@Anna

Les derniers Stephen King que j'ai lus c'est Simetierre et Marche ou crève, ça nous rajeunit pas.

Mais j'ai fureté sur le net et trouvé le résumé d'Un élève doué. Peut-être ton impression est-elle venue du fait que le héros de King et son voisin sont liés par des pulsions communes tandis que mon narrateur et la Potvine sont liés par le sang ?

A+

Ouais, c'est possible, ou peut-être l'atmosphère générale de ta nouvelle qui m'a rappelé l'autre, en tout cas les deux sont à lire^^

Merci pour ces explications Johan.

C'est toujours intéressant de découvrir une nouvelle plume et l'univers d'un auteur.

Vous êtes manifestement expérimenté ! Et bravo pour votre bibliographie qui laisse entendre que vous avez une solide documentation sur votre sujet.

A propos de fiction: ce n'est pas parce qu'un personnage est totalement fictionnel qu'il ne faut pas lui inventer une psychologie et un comportement crédibles. Mais par vos explications, vous m'avez convaincue sur le trait psychologique de cette femme qui se sent totalement légitime dans son comportement et n'imagine pas se mettre en danger en conservant les preuves de ses trahisons ( comme dans le métro, en effet)

40 000 ? Chiche...

Plumette, à partir du moment ou une personne est complétement certaine d'être dans le vrai, même en lui mettant sous le nez la confiture qu'elle a partout sur le visage, elle niera ses incohérences, avec même des arguments incohérents. Nous en connaissons tous, et de célèbres. J'ai plutôt trouvé les extravagances de la Potvine en totale adéquation avec sa personnalité profonde. Enfin, c'était l'angle de ma lecture, bien sûr.

Merci du retour, Johan. Que dire de plus ?

Citation :

A bientôt

@plumette

On pourrait aussi avancer l'hypothèse d'un désordre mental plus ou moins sévère. La Potvine avait sans doute une belle petite chauve-souris dans le beffroi, ce qui serait corroboré par l'incident du métro où, souvenez-vous, un passager la traite de folle...

C'était un plaisir d'échanger avec vous, à bientôt peut-être.

D'accord avec Cherbi. Et j'ajouterais que ce cahier est ce qu'il reste de ce que la Potvine considère comme son Oeuvre. Cela aura été son but forcené. Je pense qu'il est plus que crédible qu'elle l'ai gardé, sans doute relisait-elle parfois de ces, ses, brouillons, s'en délectant en se rappelant les conséquences pour les gens dénoncés.
Non, vraiment, je trouve que non seulement c'est très crédible, mais que ça remet encore une touche de noir sur le personnage. Sans doute béni des dieux, puisqu'elle n'a pas souffert en mourant...
Le détail qui tue !

Merci à vous pour votre lecture perspicace et bienveillante.