J'ai beaucoup fréquenté Barcelone, durant la seconde moitié du vingtième siècle, autrement dit bien avant la naissance du smartphone (!!) et l'arrivée de flots excessifs de touristes. Eh oui même à cette époque il y avait des humains sur cette belle terre…

J'y suis arrivé en train (estación del Norte), en voiture, en autocar ou même en avion.
Je l'ai fréquentée beaucoup à pied, souvent en tramway ou en métro, plus rarement en taxi.
J'y ai passé des nuits dans des hôtels conformes à la modeste épaisseur de mon portefeuille. J'y ai vécu chez l'habitant dans des quartiers encore en construction où s'éloignait la banlieue.

Un souvenir inoubliable: les œuvres de Gaudi. A cette époque la Sagrada Familia était accessible facilement, à l'improviste. Moins élevée qu'aujourd'hui, mais très captivante déjà, dès le bas ou en parcourant les galeries hautes toujours en construction.

Gaudi c'est aussi les maisons extraordinaires rompant avec les codes architecturaux conformistes, notamment ma préférée la "Pedrera", où depuis ses toits tortueux et magnifiquement décorés on a l'impression de pouvoir toucher, en tendant le bras, les tours élancées de la Sagrada.

L'aventure se poursuit nécessairement avec le parc Güell, où Gaudi semble avoir déliré en contemplant la nature, réalisant un ensemble extraordinaire où tous les codes sont détournés pour faire naître une vision construite, s'excusant hardiment d'occuper un bout de terre au bénéfice du rêve et du bien-être.

Le poème "Gaudi" de Rosaura est une très belle évocation de tels moments d'évasion voire d'émerveillement.

Corto.

Bonjour Corto

J'en reviens

Nous allons vers Gaudi

Nous allons vers Gaudi, son âme son intuition
prodigieuse cathédrale et les voûtes en son chœur
il était comme Cheval, ce facteur d'impressions
ayant amoncelé, son palais du bonheur

cet art brut du désir, venant de l'inconscient
les accumulations des environnements
au sein de leur famille, leurs amis la nature
ce sont des portes ouvertes à toutes les aventures

Nous allons vers Gaudi, il a pris dans les bois
les piliers, la structure s'envolant vers le ciel
sa grande inspiration, tout au fond de sa foi
croyance universelle, un choc providentiel

et dans les grands rochers, en découvrant leurs creux
puis créant ces immeubles, leurs portails leurs terrasses
arabesques et ogives, si florales à nos yeux
une époque merveilleuse, arrondis pleins d'audace

Nous allons vers Gaudi, avançant dans son parc
explosion de couleurs, profusions de sa vie
Saint Phal y a cueilli quelques cordes à son arc
créant d'immenses femmes, objet de ses envies

le 23-5-2022

Bonjour Vincent,

Voici une bonne et grande surprise. Votre poème sur Gaudi m'a impressionné, comme s'il coulait tout naturellement d'une nouvelle immersion dans ce monde "un peu fou" du grand architecte.

Permettez cependant que je révoque absolument la comparaison avec le facteur Cheval, qui s'il est lui-même surprenant n'accède pas au même registre que Gaudi.
Si j'étais provocateur je dirais que Cheval est un bétonneur du Dimanche, doté d'une imagination et d'une puissance de volonté et de travail remarquables, ce qui est déjà un beau compliment.

Face à lui et à ses pairs, Gaudi est un architecte d'extrême talent qui pousse son art et ses compétences jusque dans l'imaginaire humain, bien au-delà des limites socialement admises pour provoquer un style de vie s'affranchissant du conformisme ou même du réalisme.
Sa spiritualité se veut elle-même immense, défiant le raisonnable, exigeant l'excessif, voire l'imprudence et l'impudence.
L'extrême fait partie de sa vision, et il démontre que l'extrême est la richesse de l'œuvre humaine réussie. C'est un visionnaire du sans-limite qui réalise jusqu'à l'extrême limite en magnifiant les aspirations matérielles et spirituelles des humains, y compris au sein d'une nature qu'il respecte.

A vous écrire ainsi mon chapeau se soulève tout seul pour encore saluer Gaudi...

Merci Vincent de cet échange.

Corto

Je savais bien que mon audace ferais réagir, je parlais de l'intuition dot Bergson nous a entretenu, la différence entre les deux est que Gaudi était architecte de génie mais tous deux ont été chercher dans leur âme (inconsciemment) la source de créativité, beaucoup architectes pour moi ne le font pas.quand je suis entré dans la Sagrada j'ai ressenti un choc émotionnel et une paix intense;. il est bien possible que je me trompe mais les deux sont pour moi inspirés l'un reste dans l'art brut (Cheval) que vous appelez bétonneur du dimanche l'autre a les règles qui lui ont permis d’exécuter ses chefs-d’œuvre reconnus de tous mais les deux ont reproduit leur vie intrieure comme Saint Phal

Il n'est pas question d'abimer Barcelone, mais d'apprécier cette belle ville à sa juste valeur.
Moi j'ai vu chez Gaudi beaucoup de fantaisie, d'audace, d'inventivité.
Il est unique, flamboyant, merveilleux.
Je regrette vraiment que trop peu d'architectes osent donner libre cours à leur imagination. Ils sont sûrement soumis à des contraintes que l'on ignore. Comment Gaudi a-t-il pu s'offrir une telle liberté?
Je pense (à tort ou à raison) que beaucoup de "Gaudis" de styles différents sommeillent dans le cœur de nombreux archis et je rêve qu'ils aient un jour la possibilité de nous montrer leurs talents.

Bonjour embellie

Je partage votre rêve sur l'architecture, malheureusement en France je ne vois guère de réalisations enthousiasmantes...

Sommes-nous condamnés à errer du château de Chambord à la Tour Montparnasse en transitant par les immeuble Haussmanniens ??
A l'heure des maisons en bois bien calfeutrées mon rêve s'use !

Consolons-nous avec le viaduc de Millau...

Et la Pyramide du Louvre, c'est du Caca ?^^ La Tour Eiffel, c'est du Meccano ? L'Opéra Bastille ? La BnF, etc ?

Genre la parisienne ultra chauvine

Beau cadrage Anna !!

J'oubliais qu'il y avait encore du monde vivant entouré par les Boulevards des Maréchaux... doublés d'un adorable périph.




Je crois qu'il vaut mieux pour l'intérêt de ce débat en rester au sujet de départ: l'extraordinaire vision de l'architecture par Gaudi.

Corto.