1. La main prise de frénétiques turbulences ;
2. Une recherche incontrôlée de tout support : briques, carrelage, bois filamenteux, papier, …;
3. Mines oblongues des crayons, qui s’usent sur ces diverses matières, et qui ne s’arrêtent que de brefs instants, pour laisser place à la gomme, aspirateur à graphite ;
4. Contractures au cou, à la nuque et aux trapèzes ;
5. Crampe au majeur, n’en pouvant plus de supporter le crayon ;
6. Difficulté à avoir un panorama de l’œuvre, une fois celle-ci achevée.

Bilan : au début, c’est capiteux, à la fin, douloureux. L’élixir d’inspiration est certes radical, et permet d’écrire plusieurs romans en quelques heures, mais nécessite une préparation logistique et physique préalables.

Ces recommandations exposées, je vous prierais de cesser de me regarder avec des yeux hyalins conspirateurs : la recette est sous clé et, seules les personnes retenues sur base d’un curriculum vitae et d’une lettre de motivation, qu’elles peuvent m’envoyer par courriel, en recevront une copie.

Sur ce, vous m’excuserez, mais après trente-trois heures d’écriture déchainée, je n’ai plus qu’une idée en tête : enfiler ma pelisse, qui depuis l’hiver dernier doit sentir bon la naphtaline, et aller prendre l’air dans les bois !

Oups... sorry, j'avais été voir les synonymes et je me suis emmêlé les pinceaux...

Toute petite, j'attendais avec impatience la venue du colporteur. Son chariot arrivait par l'unique chemin menant au village, au rythme indolent d'une mule qui semblait bien médidative... ou alors n'était-ce que de la paresse ? Ce que je préférais, c'était admirer le pantin à face charbonneuse qui brinquebalait à l'avant, accroché à une pile de mouchoirs si fins qu'ils en étaient diaphanes. Et puis il y avait le matériel de jonglerie, juste à côté des lunettes destinés aux plongeurs en apnée. Et mille autres merveilles. Je voulais tout acheter mais mes parents restaient totalement évasifs en réponse à mes demandes. Car notre pauvreté était notoire, même si à l'époque je ne le comprenais pas, et le chariot ne s'arrêtait jamais devant chez nous.
Aujourd'hui encore, je me souviens de ces jours somme toute heureux... mais je réalise le hiatus qu'il y avait entre la fortune de mes parents et les richesses que le colporteur faisait miroiter devant leurs yeux.

Bravo Siebby ! Moi j'aurais viré l'importun à coup de balai

Voilà, voilà...


Dans les ruines cyclopéennes, des vapeurs sulfureuses aux reflets prune sortaient d'ouvertures aveugles, au milieu des congères. Seul témoin sous le ciel indigo, un charognard arboricole patientait sur un surplomb, au-dessus des lambris pourris de l'ancienne annexe à fourrage. Quelques abeilles voletaient autour de ses naseaux. C'était le seul signe de vie et pourtant une certaine poésie se dégageait de l'endroit. Peut-être à cause de cet accord de couleurs, ou du silence sépulcral qui régnait ici.
Rien ne pouvait laisser imaginer que cette dégradation graduelle avait eu pour origine la superstition aux relents claniques d'un homme politique trop cartésien. Habituée à ses turpitudes passagères, la reine n'avait pas prêté attention au persiflage abscons de son chambellan et s'était astreinte à suivre ses conseils. Elle avait eu tort.