Le vieillard en bas du grand escalier prit son ticket avant de lui indiquer d’un geste de la main la direction à suivre, bien que cela soit inutile. Il venait La voir chaque soir.
Il s’assit sur un fauteuil rembourré au centre de la salle, et attendit que les lumières s’éteignent pour recevoir sa dose journalière de bonheur. Statique, il ferma les yeux et se laissa emporter par les récits rocambolesques que Sa voix tissait. Et quelle voix ! Il lui semblait entendre le chant d’un bouvreuil, et chaque fois, l’impact des notes le faisait frissonner. Comme s’il s’envolait dans un aéroplane… Au refrain, il ne put s’empêcher de murmurer les paroles à l’unisson avec la chanteuse. Sa chanteuse.
A la fin du concert, les voix enthousiastes produisaient comme une saignée dans son âme, explosant la bulle d’émotion qu’il avait constituée durant le récital. Quelques pas hasardeux le menaient alors dans la rue où il reprenait ses esprits.
Les mains dans les poches, il se mettait en marche, un sourire béat aux lèvres, bien que la possibilité d’approcher son idole devienne de plus en plus utopique.

Dans les vapeurs opaques de la caverne, le sifflement lancinant du dragon sonnait comme un avertissement impérieux. Son regard ophidien fixait l'intrus. Harold était terrorisé. Oubliant son serment et les ordres de son despotique souverain, il chercha à fuir. Il glissa sur l'humus, tomba, ses binocles éclatèrent en mille brisures. Le dragon s'avança. La douce Marjorie ne reverrait jamais son galant.

L’idylle ophidienne d’un conte a confondu ma féérie,
Je ne suis que l’hôte de ces quelques brisures.
Galant devant ce serment maquillé,
Mon destin despotique s’enivre de vapeurs empoisonnées.
L’humus d’un temps jadis rêvé s’émeut de mon cataclysme,
De mes affres impérieux, je renâcle à vivre
Je ne suis que le lancinant destin de mes rêves,
Presque infirme de mes propres peurs,
J’arbore en soupçon d’autres irresponsables horizons.
Pauvre de mes mélodies impromptues, je sillonne la nuit
Et je lorgne de mon binocle, l’exil de ma mort certaine.

Oh le retour de Pascale...
coucou


Ceci était un flood...

Une odeur d’humus emplissait la pièce.
- Etrange… se dit le scientifique en remontant une paire de binocles sur son nez aquilin.
Il tenta de se reconcentrer sur le reptile qu’il état en train d’observer mais les vapeurs moussues commençaient à provoquer une douleur lancinante sous son crâne. Les prunelles ophidiennes le fixaient, impérieuses. Etait-ce dû à cette odeur ? La douleur ne cessait d’augmenter, prenant un pouvoir despotique sur sa raison. Sa main crispée sur un tube à essai en provoqua l’explosion. Des brisures de verre se répandirent dans la pièce. Il se fit le serment de les ramasser avant de partir, mais à ce moment là, il s’effondra au sol sous le regard –moqueur ? – du reptile.
Il ne se rendrait pas à son rendez-vous galant de ce soir.



Et merci du compliment, Siebby