Voila ! J'y ai planché toute ma soirée d'hier, et relu un peu cet après-midi, histoire de ne pas rendre un truc trop dégueulasse.
C'est quand même loin d'être parfait, et si jamais un classique venait à lire cela il risquerait fort de tomber raide aussitôt (comme toujours lorsque l'idée folle me prend d'écrire en vers...) !
M'enfin, c'était déjà pas mal comme contrainte, cinq mots à placer, je n'allais pas en plus m'en ficher d'autres avec les règles de versifications, de rimes,...
Bref, les cinq mots y sont, c'est l'essentiel (je ne lui ai pas donné de titre, je suppose que cela n'était pas vraiment nécessaire) :


Essor du verbe être, aurore des étants,
Nous recevons en partage le germe d’existence.
Nous, purs esprits - nous, peuple déchu –
À jamais arborant les colifichets de la substance.

Exister, c’est être présent ; être présent, c’est être sensible ;
C’est sentir éclore en soi les bourgeons de l’étrange,
Les insidieuses mutations que le corps nous insuffle,
Et sombrer peu à peu dans l’universelle dépendance.

Condamnés à l’errance, pionniers de l’échange,
Rêveurs nostalgiques d’une ineffable souffrance :
Nôtre en ce temps, aujourd’hui surannée ;
Nostalgiques d’une douleur sans médias ni mélanges.


Voici donc ! Je souhaite un bon travail aux autres.

Espérant avoir bien compris et respecté l'exercice et notamment ne pas avoir fait trop long. Merci pour le remue-méninge.


Madame

Chaque dimanche aux aurores, Madame se prépare. Elle ouvre l’armoire aux colifichets pour en sortir sa boîte aux trésors. C’est un grand rectangle de bois décoré de motifs orientaux aux couleurs patinées d‘avoir passé la main dessus pour en épouser les aspérités. Elle renferme des centaines de bijoux de pacotille, cadeaux rapportés par Monsieur de ses nombreux voyages exotiques. Des cascades de colliers colorés coulent sur des breloques irisées, bagues géantes en fausses pierres, pendants d’oreille chamarrés et broches ciselées.
Selon l’humeur du jour Madame en enfile deux ou dix. Puis, tel un oiseau aux ailes défroissées, elle prend son essor jusqu’au village. La route est longue avant d’atteindre la place du marché, mais quel que soit le temps, clément ou démonté, elle s’y rend à petits pas décidés. Droite dans sa capeline de velours grenat, le panier vide au bout d’un doigt, le chignon suranné discipliné par les baguettes.
Là, indifférente aux regards insidieux, elle sélectionne soigneusement de beaux légumes, soupèse amoureusement les morceaux de viande, caresse les fruits étalés et renifle les fromages d’une narine délicatement pincée. Sur le chemin du retour, le panier pesant avec délice sur son bras, elle visualise les recettes qu’elle va concocter à Monsieur.
Quarante ans déjà que le rituel ne dévie pas d’un iota.
Mère lui avait bien dit qu’on tenait un homme par le ventre.

Désolé de ne pas avoir pu participer ! Absent ce week-end, je n'ai pas eu le temps de plancher. J'attendrai le prochain tirage !
Je m'associe à Siebby pour applaudir Calissonne, avec un texte sympathique sur un couple à la routine assumée, et une mention spéciale à Lunar-K dont le poème, écrit en si peu de temps, m'a bluffé ! Bravo à vous deux, exercice (brillamment) accompli !

La Firme des Amants se situait au 4 de la rue Froissard. Entre une maison cossue qui s’espérait bourgeoise et une usine désaffectée, havre des squatteurs du 6e arrondissement et paradis des grapheurs des bords de Seine. Au dessus de la plaque rouillée, une enseigne défraîchie crépitait par intervalle en souvenir d’une splendeur passée, lorsque la promotion du coup de foudre zébrait le bitume huileux et les façades talochées. Désormais l’amour devenait rare. Simon poussa la petite porte bleue comme chaque fois qu’il recevait un appel. Toujours aussi amer. Tunes et kopeks avaient mis les voiles avec le dernier naufrage au zinc du Napoli. Il allait devoir travailler double et le cœur n’y était plus. Maintenant la rue l’assaillait davantage. Trop de regard, trop de rire, trop d’insultes. Le costume semblait plus lourd, les pas pesants, la respiration difficile. Chaque fois il jurait que c’était la dernière. Chaque fois il revenait. Cette fois encore, sa tête de gland lui remplirait la bourse. Après avoir avalé un grand bol d’air, il plongea dans le latex.

Tu ne penses pas que le titre devrait être changé ? (je ne le trouve pas très explicite, mais j'ai rien, là, à te proposer...)