Lors de ma participation à la correction des nouvelles, je retrouve souvent chez les auteurs débutants les mêmes erreurs.

Parmi les jeunes auteurs d’oniris, quelques uns ont, je le sens dans leur participation, l’envie sincère de progresser. Mais, c’est humain, ils veulent savoir au plus vite ce que vaut leur nouvelle. Alors dès le point final posé, le texte à peine relu une première fois, ils proposent leur texte et… parfois se le voit refusé gentiment par les publicateurs. Pourquoi ? Parce qu’une scène, une description, une intrigue, aussi originale qu’elle soit, est insipide si le lecteur y découvre des maladresses flagrantes. Et c’est aussi pour éviter à l’auteur d’essuyer des commentaires décourageants, que le publicateur demande à l’auteur de retravailler son texte.

Si la mère Bovary était bandante (c’est une pure supposition de ma part), son histoire ne l’est vraiment plus de nos jours. Qui, aujourd’hui se passionnerait pour les états d’âme amoureux d’une petite bourgeoise normande du 19ème siècle ? Et pourtant l’ouvrage de Flaubert fait toujours référence de nos jours. Pourquoi ? Vous connaissez la réponse…

Dites-vous bien que votre écriture ne sera appréciée par autrui que lorsque vous prendrez, au-delà de la fabrication de l’histoire elle-même, du plaisir à peaufiner votre texte. Trouver le verbe, l’adjectif qui va bien ; la bonne tournure ; le bon rythme ; etc. Ça ne vient pas immédiatement pour tout le monde ! Au début, c’est peut-être même fastidieux. Persistez, et un jour, le miracle est là, je vous le certifie : vous y prenez plaisir, celui d’écrire s’en trouve décuplé, vous atteignez l’orée du rêve de voir un jour votre œuvre dans les rayons des librairies….

Ceux d’entre eux qui le désirent, peuvent lire ou relire le post « conseils aux auteurs amateurs débutants » donné sur le forum l’année passée. Ne proposez pas votre texte avant d’être certain d’avoir vérifié au plus près ces 6 points.


Je peux, si au moins l’un d’entre vous répond positivement à cette proposition, vous livrer de temps à autre, quelques réflexions sur différents thèmes, comme par exemple celui-ci :

1) L’imagination

La plupart d’entre nous préfèrent le connu à l’inconnu. Pourtant, écrire sur ce qu’on ne connaît pas, est le plus sûr moyen de développer son imagination. Il faut donc oser tout écrire. On croît que l’idée qui nous paraît saugrenue ou extravagante est souvent la meilleure. Pourtant c’est celle que la plupart du temps nous aurions tendance à écarter.
Souvent, je lis des nouvelles où rien n’apparaît en dehors de la scène vécue par le personnage principal. Comme si le narrateur ne voyait rien de ce qui se passe autour de cette action. Pourtant, c’est parfois le petit détail ajouté qui va donner du piment et maintenir ainsi l’intérêt du lecteur.

Voici un exemple :
Le héros d’une aventure rend visite clandestinement et nuitamment à la « bonne à tout faire » de sa maîtresse. Il monte l’escalier principal d’un château. Normalement rien ne se passe lorsqu’on gravit un escalier, mais l’auteur laissant la bride sur le cou de son imagination tente de surprendre le lecteur de cette façon :

« Il atteignit l’escalier. C’était un de ces ouvrages imposants offrant un palier de repos à chaque demi niveau, sur les murs desquels les propriétaires ont coutume d’exposer les portraits de leurs aïeuls. Sur le deuxième palier, Paulo heurta une immense toile représentant la comtesse Octavine de Restaupieu, arrière-grand-tante de Laure de Restaupieu, actuelle maîtresse des lieux et veuve de son état. « Tu ne peux pas faire attention ? Connard ! » éructa Octavine en crachant son dentier. Paulo, lorsqu’il le voulait, savait parler aux bourges : « Madame, votre propos n’est pas à la hauteur de votre rang ! » répondit-il en refilant les ratiches à la douairière. »

Pardon d’avoir choisi un auteur que je connais bien, mais je n’avais pas l’envie de faire des recherches dans les ouvrages classiques.

Donc, piétinez votre ego, sinon il vous dira presque toujours : « cette idée est absurde, cherche autre chose ! » et ceci uniquement dans le but de vous faire croire que vous manquez d’imagination.

Osez abandonner une idée pour une autre. Si en cours d’écriture votre première idée en induit une autre, abandonner la première, vous pourrez toujours y revenir ensuite. Cette seconde idée peut vous conduire vers une nouvelle piste.

Personnellement, pour ne pas entraver mon imagination, j’écris à la plume comme je pense sans me préoccuper des règles (ortho, grammaire, syntaxe). Ainsi mon esprit peut divaguer à sa guise dans la phase d’écriture en cours (scène, description, dialogue, etc.) sans être perturbé par mes carences techniques. Je corrige plus tard, lorsque je recopie au clavier.

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Citation :

Je réponds positivement !!!
Une chronique de Tonton Togna... Ça, ça me plaît ! Trop tard : tu l'as dit, tu le fais !
(J'ai mis le lien vers ton post).

Vendu. Je veux, namého ! ^^. [Génial, le titre, en fait.]

Merci Togna pour ces précieux conseils que je relirai autant que nécessaire. Bien à vous, toutou

Merci Togna.
Nous sommes très nombreux, j'imagine, à nous efforcer de suivre tes premiers conseils. Ô combien pertinents.

Cette seconde série est très bienvenue et pour ma part j'en suis très demandeur.
Le coup de faire un premier jet en laissant libre cours à son imagination sans se soucier de faire des phrases correctes, je n'y aurais pas pensé, mais je suis preneur.
Merci d'avance

Génial tonton Togna, j'ai hâte de lire la suite des conseils... Effectivement le titre est top...

Citation :

Je ne sais pas si mon écriture est appréciée par autrui, mais je me reconnais exactement dans cette description. Au début, je proposais mes textes à Oniris sans les relire, tellement cette tâche m'était insupportable.
Ensuite, sur le conseil de tous, je me suis mis à me relire, mais c'était dur, et c'était une ou deux fois tout au plus.

Ensuite, je crois que c'est venu d'un coup, ou presque. A un moment où ma production littéraire a diminué considérablement de volume, je me suis réellement intéressé à la qualité. Avant, tout ce qui sortait était bon. A partir de ce moment, je me suis mis à essayer d'avoir un regard extérieur, je me suis mis à essayer de tendre vers la perfection. Tout texte a pour moi une perfection, qu'il est possible d'atteindre.

Je ne parle pas ici d'une nouvelle, d'un roman, d'une poésie parfaite. Mais je dis qu'à partir d'un texte donné, d'un premier jet et de l'aura d'inspiration et d'idées qui va avec, on peut obtenir la version parfaite de ce texte.

Et le plaisir est grand, de calibrer chaque mot, de modifier des phrases, de rajouter des passages, parfois de tout effacer pour tout récrire. Car on sait qu'on tend vers cette perfection, que le lecteur attend naturellement.

Intéressant commentaire, ululo !

Effectivement, tu pointes l'attention sur un point qui me paraît essentiel : prendre le temps de bien se relire, avant de faire lire ses textes à d'autres personnes (amis, correcteurs ou lecteurs d'Oniris...)

Merci Togna pour tous ces beaux conseils !

Je profite de ce topic pour mentionner Comment ne pas écrire des histoires ; un texte savoureux et plein d'humour écrit par Yves Meynard, ancien directeur littéraire de la revue Solaris. Le texte s'adresse aux auteurs débutants mais mérite d'être lu par tous, vraiment !