La chanson

Bonjour à tous,

Pardonnez-moi pour ce retard mais je suis assez lent de nature. Remarquez, il y a quelques avantages à être lent dans certains domaines...

En tout cas, mieux vaut tard que jamais, pas vrai ?

Alors avant toute chose, je tiens à remercier comme il se doit les correcteurs qui ont eu la gentillesse de bien vouloir laisser passer ce texte. Il est vrai que moi-même, en le relisant, je me dis que j'aurais pu mieux faire mais bon, il vous faut savoir qu'il a été écrit à peine quelques mois après la disparition tragique de mon Ami David et qu'à l'époque, j'étais relativement jeune et sans grande expérience (à titre d’information, l'enregistrement date de 1998).

Ce fut au départ une poésie, que j'ai écrite entre son décès et son enterrement (2 jours je crois). Je l'ai lu d'ailleurs durant la cérémonie. Ce fut vraiment mais vraiment très difficile. L'originale est entre les mains de la maman de David tandis qu'une copie est accrochée au mur de ma chambre, juste à côté de sa photo.

Les faits de son accident sont très étranges. Permettez-moi de vous les décrire ici, de façon succincte.

Nous sommes le samedi 29 novembre 1997 et ce soir-là, la commune dans laquelle j'ai vécu jusqu'il y a 9 ans, était en fête. C'était la Sainte Barbe, patronne entre autres des Sapeurs-Pompiers. David était pompier. Il était un vrai passionné. Dans sa famille, on est pompier quasiment de père en fils. Ces vrais Hommes qui mettent en péril leur propre vie pour sauver celle des autres avaient ce soir-là, revêtu leurs plus beaux habits. David était ce que l'on appelle communément, un boute-en-train. Il était guitariste, gardien de but, cuisinier et adorait faire la fête. Trop peut-être. Je ne vais pas entrer dans les détails mais il allait facilement dans les excès. Je n'ai pas le souvenir de m'être ennuyé une seule fois en sa compagnie. Nous nous connaissions depuis l'âge de 12/13 ans, lorsque tous les 2 nous faisions du foot. Il avait un an de plus que moi. Lui qui aimait tant se faire remarquer, parler fort, se faire écouter, ce soir-là, il est arrivé une chose plutôt inhabituelle.
David était fiancé depuis près de 10 ans à une fille qui vivait dans une commune voisine, séparée par un long bois. Ce “chemin maudit”, comme désormais l'appelle sa mère, il l'aura emprunté des milliers de fois, si ce n'est plus. Ce soir-là, d'après le témoignage de sa fiancée, ils ne devaient pas se voir. Et pourtant, on se sait pourquoi, David a quitté la salle-des-fêtes sur la pointe des pieds, sans prévenir personne (ce n'était pas dans ses habitudes. D'ailleurs, encore aujourd'hui, ce détail reste un mystère), il est monté dans sa voiture et a pris la direction pour rejoindre sa fiancée. Il était assez tard. Peut-être 1h30 du matin.
Cette route, il aurait pu la prendre les yeux fermés et pourtant, ce grand virage dangereux indiqué à plusieurs reprises dans les 2 sens, lui fut fatal. Il termina sa course dans le talus, où sa voiture fut violemment stoppée par un muret.
Lorsque la sirène retentit, quasiment tous les pompiers ont quitté la salle et se sont précipités pour se rendre à la caserne en tenu de combat.
Ironie du sort, le chef de corps, en faisant un rapide appel, se mit à hurler :
“Pour changer, David n'est pas là !!!!”
C'est lui en personne qui va voir le premier le corps de David. J'ai eu l'occasion de discuter avec lui à plusieurs reprises sur cet accident.
“Il a traversé le pare-brise. On a cru au départ qu’il avait quitté le véhicule. Après 5 minutes, je l’ai retrouvé à plus de 10 mètres de là. Sa tête avait triplé de volume et il susurrait du bout des lèvres : J'ai mal, j'ai mal !”
Ce qui reste étrange, c'est qu'un homme traversait comme souvent il le faisait, le bois à pieds afin de rejoindre l’autre commune. Il y travaillait dans une radio. Des rumeurs ont laissé croire que c’est en tentant de l’éviter que David aurait fait sa sortie de route. Sa mère en tout cas, en est encore aujourd'hui convaincue et alla même jusqu'à dire que c'était le bon Dieu qui l'avait puni lorsque moins de 3 mois après cette tragédie, cet étrange personnage mourut sans que rien ne s’y prêtait. David ce soir-là, expira dans l'ambulance, vêtu en pompier. Sa guitare se trouvant à l'arrière, fut quasiment broyée.
Comme vous pouvez vous l’imaginer, sa mère ne s'en est jamais remise. Encore aujourd'hui, lorsque j'échange avec elle quelques brefs messages sur FB, elle ne cesse de parler de David. A l'emplacement où a eu lieu son accident, elle a même fait construire une petite stèle en marbre avec sa photo visible à 30 mètres. Le pare-brise de sa voiture est recouvert de photos de son fils. Triste…

En ce qui me concerne, je fus doublement meurtri par sa disparition. La première fut bien évidemment son décès inattendu. La perte d'un Ami est terrible. J’ai eu encore récemment l’occasion de revivre une autre disparition précoce. La seconde, la voici. Durant l'été 1997, la commune avait organisé un espèce de tremplin musical où quiconque pouvait monter sur scène (très petite) à condition d'avoir prévenu les organisateurs au préalable. Avec David, nous avions décidé d'y participer, pour déconner, puisque très souvent lors de soirée bien arrosées, nous chantions ensemble. Le travail que nous avions fourni avait abouti à un vrai triomphe. Tous ceux qui étaient présents ce jour-là nous ont incité à continuer. Ce qui m'emmerde profondément, c'est que je n'ai aucune trace de ce merveilleux moment que j'ai passé en sa compagnie.
C'est donc à partir de ce moment que nous décidâmes de préparer quelque chose pour l'été 1998 (j’en profite pour rafraichir la mémoire de certains – Stony entre autres – en leur rappelant que cette année-là, la France a gagné la Coupe du Monde ). Nous étions encore jeunes et beaux, et notre projet était de faire les restaurants sur la Côte d'Azur. Quelques jours avant son décès, j'avais eu le feu vert d'un établissement pour une durée de 10 jours. “A nous la belle vie !”, avions-nous crié fous de joie lorsque je lui ai annoncé cette belle information.
Le lendemain de l’accident, lorsque j'ai lu cette funeste nouvelle, tout un monde s'effondrait autour de moi. J'avais tellement de bons souvenirs en sa compagnie ! Vacances, bringues, musique, école, bagarres, engueulades....

Pardonnez-moi pour m'être étalé sur ce fait-divers mais ça m'a fait du bien d'écrire et de revivre ces douloureux instants. Voilà d'ailleurs une des raisons essentielles pour laquelle j'aime écrire.

Merci à vous Newman, Cat, Diva-luna, Myndie, ChVlu, Tizef, TOTO, Louis, Robot, Pimpette, Lulu et Margueritec pour avoir lu, écouté et commenté cette chanson.
Désolé mais je n'ai pas cette capacité à analyser chacun de vos commentaires.

Juste 2 mots.
Diva-luna, je suis d’accord avec toi sur le côté ringard de la phrase « Dans le ciel de mes yeux » mais à l’époque, j’ai le souvenir qu’elle avait une image bien définie dans mon esprit. « Dans la mémoire de mon regard ». Une image un peu évanescente.

TOTO, en ce qui concerne ma voix, ou on aime ou on aime pas. Je ne discute pas. En revanche, le fait que tu la trouves geignarde me surprend un peu au vu du contenu de ce texte. J’avais longuement hésité entre cette version et une version un peu plus paillarde genre Licence IV. Avec quelques binious, du banjo, des trompettes, un accordéon... Tu vois un peu l’genre ? Mais bon, vu l’état dans lequel j’étais, je te garantis qu’il m’était difficile d’être joyeux. Merci cependant pour cette phrase « Beaucoup de tristesse lorsqu'un ami s'en va ».


Je voudrais en revanche, adresser un merci tout particulier à Louis. D'habitude, je ne lis pas vos analyses car elles sont souvent très longues et très techniques (je sais, c'est un tort). Mais je dois vous avouer qu'en lisant celle concernant ma chanson, elle va au-delà de ce que j'aurais pu imaginer. C'est incroyable ! Bravo ! Par curiosité, j'aimerais vraiment savoir quelle est votre profession.

Un grand merci également à Ludi qui…à bin non, il n’a pas commenté. Pardon !
J’ai bien aimé par contre le mot de Pepito qui…Oups ! Lui non plus n’a pas commenté. Mais où ai-je donc la tête aujourd’hui ?!
En revanche, Stony a relevé un point qui….décidemment ! Je vais aller me reposer, c’est mieux !


Je plaisante, bien évidemment.


Voici les 3 chansons que nous avions joué ensemble lors de ce tremplin et qu’il m’est quasiment impossible de réécouter aujourd’hui encore (surtout la dernière) :

Simon & Garfunkel – Scarborough fare

Pink Floyd – Wish you we here

Francis Cabrel – Répondez-moi (ma préférée)


Olivier


PS : désolez pour les éventuel fote d'ortografe mais je sui o travail. Pa le tant de relire.

Je suis vraiment bouleversée par ce que vous racontez et vous présente mes sincères condoléances (pour cela aussi, il n'est jamais trop tard, sachant que l'on se remet difficilement de la perte d'un être cher, et ce n'est pas si vieux).
J'ai relu votre chanson. Je la trouve toujours aussi superbe. Vous disiez pouvoir faire mieux, mais là je crois que vous plaisantiez, car il n'y a vraiment rien à corriger. Elle a le mérite d'être claire et limpide. Elle va droit au coeur.

Pardon, Olivier, mais je ne suis pas très sensible aux éloges funèbres. C’est le moment de la messe que j’éviterais en premier si j'y mettais les pieds.

Pour moi ça reste une évocation de souvenirs convenus qu’on doit formater pour tous publics. Il n’y a pas pire endroit ni pire moment pour faire ressembler tous les morts.

Ludi

Je comprends mais je plaisantais vraiment Ludi.

Bonjour Olivier,

J’écoute Cabrel en te répondant mais il ne faudrait pas.

Ton histoire est triste, Olivier, très triste. De cette tristesse contre laquelle on ne peut rien tant elle englue l’âme avec notre incapacité à redresser les torts.

Ainsi va la vie, on nait un beau matin et un soir on s’éteint, et peu importe si l’on vit trois heures ou trois siècles…on ne laisse derrière soi que les larmes et le chagrin, fichés parfois dans le souvenir du cœur d’un ami Poète.

Je comprends ton besoin de mettre en mots pour libérer un peu ta peine.

Merci encore pour le partage.

Cat
émue

Merci pour vos belles paroles, Lulu et Cat

Merci Miguel pour ton message !!
Je pars dans 10 minutes à Monza pour faire une course (à pieds) et franchement, depuis ce matin je n'ai pas trop la pêche. En plus ici, il fait super chaud.

Tes mots m'ont fait l'effet de 10 Red Bull ! En volant j'y vais à Monza !

Bonjour, Olivier,

J'avais lu le premier post, que j'ai trouvé très bien écrit, touchant, émouvant et rendant bien hommage à ton ami.

Je ne voulais pas commenter ta chanson parce que je trouvais un peu déplacé de le faire, mais je me dis qu'après tout, si tu nous la proposes, c'est pour obtenir un retour, d'autant que tu souhaites apparemment, si j'ai bien compris, obtenir le mien.
Mon retour est bien entendu indépendant de l'intimité que tu as avec ce sujet que je respecte infiniment. Je préfère te le donner ici plutôt qu'en commentaire "officiel".

Tout est toujours affaire de goût, mais tout, dans cette chanson (les paroles, la musique, la voix) me fait trop penser à Francis Lalanne et sans doute à bien d'autres pour que j'y prête l'oreille plus de trois secondes sans douleur. C'est le genre de choses que je zappe immédiatement à la radio et je me bats avec mon fils pour être le premier à le faire. Je ne suis donc pas du tout, mais alors pas du tout client de ce genre et ce que je peux écrire ensuite ne vaudra donc peut-être pas pour toi...

Je reste persuadé que pour évoquer ce genre de sujet, le moyen le plus efficace pour toucher l'auditeur (du moins un auditeur tel que moi) soit d'opter pour le contraste entre le ton et le sujet. Le contraste sera d'autant plus élevé pour un sujet grave que le ton adopté est léger, voire joyeux.

Je me permets de donner deux exemples :

1. Marcia Baila

Je ne peux plus écouter cette chanson depuis au moins vingt ans ans tellement je l'ai entendue jusqu'à l'écoeurement, mais peu importe.
Ici, le contraste est flagrant. Une chanson de "boîte", faite exactement pour ça, ayant fait danser toute une génération et sans doute davantage, alors qu'il s'agit d'évoquer la disparition d'un professeur de danse, assez voire très proche de Catherine Ringer je crois, il fallait le faire, et je crois que personne n'y a rien vu de déplacé, ni à légard de l'auditoire ni à l'égard de ce professeur disparu.

2. Sex shop

Il s'agit ici d'une autre forme de deuil : l'adultère.
Certes, la musique invite à la mélancolie, aux regrets, à la tristesse, et colle tout à fait avec le sujet, mais le contraste est ailleurs. Dans les paroles, bien sûr. Dès le troisième mot, on entre de plein pied dans la provocation et, peut-être pour certains, la vulgarité. Le narrateur s'adresse en des termes en apparence peu respectueux à celle dont il regrette précisément de ne plus être l'élu, et il va jusqu'à utiliser le jeux de l'ironie lorsqu'il dit "Je te pardonnerai... je te jure... JAMAIS !". Mais tout ceci prend son sens avec les deux dernières paroles que je trouve personnellement bouleversantes : "... menteuse... menteuse", et l'on comprend que l'on a eu à faire jusque là à une sorte de petit garçon faisant le crâneur pour se cacher la vérité, mais qui, en prononçant encore ces dernières paroles qui pourraient lui cacher la vérité, se rend précisément compte qu'il est parvenu au bout de son mensonge en faisant mine d'accuser l'autre de mensonge, et prend enfin la mesure de l'inéluctabilité de ce qui le submerge. Il y a un silence entre le premier "menteuse" et le second et, ensuite, il n'y a plus de parole, uniquement la musique, et on peut imaginer que le personnage est en train de pleurer. Je trouve cette chanson magnigique et bouleversante.

Bien entendu, aucune règle n'est écrite d'avance et tout est a priori permis, comme dans cette chanson où il s'agit précisément d'évoquer la perte d'un être cher (dans un accident de voiture). Sans vouloir t'offenser, disons que la qualité de la musique, de la voix et des paroles permettent sans doute à l'auditeur d'être touché.

Stony, Widjet et RB, merci tout d'abord pour avoir pris la peine et le temps d'écouter et de commenter cette chanson qui je le regrette, vous a ennuyé plus qu'autre chose.
A vrai dire, je ne sais trop quoi vous dire à part le fait que Mozart ou Beethoven sont également critiqués. Je ne vais pas avoir la prétention de vous dire que ça me rassure mais je me dis qu'au final, on ne peut hélas, pas plaire à tout le monde.
Cette chanson, je l'ai vraiment écrite avec mon coeur et croyez-moi, j'y ai versé beaucoup de larmes. J'en avais besoin pour extérioriser ma douleur. J'étais beaucoup plus jeune à l'époque... vous allez me dire que vous vous en fichez puisque vous, vous vous basez sur ce que j'ai posté et vous auriez bien évidemment entièrement raison.
Je ne saurais quoi vous dire d'autre. Je vais essayer de la retravailler ou pas, je ne sais pas encore.

Merci encore

Olivier
un peu triste mais ravi cependant d'avoir pu vous lire tout en me faisant une autre idée sur cette chanson

Bonjour,

Je crois avoir été mal compris...
Je répète donc mon commentaire, une partie du moins : "Bien évidemment, la voix tendre et la guitare expressive confortent un côté sentimental dont on pourrait facilement sourire.
Je ne le veux pas."

Si je ne le veux pas c'est que je respecte. Avec Bien + pour le dire...