Bonjour à tous,

Merci au CE, aux lecteurs et surtout aux commentateurs de mon poème : Lebarde, Vincent, Boutet, papipoete, Laurent-Paul, Provencao et Cristale.

Si ce poème a pu parler à des chrétiens croyant à la Résurrection, tant mieux, et je me rends compte que c'était l'interprétation la plus évidente ; mais je ne suis pas chrétien. Je ne suis qu'un poète qui aime emprunter au christianisme ses plus beaux vêtements pour habiller une expérience universelle, celle de la souffrance psychique, très souvent liée, de multiples façons, à l'égo, au moi. Que l'on parle de notre haine d'un monde qui ne serait pas à notre hauteur, ou bien de la haine de soi parce que nous ne serions pas à la hauteur du monde, l'égo est toujours présent dans la souffrance psychique. La sagesse chrétienne, tout comme la sagesse du Bouddha et de tant d'autres sans doute, nous incite à sacrifier le moi, ou l'effacer, l'oublier l'espace d'un instant dans la contemplation du monde, du bien, du beau, du vrai (de Dieu pourrait-on dire, si l'on y croit - ou pas).

Dans mon texte, la voix poétique est une sorte d'ange gardien qui parle à un individu à fleur de peau, que la contemplation d'un beau crépuscule fait fondre en larmes, dans un mélange d'émotion esthétique et d'abandon à une souffrance personnelle trop longtemps contenue, comme ça peut arriver à tout le monde, surtout à des hommes élevés dans la honte de pleurer. Pourtant rien n'est grave : ni la réaction des passants qui ne font que passer (comme tout le monde sur cette Terre), ni la source de la souffrance elle-même, car il suffit (chose simple mais difficile à faire, d'où le coup de pouce de l'ange gardien) de s'abolir, de mourir à soi en un sens, de s'oublier dans la contemplation (d'un beau coucher de soleil, ici), pour nous rappeler notre petitesse et aller tout de suite beaucoup mieux.

Voici une nouvelle version, vous pouvez me dire si vous voulez laquelle vous préférez. Pour un effet sonore avec "couleurs" et "plaie", j'ai remplacé "larmes" par "doux pleurs".

Bénédiction

Le glaive de la nuit vient percer le soleil :
Le ciel crève en éclats, et sublime te blesse
Au-delà des couleurs... Ô doux pleurs de l’éveil !
Tes yeux sont une plaie où coule la faiblesse

Bénite de ton cœur, pourtant si mal reçu,
Car tes larmes ce soir te recouvrent de honte
Comme un petit enfant qui s'est pissé dessus.
Ignore les passants, c'est ta douleur qui compte.

Et soudain vulnérable au plus petit rayon,
Qui transperce ton âme (oh ! le tendre aiguillon !),
Tu te sens t'abolir, et tu te sens renaître,

Lazare émerveillé d’un miracle anodin.
Ce qu'on vit mieux, sans soi ! Quel bonheur te pénètre !
Il t'a fallu mourir pour respirer enfin.

Citation :

Bonjour Hiraeth,

Je comprends beaucoup mieux votre cheminement de pensée ainsi expliqué en deuxième partie de résumé.
Les histoires de résurrections et/ou de sacrifice de son moi me laissent dubitative mais je respecte tout croyant.

Votre deuxième version est en effet meilleure concernant la sonorité couleurs/pleurs et l'allitération en "d" du vers 3.

Merci cher poète pour ce retour détaillé.

Mais je vous en prie, chère poétesse. Un grand merci pour votre retour.