P’tit nouveau, c’est avec appréhension que j’ai proposé mon premier texte puis vu qu’il allait être publié ; c’est avec émotion que je découvre les premiers retours qu’il suscite.

Un très grand merci donc à ceux et celles qui ont permis cette mise en ligne, un très grand autre à celles et ceux qui ont eu (ou auront) la patience de déposer un commentaire – et un dernier à Cyrill, qui m’a suggéré la marche à suivre pour ces remerciements…

Ces regards extérieurs sont ce qu’il y a de plus précieux pour quiconque ne connaît un texte que « de l’intérieur ». J’ai la chance d’en avoir déjà à peu près toute la gamme. Leur qualité confirme les avis qu’on peut glaner sur Oniris ici ou là sur la Toile, et qui m’avaient conduit à rejoindre le « club » ; elle m’invite aussi à y continuer l’aventure…

J’aurais sans doute dû être plus explicite en introduction / présentation quand j'ai posté le texte, et indiquer qu'il a été imaginé comme la vue éclatée d’une carré dont les strophes seraient chacune une face, à la fois intimement unies et opposées. Le « carré de matière » du vers final est donc aussi le poème lui-même… De là également la structure en 2 fois « 7 x 7 », aussi « carrée » que « boiteuse » ; et le titre : ce dernier voudrait également suggérer la ‘pierre angulaire’ – puisque l’expérience qui est décrite est à l’origine d’un retour à la poésie, après des années où j’avais cru avoir réussi à « tourner la page » - et donc de ma présence dans cette communauté…

Plus précisément maintenant, puisque tel semble en être l’usage :

@Corto : C’est bien plutôt à moi de regretter de n’avoir pas su vous toucher, mais nous savons en écrivant que cet espoir est « peut-être vain »… Seule ‘objection votre honneur’ de ma part : le texte ne prétend pas célébrer la majesté du Mont St Michel (ou rendre hommage à Léonard), mais exprimer un brusque ressenti devant un paysage de la Baie, et ses extraordinaires et saisissants mélanges, dans un vent salé, d’eau, de terre et de lumière… Sur la terrasse, le ‘narrateur’ est donc à un endroit où il « tourne le dos » à l’Abbaye…

@Socque : paradoxalement, je suis heureux que ce vers vous ait paru incongru, incompréhensible … puisque tel était son rôle. Il y a à l’oeuvre un « sentiment océanique », si on veut utiliser les grands mots, mais dont le narrateur – ou la narratrice, merci de l’avoir noté - perd le fil parce qu’il y aussi des gens autour et leurs perches à selfie pour leur compte Insta… Bref, des « touristes », et c'est le « claquement de doigts » qui ramène le « je » à ce qu’il/elle est au fond : l’un(e) d’eux, lambda et limité… Quant à l’heptasyllabe, je tiens à son rythme justement claudiquant, imparfait – qui est aussi celui des désillusion d’une cigale… Je retiens votre suggestion de suppression des majuscules initiales, du moins jusqu’à l’avant dernier vers de la première strophe, ce qui permet une entrée ‘in media res’ et une plus grande fluidité … océanique !

@Donaldo75 & Provencao : merci de m’accorder généreusement cette dimension philosophique, imprédictible, et très heureux que le texte ait pu vous les suggérer…

@Cyrill : merci de souligner que le Mont est finalement anecdotique, et qu’une telle expérience peut surgir n’importe où… Le texte se situant au carrefour des traditions chrétiennes et bouddhistes, c’est en effet aussi un Eveil qui foire… Raison pour laquelle je suis content si vous êtes tombé … de haut ! Et votre comparaison avec le selfie m’a beaucoup amusé : cela m’a en effet rappelé des scènes au Louvre, de visiteurs regardant la Joconde de dos, perche à selfie en main, pour tenter de façon finalement émouvante d’accrocher leur impermanence à cette image éternelle…

@Vincente : que dire, sinon ma gratitude pour la méticulosité de votre double lecture… Et qu'ajouter, sinon que ‘Tombelaine’ est en effet ‘une prise à témoin’ - ce qui, par sa matérialité, assure le narrateur que tout ce ressenti n’est pas un rêve délirant… C'est aussi celui des trois monts de la Baie qui est demeuré vierge de toute construction humaine, le plus ‘brut’, ‘tellurique’, ‘muet’… Votre ressenti de la 2ème strophe est aussi conforme à « mes attentes » - saugrenu, maladroit, même un peu pitoyable – un avatar d’Homme de Vitruve (ou de sa version féminine…) confronté à la rugosité / prosaïté voire vulgarité du monde, bon Moderne qui se débat dans ses réflexes esthétiques hérités de la Renaissance (et donc là aussi tournant le dos à la Merveille gothique...), et ne peut espérer "peut-être en vain" de retrouver son 'ressenti' et de le transmettre, que par la médiation « asymptotique », nécessairement décevante, frôlante et brève, des mots…

@Papipoete : l’exégèse qui précède m’invite à faite amende honorable… Sans doute ai-je voulu ‘trop en mettre’, dans trop peu de vers… C’est la limite des contraintes que je me suis imposées, peut être un peu trop « tirées par les boyaux de la tête », jusqu’à un effet de saturation ou d’abscondité rebutante…

Ces remarques m’amèneraient en conclusion, si j’avais à proposer à nouveau ce texte, à modifier comme il suit le début de 2ème strophe :

« En bon gars de Léonard
Fors le visage en pétard
J’écartai pattes et mains
Dans l’effort peut-être vain ... »

Voilà… Un dernier merci pour la route et pour l’heure, et le souhait pour vous d’une très belle journée…

Bonjour EtienneNorvins et merci pour ce retour.
J'avais bien sûr compris que vous parliez face à la baie superbe, tournant ainsi le dos au monument.
Néanmoins pour accéder à la fameuse terrasse il me semble difficile d'éviter l'escalier qui monte, monte encore (!), de croiser le monument et quelques salles impressionnantes.
Je reste sur ma faim pour votre expression dans cet environnement extraordinaire même si vous êtes capté par la magnificence de la baie elle-même.
Mais peut-être suis-je trop exigeant en rapport avec mon expérience personnelle vécue auprès de ce Mont.
Tous mes encouragements vous accompagnent. PJ: mon album photo personnel.

https://photos.google.com/share/AF1QipO7xnThw2QqLsQ0l8nkbOI4ajbygJxkKtuvkKEZvbRBx8peILWKPcRSNeJcN6554g?key=OTBIemh6WklXQlZzUTVsZWlxczVzR3BIdGk5NTF3

Bonsoir Corto,

Cet escalier en effet, entre des murs qui semblent de labyrinthe, avant d'accéder au grand air de la terrasse !

Merci pour le lien vers votre album personnel, d'autant plus que j'y retrouve des fragments de 'mon' paysage : dans l'émotion du moment, je n'ai pas pensé à photographier ce jour là !...

Belle soirée à vous,

Merci pour ce retour Étienne.

J'avoue que ce "carré de matière" m'a laissé un peu au bord de la route, avant de songer à un smartphone, qui il est vrai est plutôt rectangulaire.
Tant pis, me suis-je dit, je tiens là mon explication, il existe peut-être des phones carrés... une fois ouverts, non ?
Et aussi, ne faut-il pas bien tendre le bras (écarter patte et main) pour se trouver sur le selfie, si ?
Bon, j'aime trop mon explication pour m'en laisser distraire par l'auteur lui-même

Tombelaine m'a fait penser à ces sables mouvants qui séparent l'île du Mont, ils ont plus hanté mon esprit étant enfant que l'abbaye.

Encore merci et bonne continuation.

Bonsoir Cyrill,
Règle n°1 : Le lecteur a toujours raison !
Règle n°2 : Quand le lecteur a tort, voir règle n°1

Donc, c'est un smartphone :))
Belle soirée

Toutàfait

... et votre suggestion fait suffisamment son chemin pour que j'hésite désormais entre "approcher" et "accrocher" dans la 2e strophe :))

on ne peut pas visiter Oniris et en ressortir illettré, ou alors on s'est endormi pendant la visite !
le savoir de chacun, m'épate toujours autant !

Personnellement, je garderais "approcher" parce qu'on sent une volonté d'aller vers le divin malgré un moyen peu adapté.
"accrocher" a une connotation vraiment triviale dans cette partie qui l'est déjà, il me semble inutile d'en rajouter dans ce sens.

Je n'aime pas ce spectacle de touristes brandissant leur smartphone, mais dans vos vers ils sont comme "récupérés" par une certaine élégance du geste, du moins de l'intention folle de toucher Dieu, liée à leur geste.

Et je précise que je ne suis pas croyant. Par Dieu, j'entends sans doute la Beauté, quelque chose qui nous dépasse.

En revanche, ce que vous avez proposé :
"En bon gars de Léonard" me convient mieux à l'oreille, j'avais un peu tiqué sur le vers d'origine.

Cordialement.

Je prends bonne note ! Merci beaucoup !!