Tout d'abord je suis touchée du nombre et de la qualité de vos commentaires - de vos compliments aussi, bien entendu.
Il y a très peu de critiques négatives, mais l'ensemble est pour moi très utile. En effet, j'avais en l'écrivant plusieurs arrière-pensées qui semblent ne pas être suffisamment perceptibles, et il va falloir retravailler le texte pour les faire mieux apparaître.
Tout d'abord l'idée de départ de cette nouvelle est une "commande" : il s'agissait de construire une histoire contemporaine autour du thème de la damnation de Faust. Le méphistophélès de mon histoire n'a que peu de caractères diaboliques, sinon sa manière de faire irruption, de connaître le prénom de l'héroïne, et sa manière insisieuse de l'amener à ses fins. Ce qui l'intéresse, c'est son âme et non son corps, et comme tout démon qui se respecte, il s'adresse d'abord à son désespoir. Le sourire trop éclatant, les yeux couleur caramel, le titre de la nouvelle (qui renvoie à l'inversion diabolique du sacré, mais aussi bien entendu dans la dérision au travail de cette femme et à ce qu'elle fera ensuite), étaient des indices, tout comme la ressemblance qu'elle saisit à moment donné entre lui et le jeune tueur de son mari. De la même façon, devenir une infirmière qui tue au lieu de soigner renvoie encore à l'inversion démoniaque.

L'autre chose sur laquelle je vais devoir insister, c'est le caractère traumatique de la mort de son mari, trauma aggravé par l'impunité et le défi du meurtrier. Je pense que je vais évoquer des rêves répétitifs. Je vais aussi ajouter un mobile à son acceptation finale : l'espoir de voir un jour dans un des blessés qu'on lui apporte ce jeune meurtrier, pour pouvoir le tuer.
Seule l'intensité du traumatisme, la révolte et l'impuissance qui ont suivi peuvent faire bien comprendre l'état de haine et de froideur dans lequel elle est, et qu'elle accepte - elle qui avait une identité de soignante et visiblement un sens moral - de pervertir ainsi ses compétences.

Enfin je suis heureuse que vous ayez perçu l'équation entre la manière actuelle dont va le monde et ce qu'on peut parfois y voir (de façon tout à fait laïque), comme une force démoniaque à l'oeuvre. Le discours cauteleux du tentateur, repris ici, sur les pauvres gens qui attendent une greffe, justifiant la façon dont elles sont obtenues, avec tous les glissements qu'on peut imaginer, renvoie à l'hypocrisie qui masque beaucoup de réalités actuelles (et éternelles ?).

La morale de la fin est bien sûr aussi une question, que la femme de l'histoire ne peut je l'espère pas étouffer totalement. Je lui laisse cette chance parce que je l'aime bien, j'aime sa force et son intelligence, sa colère aussi.

Merci pour ces explications sur les intentions de l'auteur.
il y a en effet dans votre projet une dimension "démoniaque" qui était très clairement évoquée dans l'incipit et qui n'est peut-être pas suffisemment passée dans le texte.
ce que je trouve intéressant dans votre retour sur commentaires, c'est de nous révéler la richesse en amont de ces personnages que vous allez pouvoir développer encore.
Vous avez cependant pu constater que la nouvelle fonctionne bien dans cette version là!
je me suis attachée à votre personnage féminin, à son courage, à ce que j'ai senti de sa vitalité malgré le désespoir;

très bonne continuation!

Plumette

Bonjour,

Quant à moi et même en ayant lu l'incipit, je n'ai à aucun moment pensé à une histoire "démoniaque" où alors, le diable est partout autour de nous puisque nombre de gens vendent leur "âme" au diable du profit, de la gloriette et autres enluminures aux dépends des quelques valeurs de droitures et d'honnêteté qui tentent de résister de ci de là...je me suis simplement dit qu'elle avait fini par détester le genre humain...

Au plaisir de vous relire
Vendularge

Bjr,

Je comprends mieux alors, effectivement si le directeur de l'hôpital qui recrute Imma (du coup ce prénom tombe à pic) est le "Diable" au sens propre, je me doute qu'il ne craint pas la justice des Hommes...