Le thème de l’illusion a souvent été traité en littérature avant, pendant et après Balzac dans son roman « Les illusions perdues », affirmant : « Ce qu’il y a de plus beau dans la vie, c’est les illusions de la vie »…
C’est donc, en effet, un sujet récurent, sans doute universel et particulièrement présent dans le monde onirien entre autre, par définition…
Pour Victor Hugo : « L’âme a des illusions comme l’oiseau a des ailes : c’est ce qui la soutient » ou encore : « Oter l’illusion à l’amour, c’est lui ôter l’aliment »
Pour Bernard Noël : « Etre humain est un long travail d’illusions »
Pour Maurice des Ombiaux : « L’illusion est au cœur ce que l’oxygène est à l’appareil respiratoire »
Pour Joseph Joubert : « L’illusion est une partie intégrante de la réalité, elle y tient essentiellement comme l’effet tient à la cause »
Pour Emil Michel Cioran : « Tout le secret de la vie est de se vouer aux illusions sans savoir qu’elles sont illusions »
Pour Virginia Woolf : « La vérité nous anéantit. La vie est un rêve. C’est le réveil qui nous tue. Qui nous vole nos rêves nous vole notre vie… »
Pour Maupassant : « On pleure parfois les illusions avec autant de tristesse que les morts »…

Dans son décalage entre réalité et désir, l’illusion peut apporter une forme d’ivresse en soi, mais rapidement suivie d’un enfer, le prix du défi étant proportionnel à l’illusion quand l’éveil de la conscience interrompt le rêve quel qu’en soit l’objet…
Imprégnées de plusieurs lectures diverses, les images du poème se sont imposées à moi tout naturellement, en s’enchaînant autour d’un ressenti émotionnel particulier, non pas dans le cadre d’une déception sentimentale, mais dans un rapport avec l’écriture dont « la petite flamme fragile », en proie au doute, au sentiment de « vainitude », laissait résonner en moi un certain renoncement…
Les illusions flirtent autour d’un équilibre fragile qui oscille entre bienfait (tant qu’elles sont porteuses d’espoir et d’élan) et méfait (quand elles cessent d’exister) ; c’est un peu cette expérience que j’ai tentée de traduire dans ce poème, avec une pointe d’autodérision tout de même, en prenant davantage conscience de la relativité des choses de la vie…
Si l’on en croît Maurice Chapelan : « La dernière illusion est de croire qu’on les a toutes perdues… »

Je tiens donc à remercier le CE pour avoir retenu mon petit essai en poésie libre, appréciant toutes les formes poétiques et trouvant du charme à chacune, en reconnaissant l’énorme travail que cela nécessite quand on sait le nombre de textes encore en attente…, ainsi que les lecteurs et commentateurs qui m’ont fait l’honneur et le plaisir de leur passage, en respectant le ressenti de chacun…
Un grand merci donc à Papipoète et à Madawaza en espace lecture, à Francis, Lulu (pour ses encouragements), Robot, Pizzicato, Bidis, Alexandre (pour ses conseils), StayinOliv, Pouet, Vincendix (pour son analyse de l’illusion pointant une forme de faiblesse sans doute, mais toutefois, sans intention d’inciter à sortir le mouchoir…), Troupi, Lylah et Léni ( pour sa sensibilité)… ; je suis toujours très touchée que vous ayez pris le temps de laisser vos impressions en rompant ainsi le vide du silence…

Corbivan : Merci de me faire l’honneur de votre passage et de votre commentaire ! Vous n’êtes pas le seul à avoir attiré mon attention sur le rythme du poème : c’est le premier texte posté en libre par rapport aux précédents et peut-être n’ai-je pas placé au mieux le souffle des mots selon la lecture que je pouvais en faire.
Le commentaire de Papipoète m’avait un peu rassurée en disant que, malgré l’absence de ponctuation qui lui tient particulièrement à cœur, chaque ligne portait l’intonation de la voix…
Lulu a précisé, quant à elle, qu’elle avait été obligée de relire pour saisir mon propre rythme et StayinOliv pense aussi que le texte souffre d’un souci de fluidité, alors que Lylah a aimé la 4e strophe très fluide… ; pour vous, c’est celle qui en manque le plus…
Personnellement, à la lecture, je pose la voix pour laisser chaque groupe de mots résonner sans hacher et marquer un arrêt, sans doute parce que je connais le texte, ce qui n’est pas le cas du lecteur qui déchiffre…
Par contre, votre proposition d’une dernière longue phrase me gêne un peu au niveau du souffle pour respirer… ; d’autre part, votre présentation modifie le sens du poème lorsque vous reliez l’adjectif lucide à la peau du cœur alors qu’il est attribué à la conscience… ; mais, après tout, chacun peut le lire comme il le ressent, et pour moi, la disposition de la 4e strophe accompagnait cette lente plongée pour créer une certaine durée……
Concernant l’enchaînement des images, je souhaitais passer d’un objet extérieur, la petite flamme de la bougie, à travers le reflet du miroir qui permettait de renvoyer à l’image illusoire de soi, de ce qui pouvait se passer au plus profond du cœur, vécu de l’intérieur sans que cela soit visible…
Hum ! Je ne sais pas si mon explication vous semblera très claire, mais en tout cas, c’est très aimable à vous d’avoir pris la peine de vous pencher sur la question et recevez ma cordiale salutation…

Bonjour Emilia et merci de vos explications

Question rythme j'ai peut-être la fâcheuse habitude de lire trop vite, ce qui expliquerait en partie que je bute.

Je suis aussi rassuré que vous preniez bien mon initiative (pas spécialement réussie d'ailleurs) de recomposition de votre poème, par laquelle je voulais juste illustrer cette idée de fluidité, mais en un sens je me trouvais un peu culotté.

Vos explications m'apprennent beaucoup sur la réflexion qui animent vos choix..et dans ce domaine j'ai beaucoup à apprendre.

À vous relire.

Corbivan