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Remerciements pour L'ordre du jour
Expert Onirien
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Un grand merci à ceux qui ont permis la publication de ce texte ; à celles et ceux qui l’ont lu ; et bien sûr à celles et ceux qui l’on commenté.

Le texte a pour origine la déclaration d’un jeune autiste : « J’ai peur du côté de la vie où tout dégringole ». Elle m’a donné pour cette nouvelle l’idée du personnage, que je voulais non pas observer de l’extérieur, mais vivre de l’intérieur.
Les "idiots", les simples d’esprit, les innocents, les naïfs, autant que les autistes, me fascinent, surtout depuis une lecture de jeunesse, celle de chef d’œuvre de Dostoïevski, intitulée : L’idiot. Cet écrivain réunit le génie littéraire et le personnage de roman, l’idiot ; il m’a durablement marqué.

Le personnage et narrateur du texte concentre donc en lui un côté autiste, avec cette peur du « désordre » assimilé » à une « chute », une dégringolade, et l’on sait que la plupart des autistes craignent ce qui s’écarte des règles, des régularités, celles qui ordonnent leurs journées, leurs jeux ou leurs obsessions. La série TV « Astrid et Raphaëlle » a le mérite de bien illustrer, dans le personnage d’Astrid, cette peur panique devant l’inattendu, le déréglé, l’imprévu.
Mais mon personnage n’est pas purement autiste, je voulais lui donner aussi des côtés naïfs, innocents, confrontés à la complexité de la vie citadine contemporaine.
En faire un être un peu perdu dans notre monde, monde si peu humain.
Le simplet est l’un des révélateurs de ce monde inhumain ; et l’idiot, qui ne se réduit pas à l’imbécile, au « couillon », s’avère avant tout, comme l’étymologie ( le latin "idiotes" ) l’indique, le singulier, l’unique, le simple, sans double ni reflet, comme le rappelle le philosophe contemporain récemment décédé, Clément Rosset, dans son Traité de l’idiotie.

Mon personnage cherche à régler sa vie, naïvement, à partir des "mots d’ordre" qu’il se donne chaque jour, et qui ne lui valent que de multiples déboires. Il croit pouvoir maîtriser ainsi sa vie, et le fond « chaotique » redoutable qu’il éprouve en lui. Il se donne une morale, et croit encore pouvoir obéir à des « devoirs », des « obligations morales », qui le "sauveraient", en lui permettant de combattre efficacement les pulsions obscures qui le traversent.
Il y échoue. Mais l’expérience vécue dans le métro construit peut-être une voie de libération, qui vise à accepter cette part de « désordre » en lui et dans le monde, au lieu de vouloir la réfréner, la réprimer, l’endiguer. Elle vise à la prise de conscience que, du « désordre », peut naître un certain ordre ; que ces notions sont toutes relatives ; que le désordre, ou le dionysiaque, est aussi créateur, tout autant vital, tout autant orienté dans le sens d’un accroissement et d’un épanouissement de la vie que le bel ordonnancement apollinien.

Le texte reste ouvert, il ne garantit pas que ce qui semble appris dans l’expérience métropolitaine sauvera le personnage de l’état de déréliction dans lequel il se démène chaque jour.
Peut-être restera-t-il cet individu singulier, incompréhensible, inconnaissable, puisque toute connaissance vise le général et l’universel, incarnant la singularité du monde elle-même, sans « double » et sans « reflet » dans un quelconque idéal conçu dans un arrière-monde.

Geigei

Merci d’avoir vu dans cette nouvelle une part poétique, au moins dans sa « forme ».
Quant à la boutade : « ou comment passer du temps dans le métro sans s’ennuyer », elle ne me semble pas viser juste. Dans le temps qui précède les visions hallucinatoires du personnage, alors qu’il demeure figé dans une longue immobilité au milieu du tumulte de la foule, alors que défilent sans cesse les rames de métro, l’« ennui » doit être terrible, cet ennui par lequel on se retrouve seul face à soi-même, seul face au temps "pur" qui semble ne plus vouloir passer, et sans « divertissement » au sens que lui donnait Pascal.

jeanphi

« Vous amenez le lecteur à se comprendre mieux, ou du moins à s’observer dans ses propres mécanismes d’adaptation au monde » : dites-vous, et j’en suis fort satisfait car il me semble que l'une des finalités de ce genre de texte, effectivement, soit la meilleure compréhension de soi et du comportement d’autrui.
Merci encore jeanphi pour vos remarques sur la « sagesse » et la « fraternité ».

Jemabi

Merci Jemabi pour vos éloges sur l’écriture du texte.
J’ai tenté de faire ressortir l’immense solitude dans laquelle vit le personnage, et vous y avez été sensible, un grand merci pour cela.
Je comprends que la scène des cubes ne vous ait pas convaincu, elle est peut-être la partie la moins réussie de cette nouvelle.

Cat-Elena

Je crois que tu vises juste lorsque, d’une part, tu perçois le personne comme lucide, « il n’est dupe de rien », et, d’autre part, faisant preuve d’ « auto-persuasion ». Quand il répète effectivement qu’il n’a pas peur, il tente de se persuader de cela, et la répétition même suffit à le révéler.
Je suis ravi aussi de ta perception du personnage semblable à « un faux naïf lunaire, comme serait lunaire tout ce qui se tient au-dessus et en même temps au cœur de la réalité. »
Content aussi que le texte ait provoqué en toi quelques sourires "angéliques", là où s’allège le ton plutôt dramatique et même tragique du récit.

Elena : sœur de Jean-Robert ! J’en doute un peu ! Quoique nous soyons tous, par certains côtés, sœurs ou frères de J. – Robert.
Merci beaucoup Catelena.

Annick

Merci Annick pour vos remarques pertinentes sur ce texte. Le personnage « veut prendre le contrôle de sa vie », en effet, et vous avez été sensible à ses échecs, à son sourire qui « ne fonctionne pas ». Eh oui, un sourire contraint est-il encore un sourire !

« Il découvre, dites-vous, son propre chaos, son moi pluriel, pulsionnel, instinctif, affectif, source de vie. » Et cela me semble très juste. Mais je suis surtout touché lorsque vous ajoutez à propos de ce personnage : « il nous ressemble ».

Eskisse

Le personnage a le même prénom qu’un dictionnaire, faites-vous remarquer. J’avoue que je n’y avais pas pensé, ni prêté attention. Et pourtant votre remarque ouvre sur un aspect du texte intéressant, passionnant même, et vous en tracez une jolie perspective, en explorant « le langage enfantin » de Jean-Robert.
J’ai beaucoup aimé votre remarque finale : « C’est finalement en détournant les expressions, en faisant le détour par les mots de ce monologue, donc par la courbe, que J-Robert trouve son salut et sa sphère ».
Merci beaucoup Eskisse.

EtienneNorvins

« La naissance d’une tragédie » en référence à Nietzsche, cité en exergue : cela me semble assez juste, mais le personnage de ce dialogue n’est-il pas déjà dans la tragédie de l’existence, dès le départ ?
Qu’il soit pris au « piège des mots » me semble aussi très juste. Ne se dit-il pas d’ailleurs « malade des mots » ?
L’analyse que vous faites du « détraquement » de la « machine Jean-Robert » me semble très pertinente.
Vous avez vu aussi les « troubles autistiques » que j’ai voulu donner au personnage.
C’est votre analyse dans son ensemble qui est remarquable, profonde, subtile.

À propos du « lapin blanc », j’avoue ne pas y avoir pensé consciemment, mais comment ne pas y voir effectivement une réminiscence inconsciente à L. Carroll.
La fin se veut ouverte, équivoque, et, par goût personnel, j’aimerais qu’elle tende vers la troisième métamorphose de Nietzsche que vous évoquez, vers « le devenir enfant ». J-Robert, par sa naïveté, n’est-il pas proche déjà de l’enfance ?
D’un autre côté, je crains que sa vie tende vers la tragédie, à laquelle vous faites référence au début de votre commentaire.

Je vous remercie beaucoup, Etienne, pour ce superbe commentaire qui, tout en m’amenant à repenser le fond du texte, m’a beaucoup ému.


Vincente

Vous avez perçu une « discordance » entre le langage de celui que vous désignez par « p’tit bonhomme » ( ce qu’il est effectivement) et sa pensée un peu « simplette ». Vous avez peut-être raison, je n’ai pas réalisé cet écart dans l’exposition du personnage.
Vous accordez une grande importance à cette « main », main qui se donne, coup de main, qui n’est pas un coup, mais caresse, mais invite à un changement assez radical.
Je retiens l’idée de deux parties déséquilibrées, et la nécessité de réduire la première à une fonction juste introductive. Je vous crois de bon conseil.
Je suis heureux que la deuxième partie vous ait semblé « puissante » et « poétique ».
Merci beaucoup Vincente.

Eki

Merci beaucoup Eki de vous être laissée emporter dans un « voyage » avec cet homme « fantasque », cet adulte-enfant, naïf et "lunaire".
J’aime la façon dont vous parlez de ce « monsieur même pas peur » et qui pourtant "meurt de trouille".

In-Flight

Merci in-flight d’avoir apprécié le côté « fantastique » du texte.
Sans doute avez-vous raison, un texte plus court serait meilleur.

Contribution du : 05/12/2023 19:15
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Re : Remerciements pour L'ordre du jour
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Merci beaucoup, Louis, pour ce retour détaillé. Il faut en effet souhaiter à Jean Robert que l'idiotie soit pour lui aussi, dans le sillage de Rosset, une source de joie et d'émerveillement.

Contribution du : 05/12/2023 19:54
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Re : Remerciements pour L'ordre du jour
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Merci Louis pour vos éclairages.
J'ajoute que le dictionnaire classe les mots selon un ordre...:)

Contribution du : 05/12/2023 20:02
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Re : Remerciements pour L'ordre du jour
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Il me semblait bien que Jean Robert était porteur des troubles du spectre autistique. C'était tellement bien décrit dans sa relation sociale, émotionnelle.
Les autistes développent des compétences incroyables. Ils ont aussi une très bonne mémoire. J'en ai connu un qui connaissait toutes les dates des fêtes du calendrier.
Bravo encore, Louis, pour ce texte doux amer que j'ai adoré et merci pour le retour !

Contribution du : 05/12/2023 21:36
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Re : Remerciements pour L'ordre du jour
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Quant à la boutade : « ou comment passer du temps dans le métro sans s’ennuyer », elle ne me semble pas viser juste.


Je parlais de moi. J'étais dans le métro avec votre personnage. Il pouvait bien s'ennuyer. Pas moi.

Contribution du : 05/12/2023 22:18
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Re : Remerciements pour L'ordre du jour
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De Un dimanche à la campagne
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Merci pour ton retour sur commentaires, Louis.

Un être lunaire, au-dessus et en même temps au cœur de la réalité. Oui, c'est bien ça. C'était ma définition de l'autiste que je retrouvais entre tes lignes. J'ai toujours une espèce de pudeur à employer le mot. Je le trouve tellement réducteur devant le panel étendu des autismes existants.

Sans compter que, comme d'habitude, le maniement des vocables exprimant précisément mes ressentis me fait cruellement défaut. J'ai, à chacune des lectures qui me touchent, une vraie bataille à mener entre les sentiments qui m'assaillent et les mots qu'ils me faut apprivoiser pour les dessiner au plus près.

C'est cette faculté à dire si bien les choses, à mener une analyse de texte avec une précision époustouflante, que je vous envie, à toi Louis, à Bellini, à EtienneNorvins, à Ornicar... pour ne citer que les premiers noms qui me viennent à l'esprit.

Tu vois, par exemple, en lisant ton texte, j'ai pensé à la série TV Astrid et Raphaëlle dont tu parles, sans oser rajouter quelques lignes à mon commentaire pour te le dire. J'ai déjà suffisamment l'impression d'écrire à rallonge, avec, en plus, la peur de me laisser emporter trop loin par la violence de mon enthousiasme. :))

Sara Mortensen, l'artiste qui porte le rôle d'Astrid est bluffante de réalité. J'aime ces héros ordinaires qui nous aident à comprendre que l'ordinaire n'est fait que de gens extraordinaires.

Ton Jean-Robert, dont je me sens si proche, n'est pas tout à fait mon frère, c'est vrai, pourtant le mien s'appelle réellement Jean-Robert... ^^

À bientôt de te lire dans une autre de tes nouvelles dont tu as le secret.


Catelena

Contribution du : 06/12/2023 15:10
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« Je veux chanter comme les oiseaux chantent, sans me soucier de qui entend ou de ce qu'ils en pensent » (Rûmî)
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Re : Remerciements pour L'ordre du jour
Expert Onirien
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Merci Louis pour votre retour.
J'ai l'impression d'avoir noirci les cases d'un bingo. J'ai oublié la case autisme à laquelle j'avais d'abord pensé avant de me dire que vous critiquez la tendance générale à l'excessivité et la culture de l'immédiateté, l'individualisme caché derrière le nombre, l'accentuation de ces mœurs sous l'ère 2.0, d'où je n'ai pas voulu associer une tendance autistique à de l'autisme réel. Maintenant que vous le dites il faudra effectivement que je vous relise pour remettre les cases dans le bon ordre. De même, la scène du large dans le métro m'a laissé penser qu'il s'agissait d'une allégorie de la fenêtre smartphone ouverte dans nos vies monochromes. Je conçois par ailleurs que la forme du texte soit élaborée de manière à supporter plusieurs grilles de lecture.
Je parle de bingo, ne le prenez pas mal je vous prie, je devrais dire que lorsque le texte est pro tout paraît plus facile.

Contribution du : 06/12/2023 16:35
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