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1 Utilisateur(s) anonymes
Remerciements pour « La passante » |
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Expert Onirien
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27/01/2021 14:24 De Paris/Pézenas
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Eh, oui ! « La fameuse passante... Une fois encore revisitée » constate Atom.
Effectivement, à la suite de Nerval (Une allée du Luxembourg), de nombreux poètes ont célébré la passante : Baudelaire (À une passante), Tristan Corbière (Bonne fortune et fortune), Jules Laforgue (Complainte de la bonne défunte), Emile Nelligan (La passante), Rainer Maria Rilke (La passante d'été), Antoine Pol (Les passantes, chantées par Georges Brassens) et j’en oublie certainement... Alors je me suis dit : « Pourquoi pas moi ? » (la modestie ni la peur du ridicule ne m’ont jamais arrêté...). Et comme je ne voulais pas sombrer dans le romantisme, je me suis entiché d’une punkette… Mokhtar note que sur le « thème un peu rebattu de la passante, l’auteur a su être original (merci !) en choisissant une héroïne un peu…singulière ». Je cite encore Atom : « On n'est bien évidemment plus dans le "feston et l'ourlet" mais ici dans le maquillage et le piercing. Bien que les temps changent, les jeunes et belles d'hier sont les même que celles d'aujourd'hui. Le poète tombe et tombera toujours dans le piège ». Hélas ! Bien qu’il ne s’agisse ici que d’un « trouble chaste du narrateur, avec un côté protecteur envers la jeune fille au "look" provocateur. Je l'imagine d'un âge à être son père », présume socque : vous ne croyez pas si bien dire, le « séduit », comme le désigne joliment papipoete, a même l’âge d’être son grand-père ! Le narrateur n’est pas le seul à avoir été séduit par mon héroïne (et sa description) et j’en suis heureux : « Sa jeunesse fougueuse [...] est tellement bien mise en valeur par ce sonnet qu'on adhère naturellement. » (merci Lebarde) ; « Elle se voulait non désirable. Ses yeux l’ont trahie. Elle en est surprise. Et c’est ce que j’aime bien dans ce poème. » (merci Mokhtar) ; « ...j'ai trouvé ce sonnet charmant, doux et poétique » (merci Vero) ; « ...ce très beau et bon sonnet [...] dont j'aime bien la simplicité poétique du phrasé. » (merci Hananke) ; « ...un très bel instant de lecture... » (merci Marite) ; « C'est un joli poème avec une histoire racontée d'agréable façon » (merci Cristale). Parlons maintenant un peu des deux citations en exergue : La première est tirée de ‘‘La passante’’ de Baudelaire. Miguel me met en garde : « Il y a toujours danger à rappeler au lecteur un grand poète à travers notre texte : on risque de souffrir de la comparaison ». C’est bien vrai, mais compte tenu du thème, il m’était difficile ne ne pas citer mes illustres prédécesseurs, au moins le plus prestigieux. D’ailleurs, Miguel, vous me dédouanez aussitôt en convenant qu’ « ici notre auteur s'en sort honorablement ». Merci. La deuxième citation avait pour but d’annoncer clairement à mes lecteurs qu’ils allaient être confrontés à des vers ‘‘disloqués’’, en fait deux : un peu le v2 mais surtout le v4. Ah, ce vers 4 ! Il en a choqué, rebuté voire déçu plus d’un(e) : Lebarde, Mokhtar, socque, inconnu1, Vero, Cristale. Je m’attendais bien à cette réaction mais sachez que le rythme inhabituel de ce vers n’est pas une distraction de ma part. socque en a très bien perçu l’intention : « cela pourrait marquer la discordance entre le côté provocateur de la passante et sa vulnérabilité cachée, mais j'estime l'effet trop fort s'il est voulu » ; oui, socque, il est voulu ! Vous ajoutez : « citer Victor Hugo [...] ne suffit pas à absoudre votre quatrième vers que, rien à faire, je ne parviens pas à scander joliment ». Vous me faites douter de moi, socque : est-ce qu’en matière de rythme il me manquerait quelques gènes ? Ou bien est-ce parce que je marque fortement les arrêts après les accents toniques quand je récite ? Quoi qu’il en soit, j’y parviens assez bien : Elle avait,/ rebelle,/ un je-ne-sais-quoi/ de tendre. (3//2//5/2). D’accord, ça n’est pas le ronron habituel de l’alexandrin classique (6//6) ni le balancement du trimètre (4/4/4) mais, avec un peu de lâcher-prise (pour les puristes...), ça peut se scander ! D’ailleurs, à l’instar des tremblements de terre, cette dislocation du vers était annoncée par une secousse de moindre importance au vers 2 (remarquée par Lebarde, Mokhtar et Cristale) : Qui l’aurait cru !/ Malgré ses anneaux/ de clinquant, (4//5/3 ou 4//2/3/3). Cristale « ouvre grand ses yeux sur les vers 2 et 4 qui s'apparentent aux dodécasyllabes ». Mais non, Cristale, ils ne s’apparentent pas aux dodécasyllabes : pour moi, ce sont des dodécasyllabes, même si ce ne sont pas des alexandrins pur jus. Je comprends que vous jugiez que ces vers « déstabilisent » mon texte mais, que voulez-vous, il faut bien que mon côté rebelle puisse s’exprimer de temps en temps... Quelques commentateurs, d'ailleurs, n’ont pas relevé ces défauts, soit pour les avoir vus signalés par d’autres, soit parce qu’il ne sont pas « spécialistes de l'écriture poétique classique », comme Marite qui témoigne : « Un très bel instant de lecture avec la tentation, dès le premier quatrain, de le lire à haute voix ... c'est ainsi que je perçois mieux le rythme naturel de l'expression, la musicalité des vers et c'est, assez souvent, imparable pour déceler une anomalie dans le phrasé de l'histoire contée. Ici, tout se déroule sans fausse note et c'est très agréable ». Merci, Marite, vous me rassurez. J’avais, un peu par provoc, présenté mon sonnet en catégorie classique pour voir s’il allait être reclassé en néo. Cela n’a pas traîné, d’autant plus qu’il comporte un hiatus involontaire au vers 10 (remarqué par inconnu1, Vero, Hananke, papipoete et Cristale) ; j’avoue ne pas être très attentif à certains hiatus, c’est la troisième fois que je me fais reprendre sur Oniris. Cristale me déclare : « Cela va vous étonner mais l'hiatus à l'hémistiche "reverrai au" coule plutôt bien, il en est des comme celui-ci qui n'ont rien de grinçant contrairement à d'autres dont je conçois l'interdiction » ; oui, cette indulgence m’étonne un peu de votre part, Cristale, (^^) mais je suis entièrement d’accord avec vous, il y a deux sortes d’hiatus, les grinçants et les fluides, et cette distinction n’a rien à voir avec le fait qu’ils soient autorisés ou non en poésie classique : « un sang impur » ou « un an infernal » sont autorisés alors qu’ils grincent, tandis que « il y a » et « peu à peu » sont (en principe) interdits alors qu’ils sont parfaitement fluides. Cela dit, je n’essaie pas de faire des vers classiques à tout prix et si un vers qui comporte un hiatus fluide me plaît bien, je le garde : mon poème sera classé en néo ; et alors ? Un autre défaut a été remarqué par socque : « cette fichue rime en « endre » dans les quatrains qui m’a « réduit à faire beaucoup appel aux infinitifs » (« trois infinitifs sur quatre ça se voit »). Et pour couronner le tout, cette rime, relève Mokhtar, fait assonance avec la rime en « ant » qui lui est associée : aïe, aïe, aïe, bon sang, mais c’est bien sûr ! Franchement, je ne m’en serais jamais aperçu seul : encore un exemple où la confrontation avec d’autres passionnés apporte beaucoup (du moins, à moi). Voilà. Je vous suis sincèrement reconnaissant pour vos commentaires, toujours plaisants à découvrir et toujours enrichissants. Merci également à tous mes lecteurs et merci au CE. GiL
Contribution du : 12/12/2021 22:13
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Re : Remerciements pour « La passante » |
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Expert Onirien
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03/11/2017 07:02 Groupe :
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Merci, Gil, pour votre retour très intéressant et très complet.
Pour ce qui me concerne, j'ai relevé l'hiatus par pur réflexe mais suis d'accord avec vous sur le fait qu'il n'enlaidit pas le texte. Les exemples que vous citez, et surtout le post bien développé lancé par Miguel, prouvent que la règle (élaborée à une époque où les prononciations étaient différentes) est désuète et contreproductive. L'exemple du très fluide y=ye=ille étant le plus net. Le respect de toutes les règles du classique pur et dur doit donc plus être considéré comme une règle de jeu, un défi ludique, voire une manifestation du syndrome de Stockholm. Mais il ne fait que limiter les solutions euphoniques et restreindre l'arsenal de l'expression poétique. Cela dit, personne n'est obligé ici de se conformer aux conditions d'obtention du label. On pourrait avoir le même débat sur les rimes singulier et pluriel, les S et X ne se prononçant plus de puis longtemps. Mais je sors du sujet Dernière chose, j'ai oublié dans mon com de relever l'expression "gravité farouche", remarquable par sa pertinence. Amitiés M.
Contribution du : 13/12/2021 07:44
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Re : Remerciements pour « La passante » |
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Maître Onirien
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02/10/2012 20:34 De Là-bas
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Bonjour GiL,
Vous défendez bien votre écrit et je n'oublierai pas, lors d'une prochaine publication, de penser à ce côté rebelle à tendance provoc' pour justifier quelques libertés de versification ^^. Mais rassurez-vous, je ne suis pas choquée par vos dodécasyllabes, il en faut plus que cela pour me choquer, non, seulement étonnée pour un texte initialement proposé en classique, donc en versification régulière. Pourquoi ne pas l'avoir présenté directement en néo-classique si vous avez sciemment dérogé aux règles de l'alexandrin ? J'aurais écarquillé les yeux différemment. Je suis d'accord avec Mokhtar concernant certains hiatus et consonnes finales des vers, auxquels j'ajouterais certaines diérèses, la modernisation de quelques règles désuètes s'avèrerait nécessaires. Merci GiL pour ce retour. Poétiquement, Cristale
Contribution du : 13/12/2021 09:13
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Re : Remerciements pour « La passante » |
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Maître Onirien
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15/12/2010 11:48 De Pézenas, France
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Pour ce qui est des rythmes, de la scansion des vers, même chez le "plus classique que moi tu meurs" Boileau il m'arrive de relever des vers que le Hugo de "Réponse à un acte d'accusation" n'eût pas désavoués. Ce cher Nicolas, tout en édictant les règles, se plaisait parfois à les transgresser. Ah, n'est-ce pas propre à l'esprit français de se donner des contraintes pour le plaisir d'y échapper ?
Contribution du : 13/12/2021 09:31
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Re : Remerciements pour « La passante » |
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Maître Onirien
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Pour les non spécialistes des subtilités techniques de la poésie classique il suffit (du moins en ce qui me concerne) de lire les vers à voix haute car, comme dit dans mon commentaire sous ce poème de Gil " ... c'est ainsi que je perçois mieux le rythme naturel de l'expression, la musicalité des vers et c'est, assez souvent, imparable pour déceler une anomalie dans le phrasé de l'histoire contée..."
Cela peut aussi fonctionner pour les vers libres et aider pour la coupure entre ces derniers.
Contribution du : 13/12/2021 09:36
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J'aimerais être esprit pour traverser l'espace et modeler le temps, à jamais, à l'infini. |
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Re : Remerciements pour « La passante » |
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Expert Onirien
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27/01/2021 14:24 De Paris/Pézenas
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Mokhtar, vous écrivez : "Le respect de toutes les règles du classique pur et dur doit donc plus être considéré comme une règle de jeu, un défi ludique, voire une manifestation du syndrome de Stockholm."
J'adore la référence au syndrome de Stockholm mais je n'irai pas jusque là, en ce qui me concerne. En revanche, OK pour le défi ludique : ce que j'aime dans l'écriture de la poésie classique, ce sont les contraintes qui m'obligent à jouer avec pour parvenir à exprimer le thème (d'ailleurs, en permanence, les contraintes de forme influent en retour sur le fond). Plus il y a de contraintes, plus je m'amuse : c'est pourquoi j'adore le sonnet et les formes fixes (comme par exemple la cyclanelle). Et, s'il m'arrive parfois de transgresser ponctuellement les règles, comme dans "La passante", c'est pour moi un petit bonus supplémentaire... Le plaisir est finalement le maître-mot de l'écriture (comme d'autres activités artistiques). Miguel le souligne dans le forum "De la forme et du fond" (http://www.oniris.be/forum/de-la-forme-et-du-fond-t29686s60.html). C'est une remarque qui pourrait également conclure le forum "Pourquoi sonner" (http://www.oniris.be/forum/pourquoi-sonner-t29735s0.html). Voilà donc pourquoi je ne suis pas tenté d'écrire de la poésie en vers libres ou en prose et qu'à la lecture elle me procure peu de plaisir, ou du moins pas autant que la poésie classique (ou néo). Robert Frost a écrit cette boutade : "La poésie en vers libres, c'est comme jouer au tennis sans filet" : c'est vrai pour moi, mais je conçois bien que ce ne soit pas le cas pour tout le monde ! La poésie en vers libres obéit, elle aussi, à ses contraintes, mais elles sont plus subtiles, moins visibles et, probablement, tout aussi difficiles...
Contribution du : 14/12/2021 17:35
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