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1 Utilisateur(s) anonymes
Remerciements pour « Le lac » |
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Expert Onirien
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27/01/2021 14:24 De Paris/Pézenas
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Je suis comblé : au moment où je rédige ces remerciements, mon pantoum peut se prévaloir de 13 commentaires et de 157 lectures.
Merci, chers commentateurs, de vous être attardés sur mon poème que vous avez tous apprécié tant dans la forme que dans le fond. Plus d’une fois depuis que je participe à Oniris je me suis appuyé sur vos remarques pour corriger les imperfections que vous m’avez signalées, mais cette fois-ci je n’aurai rien à corriger et j’en suis très flatté.^^ Avant d’aborder le cœur du sujet, c'est-à-dire la réponse à vos commentaires, permettez-moi une courte digression d’ordre technique sur le pantoum. Le pantoum « classique » se caractérise par : - L’enlacement des vers : les vers 1 et 3 de chaque quatrain reprennent les vers 2 et 4 du précédent ; - La reprise : le dernier vers du poème est identique au premier ; - Les rimes : elles sont croisées ; - La métrique : les vers ont 8 ou 10 pieds ; - L’enlacement des thèmes : deux sens se déroulent en parallèle dans les deux premiers et les deux derniers vers de chaque strophe. Le plus bel exemple que je connaisse est dû à Louisa Siéfert (1845-1877), on le trouvera ici : https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/1288222#Pantoum.2C_de_Louisa_P.C3.A8ne-Siefert (on peut remarquer qu’en plus des critères précédents, le 2ème vers du dernier quatrain est identique au 3ème du premier, ce qui en fait un pantoum « fermé » où tous les vers apparaissent deux fois dans le poème). Le lac est un faux pantoum, il ne respecte que les deux premiers critères ; pour le reste, les rimes sont embrassées au lieu d’être croisées, les vers sont des alexandrins et il ne développe qu’un seul thème. En revanche, il est « fermé ». Vous retrouverez vos commentaires et mon poème ici : http://www.oniris.be/poesie/gil-le-lac-12927.html Merci Donaldo, vous trouvez ce poème « réussi dans la composition, en particulier les trois premiers quatrains ». Vous êtes « moins fan de l’emphatique ô crève-cœur ! qui sonne suranné » : j’entends bien votre remarque, mais j’avais souhaité insérer cette apostrophe (un peu ringarde, je vous l’accorde) pour rompre le côté ronronnant propre au pantoum… et, comme je l’ai signifié en préambule, je vais la garder...^^ papipoete, vous aimez bien « les formes fixes en poésie, toutes sauf le Pantoum », ce n’est pas de veine ! Peut-être aimerez-vous mieux sa petite sœur la cyclanelle que vous trouverez ci-après... Vous avez tout de même apprécié le 3e quatrain et noté que l’écriture est « très aboutie » : merci ! Merci Catelena, de remarquer que l’enchantement naît de l’écriture maîtrisée ; je suis de ceux qui pensent que, si l’inspiration c’est l’étincelle, en réalité c’est le métier qui crée la beauté. Et merci pour cette pensée qui me touche : « C'est beau. Triste et beau. » Vous vous interrogez, Ornicar, sur « le premier vers de la troisième strophe : "Sa face est le miroir de la mort souveraine". La face de qui ? » C’est une ambiguïté assumée : allez savoir ! En tous cas, j’apprécie beaucoup votre analyse, merci ! Je vous remercie, Robot, d’avoir fait la découverte de mon pantoum non seulement des yeux, mais aussi de la voix ; et d’en avoir tiré cette synthèse très juste : « À la fois paysage et destinée ». Hiraeth, je respecte vos préférences qui me flattent, mais m’embarrassent.^^ J’adore votre remarque : « Ça ne doit pas être si mal que ça finalement la vieillesse, si elle permet d'écrire de si beaux poèmes ». Certes ! Et merci ! Mais à choisir… Bonjour Provencao. Vous avez remarqué que les émotions et les sentiments évoqués dans le poème « sont ressentis [...] mais dans la distance ». C’est tout à fait vrai : l’émotion peut être sincère et profonde sans pour autant conduire à l’affliction. Merci pour votre analyse perspicace. Annick, votre commentaire approfondi tant sur le fond (« Ce lac est un paysage intérieur à la fois mélancolique, mystérieux qui porte l'inéluctable ») que sur la forme (« Un poème élégant, d'une beauté singulière ») me comble d’aise, merci. Bonjour Cristale. « Exercice périlleux mais bellement exécuté, le résultat musical est on ne peut plus admirable » écrivez-vous : j’apprécie à sa juste valeur ce compliment, venant de l’experte que vous êtes. Il est vrai que le pantoum (ou pantoun) est d’abord un exercice de style, la difficulté résidant dans l’exploitation de son rythme répétitif pour exprimer un message de la façon la plus naturelle possible... et si j’y suis arrivé, ce ne fut pas du premier coup, comme vous pouvez le lire dans ma réponse à Myndie. Merci pour votre commentaire et votre notation. Ah ! poldutor, votre commentaire m’a à la fois fait ronronner de contentement et diverti par son parti pris : en effet, « bercé » par l’écriture, vous faites passer le fond au second plan : « je dirai presque qu'importe le sens, c'est la musique qui s'en dégage qui me charme » ; c’est un beau compliment car c’est surtout la forme qui fait la valeur d’un pantoum et l’exercice n’est pas évident ! Merci, poldutor. Je vous assure, Lebarde, que je n’avais pas pensé à celui de Lamartine en intitulant mon poème « Le lac », tant j’étais immergé^^ dans mon sujet ! Et ce n’est qu’en découvrant votre commentaire – « forcément le titre m'interpelle et m'attire d'autant plus puisqu'il est présenté en catégorie Classique... » – que je me suis dit : « Bon sang mais c'est bien sûr ! M’en serais-je aperçu auparavant, que je n’aurais pas commis cette indignité !^^ ». Votre formule finale – « la belle poésie classique est encore et toujours de ce monde » – me rend fier d’être compté parmi ceux qui tentent d’en perpétuer l’existence, merci. Vous ne vous êtes pas trompé, Damy, c’est bien un pantoum (d’une espèce un peu particulière, comme je l’ai expliqué) et je suis heureux qu’il vous ait inspiré ce très joli commentaire : « ...qui glisse avec grâce, élégance, dans une parfaite harmonie, comme les ridules soufflées par le vent sur la surface mélancolique du lac ». Merci. Myndie, c’est vous qui avez posté le premier commentaire en en EL, mais je vous ai gardée pour la fin, car j’ai beaucoup à vous dire sur la parenté entre le pantoum et la cyclanelle, parenté que vous avez d’emblée perçue : « Superbe poème dont je n'ai pas réussi à définir la forme, si proche de la cyclanelle et encore plus du pantoum. J'ai pensé un moment qu'il était écrit sur le modèle du faux pantoum de Baudelaire « Harmonie du soir » puisqu'il est aussi construit sur deux rimes mais il n'en est rien car la dernière strophe s'en démarque et surtout, le dernier vers d'« Harmonie du soir » ne reprend pas le premier ». Mais si, Myndie, c’est bien un « faux pantoum » avec un quatrain de plus que celui de Baudelaire (qui – si je peux me permettre^^ – s’est arrêté trop vite !) ; il faut en effet un nombre impair de quatrains pour pouvoir reprendre le premier vers en dernier (il en faut un nombre pair pour le vrai pantoum en rimes croisées). J’en viens à la parenté avec la cyclanelle : au départ je voulais donner à ce thème (celui d’un « rêve étrange et pénétrant »^^) un rythme lancinant que je pensais pouvoir trouver dans une cyclanelle sur deux rimes ; alors que j'en avais déjà résolu les principales images et les rimes, la construction me résistait et je me suis peu à peu convaincu que le sujet serait mieux rendu par un faux pantoum en rimes embrassées …que j'ai alors écrit sans trop de difficulté. Une fois terminé, il m'a servi de modèle pour écrire la cyclanelle : Au fond du sanctuaire où le rêve m’entraîne Le lac m'attend, secret, de murmures empli. Sous un ciel sans étoile au futur aboli Sa face est le miroir de la mort souveraine. Le lac m'attend, secret, de murmures empli… Quand je cède à l'appel de ses berges d’arène, La lune effleure l'eau de sa froideur sereine Et mon pas se fait lourd sur le sol ameubli. Sous un ciel sans étoile au futur aboli, J'écoute, ô crève-cœur ! sangloter la sirène En un lent chapelet de perles qui s’égrène, Réveillant maint écho refoulé dans l'oubli. Sa face est le miroir de la mort souveraine Et mon pas se fait lourd sur le sol ameubli, Réveillant maint écho refoulé dans l'oubli Au fond du sanctuaire où le rêve m’entraîne. Finalement, telle qu'elle est, elle me plaît bien...^^ On constate qu’il s’agit d’un simple réarrangement des vers, à un hémistiche près ; en effet cette cyclanelle comporte 6 rimes féminines pour seulement 4 masculines, alors que le pantoum en comporte 5 et 5. Voilà, Myndie, pour la parenté en question et voilà pourquoi vous avez eu « le bonheur d'y ressentir, comme avec la cyclanelle, ce sentiment extraordinaire d'obsession et cette impression d'infini d'un poème qui tourne sur lui-même ». Merci. Merci à tous, commentateurs, lecteurs et membres du Comité éditorial . Je vous souhaite de belles et heureuses fêtes de fin d’année.
Contribution du : 21/12/2024 22:17
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Re : Remerciements pour « Le lac » |
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Maître Onirien
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31/01/2014 22:04 De quelque part entre ciel et terre
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Bonjour Gil
et merci pour votre réponse enrichissante à tous points de vue. Et, me concernant, merci pour le cours particulier ! N'étant pas "classique" de plume, j'aime toujours cependant me lancer ce que je considère comme des défis d'écriture, qui ne sont rien d'autre que l'exploration de telle ou telle forme fixe et m'aident à connaître mes limites. C'est pourquoi, en la matière, je reste curieuse et friande de conseils et d'enseignements. Dois-je préciser que vos "Solutions d'automne" me sont très précieuses pour ce qu'elles m'apportent en inspiration, corrections et révisions? En humilité aussi car ce que je ressens est sans doute proche de ce que j'ai exprimé dans ma dernière cyclanelle dédiée à Joyce Carol Oates. Même si je suis attachée aux exercices de style et encore plus à la cyclanelle, je pense, pour ce qui me concerne, ne donner le meilleur de moi qu'en écrivant "à l'instinct", uniquement portée et guidée par mes émotions. Ainsi ne puis-je être tout à fait de votre avis quand vous écrivez ceci, dans votre réponse à Cat: je suis de ceux qui pensent que, si l’inspiration c’est l’étincelle, en réalité c’est le métier qui crée la beauté Cela n'est vrai que pour le poète qui maîtrise sa technique au point de la rendre invisible et ne laisser affleurer que l'émotion - c'est votre cas - Car parfois trop de technique tue la poésie. Et surtout, cela ne peut d'aucune façon être érigé en vérité universelle. Il y a tant de beautés dans le "lâcher prise " poétique, dans des vers qui ne souffrent aucune contrainte métrique, aucun calcul de prosodie, dans l'écriture libérée de ses carcans! C'est mon opinion et je la partage! Encore merci pour votre retour sur nos commentaires et pour vos conseils bienvenus.
Contribution du : 22/12/2024 07:08
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"Les mots peuvent être "impuissants" et pourtant ils sont tout ce que nous avons pour étayer nos ruines". Joyce Carol Oates |
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Re : Remerciements pour « Le lac » |
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Maître Onirien
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24/02/2015 19:46 Groupe :
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Merci pour vos délicates explications.
Cordialement
Contribution du : 22/12/2024 08:45
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"La poésie, c'est tout ce qu'il y a d'intime dans tout" V. Hugo |
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Re : Remerciements pour « Le lac » |
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Maître Onirien
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29/01/2013 15:18 Groupe :
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53549
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bonjour GIL
merci pour votre clémence à mon égard ; j'écrivis : sonnet, maillet, quintil bouclé, zégel, et gérardine proposés dans ces colonnes avec succès, mais pantoum que nenni ; allez savoir pourquoi ? ah si ! notre amie Cosette de l'atelier-poésie, n'écrivait pratiquement que sous cette forme... overdose de pantoum ! surtout, n'arrêtez pas d'en écrire ! papipoète
Contribution du : 22/12/2024 09:55
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