Merci au CE qui a permis la publication de ce texte, aux lecteurs et aux commentateurs Proseuse, papipoete, AxelDambre, Hersen et Fugu, vous avez senti là où je voulais en venir, même si c’est volontairement travesti : reconstruire et partager des émotions quinze ans après.

On prend toujours appui, consciemment ou inconsciemment sur son vécu pour écrire, mais ce qui est particulier (ou plutôt personnel) ne peut prétendre à l’universalité, or c’est l’essence même, à mon sens, de la poésie. Il faut donc éviter de semer de l’anecdotique ou de l’autobiographique trop directement pour entretenir le mystère indispensable à ce genre de texte. Ou alors il faut faire de la prose.

Dans ce texte, je n’ai menti sur rien mais tout est reconstruit et maquillé : j’essaye de suggérer au lecteur des impressions qui correspondent aux sentiments que j’avais à l’époque la plus noire de ma vie, les cinq dernières années du XXe siècle, vers laquelle je suis très souvent ramené presque malgré moi quand je commence quelque chose aujourd’hui… Avec le recul, j’en sourirais presque parce que je m’y suis mis tout seul.

L’élément déclencheur, ça a été de rater de très peu le CAPES de Lettres en 95, grande déception et grande angoisse : je n’avais pas de plan B et après avoir rangé des livres pendant deux ans dans une bibliothèque (j'allais quand même pas apprendre à me servir d'une arme, me lever à sic heures du mat' et chanter la Marseillaise, faut pas déconner...) je me suis laissé tirer vers le bas, des années d’errance sociale ont suivi, je me suis isolé, il m’arrivait fréquemment de passer quatre ou cinq jours d’affilée sans parler à un être humain alors que j’habitais au centre d’une grande ville, j’allais d’échec en échec, personne n’avait besoin de mes bras ou de mon cerveau apparemment, je lisais et écrivais la journée (c’était vraiment très vilain, lol) et j’arpentais les rues la nuit… Et puis une brève rencontre m’a remis sur les rails, et peu à peu, j’ai réussi à faire la peau à mon pessimisme maladif. Je sais que c’est vulgaire et dégoûtant, mais chaque année s’acharne depuis à me rapprocher un peu plus du bonheur, surtout bien sûr depuis que j’ai rencontré une être humaine qui arrive à me supporter au quotidien.

Je profite de ce fil pour remercier tous ceux qui m’ont aidé depuis un an par leurs commentaires (particulièrement la clairvoyante Lulu), en soulignant un certain nombre de problèmes techniques qui m’échappaient : quand on n’est pas lu, on refait les mêmes erreurs sans s’en apercevoir, c’est tout l’intérêt d’Oniris de les mettre en lumière.

En espérant pouvoir annoncer (enfin!) dans les prochains jours de bonnes nouvelles pour la sortie de mon roman, merci à tous.

Merci Ludi pour ton commentaire,

non, tu as bien fait de t'arrêter :)
Ce texte se situe dans une conception héroïque de la poésie (il en existe bien d'autres) qui n'est pas dans l'air du temps - c'était plus le cas dans les années quatre-vingt par exemple.

J'aime déployer les vers ou les phrases, écrire dans un souffle, (c'est pour cette raison que le mètre fixe et la rime ne me conviennent pas) laisser reposer et reprendre. La deuxième phase peut prendre des semaines ou des mois, c'est le moment où la poésie passe dessous, je ne m'intéresse en aucun cas qu'à la forme, bien au contraire.

C'est un problème de goût et d'esthétique et la façon qui t'intéresse peut être tout à fait captivante quand elle est réussie - c'est ce que je voulais dire dans mon comm - mais c'est rare qu'elle me touche.

C'est intéressant cette idée de phases dans ton écriture.
Concernant le goût et l'esthétique, je me sens plus proche aujourd'hui de Philippe Jaccottet que de Baudelaire ou Rimbaud. La poésie a ceci d'extraordinaire par rapport à la prose, c'est que la diversité de ses styles y est beaucoup plus grande. Elle a beaucoup plus évolué à travers les siècles que la prose littéraire. Enfin, il me semble. J'aime lire les classiques autant que les modernes, poètes ou romanciers. Mais je n'aime pas le style chargé, baroque. Je crois que mon cerveau n'est pas configuré pour dénouer ses noeuds.

Merci de ton retour

Pour Philippe Jaccottet, on va tomber d'accord, c'est un des contemporains qui me plait le plus avec Jacques Ancet et Thierry Metz !

;)

Merci Arielle pour tes mots sympahiques,

J"ai tellement lu et relu Une saison en enfer au cours des 25 derniéres années que ça m'a fait prendre des tics qui peuvent paraître marqués ou maladroits - je comprends le "bof" de Ludi.

Merci de ton passage !

Ah merci Alcirion pour Jacques Ancet et Thierry Metz que je ne connaissais pas ! Waouh, je viens de lire ça, garanti sans gras autour :)

J'entraîne mes pas.
Dans une demeure que je n'attendais pas,
si frêle
où ma voix
comme une torche
s'éteint.
Ne s'entend plus
que sur un bûcher.

Mais la voix revient, chargée de foin :
Où sommes-nous ?
Quelle heure est-il ?
Il n'est que maintenant. Et c'est le livre. Et je n'ai rien trouvé d'autre. Mais je sème. Tout ce que je suis. Pour qu'il y ait un chemin au croisement de nos voix.
Je me tais.
J'écoute.
Un oiseau s'est posé sur moi.
Quelqu'un dans la haie a
ouvert un livre
malgré les épines

(Thierry Metz - Terre © Opales/pleine page)

Je vais me dépêcher de faire le tri dans ma bibliothèque.

Ludi
ticket gagnant

Merci pour tes mots, Bidis,

en fait tu tombes pile poil, parce que je malaxe beaucoup, il m'arrive même de reprendre des vers libres en prose et vice versa. Effectivement, j'aurai obtenu quelque chose de plus sobre en libres.

Bien à toi !

Merci Sodapop pour ton enthousiasme et ta bienveillance.

(... le roman chauffe, j'espère annoncer enfin la publication la semaine prochaine...)

Merci Queribus de ton passage,

J'ai proposé des textes différents autant en poésie qu'en nouvelles depuis un an pour voir ce qui fonctionnait et ce qui ne fonctionnait pas.

N'ayant quasiment jamais été lu avant Oniris, j'étais évidemment dans le doute quant à l'intérêt que pouvaient susciter mes textes, ce qui est le plus important pour moi. L'esthétique gothique, c'est plutôt spécialisé et les réactions m'encouragent à continuer dans ce domaine (surtout pour le romanesque). C'est la direction qui me tente le plus.