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remerciements sur l'exil
Expert Onirien
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12/11/2017 17:38
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Tout d'abord merci à tous ceux qui ont lu et commenté ce poème. Il m'est difficile de remercier chacun de manière personnalisée, mais bien sûr les commentaires bienveillants m'ont beaucoup touché.
Je me focaliserai surtout sur les commentaires de Kreivi et Marie Ange, car j'avoue avoir du mal à les comprendre. Ces commentaires ne jugent pas la poésie mais le thème. A t-on le droit d'utiliser l'écriture poétique pour dénoncer les désastres humanitaires? En tout cas pas la poésie poétique. C'est la question posée. On se doit d'être réaliste et de décrire l'indescriptible plutôt que de le suggérer. Déjà, je me demande si c'est le but des commentaires sur Oniris, je pensais que les commentaires avaient surtout pour but d'aider l'auteur à améliorer son écriture, mais je me trompe peut être. J'avoue ne pas savoir ce qu'est la poésie non poétique/ Pour moi, c'est du reportage, c'est de l'essai, mais ce n'est pas de la poésie. L'intérêt de l'écriture poétique est de pouvoir suggérer en utilisant des figures de style comme la métaphore ou l'euphémisme et je ne suis pas sûr que les réactions qu'elles suscitent (si on fait l'effort de les comprendre) ne soient pas aussi fortes que la description brute. Vous trouverez des exemples des classiques qui utilisent l'euphémisme pour dénoncer
:https://www.lesvoixdelapoesie.com/lexique-des-formes-poetiques/euphemisme

Bien sur le plus célèbre est le pamphlet antimilitariste de Rimbaud dans le dormeur du val

C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit

Même si bien entendu, je n'ai pas la prétention de me comparer à Rimbaud, je me demande quel commentaires vous auriez fait sur son poème après la boucherie de Sedan. Lui auriez vous reproché de minimiser la mort des jeunes soldats en utilisant des mots comme nature berce le chaudement? chante, argent, souriant... Il est évident que le contraste entre le thème et les mots utilisés provoque ici une émotion forte et c'est le but de l'euphémisme.

Vous me dites "il faut essayer de sauver leur vie". Je pense que beaucoup ont compris que c'était le sens des deux derniers vers quand je dis que ce qu'ils veulent seulement c'est se réveiller le lendemain. Leur seule préoccupation est de survivre , donc l'envie qu'il y ait un lendemain.

Je me permet donc une traduction plus réaliste du poème :
Ils ont dans le regard la tristesse d'avoir quitté leur pays, le souvenir des avions les bombardant, leurs richesses qu'ils ont du laisser sur une plage de méditerranée et que des passeurs peu scrupuleux ont dérobées.
Ils ont les mains chargées de demandes que personne n'écoute et dont on se fiche royalement.
Ils ont franchis des déserts, des océans pour fuir leurs maisons en ruine et leurs villages incendiés
Et ils ont fait tous cela pour une seule chose: survivre

mais j'avoue que pour moi, ici, je n'ai pas fait de la poésie, mais du reportage

Merci

Contribution du : 01/03/2018 16:20
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Re : remerciements sur l'exil
Visiteur 
Votre texte entre pour moi dans la ligne des poèmes engagés, à la manière de Rimbaud ou d'autres. Peut être que l'euphémisme ici n'est pas assez appuyé, et c'est certainement ce côté là qu'il faut revisité, pour perdre cet effet reportage, pour gagner dans le décalage et la dénonciation, et ainsi amener le lecteur vers une empathie totale, où il ne peut plus fermer les yeux devant ces terribles évènements, réalisant soudain qu'il est lui aussi une entité humaine...

Vos deux derniers vers semblent les plus "euphémiques" par rapport au reste du poème, peut-être que vous n'avez pas été assez violent de légèreté pour ce thème là.

Mais bon poète ou pas, je ne cautionne pas qu'on puisse dire que ça ne sert à rien de... ça ne les a pas aidé... On le saurait si le poète était là pour ça. D'ailleurs, pour conforter vos propos, je ne me considère pas comme un poète. Poète, peintre, c'est des mots pour mettre les gens dans des cases. Quand Goya a peint le Tres de mayo, pas sur qu'il se considérait comme un peintre, mais comme un humain. Je ne crois pas que sa peinture ait aidé ces chers fusillés, ils étaient déjà morts. L'exil je crois que ça date pas d'hier, l'exil en général résulte d'un "mauvais" fonctionnement de ce monde (à moins que ce soit un exil voulu), devoir quitter les siens c'est qu'il y a quelque chose qui cloche. Alors, à la manière de Goya, je ne vois pas en quoi Inconnu1 ne pourrait pas peindre à son tour et s'engager à son tour sans que cela soit jugé comme hypocrite ou que sais-je encore.

Contribution du : 01/03/2018 18:56
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Re : remerciements sur l'exil
Maître Onirien
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De du côté de Brocéliande
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J'ai lu, aimé, été touchée par ce poème que je n'ai pas commenté. Je constate avec tristesse que certains lecteurs en sont restés à ce reproche fait aux poètes après la dernière guerre.
Selon Adorno "Ecrire un poème après Auschwitz est barbare".

La poésie dont les seules armes résident dans l'emploi de la métaphore, de l'euphémisme, de la litote pour exprimer et faire partager son émotion n'aurait-elle plus droit de parole ?
Garder en mémoire, témoigner ne peut-il être que le fait de journalistes plus ou moins impartiaux, plus ou moins tentés de manipuler l’information ?

Je ne pense pas qu’il n’existe qu’un seul moyen de rappeler au monde le calvaire vécu par la plupart des migrants.
Vouloir réduire au silence un poète sous prétexte qu’il n’est pas convenable, voire indécent de s’exprimer « poétiquement » sur de tels sujets c’est amputer la poésie de son cri, la réduire à l’apologie des petites fleurs et des petits oiseaux. C’est une atteinte grave à la liberté d’expression qu’Oniris tente de garder dans sa ligne de mire.

Contribution du : 02/03/2018 11:03
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"La poésie est aux apparences ce que l'alcool est au jus de fruit"
Guillevic
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Re : remerciements sur l'exil
Maître Onirien
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si j'avais la facilité d'Arielle pour m'exprimer sur ce sujet, j'aurais écrit exactement la même pensée, surtout cette belle strophe qui clôt son intervention !
Je redis avec la plus forte conviction, toute l'admiration que j'ai ressentie en lisant ce magnifique poème !

Contribution du : 02/03/2018 11:20
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Re : remerciements sur l'exil
Expert Onirien
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Citation :

Arielle a écrit :
Je constate avec tristesse que certains lecteurs en sont restés à ce reproche fait aux poètes après la dernière guerre.
Selon Adorno "Ecrire un poème après Auschwitz est barbare".

Vouloir réduire au silence un poète sous prétexte qu’il n’est pas convenable, voire indécent de s’exprimer « poétiquement » sur de tels sujets c’est amputer la poésie de son cri, la réduire à l’apologie des petites fleurs et des petits oiseaux. C’est une atteinte grave à la liberté d’expression qu’Oniris tente de garder dans sa ligne de mire.


Bien dit Arielle. Je n'ai rien d'autre à ajouter à cela.

Contribution du : 02/03/2018 11:34
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Le léopard ne se déplace pas sans ses tâches (proverbe africain)
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Re : remerciements sur l'exil
Maître Onirien
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«Rien ne vaut d'être dit en poésie que l'indicible, c'est pourquoi l'on compte beaucoup sur ce qui se passe entre les lignes

Pierre Reverdy

Contribution du : 02/03/2018 12:02
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La compréhension n'est pas nécessaire à la poésie, mais la poésie est nécessaire à la compréhension.
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Re : remerciements sur l'exil
Expert Onirien
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Excellente citation de Reverdy. Merci Pouet.

Contribution du : 02/03/2018 12:17
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Sur des pensers nouveaux, faisons des vers antiques. (A. Chénier).
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