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Retour de vague
Maître Onirien
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Comme je pratique la psychanalyse depuis quelques jours dans mon garage où j’ai installé pour moi un vieux siège de voiture et un berceau pour mes patients, j’ai eu l’idée de rendre compte de ma pratique par l’exemple.
Pour mieux le disséquer, j’épingle mon patient-type que je sors manu militari de sa chrysalide sur la tache en papillon de l’album de Rorschach, ce qui a pour effet de libérer ses fantasmes et délires. Où l’on peut voir donc, que l’ambition matricide n’est que la réponse à la dévoration du narrateur par la gestante hallucinée.
C’est pas très confortable à la lecture , je m’excuse de vous avoir infligé cette épreuve. Mais comme toute chose, il fallait que ce soit dit et dit sérieusement, sinon ce ne serait pas drôle.

Merci de m’avoir fait part, par vos commentaires, de vos impressions tant sur la forme que sur le fond. Et merci bien sûr au CE d’avoir permis à cette étude de cas de voir le jour.
Puissent mes confrères s’en inspirer. J’ai à leur disposition toute une collection de lépidoptères tous dûment séchés et épinglés comme le présent. Pour la thérapeutique, on repassera : ma science regarde, ne soigne pas.
Pas une plume pour ce travail, et c’est bien dommage car j’aurais bien aimé les faire figurer sur ma plaque professionnelle …
Allez, assez plaisanté. J’ai travaillé ce texte avec sérieux et dérision. Le matricide, comme plein de trucs en -ide, est assez tabou et je me doutais bien qu’il y aurait là de quoi s’enfuir à partir du vers 4. J’ai moi-même failli me désinscrire quelques minutes avant la publication du poème.


Lebarde, je ne vois pas de lâcheté dans le fait de fuir les atmosphères glauques. Moi je fuis bien les p’tits oiseaux et ne me sens pas lâche pour autant.
La redondance des sonorités est voulue à l’hémistiche. Ce sont des rimes brisées. Voir plus bas le commentaire de Cristale.
J’aurais pu diviser mon poème en octosyllabes mais je le trouvais moins bon en hauteur.
Je continue pour vous la liste des assonances et allitérations :
Et aux vers 10, 11 et 12 nous avons les tr, 5 fois ! C’est voulu pour le râpeux.
Bien entendu, le final avec ses 4 -mère s’imposait dans le contexte.
Sinon, perse ? Le féminin de pers ( père ? Ah non, il est forclos ! ), qui signifie bleu-vert glauque, comme la mer… comme quoi.
Mandibule : bien entendu, féminin, c’est modifié !
Métrique bancale ?

Je suis bien d’accord avec vous, Gemini, en tout amateurisme je reconnais aussi qu’il pourrait s’agir plutôt de psychose que de névrose. D’autant que parmi les points que vous avez relevés, il y a cette - involontaire de ma part - absence de « je suis » ou « j’ai », donc de narcissisme, tout à fait caractéristique. Content que vous ayez noté la froideur du regard, cette « ambition matricide » n’a rien d’une déclaration d’amour en effet.
Mon narrateur est masculin dans mon esprit, représenté par deux quatrains pris au piège entre deux autres aux rimes féminines, la mère ( voir encore le commentaire de Cristale ).
Je ne connais pas assez Éluard mais je suis flatté de la comparaison, bien qu’elle soit mince.
Je lis votre PS avec plaisir. Si vous n’avez pas remarqué les rimes brisées c’est qu’elles ne pèsent pas.

Fanny, j’admets volontiers mon goût de l’aventure, qui m’apporte autant de déboires que de matière à me réjouir. Votre difficulté à lire ce poème fait écho à ma propre difficulté, non pas à l’écrire – ce fut plutôt un plaisir – mais à le présenter aux lecteurs, sachant la dureté de son sujet.
Vous avez relevé cette confusion mère/mer, j’en suis ravi.

Provencao, j’aime bien votre lecture qui m’amène vers des réflexions nouvelles que je suis encore en train de creuser, tant vous restez fidèle à un certain hermétisme, autant en vos œuvres qu’en vos commentaires.

Cristale, œil de lynx, on ne peut rien vous cacher. Ni les rimes brisées ni le narrateur pris dans l’étau maternel féminin. Ni ma passion de l’écriture, mais ici sur Oniris, elle est très partagée. Vous m’avez fait sourire avec vos observations borderline et autre lexiquomil. J’aurais aimé faire sourire autant avec mon poème. Hélas, les gens, ma pauvre dame, sont si sensibles…

Hersen, je suis flatté de l’« impression tenace » et les « curiosités » trouvées dans chaque vers. Que tu aies été sensible aux sonorités et au travail sur les mots même si le poème ne te parle pas plus que cela, et je te le souhaite, est un bon point pour moi il me semble.

Geigei
, vous aussi m’avez fait sourire, entre Jérôme Bosch et vos velléités psychanalytiques. Et puis cette idée d’un matricide salvateur : vous n’avez pas froid aux yeux ! J’admets volontiers une syntaxe un poil fastidieuse à décoder, mais elle reste juste, me semble-t-il.

Papipoete, votre lecture personnelle – un réveil suite à un cauchemar – s’éloigne de ce qui était ma volonté de dire, mais le lecteur est roi , comme on sait, et je trouve que votre interprétation se tient. Vous pourriez ne pas aimer plutôt qu’aimer un peu, je ne le contesterais pas.

Marite, le narrateur enfant non désiré se tient aussi. Il faut bien trouver une raison à des pensées si détestables. Je dois reconnaître que je n’ai pas cherché à les justifier par une défaillance maternelle, sinon ce sein asséché. Mais tout sein finit par s’assécher et je ne rapporte là que l’explication du narrateur. N’étant pas spécialiste de la psyché, j’ai préféré m’en tenir à la description de visions cauchemardesques sans trop me répandre en causalités. On le sait bien de toute façon : la mère est toujours coupable. Pas sûr que vous soyez plus éclairée à présent, mais j’aurais tenté.

Eki, l’image de trop nombreux locataires pour un seul esprit m’a beaucoup plu, elle me semble très juste. « Un texte torturé et complexe » dites-vous. Je n’aurais pas voulu faire trop simple, les désordres mentaux ne le sont pas. « Un langage … riche » : je prends avec joie.

* * *

Encore merci infiniment à vous tous, chers commentateurs. Au plaisir d’autres rencontres dans des contrées plus paisibles, peut-être.


Contribution du : 04/11/2023 11:22
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Re : Retour de vague
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De Un dimanche à la campagne
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Le moins que l'on puisse dire, Cyrill, c'est que tu t'éclates en écrivant. Mieux qu'en écrivant, en faisant le grand écart entre des styles complètement différents.

C'est ce que j'applaudis, ainsi que ton sérieux sens de l'humour, ta recherche appliquée et l'assemblage que tu as fait de mots percutants. Ils conviennent plutôt pas mal aux propos tenus dans ton garage (l'image du vieux siège de voiture et du landau pour tes patients, est jubilatoire).

Il va falloir que je retourne faire un tour du côté de ton truc en -ide. Histoire de mieux m'en délecter... Peut-être que cette fois-ci je vais enfin réussir à exprimer quelque chose qui ne sera plus à mi-chemin entre le dubitatif et le j'aime bien, mais...

Je ne promets rien.

Contribution du : 04/11/2023 11:36
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« Je veux chanter comme les oiseaux chantent, sans me soucier de qui entend ou de ce qu'ils en pensent » (Rûmî)
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Re : Retour de vague
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Bonjour Cyrill

Merci pour votre retour.
En effet je n'aime pas les atmosphères glauques et les réalités saumâtres qui me dérangent et je considère que c'est une sorte de lâcheté.

Pour le reste nous sommes d'accord, j'avais bien compris que les assonances étaient voulues mais pas vu qu'un vers de seize syllabes pouvait faire deux octosyllabes.
je n'ai pas tilté sur "perse", oui bien sûr et mandibule vous avez corrigé.
La métrique bancale? oui a priori les vers 2, 4 et 11 auraient 17 syllabes ( à vérifier néanmoins).

Cordialement
Lebarde

Contribution du : 04/11/2023 13:02
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Re : Retour de vague
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De Là-bas
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Bonjour Cyrill,

J'ai une minute de vie pour dire que la forme est encore pire que ce que j'en ai dit dans mon commentaire car, non seulement le poème navigue à vue sur des rimes brisées mais, la cerise sur l'hémistiche, est qu'il flotte également sur des rimes batelées !!!
Quel travail ! Bon, je vous offre 3 rémiges de ma production.

Coucou poète Lebarde :) juste en partage : les diérèses de certains mots (v4 et 11) ne sont pas prises en compte par l'auteur mais la modernité du contemporain excuse l'affront fait au classique, les vers trottent bien sur 16 syllabes.

Contribution du : 04/11/2023 14:52
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Re : Retour de vague
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Citation :

Cyrill a écrit :
Et puis cette idée d’un matricide salvateur : vous n’avez pas froid aux yeux !

Je crois que cela dépend des écoles. J'ai été très influencé, pendant mes études, par Mélanie Klein.

Contribution du : 04/11/2023 15:09
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Re : Retour de vague
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Merci pour le retour sur mon commentaire Cyrill. J'avoue avoir hésité à le faire car, indépendamment de certains mots dont j'ai dû chercher la signification, ce n'était pas simple de transcrire mon ressenti après mes lectures successives (oui, il y en a eu plusieurs ...). Bon, cela dit, je reste toujours aussi perplexe sur la motivation poétique d'un tel texte, peut-être que, présenté en prose j'aurais mieux perçu ce qui s'y cachait.

Contribution du : 04/11/2023 15:45
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Re : Retour de vague
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Merci de votre retour.
Cordialement

Contribution du : 04/11/2023 16:16
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Re : Retour de vague
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Je ne sais, Cat, si je mérite le titre de docteur … chirurgien peut-être avec ce « burin effilé et précieux » ? Merci du cadeau en tout cas. Je m’éclate, certes, mais n’oublions pas que je dois moi aussi digérer que mes centres d’intérêt soient ce qu’ils sont. Tu me diras, on s’offusque moins qu’Œdipe ait tué son père que d’un matricide.
Et les grands-écarts demandant une certaine souplesse, je bénéficie gratos de séances avec le kiné qui me doit beaucoup.
Merci pour ton commentaire sachant faire la part des choses.

Lebarde, je supposais qu’il était question de diérèses, mais Cristale vous a éclairé sur ce point. Nous sommes donc, encore une fois, d’accord 

Cristale : rimes batelées, mazette, j’en apprend encore ! Merci pour les plumes, elles me vont droit à la coiffe

Marite, au moins un point qui nous rapproche, voire deux :
- Je me questionne encore sur la motivation poétique de ce texte.
- Moi aussi j’ai ouvert le dico pour faire des vérifications.

Pendant que j’y suis, quelques précisions sur le premier quatrain que j’ai oublié de donner :
la mandibule qui claque et l’œil torve sont ceux du psy autoproclamé (c’est à dire moi...) planqué derrière son sujet et qui refuse d’accepter ( l’œil se ferme selon le narrateur) la pensée délirante de son patient. À moins qu’il ne ferme les yeux sur l’interdit, à voir...

Ce qui me ramène à vous, Geigei : vous conviendrez qu’il eût été plus inspiré d’aller voir un disciple de Mélanie Klein. Je vous passe donc la main 

Cordialement aussi, Provencao !

Contribution du : 04/11/2023 17:12
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Re : Retour de vague
Maître Onirien
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Tu m'amuses Cyrill mais je comprends mieux. Comme tous les métiers, je crois que la psychologie se maîtrise à petits pas, patience, patience ... déjà le fait de s'analyser soi-même en tant que psy c'est un bon début ; Bonne soirée
NB.- plutôt qu'un métier j'aurais dû dire "discipline scientifique" peut-être

Contribution du : 04/11/2023 17:22
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Re : Retour de vague
Expert Onirien
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Citation :
on s’offusque moins qu’Œdipe ait tué son père

Œdipe s'est quand même crevé les yeux avec la broche de son épouse, sa mère donc. On va pas s'acharner

Contribution du : 04/11/2023 17:41
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