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Sacha gueule de bois.
Chevalier d'Oniris
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16/02/2010 18:40
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Bonsoir chaque, chacune,

Avant tout, je préfère préciser: Je ne valais pas mieux que Sacha en écrivant ce texte -qui fut d'ailleurs écrit très vite- mais j'ai pris le temps de le relire et d'ajouter un truc ou deux ici et là le lendemain. Notamment pour atténuer une situation assez oppressante d'absurdité au niveau sémantique.
J'ai dû turbiner dur pour retrouver les liens que j'avais fait entre les différents vers, et en rajouter d'autres pour colmater les brèches qu'un cerveau sobre ne peut franchir, ce qui a donné, on me l'a reproché, un texte allongé qui perd en intensité, car étiré de trop.



Pour ce qui est des gentils (cette fois-ci) commentateurs:

Raoul:
Un texte à atmosphère... J'aime bien la musicalité générale slave, la répétition alcoolique du prénom, les images (bien qu'un peu trop convenues) du dehors et de l'espace qui se désarticule aux degrés avec cette sorte de simplicité inventive*. Dans l'ensemble je trouve le poème trop long cependant. Je pense qu'il aurait gagné en d'avantage de concision, évitant quelques redites, quelques faiblesses et obligeant à faire des choix plus radicaux. Les trois derniers vers sont superbes, au dessus des autres, ils sont fulgurants, les autres un peu plus laborieux de construction. Dommage. Edit : *ça me fait un peu penser aux toiles de Marc Chagall... fraicheur et folklore.


Bon, je pense que l'introduction répond en grande partie à ce qui est dit.


Lunastrelle

C'est assez particulier comme texte, et tout de suite il m'a intriguée... Dans le bon sens au final.
J'ai eu peur d'être confrontée à du convenu banal, ce n'est pas le cas bien que les images ne soient pas originales à la base... Mais elles ont été poétisées sous un autre angle...
J'apprécie particulièrement ce passage là:

"Sacha, grand et fort ronfle quand il dort
Au beau milieu des flaques du ciel,
De la terre, et des hommes satisfaits"

La répétition du prénom ne me gêne pas, mais il y a certains vers que je trouve inutiles, ils alourdissent le poème. Par exemple:

"Dans un instant simple et pourtant rapide."

"Sacha jeune et beau, Sacha grand et fort."

"Un bref repos qui sera sans effet."


Ah, « les flaques du ciel, de la terre et des hommes satisfaits »
Moi aussi je trouve ça joli pour décrire un mélange de boue et de vomi!


Framato


J'aime beaucoup le rythme lancinant de cette poésie quasi épique. La chute est belle et surprenante.
J'ai été gêné dans ma lecture par l'ellipse du ils dans ce vers "Quand saouls, Sacha, savent qu'on les attend." qui oblige le lecteur à un bref retour en arrière. Ce défaut devrait être corrigé pour la fluidité de la lecture.
Dans l'avant dernière strophe, il me semble qu'il manque un point après satisfaits. Cela a aussi gêné ma lecture, mais je suppose que ce sera corrigé si le texte est accepté. Par ailleurs, plus globalement, la ponctuation est parfois un peu hésitante. Par exemple, il manque des virgules d'incises autour de "sans le paraître", ce qui impose encore une double lecture du vers pour en trouver le bon rythme.
Au final, je ne me suis pas ennuyé, j'ai aimé le rythme et le fond, avec un grand plus pour ces poissons nageurs de larmes... et un moins pour l'ellipse assez lourde et l'imprécision de la ponctuation.


Pour ce qui est de l'ellipse, je dirai que j'ai privilégié un mode d'expression parfois plus proche du langage que tient à peu-près une personne ronde comme une queue de pelle plutôt qu'un autre plus rigoureux au niveau sémantique tant que grammatical. Bon, je ne sais pas si ce choix est judicieux, mais Ahaha, judicieux, quel mot absurde!
Au niveau de la ponctuation, on l'aura compris, j'aime les virgules. Pour moi, ce sont un peu les copeaux des phrases. C'est joli.


Fondulou

Déjà, je trouve l'incipit un peu prophétique (ça me rappelle quelque chose lu dans la bible) et emphatique. Pourtant, quoi de plus banal qu'une cuite slave. Mais l'énoncé éveille le soupçon. Il n'est pas futile (référence à un texte "sacré") et donc, il convient d'y prêter attention. C'est cette attention qui m'a fait lire et interpréter ce "poème contemporain" (je ne saurai définir ce qu'est la poésie contemporaine, mais bon, c'est classé comme tel dans le petit tiroir) différemment de ce que j'aurai voulu ou fait pour un autre "genre"... J'ai donc décidé, d'un commun accord avec moi-même, de ne pas tenir compte de la "poétique" revendiquée.

Et je dois dire que cette cuite a fait vaciller (facile hein !) mon système de représentation. Alors j'ai cherché Sacha (j'ai trouvé dans un magasine féminin en ligne... oups ! truisme) : du grec alexein, "repousser" et andros, "l'homme, le guerrier, viril". Celui qui protège les hommes et repousse l'ennemi. Maintenant je sais pourquoi Sacha est grand et fort. J'ai cru aussi comprendre qu'il était maître Pokémon (y a des poissons à la fin et des ondines, les soeurs ; et un badge Pavé). Mais à l'instar des poissons, pour le reste je nage.

À vouloir faire vaciller les systèmes de représentation et leurs rapports au réel, j'en ai perdu l'équilibre. C'est pourquoi je souhaite que l'auteur m'explique parce que les élucubrations de Fondulou, hein !



Les Rubayat de Khayyam ne sont pas des textes sacrés à proprement parler, mais bon, si tu veux...
Poésie contemporaine, bof, je ne classifie pas mes textes, ni n'écrit en tenant compte des classifications.
Par contre, bien joué pour l'étymologie du nom. « Alexein » veut à la fois dire « défendre » et « repousser » et « Andros » l'homme au sens sexué du terme, et ce qui s'ensuit. La signification est multiple. Autant on peut traduire par « Celui qui protège les hommes. » et « L'homme qui repousse l'ennemi », autant on peut aussi traduire par « L'homme qui doit être protégé » ou même « L'homme qui doit être repoussé ». Telle est la situation du sympathique Sacha. Il est à la fois désiré et indésirable. Il mord et il embrasse. Éventuellement, il boit et il vomit (oui, vomi! C'est pas poétique du tout, c'est moche et ça pue, mais pour moi, la symbolique est importante.). Car il est saoul. Et quand on est saoul, tout est soudain plus simple et plus compliqué.


Tendre-jeudi

Il est réellement dommage que l'écriture soit inconstante.
Parfois certainement l'induction par la rime ou l'écho.
Mais, il y a de très belles chose dans ce poème.
Le ton déjà, un peu comme un conteur-prophète, qui fait perdre le fil parfois et s'interroger sur les choix (lexicaux, grammaticaux, picturaux).
Le genre ensuite.
Oscillant entre le classique et le libre, ça me fait penser, mais dans une moindre mesure, aux poèmes que j'ai entendu ponctuer mes études. On pourrait presque poser une scène devant et le jouer. Monologue théâtral dans son effet sur moi.

La forme aurait peut-être pu gagner par un découpage différent.

Une mention spéciale pour ces trois passages :

Et les sols solides dansent sous tes pas,

Il cherche dans les ombres où il excelle
Un bref repos qui sera sans effet.

Et dans ses larmes qu'aucun n'aura séchées
Nageront des poissons.

qui dans l'inconstance de la poétique m'ont touché.


Pour ce qui est de l'inconstance de la poétique, mon opinion, mon ressenti est qu'un texte où les vers excellents s'enchaînent manque de contraste. Je suis partisan de l'utilisation du « vers faire-valoir » qui permet de faire surgir les autres de manière plus fulgurante aux yeux du lecteur (Je fais aussi des « poèmes faire-valoir », mais ça, c'est de la malhonnêteté, et c'est nul.)

Pour la forme par contre, elle aurait effectivement gagné à être différente. Le problème vient du fait que j'ai tendance à regrouper les vers quand ils convergent sur un point, même assez global.

David

Bonjour Reggio,

Sacha qui boit et qui pleure, Sacha-Robinson, Sacha-Noé, c'est un drôle de personnage en tout cas, un qui se ferait suivre dans son péril comme un joueur de flûte de cette ville allemande difficile à orthographier, par des enfants.

Alors ce passage :

"Peu savent combien les pavés sont traîtres,
Mais nombreux sont ceux qui sans le paraître
Dominent et surpassent l'éphémère du temps
Quand saouls, Sacha, savent qu'on les attend."

Il m'a bien plus, c'est un peu difficile à comprendre, mais je crois que "nombreux savent" pendant que "Sacha se saoulent", en tout cas c'est une jolie musique. Elle est très présente, incantatoire parfois, menant à bout de souffle à d'autres.


Merci, c'est gentil.



Thea


ma lecture est plaisir

plaisir de lire un texte poétique où l'émotion est présente
un texte simple sans recherche scabreuse où la poésie est présente dans le regard du lecteur étonné.

on aurait pu être "voyeur" mais on est partie prenante et puis cette dernière image douce amère qui fait dormir Sacha au pays des rêves où les larmes ne sont pas stériles..

simple mais vrai et beau.


Merci, c'est gentil.




BON! Maintenant au boulot!
Je vous livre une petite clé assez prosaïque concernant le texte, et puis je vous laisse vous débrouiller.


« Par ce qu'aucun ne sécha ses larmes
Tous furent noyé. »

Petite introduction, une sorte de « c'est trop tard » qui vise à planter le décor dans le passé en tant qu'élément fixe. Ça donne un petit ton nostalgique que j'aime bien.


« Sacha a pris ce soir bien trop de vin
Et ses frères et ses sœurs ont eu un peu peur. »

Décor planté: Sacha était gnôlé de chez gnôlé, et ses compagnons ont craint. Pour eux ou pour lui, là est l'ambiguïté. Je dirai que c'est un peu les deux. C'est là que le prénom Sacha et son étymologie interviennent pour la première fois. (Voir l'explication donnée à fondulou,)


« L'ordre et le droit des innombrables charmes
Que revêtent les fêtes de la nuit
Ont eu raison de lui. Oh, dévoyé,
Triste sort que le tien, Sacha divin,
Grand et fort Sacha, D'autres plus que toi
Auront goûté à ce sel insipide
Dans un instant simple et pourtant rapide.
Toi Sacha, ce soir, tu bois. »

J'admets que ce passage est un peu moins compréhensible.
L'idée générale est que Sacha est un con arrogant qui a voulu faire le malin en « faisant la fête » non pas en buvant assez, mais plus que tous les autres. Sacha divin, grand et fort a voulu prouver (bêtement en passant) qu'il l'était et le prouve. Ça sent déjà le roussi pour lui.


« Et les sols solides dansent sous tes pas,
Échappent à ta semelle autant que se peut.
Grand et fort Sacha, tomber serait mieux
Que glisser seul dehors et dans le froid.
Peu savent combien les pavés sont traîtres,
Mais nombreux sont ceux qui sans le paraître
Dominent et surpassent l'éphémère du temps
Quand saouls, Sacha, savent qu'on les attend. »

Sacha ici est visiblement saoul et titube.
Il a le choix entre prouver finalement sa « supériorité » en rentrant seul à son logement, au risque de se planter dans la rue et passer une très mauvaise nuit, et admettre qu'il a eu tort et laisser tomber. Note qu'ici le « tomber » est à la fois laisser tomber, tomber dans les bras de Morphée, et s'écrouler comme une masse quelque part dans un coin.
« Peu savent... », Certains se débrouillent consciemment ou pas dans pareille situation, mais Sacha (on le verra) pas (en gros).


« Étendu sur le sol comme les ivrognes,
Sacha, grand et fort ronfle quand il dort
Au beau milieu des flaques du ciel,
De la terre, et des hommes satisfaits
Dans son sommeil soudain Sacha grogne
Sacha jeune et beau, Sacha grand et fort.
Il cherche dans les ombres où il excelle
Un bref repos qui sera sans effet. »

Donc, on sait maintenant que Sacha est un gros nul qui s'est endormi à terre dehors, au milieux des « flaques du ciel, de la terre et des hommes satisfaits. ». Du ciel et de la terre, facile: de la boue, par contre les flaques formées par les hommes satisfaits, je vous laisse deviner, mais c'est de toute façon pas très hygiénique.
Sacha grogne quand il dort. Il n'est donc pas mort, c'est déjà ça, et optionnellement, il pourrait admettre finalement qu'il est un gros nul pas capable de se gérer (Je suis de mauvais poil ce soir, je m'acharne un peu.) Un petit peu d'ironie et de tendresse: Sacha, même dans une situation pareille reste attendrissant, comme un enfant qui se déguise avec l'uniforme de son papa policier (kawaï? 12mm...), mais tout de même ridicule.
« Cherche dans les ombres... » Sacha ne sera pas frai demain matin, ou alors il est finalement mort, ce qui est bien fait pour sa gueule, je trouve. Saleté de jeune coq!

« Sacha dormira ce soir avec nous
Et dans ses larmes qu'aucun n'aura séché
Nageront des poissons. »

Bon, je ne résiste pas.
Soit on considère que les amis de Sacha l'ont finalement recueilli, et que dans les larmes éthyliques (« bouuuhouhou, je sais pas boire, je suis pas un homme... » Mon cul, oui!) qu'il verse, il y a une sorte de noblesse, de majesté qui n'appartient qu'aux gens qui dorment sans même le savoir. Ou quelque chose de plus beau, je ne sais pas.
A vrai dire, les trois derniers vers m'ont été « imposé », il était évident pour moi de les écrire à ce moment-là.

Ou alors on considère que Sacha est mort, et que vu qu'il « dort » avec le narrateur (la narratrice?) et ses compagnons, c'est qu'ils sont morts eux-aussi, par ce que ce crétin de Sacha était un simple idiot de base qui a eu un accès ne violence dû à l'alcool qui couplé à sa force a eu raison de ses amis. Dans ce cas-ci, les poissons seraient de purs touristes, synonymes des vies nouvelles qui écloront dans les cadavres présentés. Mais ça, c'est un peu tiré par les cheveux, et vu que j'étais dans un alcool sympathique quand j'ai écrit ce texte, je ne pense pas avoir voulu dire ça.
Et dans ce cas, tout ce que je viens d'écrire est faux.

Contribution du : 27/10/2010 22:57
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"Of all bad men, religious bad men are the worst. Of all created beings, the wickedest is the one who stood in the immediate presence of God."
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Re : Sacha gueule de bois.
Maître des vers sereins
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"Sacha gueule de bois" ça fait Pinocchio un peu, alors la fin :

"Et dans ce cas, tout ce que je viens d'écrire est faux."

ça m'a fait rire

Contribution du : 28/10/2010 00:28
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Un Fleuve
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Re : Sacha gueule de bois.
Chevalier d'Oniris
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C'est fait pour

Contribution du : 28/10/2010 21:35
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Re : Sacha gueule de bois.
Visiteur 
Et voilà, confusion éthylique. La prochaine fois, promis juré, avant de faire un com sur un de tes textes je me prends une bonne murge. Je suis déjà pas net (on dirait du Incognito) mais là tu vas être servi.

Contribution du : 28/10/2010 22:37
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Re : Sacha gueule de bois.
Chevalier d'Oniris
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Tu rigoles, mais en ce qui me concerne, être sous influence (dans une mesure "raisonnable") m'ouvre souvent de nouveaux champs de perspective dans l'approche ou la rédaction de texte.

A faire avec modération (ou un modo, si on en connais un...).

Contribution du : 28/10/2010 23:08
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Re : Sacha gueule de bois.
Maître Onirien
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De banlieue tranquille & terrifiante
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Un verre de vin et trois quatrains vains(?) plus tards…
Pfffffff c'est dur comme métier pouet! Faut payer de sa personne.
Quel abnégation tout de même!

Contribution du : 30/10/2010 12:28
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Re : Sacha gueule de bois.
Chevalier d'Oniris
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16/02/2010 18:40
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Ça, c'est bien vrai!

Contribution du : 30/10/2010 13:32
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"Of all bad men, religious bad men are the worst. Of all created beings, the wickedest is the one who stood in the immediate presence of God."
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