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Re : Suite à ma nouvelle "terrassement"
Maître Onirien
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Malitorne, je trouve ici sur Oniris des textes d'amateurs que je qualifierais facilement de professionnels en comparaison de quelques romans, récits, que j'ai pu lire et qui ont eu, pour certains, des prix littéraires.
Et les critiques d'oniris me semblent tout à fait pertinentes dans leur ensemble, alors amateur ou pro, peu me chaux.

Robot, je ne fais pas trop attention à la catégorie lorsque je lis une nouvelle ou un poème.
C'est en effet difficile de catégoriser son texte quand on l'envoie. Il y a la dimension policière dans le tien, et la dimension réalisme. Faut trouver une petite place entre les deux

Contribution du : 13/11/2021 09:48
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Re : Suite à ma nouvelle "terrassement"
Visiteur 
Vincente

Evacuons d’abord une source de malentendu potentiel !
Je me moque parfaitement de la catégorie et n’y prête d’ailleurs pas la moindre attention. Plus largement, je n’attends pas d’une nouvelle qu’elle se conforme à quelque structure que ce soit. Plus globalement encore, je n’entre pas dans un texte avec des attentes. Ce serait sans doute le meilleur moyen d’être déçu et le meilleur moyen de manquer ce qu’il aurait à m’offrir. Je me contente, à sa sortie, de ressentir, de sonder mon état d’esprit, ensuite de tenter de verbaliser celui-ci et exprimer ce que le texte m’a apporté, le cas échéant en quoi il m’a contrarié. Enfin, j’essaie de trouver les causes de cet état d’esprit et d’éventuelles contrariétés.

Il va de soi que je pourrais très bien me tromper quant aux causes de mon état d’esprit et ne pas les avoir cherchées là où elles se trouvaient. Je pourrais également être maladroit dans la verbalisation de cet état d’esprit. En prenant l’hypothèse de mon honnêteté, pourrais-je me tromper ou mentir sur mon état d’esprit ?

A la sortie de ce texte, j’ai eu le sentiment d’avoir été truandé.
Ai-je été maladroit dans la verbalisation de ce sentiment ? Peut-être, c’est possible, mais je pense que pour l’essentiel, il a été verbalisé correctement.
Ai-je mal cherché les causes de mon état d’esprit ? Je me suis rappelé que quelques phrases avant la fin, c’est-à-dire avant la chute, mon état d’esprit n’était pas encore vraiment celui-ci. J’ai donc naturellement pensé que la cause était à chercher dans ces dernières phrases. Avant celles-ci, je ne pense pas avoir été réellement à la recherche d’une histoire. En revanche, après, j’ai eu le sentiment que l’auteur m’avait forcé à acheter une histoire pourtant absente et imposée par un seul mot.

Je ne mets évidemment pas votre honnêteté en doute et ne m’explique pas le fait que nous ayons eu des expériences de lecture différentes.

On dit souvent que la critique est aisée, mais que l’art est difficile. Commenter un texte peut consister à voir ce qui ne va pas, ce qui est en effet beaucoup plus facile que de remplacer quelque chose qui ne va pas par quelque chose qui va. Je ne me pose évidemment pas ici comme auteur capable de faire mieux que Robot, mais uniquement comme lecteur ayant par rapport à un texte un recul que son auteur n’a pas forcément lui-même.

Au-delà de son commentaire, le commentateur peut imaginer combler le manque qu’il a vécu comme lecteur, mais d’une part, il sort du champ de l’auteur, ne pouvant se substituer à lui et, d’autre part, il se heurte aux limites de ses propres compétences.
Ce que j’écris ci-dessous sort donc du cadre de mon commentaire et n’est qu’un prolongement de ma propre expérience de lecture, cherchant à combler ce que je n’y ai pas trouvé. Pour cela, je m’appuie d’ailleurs sur vos propos : « Je vois ce texte moins comme la description d'une scène et d'une narration que l'investissement littéraire de l'état mental d'une personne que le lecteur dans l'absolu ne peut pas comprendre. »

Je ne suis pas certain d’être d’accord avec la fin de votre phrase. Je pense que nous possédons tous une réserve bien enfouie de noirceur. Cela ne fait pas de nous des monstres et peut-être bien au contraire car je pense que la valeur d’une personne se mesure moins par la quantité de bonnes choses qu’elle est capable de faire que par la quantité de mauvaises choses dont elle est capable de s’abstenir.

Ne m’est-il jamais arrivé, dans l’instant, de souhaiter la mort de quelqu’un et de la lui donner moi-même ? Si, et pas qu’une fois. Je suppose que des mécanismes mentaux se mettent rapidement en place pour contrer la pulsion originelle. Il n’en reste pas moins que plusieurs fois et le temps de quelques dixièmes de secondes, j’ai été un meurtrier.

Bien pire encore que cela, il m’est arrivé - une fois seulement, mais c’est déjà beaucoup – de souhaiter la mort de quelqu’un et d’imaginer un enchainement de circonstances l’y menant. Un être abject vraisemblablement responsable de la mort de deux autres personnes et je craignais alors pour la vie d’un très proche. Cela a duré bien plus que quelques dixièmes de secondes. Quelques minutes sans doute. Et pourtant, je suis contre la peine de mort et il m’arrive de prendre de grandes précautions pour me débarrasser d’une araignée sans la tuer.

Je sais donc être l’auteur de plusieurs meurtres, dont un par préméditation, même si je n’ai jamais tué personne, et avoir mis en place les conditions mentales d’une justification.

Je persiste à croire que Robot a introduit une histoire dans son texte, mais comme « un cheveu sur la soupe » comme l’a écrit Donaldo75. J’aurais aimé que cette histoire fasse partie du texte. Une histoire, ça n’est pas forcément un déroulement narratif classique. Une histoire peut être présente sans être écrite.
Mais comment faire alors ? C’est là que je me heurte à mon incompétence.

Peut-être que l’un des personnages, un enquêteur, un juge, que sais-je, aurait pu de par son comportement induire, le temps d’un instant, une pulsion meurtrière chez le narrateur. La focalisation interne du narrateur permettait peut-être d’exprimer cela. Je ne connais pas exactement les ressorts d’un féminicide, mais peut-être qu’il aurait pu s’agir d’un personnage féminin qui, de part un regard, un geste, une attitude, aurait atteint le narrateur dans sa virilité ou ce qu’il estime constituer sa masculinité.

Quoi qu’il en soit, je pense qu’il doit être possible, peut-être par deux ou trois phrases seulement, d’introduire un stimulus activant la réserve de noirceur du lecteur. Pour cela, il faudrait que l’auteur sonde préalablement sa propre réserve de noirceur et qu’il identifie un stimulus capable de l’activer, à supposer bien sûr qu’un tel stimulus puisse être universel et fonctionner aussi bien sur le lecteur que sur l’auteur et quel que soit ce lecteur.


Robot

Initialement, j’avais pensé vous poser une question, mais m’étais abstenu, la trouvant trop indiscrète, trop intime.
Je m’étais demandé qu’elle avait pu être le moteur de votre envie d’écrire ce texte. Était-ce le féminicide, le meurtre de manière plus générale ou, comme l’a écrit Vincente, « l'investissement littéraire de l'état mental d'une personne que le lecteur dans l'absolu ne peut pas comprendre ».

Il me semble que vous avez répondu à cette question dans votre post #8.

Quels que soient les points de vue, je vous remercie, Robot, de permettre cette discussion intéressante.


Malitorne

Je ne suis pas certain de faire a priori plus confiance en un critique professionnel qu’en un critique amateur. Il y a de nombreuses années, un critique de cinéma m’avait convaincu d’aller voir « Les bronzés 3 ». Et pourtant, j’apprécie ce type, son esprit et son humour, qui n’hésite pas à dézinguer un réalisateur reconnu par ses pairs. J’aime encore son esprit, mais je n’écoute plus ses critiques de films que d’une oreille très distraite.

Contribution du : 13/11/2021 10:18
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Re : Suite à ma nouvelle "terrassement"
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Citation :
Malitorne a écrit :
Mais j’aimerais faire une digression sur la diversité des opinions que je trouve assez ahurissante, entre autre celle de Vincente qui me donne l’impression qu’on n'a pas lu le même texte.


Mais pourquoi devrions nous lire le même texte, nous ne sommes pas des clones !
Je ne pense pas avoir émis un avis prévalant sur un autre, j'ai indiqué ce que j'avais ressenti, non sur ce texte "absolu" mais sur ma lecture, "relative".
C'est là toute la différence, vous parlez de la réalité objective d'un texte, or moi, et nous (vous compris) évoquons la part, la subjectivité de notre lecture.

Quant à la convergence de vue entre ce qui fait une œuvre dans quelque domaine artistique que ce soit, où avez déjà vu un monolithisme des points de vue ??? Même sur le pur plan technique, les avis ne sont jamais uniformes et consensuels.
Écoutez-vous de temps en temps le Masque et la plume sur France inter les dimanches soir ? avez-vous déjà remarqué combien les "professionnels" qui y débattent sont partagés, ils partagent, oui, mais ont des avis divergents…

***

PS : Bandini, j'aperçois votre réponse. Je vais être en déplacement pour la journée. Je ne manquerai pas revenir dans notre débat en fin de journée.

Contribution du : 13/11/2021 10:27
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Re : Suite à ma nouvelle "terrassement"
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Vincente, j'adhère tout à fait à ce que tu dis à propos du meurtrier qui sommeille en toi.
Moi aussi j'en ai un qui se manifeste par fantasmes, et ces fantasmes-là peuvent parfois être les moteurs et la raison-même de mes écrits, lorsqu'ils cognent à la porte de la conscience.
Ça met mal à l'aise, j'ai besoin de m'en désolidariser et je le fais en écrivant.

Contribution du : 13/11/2021 11:13
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Re : Suite à ma nouvelle "terrassement"
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Cyrill

Je pense qu'il y a méprise. Je me prénomme Arturo.

Vincente

Je sais que vous êtes en "déplacements" aujourd'hui. Votre cavale est inutile. Si celle-ci devait être interrompue à un barrage de police, je me présenterais spontanément à la maréchaussée pour vous disculper des accusations de Cyrill.

Contribution du : 13/11/2021 12:18
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Re : Suite à ma nouvelle "terrassement"
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Oui désolé Bandini-Arturo ou Gilles de Rais peut-être ?
Je suis allé un peu vite dans ma lecture

Contribution du : 13/11/2021 12:56
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Re : Suite à ma nouvelle "terrassement"
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Concernant les avis "pros" et amateurs, je partage plutôt les avis de Vincente, Cyrill et Bandini.

Quant aux maisons d'édition censées être les plus qualifiées en ce domaine et "déceler" un éventuel succès auprès du public, loin d'être exhaustifs, nous ne citerons que pour l'exemple:

Autant en emporte le vent , 38 refus

Sa majesté des mouches, 20 refus

Dune, 19 refus

Jonathan Livingstone le goéland, 18 refus

Harry Potter à l’école des sorciers, 12 refus

Bref, que des ouvrages n'ayant connu aucun succès par la suite...

Il ne me semble pas que le professionnalisme soit forcément gage d'infaillabilité ni l'amateurisme de dilettantisme.

Ce lien aussi, prouvant que l'attente selon l'époque peut être déconcertant.

Claude Simon

Mais je digresse, je digresse, mes confuses Robot, je m'en va!

Contribution du : 13/11/2021 13:00
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Re : Suite à ma nouvelle "terrassement"
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Pas de problème Pouet, je trouve tes références concernant le refus d'œuvres refusées trés intéressantes. A l'inverse, si tu as des indications sur des "bides" portés aux nues par la critique, ne te gêne pas pour les faire connaître ici.

Contribution du : 13/11/2021 14:06
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Re : Suite à ma nouvelle "terrassement"
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Vous trouverez toujours des exemples contradictoires mais dans l’absolu on ne peut comparer des spécialistes à des profanes, sinon à quoi servirait la distinction ? Un site d’écriture amateur n’aura pas les mêmes exigences qu’un lieu réservé à des professionnels, ce qui me fait croire à l’éparpillement des points de vue concernant le premier. Il y aura bien sûr des nuances chez les professionnels mais autour d’une position dominante, au contraire des amateurs qui exprimeront tout et n’importe quoi.

Contribution du : 13/11/2021 15:49
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Re : Suite à ma nouvelle "terrassement"
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Moi j'apprécie ce "tout et n'importe quoi".
Ces visions différentes. Et puis, ce n'est pas parce que des critiques professionnels ont encensé telle ou telle œuvre qu'elle a trouvé un écho favorable chez les spectateurs ou auditeurs lambda.
Personnellement je déteste le snobisme qui consiste à suivre sans recul les avis donné par "ceux qui savent" et à s'émerveiller uniquement parce qu'un autre aura dit du bien d'une œuvre.
Je déteste aussi ce snobisme des élites qui consiste à démolir une œuvre parce qu'elle a plu au plus grand nombre.

Je réécoutais récemment la rediffusion d'un entretien du réalisateur Bertrand Tavernier dans lequel il parlait de "l'horloger de Saint Paul" et disait ignorer pourquoi ce film avait eu un tel succès chez les critiques et dans le public. Il ajoutait: "Si je savais pourquoi, tous mes films seraient des chefs d'œuvre."

Contribution du : 13/11/2021 17:10
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