Bonjour Ligs, oui le XXe siècle a parlé des touches de l'ascenseur, mais avec moins de popularité que le romantisme qui semble immortel et qui est une maladie d'adolescent. Les films d’amour (?) et les comédies romantiques ont bien plus d’entrées que ces recueils modernistes que je ne connais pas moi-même.

Je ne sais pas si le monde est de plus en plus dévitalisé. Si l'on vit en vase clos avec d'autres Oniriens, on survalorisera l'approche mentale des choses ce qui est aussi mon cas vu la longueur de la phrase présente, mais il existe beaucoup d'autres personnalités qui nous font voir le monde autrement. On dirait si vous voulez qu'il y a d'un côté l'intelligence, la sensibilité, l'humour et de l'autre l'ironie provocatrice volontiers moderniste, comme si la modernité était une sorte de farce et qu’elle faisait tache au milieu de notre merveilleuse poésie. Or, quand on a 8 ans, prendre l'ascenseur n'est pas anodin, quand on a 8 ans, prendre l'ascenseur, c'est prendre le risque de s'arrêter au troisième étage alors qu'on a appuyé sur le "4" et donc de devoir dire bonjour à Monsieur Faivre qui va dire « comment vas-tu ? » La question qui t’embrouille le cerveau.

Les touches de l’ascenseur, c’est une histoire vraie, pas une histoire avec les falaises que Maupassant brocardait déjà au début et à la fin d’*Une Vie*, un texte en avance sur beaucoup d'Oniriens.

Je crois vraiment à l'émotion des touches de l'ascenseur, pour moi ce n'est pas un symbole de la dévitalisation du monde moderne. Je les aime, elles sont parfaitement et logiquement rangées. C’est des mathématiques et de la trigonométrie avant l’heure. Elle s’éclaire quand on appuie dessus. Papa ne connaît pas ton intelligence alors il précise « c’est le 4 », quel imbécile, alors que Maman, ta préférée, ne dit rien. Elle sait bien que tu sais qu’on habite au 4e qu’il faut appuyer et que c’est à celui qui se trouve le plus près du tableau de bord de prendre l’initiative.

**Pourquoi ne pas fêter le monde moderne ? Telle est l’originalité réelle que je ne vois nulle part.**
Pourquoi opposer le passé idéal et le présent irrespirable ?
Pourquoi ne retenir du présent que ce qui est invariant comme la sexualité ?
Êtes-vous bien sûr que ce n'est pas un mal français ?
Est-ce qu'en Corée du Sud, en 2021, les gens sont chagrins et malheureux ?

Ou alors, pourquoi ne pas imiter les classiques ? Rabelais ? Cicéron ? Musset moquait doucement déjà les amoureux des cascatelles. Il y en a beaucoup par ici...

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Sur la recherche intérieure, je suis entièrement d'accord. Je mettais tantôt en exergue d'un texte un extrait d'un article de Jean Chevalier sur VITRIOL, acronyme d'une maxime en latin traduite et interprétée par : "descends dans les entrailles de la Terre, en modifiant la pierre, tu construiras dessus une nouvelle personnalité." Cela fait songer au développement personnel dans son essence, au chemin de vie initiatique, à la conversion religieuse, cela m'émeut plus que les fleurs et les précipices, à moins que ce ne soit des métaphores et qu’elles soient visibles.

IL FAUT DU SENS

On peut le faire avec une fleur, bien sûr, mais pas de cette façon gratuite, "avec un jeu sur les sonorités" comme si le langage était de la musique. Je m'y connais un peu, je suis musicien et je crois que la musique n'est pas un langage et réciproquement ; ou encore "avec une recherche sur le vocabulaire". Vous exagérez tout de même Ligs de me dire sur Oniris que les touches de l'ascenseur sont un sujet rebattu

Hello Eclaircie,
Le minéral est la base de toute construction ? Mais alors il faut le dire. Comment deviner qu'en évoquant la beauté de la montagne, il faut en déduire la présence de carrière de minerais de fer qui vont entrer dans la composition de maisons fabriquées à la chaîne ?

Sur l'égocentrisme, on peut l'assumer c'est vrai mais c'est dommage et c'est un second degré avec ou sans le sourire. La littérature est l'occasion rêvée pour sortir de soi voire emmener le lecteur ailleurs. C’est très difficile de le faire en présence d’autres personnes, à l’oral… car tout le monde est égocentrique et si vous ne l’êtes pas vous perdez la bataille ! Triste monde tragique, comme titrait l’émission préférée de Daria Morgendorfer.

Bellini, les poèmes de Rimbaud sont une fumisterie... mais je préfère d'autres maîtres. (Je précise quand même que je ne viens pas du tout ici faire la promotion de mes propres poèmes et que je lis beaucoup... Verlaine, mais pour des raisons musicales.)

Le premier poème d'André Frénaux est sur le néant, si vous aimez le néant.

Perle-Hingaud, les trains sont au service des paysages c’est vrai et même entre Toulouse et Béziers puisque je viens de prendre le train entre ces deux villes pas du tout exotiques, c’est très beau. Je ne vais pas me faire le sismographe de la société cependant, c'est trop difficile, je ne suis qu'un poetito sans plume, un oisillon qui attend encore qu'on le nourrisse. Aussi Je vais me rabattre sur la négociation d'un prix avec Hiraeth.

Cristale, soyez aussi romantique que moi si vous voulez, savez-vous que je ne passe pas une journée sans écouter attentivement une pièce de Chopin ou de Rachmaninoff ? Une journée sans Chopin est une journée de perdue. Sur la Bible, je me permets de vous donner tort : rien de plus radical et rien de plus moderne que ces textes venus du siècle des siècles !... Mais l'épidémie de romantisme me paraît aussi préoccupante que celle du ou de la COVID-19.

Léo Ferré : des oreilles saines y verront de la musiquette, mièvre jusque dans les timbres des violons. Vingt de découverte du répertoire de Chopin m’ont rendu intransigeant comme vous le voyez. Je mérite des baffles. Je tuerais mon pire ennemi pour pouvoir jouer la cinquième étude.

Rachmaninoff: Etude-Tableaux Op.39 No.5 in E-flat Minor (Lugansky) - YouTube

Mais ! Voilà de la musique moderne :

Boulez: Répons (1981 - 1984) - Section 1 - YouTube

Merci pour votre réponse, Arsinor.

Savez-vous que vous m'avez donné envie d'écrire sur les touches d'ascenseur ? Prises ainsi, à savoir comme un sujet proprement humain, effectivement, il y a probablement de belles choses à en dire - déjà comme vous en parlez, il y aurait matière à un beau poème.

Oui, j'ai exagéré, et oui, le romantisme est omniprésent, à notre époque encore. Nietzsche voyait en lui une maladie, une des formes modernes que peut prendre le nihilisme. Personnellement je ne peux plus lire une ligne de Hugo, Musset ou Tolstoï, ni écouter plus de trois secondes Brahms, Mendelssohn, sans que cela me donne une sorte de nausée, et j'ai même fini par avoir du mal avec l'orchestre de Beethoven.
Je garde toutefois un faible pour la communion avec la Nature, pour les raisons que j'ai évoquées. Les derniers poèmes de Luz et de GiL m'ont particulièrement touché.

Ce sont les classiques qui ont maintenant ma préférence. Bon, Racine l'a même toujours eu en fait. Mozart, en musique... Et puis les Anciens.
Il y a selon moi sur Oniris beaucoup de textes classiques qui évoquent des sujets douloureux, sans les traiter à la façon des romantiques.

Quant à l'expression des sentiments, je me sens très proche de ce mouvement si peu connu en France, l'expressionnisme, qui cherche à exprimer l'émotion avec force, sans tomber dans le pessimisme propre au romantisme. J'adore par exemple la poésie de Pär Lagerkvist, que je lis bien sûr en suéd. - dans une traduction française, grrr...


Enfin, au-delà du romantisme, il me semble que vous parlez aussi de l'omniprésence de la souffrance en poésie. Or, quelles que soient les époques, la souffrance a toujours eu la plus grande part du morceau. Et cela sera le cas tant que la violence humaine se rajoutera à celle de la Nature. Pour les personnes qui ont vécu cette violence - et si j'en juge par les textes que j'ai pu lire, de nombreux oniriens - la poésie reste une façon de l'évacuer - ou de la dénoncer.

Un point sur lequel je ne suis pas d'accord avec vous : le "jeu sur les sonorités", qui, lorsqu'il n'est pas qu'un "jeu" qui se veut musical, rajoute du sens, en créant des liens sémantiques entre les mots.

Par exemple ce vers qu'Eluard a écrit à la mort de Nusch :

Notre vie tu l'as faite elle est ensevelie

Voyez-vous comme "la vie" se retrouve sous terre dans le mot "ensevelie", pas seulement parce que grammaticalement "ensevelie" est attribut du sujet, mais surtout car tous les phonèmes de la "vie" s'y retrouvent, avec beaucoup d'autres, comme sous des monceaux de terre.
Tout le poème d'Eluard est construit ainsi.

C'est un exemple parmi tant d'autres, pour dire que je suis un fervent partisan de ce qu'on appelle "le jeu sur les sonorités", quand il a cet effet-là.

Slt,

certainement qu'il y a des thèmes "intemporels"...

Certainement que la Poésie est aussi un reflet de son époque.
De l'extérieur et de l'intérieur - le je parmi le tout- de ses luttes, de ses espoirs, de ses contradictions...
Certainement que beaucoup de choses sont fumisterie, à commencer par la fumisterie.
Certainement que le "Beau" est relatif.
Certainement qu'écrire comme bon nous semble est appréciable, mais certainement aussi qu'entendre ce qui semble être la vision de l'autre est profitable.

Il faudrait qu'un poème du XXIe siècle puisse être lu au XVIe.


Certainement.

Pouet a dit :

Il faudrait qu'un poème du XXIe siècle puisse être lu au XVIe.


La réflexion commence ici.

Que voulez-vous dire ?

Je me suis souvent demandé ce que les musiciens des siècles passés auraient pensé de l'art contemporain.

Il se seraient sûrement demandés quels dieux, quelle maestria avaient guidés les auteurs contemporains, et auraient défini de nouvelles règles pour les siècles futurs, qui auraient transgressé leur propre art... l'histoire aurait été différente ! Mais c'est une question très contemporaine, je veux dire par là contemporaine de chaque âge, que de se poser cette question...

(Dugenou, spécialiste du "si au moyen âge les gens savaient ce que je sais, auraient ils agi différemment ?") (Mystère entier !)

J'introduis un orteil prudent dans la mêlée : le plus grand reproche que je fais à la poésie et ceux qui en composent ( pas tous bien sûr ), c'est de se prendre trop souvent au sérieux. Ils en oublient que la poésie peut aussi être un truc sympa et marrant, contemporain ou pas peu importe.

Cristale, votre petit truc sur le siphon par exemple, ben moi je l'adoube ! Il est superbe, simple, court et m'a bien fait rire. Sinon il faut jeter Prévert et la Fontaine à la poubelle quoi.

Salut,

hum... On peut très bien, je pense, "se prendre au sérieux" tout en écrivant des trucs "sympas et marrants", ou à l'inverse donner dans le philosophique, le métaphysique ou encore l'emphatique sans pour autant astiquer son ego à la peau de chamois.

Le contenu et le contenant...

Sinon, Desnos et Michaux par exemple, ils faisaient pas forcément dans le "sérieux" (je ne sais s'ils s'y prenaient), mais ce qui n'exclut pas non plus la présence d'une certaine "profondeur"... Ni d'ailleurs le "sérieux" d'une douce ironie ou d'un cinglant cynisme.

Enfin, c'que j'en dis.

Il faudrait vérifier dans la bio de Michaux pour voir s'il s'y prenait...mais moi je le soupçonne d'être un poète d'une grande humilité. Pas possible d'inventer un Plume aussi fragile et inadapté au réel et de se prendre au sérieux.