Venant droit de la mer, le vent avait forci.
Englouties par la brume et le froid sans merci,
Les lampes alignées sur le quai ténébreux
Semblaient des lunes d'or au halo vaporeux.

La main, ce piège refermé
sur ce qui continue, fragile,
de battre. Cœur inanimé
dans le mutisme de l’argile.

De ton regard cobalt la douceur est partie,
L'humanité néant tu n'auras su créer ;
Terre de tes enfants, ainsi, je fais partie,
Serait-ce à mon tour, demain, de procréer ?

Une cage dorée, suspendue dans les airs.
On la tire vers soi comme font les haleurs,
Douce forteresse dentelée de lumière,
J'y enfouis mon passé, mes élans, ma pâleur.

De la source claire au sel des marées,
d’ici et de là, je vais chahutant.
Nulle part je n’ose m’aventurer,
pliant le roseau de mon cours chantant.

Si le mât disparaît quand tu hisses la voile
Si tes pas te ramènent aux brises boréales
Si ton rhume te gêne aux jointures des coudes
Fais un tour avec moi là où tout se ressoude

Rebattre les oreilles
Au diapason du flouse
Est un leure sans pareil
Dont la raison se blouse

Ne songent à rien, les deux pieds contents,
baigneurs indolents dans l’herbe nouvelle.
Ils vont, pèlerins et impénitents,
croisent le manant, foulent la brimbelle.

Verdâtre batracien qui coasse dans l’ombre
De ma conscience sourde aux appels de la pluie,
Observe cette pensée qui soulève tes décombres
Par la simple éclosion de son regard de suie.