On dit dans la région qu’un ruisseau de lumière
S’éparpille en éclat de rires multicolores,
Que l’autre est religion et l’amitié prospère,
Que les heures, là-bas, s’égrainent en perles d’or.

Dans le sable ou la poussière
de ce monde agonisant
la sueur sourd des gisants
en inlassable gouttière.

Arbres et rochers, dites-moi :
Au nom du ciel, quelle folie
a poussé ce rapace
à défier la falaise ?

Comme un cil qui frémit à l'aube d'une larme,
Le brin d'herbe frissonne, embué par l'aiguail ;
La lumière s'éveille, en saisit le détail
Et ce rien m'éblouit, fugace et plein de charme.

Ecoute l'allegro des hymnes des oiseaux
Ne cherche plus là-bas l'origine du mal
Tiens le cercle de l'ange et ouvre le bal
Ton axe de poupée élira les roseaux

Je rêvais de palais, de faste et de noblesse,
Du charme enténébré de vieux manoirs anglais
Qu'on voit dans Point de Vue et Match, enfin la presse.
Frivole midinette alors, je m'aveuglais.

Solena a connu deux guerres et trois mariages,
Quatre-vingt-douze étés et cinq présidents.
Près d'une plante en pot son cœur a fait naufrage,
Elle joue au domino avec un résident.

Ses flèches de bras vers des cieux toujours plus hauts,
Son unique arabesque festonne le temps.
Elle s'envole sur le violon et le piano.
Violon qui souffre, elle est le vent d'autan.

Les hautes cheminées, à l'horizon blafard,
Soupirent sur les toits leur vapeur en panache
La rue aux pavés gris promène son cafard
Et la ville frémit comme un ciel qui se fâche.

Si la lune était bleue, les marées seraient roses
Et l'aube doucement viendrait héler les vagues
Sans une hésitation ou matin qui divague
Peut-être ignorons-nous l'or des métamorphoses