Moi qui jamais ne pleure un amour de jadis
ni la fraîcheur des jolies joues de la jeunesse
j’enrage un peu de n’être pas de cette espèce
qui me dispenserait d’entrer au paradis.

Lithium placebo, médocs, batteries, ogives ;
Uranium ukrainien, centrales flottantes soviètes ...
Du cobalt plus sale que l'ère radioactive,
Du vert foncé, sur nos blasons d'humaines bêtes.

Ce qu’un homme y a perçu
a suffi à le rendre fou
Si tu penses ressembler à cet homme
alors éloigne-toi de ces lieux

Les séquelles d'un monde déchiré
Ne sont rien en comparaison
Au doute et à l'immédiateté
Qui déchiquettent nos façons.

d'un rameau de nuage pend la geôle de l'ange
l'insouciance n'est plus qu'un crissement de plume
c'est la pleine lumière sur les bords de l'abîme
le cœur est un vitrail opaque en son milieu

indéfiniment le tunnel continue
aucune lumière n'en sortira indemne
aucun photon n'en réchappera
ni la moindre lueur du jour d'avant

Il balafre la nuit de sa gueule béante
puis dans le marigot de son verbe musard
fornique avec l’argot sous un ciel macassar
caressant l’arrondi d’une lune géante.

La fissure s’abîme en lèvres entrouvertes
dégorgeant, adipeuse et gluante, sa lave.
L’humain nécessiteux, l’animal que l’on gave
expectorent au vent des prières inertes.

j'effeuille les nuances de la mélancolie
les couleurs de l'instant en corolles froissées
tout autour le silence est en germination
l'aurore fouille l'ombre de ses ongles ébréchés

Il faudra un hasard pour que je t'imagine,
Toi, tes livres et ton nom en sépia d'origine.
Et si le temps est clair nous irons bavarder
Du vent, des éphémères et de nous sans tarder.