Cause de mes pépins, graine de mes nuits blanches,
Ma môme avait des goûts d’au moins mille carats.
Al Caponne exfiltré d’entre ses quatre planches
L’aurait sitôt faite bâfrer par son verrat.

Un jour l’envie me vint de pratiquer l’argot
Mais je pompais que dalle à ce langage idiot.
J’ouvrais mes quinquets, je tendais mes esgourdes,
Mais je ne pigeais pas, j’avais l’air d’une gourde !

Embellie!

Tinquiète, je te mettrai au parfum, tu verras, c'est fastoche!
C'est Pierrot qui m'a tout appris!

Monseigneur me voulait en poule d'apparat,
Couverte de bijoux et l'air doré sur tranche,
Histoire de montrer qu'il n'avait rien d'un rat.
Mais sa tocante en or n'est même pas étanche !

Elle entravait que pouic à mon accent romanche :
Je lui jactais l’argot de notre diaspora,
Elle causait pointu comme on fait le dimanche,
Répliquant que ma prose était du charabia.

Embellie, prends-en de la graine, le cours est gratos

J'écoute à travers gué les paroles de l'eau
qui disent de grandir et de se concentrer
sur le vacillement de l'air et du soleil,
sur le chuchotement du secret de mon âme.

Moi j'en pince pourtant, je veux pas qu'on débranche
Il me jette, il me garde, ah oui mais quel fatras !
Il ne m'a jamais dit « si tu pars je calanche ! » 
Je compte moins pour lui que ses deux angoras.

Forêt inouïe de trésors recelés
Et qui, de loin en loin, déleste ma torpeur,
Et de ma solitude fais un puits assèché,
J'ai dans tes rus courants remouillé mon cœur.

(Remouillé en quatre syllabes, je suppose incorrect. Idem pour inouïe)

Citation :

Mais elle a fait son trou dans un truc qui la branche :
Goualer au théâtre en robe d’apparat.
« Attends », qu’elle me dit, « je m’éclate la panche ! »
Pauvrette, elle a sifflé deux fiasques d’hypocras...

Jamais devant Créon Antigone ne flanche ;
J'ai joué les cabots sans aucun embarras.
Mais Pierrot en sortant m'a prise par l'éclanche,
M'a caressé le pif ; j'ai perdu l'odorat !