Mon colocataire se plie régulièrement à un exercice d'écriture assez amusant. On lui impose un sujet et un style, et lui s’exécute dans un bref paragraphe. Je l'avais mis au défi de m'expliquer les "montants compensatoires monétaires" dans un style romantique flamboyant. Je n'ai pas retrouvé le texte qu'il m'avait rendu, alors j'en ai écrit un autre, pour l'exemple :

Au cœur du tumulte s'éleva, tel un éclair jailli du sol et figé là, par le regard, par l'envie des Nations, l'autel clair et pur de l’Équité Commerciale. Et tous devant lui furent frappés d'une même révélation, celle d'un marché divin, éblouissant Éden perdu dont les portes d'or allaient, pour eux, promettant la fin des siècles, s'entrouvrir à nouveau.
Alors, la foule écumante fut saisie d'un calme soudain, comme s'accordaient enfin les vents les plus contraires, et transcendée dans l'idéal d'une ascèse inédite : les forts supportant les faibles, les stables les volatiles, afin que tous, à l'heure où résonnerait de par le monde le timbre de la première trompette, puissent en bon ordre s'unir en une brillante procession, puis, le cœur en liesse, défiler, appelés et choisis, sous le chas de l'Aiguille comme sur la nouvelle terre d'Europe.

Si ça amuse quelqu'un de prendre la suite, voici ma consigne :
La surdité de Beethoven / Nouveau Roman

Bon courage !

ça m'intéresse, pouvez-vous m'expliquer ce qu'est le "nouveau roman"? merci

Wikipédia le fera certainement mieux que moi : https://fr.wikipedia.org/wiki/Nouveau_roman

bon...j'y vais sur Wilky, je trouvais sympa d'avoir votre idée du produit..je m'y colle;)

En gros il s'agit d'être purement factuelle, d'ignorer toute forme de psychologie et d'avoir une obsession un peu maniaque pour les détails les plus insignifiants.

eh bien voilà! Je vais tenter de faire de la surdité de Beethoven quelque chose de totalement étranger à toute forme de psychologie, ce n'est pas gagné..a plus tard;)

Absence. Absence de bruit. L'oreille interne avec son limaçon sans coquille.
L.V.B. note cette absence. Il a de grands pavillons pourtant.
Penché sur sa partition, il s'acharne à faire chanter des notes muettes qui dessinent sur sa feuille un avenir orageux. Un grain de sable – ou est-ce une chiure de mouche?- ajoute une queue à la ronde qu'il vient de poser sur la troisième ligne de violon.
Il a de bons yeux. Levant son grand front, il regarde par la fenêtre s'envoler un trille qui choit sur le sol poudreux. Il fait chaud. Il boit un verre de lait, puis repris par les notes, agite les mains afin d'augmenter le volume des cuivres qu'il n'entend qu'à l'intérieur d'une abstraction.

Pas sûre que ce soit vraiment nouveau roman... mais j'ai essayé !
Un chouette jeu ! Et bravo pour le romantisme des montants compensatoires, ça les rendrait tout à fait sympathiques, les bougres !

Bien joué ! A toi de choisir un nouveau sujet et un nouveau style.