L’étage 114 est toujours bon à prendre par renvoi d’ascenseur.
On y a son rond de serviette supplié en courtepointe et ses habitudes sous le tapis.
La négligence est de mise et le sans-gêne encouragé par quelques doigts sur la couture et autre garde-à-vous de fourches caudines filtrant les arrivées aux portes dérobées, comme à celle ouvertes à tous les abus.
Les porte-à-faux prêtant à confusion, il est préférable de s’introduire par le judas plutôt que de scruter l’œilleton à la loupe.
Des études encore en coursives permettront à l’avenir de nous tendre les bras par le truchement de nouveaux entresols.
Les chercheurs s’y emploient en bullshit jobs de grande utilité pour l’étagement des connaissances qui se saluent d’une tape sur l’épaule autrement pertinente.

Étage 115


L’Étage 115 est un espace-temps de 55 millions de km3, constitué essentiellement de terre et de terreau.
L’Étage 115 est parcouru en permanence par des vers géants nettoyeurs. Ceux-ci peuvent communiquer entre eux par télépathie.
L’Étage 115 est praticable pour tout explorateur et toute exploratrice empruntant les différents tunnels creusés par la Méta-Foreuse.

Extrait du témoignage de l’ancienne gérante des tunnels :
… […] … J’ai travaillé ainsi, dans les ténèbres de ces tunnels, dans la terre et le terreau.
Vous savez, avant d’être à cet étage, j’étais au 114. Je ne l’ai pas très bien vécu. En fait, je souffrais à cause d’une dépression,
le genre de dépression qui vous fait avoir des idées suicidaires. Avant de quitter le 114, j’y ai fait quelques feux de camp. J’ai récupéré la cendre
pour l’ajouter au terreau. Lors de ma première semaine ici, le cinquième jour je crois, j’ai entendu cette voix dans ma tête. Une voix étrange, inhumaine,
celle de l’un de ces vers géants nettoyeurs. La voix cherchait à me rassurer. Elle m’a souhaité la bienvenue. Elle a réveillé quelques vieux souvenirs enfouis,
des souvenirs positifs, comme pour me rappeler qu’il y avait toujours eu de quoi garder espoir.
Travailler dans ces tunnels m’a permis de retrouver ma joie de vivre. Je sais que l’on peut trouver ça paradoxal, de reprendre goût à l’existence dans ces
ténèbres souterraines. Mais voilà, c’est comme ça que ça s’est passé pour moi. À tous les explorateurs et à toutes les exploratrices des Étages, je pourrais
recommander de faire un passage en ces lieux. Parce que oui, parfois, prendre le temps d’arpenter des tunnels obscurs en s’éclairant à la lanterne, ça peut
permettre de se retrouver soi-même, et notamment s’il y a des vers géants télépathes et bienveillants dans les parages.
Je souhaite vraiment tout le meilleur possible à la personne qui va me remplacer en tant que gérant ou gérante. Je m’en vais passer un peu de temps
à l’Étage 116. Après, on verra. Je n’oublierai jamais ce que la terre et le terreau m’ont apporté.
Je me sens apaisée, heureuse.
Merci à vous d’avoir recueilli mon témoignage.
Je vous dis à une prochaine fois peut-être…


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Étage 116


L’Étage 116 est une forêt géante prenant racine à l’Étage 115 précédemment décrit.
Peuplée d’arbres aux dimensions fantastiques, cette forêt a fini par atteindre des hauteurs vertigineuses. Aux dires de certaines voix anonymes,
elle aurait « atteint l’espoir, celui qui pousse, qui grandit et qui permet la création d’univers, l’espoir que le vent n’a pas déçu ».
On y trouve des sols couverts de mousse et de fleurs luminescentes, des sentiers bordés de maisons-champignons et de plantes grimpantes,
certaines produisant des fruits aux douces saveurs et aux propriétés médicinales.
On y rencontre des oiseaux aux plumages irisés, des insectes aux tailles variées, des animaux d’envergure mythique, notamment
cette créature herbivore, ressemblant fortement à un immense diplodocus…

Ici la nature s’y épanouit, de tout son être, de toute sa poésie…

ÉTAGE 117

l'étage 117 , le ciel est à porté de main, on entend oxygène ( un vieille air de 1976 .)
On plane, on est bien , mais un farceur à subtilisé les coussins d'origine par des coussins pêteurs.
Fumeuses idées qui ne plaît pas aux locataires, affaire à suivre !

L’Étage 118 est un grand bassin mesurant 66 km3 rempli de pièces d’or. L’intégralité de cet or appartenait à un homme surnommé le « dégénéré ». Celui-ci se baignait en permanence dans le bassin, se roulait et se trémoussait en poussant d’improbables cris de jouissance frénétique, avant de finalement succomber d’une crise cardiaque et de sombrer dans les profondeurs de ces tonnes de pièces d’or.

L’Étage 119 est une immense pizzéria s’étendant sur 36 000 km2.
Les murs sont en briques apparentes. Tous les 150 mètres carrés environ, généralement au centre
de l’espace de restauration, se tient un four à pain pouvant cuire entre 6 et 12 pizzas en même temps.
Les pizzas sont artisanales, accompagnées de salades selon les choix des clients.

…

18h. Un jeune pizzaiolo provoque en duel le grand chef cuistot responsable du four à pain n°82.
La tension est son comble pour tout le personnel du secteur. 18h 06, un coup de feu retentit.
Le grand chef cuistot s’écroule, mortellement touché. Le jeune pizzaiolo prend la direction du four à pain.


19h 47. Un grand maître pizzaiolo affronte un vieux boulanger colérique dans un combat au sabre,
au milieu des tables et des chaises occupées par les clients, à proximité du four à pain n’200.
- Cela fait bien trop longtemps que tu négliges ton travail ! Tu as oublié qu’une bonne pâte est la base de toute pizza réussie ! Démissionne ou meurs !
- Espèce de ***** de **** je fais t’enfourner le ***** avec ma lame jusqu’au ****** ! …
À l’issue de ce combat, le boulanger est proprement décapité et aussitôt remplacé par un jeune
débutant prometteur qui, aux dires d’une majorité de clients sur place, sait faire la pâte mieux que personne.


20h 53. À six mètres du four à pain n°971, un grand maître pizzaiolo se suicide par pendaison après avoir écouté
la critique d’un client mécontent, celui-ci s’étant plaint d’une pâte trop cuite. Étant donné le flux tendu, les pizzaiolos
stagiaires ne prennent pas le temps de décrocher le corps pendu au bout d’une corde, et poursuivent leur travail durant les seize heures suivantes.


21h, le soir suivant, face au four à pain n’1804.
Un pizzaiolo et une cliente s’étant liés d’amitié chantent un hymne à la gloire de la sauce tomate faite maison et de la pâte « toujours dorée et croustillante »,
obtenant un franc succès et contribuant à une bonne ambiance générale malgré le retard accumulé dans la confection et la cuisson des pizzas.

…

[Note : Un système de commande en ligne et de livraison est disponible pour les personnes préférant déguster leur pizza à leur propre étage].

Étage 120 -
Défilé d'aurores boréales.

Étage 121 -
Défilé d'oiseaux multicolores.

Étage 122 -
Défilé d'îles autrefois interdites.

Étage 123 -
Défilé d'antilopes.

Étage 124 -
Défilé d'albatros et de baleines chantantes.
Disparition parfois des albatros.

L’Étage 125 est une crèche pour bébés souvent braillards.
Sont disponibles : des blocs de construction, des livres illustrés, des puzzles, des jeux d'imitation et des tapis de jeu.
Une attention particulière est portée à l'équilibre nutritionnel.
Est demandée dans la mesure du possible : une implication des parents dans la vie de la crèche.

L’étage 127 n’est pas fait pour les chiens, mais il apparaît qu’ils sont pléthore à ce niveau.
Ils aboient, mais cependant sans mordre, et ne cherchent qu’un os à ronger en attendant leur mal.
On fournit des jeux de quilles à ceux qui sont battus, pour leur permettre d’oublier leur chienne de vie :
Trop chauds, ils se muent en saucisses enrobées de moutarde dans un caparaçon de pain, puis ils sont engloutis aussitôt par les garnements de l’étage du dessous.
C'est pas une vie !

Étage 126 -
Étage en cours de restructuration.