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Re : Vous reprendriez bien un peu de "Désordre..." ?
Visiteur 
[Modéré. Hors-sujet.]

Contribution du : 11/03/2012 14:22
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Re : Vous reprendriez bien un peu de "Désordre..." ?
Expert Onirien
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Bonjour;

J'ai personnellement beaucoup aimé ton texte. Ne pas comprendre, ne pas percevoir de sens ne me dérange absolument pas. C'est au contraire, pour moi, quand tout s'efface pour ne laisser naître que les sensations à fleur de peau, que la poésie est à son maximum. Ça serait merveilleux que le poète puisse poser la plume sur le papier et que les mots se forment d'eux-mêmes, sans qu'aucune fonction du cerveau humain n'intervienne.

Contribution du : 12/03/2012 03:53
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Eru
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Re : Vous reprendriez bien un peu de "Désordre..." ?
Chevalier d'Oniris
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bonjour luc.

il y a des choses qui me plaisent dans ce texte et d'autre moins. d'une manière générale j'apprécie les gens qui se questionnent sur leur propre mode d'expression et qui cherchent une façon bien à eux d'articuler leur propre langage. mais je crois que cette recherche doit rester souterraine et sereine, sous peine de sombrer dans une radicalité égotiste et parfois proche de la pathologie qui desservira, au final le dévoilement de la beauté. la poésie n'est PAS une thérapie. bon. commençons par ce qui me plait dans ce texte : la deuxième strophe me parait maîtrisée et proche de la perfection :

nous incarnons les ivresses vacillantes
de notre père trois fois châtré par l’orgueil et l’absence et le vide
ainsi qu’un ciel enfin plongeant aux forces que dédouble
rapiécées désastre aveugle de la langue

le sens me semble porteur, plein > je vois dans ce passage une tentative d'exprimer la volonté de se déprendre des déterminismes biologiques, que vous considérez sous un oeil péjoratif, tout en reconstruisant sa propre psychée à l'aide de la langue. tentative peut-être, mais pas automatiquement, vouée à l'échec et au désastre. cette interprétation n'est pas psychanalytique, mais mallarméenne.

la première strophe me pose problème, notamment par la construction de la phrase qui me semble aux limite de l'agrammatisme. on ne reconnait pas très bien où sont les verbes, les substantifs, les adjectifs ... bien sûr c'est voulu, mais attaquer le texte d'entrée de jeu par une telle difficulté n'est peut-être pas la meilleure chose à faire. il me semble que peut-être le début aurait été moins abscons si vous aviez dit par exemple :

désordre [est] l’absolue où l’étroite implacable
entaille contractée de nos fissures pieuses

notez qu'après ce début on attends le verbe qui va avec entaille, alors que vous enchaînez par une autre incise : les contiguïtés tendues / rabattues au creux des reins, qui est une formulation non sans charme, mais un peu énigmatique, qui ne comble pas l'attente du verbe allant avec "entaille" ! c'est pour cela que cette strophe me paraît très alambiquée, mais j'aime quand même : l’enfant malade qui repose / pourrissant d’amertume à la porte des tempêtes, qui est très lyrique et, oui, poétique !

la troisième strophe me pose problème, notamment le fameux vers :
verges dorées des grands nègres aux premiers foutres, non que je trouve ça vulgaire, mais il y a là dedans un côté lautréamiesque qui ne va pas avec le ton plus mallarméen du reste du poème. je dirais donc : erreur de jugement votre part, mauvaise maîtrise du champ lexical à utiliser en l’occurrence. de même le court vers "ô ma tangente" me semble très bizarre et abstrait, pour tout dire incongru...

les deux derniers vers sont, quant à eux, excellents.

faut il vraiment que je vous donne un conseil ? alors cela serait d'aller vers moins de prolixité, plus de sobriété, et de respecter plus scrupuleusement la structure grammaticale usuelle, fût-elle une fiction que vous tenter de démystifier par quelque talents encore et toujours hors de votre maîtrise.

portez vous bien, cher ami, et écrivez nous encore de beaux poèmes !

tchouang
(aka denis_h / simon_orne / joseph curwan ...)

Contribution du : 08/03/2013 17:49
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Re : Vous reprendriez bien un peu de "Désordre..." ?
Expert Onirien
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Bonjour Tchouang,

D’abord, un tout grand merci pour être allé déterrer ce poème. Ensuite, un autre grand merci pour y avoir laissé un commentaire aussi fourni, intéressant et, oui, utile !

En ce qui concerne la première strophe, je note votre suggestion d’ajouter un « est » entre « désordre » et « l’absolue ». Ce n’est pas une mauvaise idée du tout. Cela permettrait en tout cas d’atténuer cette mise en bouche un peu trop brusque que vous soulignez et qui, bien qu’entièrement voulue (je n’aime pas que mon lecteur possède d’emblée tout en main pour comprendre mes textes, j’essaie bien plutôt de le plonger comme au milieu de quelque chose qui aurait déjà commencé sans lui de sorte qu’il se voit obligé de réorganiser son confort et ses habitudes afin de rattraper cet espèce de retard que je tente d’installer entre lui et le texte, d’où l’absence de majuscule au début de la plupart de mes poèmes…), est sans doute un rien trop « poussée » pour produire l’effet escompté. Notez cependant que le second vers, « entaille contractée… », constitue une incise tandis que le troisième vient poursuivre le premier. On a alors quelque chose comme « … où l’étroite implacable séquestre (entaille contractée de nos fissures pieuses) les contiguïtés tendues, rabattues… ». Je ne vois donc pas bien pourquoi vous attendiez un verbe se rapportant à entaille (s’il y en a un, ce serait alors « séquestre », dont elle serait sujet par transition, s’identifiant grosso modo à « étroite implacable »).

Voilà qui pourrait peut-être vous rendre cette première strophe un peu moins alambiquée. Mais je reconnais bien volontiers, surtout avec le recul, que j’ai particulièrement fait fort dans celle-ci, que je me suis peut-être bien trop laissé emporter par ma volonté de déstructuration de la langue. Votre référence à Mallarmé n’est en ce sens peut-être pas si éloignée de la réalité de la composition de ce texte. Même si ce n’était pas particulièrement une référence consciente chez moi à ce moment.

Dans la seconde strophe, vous avez bien vu la référence (négative) à la psychanalyse et sa figure toute puissante (religieuse même, d’où le « ciel ») du père, de l’intériorisation de ce père (d’où le ciel « plongeant ») et des nombreux déterminismes que cette oedipianisation entraîne inévitablement. Comme vous le soulignez très justement, face à cela, il y a la volonté de se reconstruire, de se refaire. Et si dans les faits cette reconstruction est nécessairement « mallarméenne » (puisqu’il s’agit d’un poème et que, pour cette raison, cela passe forcément par le langage), dans l’esprit c’est bien plus large que cela.

C’est d’ailleurs sur ce point qu’il y a bien à mon avis une continuité dans la troisième strophe, non pas dans Mallarmé mais dans la volonté de se (re)faire face au père (pris au sens psychanalytique, comme vecteur de continuité entre les générations), avec ce constat d’échec à partir de « quand les croix d’une même vierge ». En ce sens, l’inspiration serait davantage à chercher du côté de Deleuze, de son anti-oedipianisme et de sa théorie du désir (pour une référence plus littéraire, il y aurait aussi Artaud, évidemment), plutôt que du côté de Mallarmé (lequel ne serait presque qu’un cas particulier dans ce champ de pensée plus large).

J’espère que ces quelques éléments vous donneront à penser. En tout cas, encore merci pour votre commentaire (ça me fait toujours plaisir de voir un nouveau venu commenter avec autant d’assiduité que vous).

P.S. : Je ne sais pas ce qui vous a fait penser cela, mais je ne m’appelle pas Luc…


Contribution du : 09/03/2013 10:18
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Sans puissance d'expansion, sans une certaine domination sur les choses, la vie est indéfendable. Une seule chose est exaltante : le contact avec les puissances de l'esprit.
A. ARTAUD
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Re : Vous reprendriez bien un peu de "Désordre..." ?
Chevalier d'Oniris
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03/01/2013 15:19
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merci pour ces précisions. dans votre profil, on voit que vous êtes "référent centrale"... qu'est-ce que cela signifie ? pouvez-vous m'expliquer ?

Contribution du : 09/03/2013 18:55
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Re : Vous reprendriez bien un peu de "Désordre..." ?
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Le système des référents a été mis en place lorsque Perle-Hingaud est devenue "responsable centrale", afin de l'épauler pour une partie des tâches qui vont avec cette fonction. Ainsi, Marimay est référent pour tout ce qui concerne la correction tandis que je suis référent pour la partie poésie.

En gros, ça veut dire que si vous avez des questions, réclamations, suggestions ou autres concernant la sélection des poèmes, vous pouvez me contacter. C'est aussi moi (avec d'autres, bien entendu) qui m'occupe du recrutement et de la formation des nouveaux membres du CE en poésie (jusqu'à présent ma fonction principale), qui veille au bon fonctionnement de la sélection et de tout ce qui pourrait toucher à cet aspect de la centrale. Disons que c'est à la fois une fonction interne et une fonction relais : entre les auteurs et le CE d'une part, entre le CE et les orgas d'autre part.

Contribution du : 09/03/2013 19:43
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A. ARTAUD
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Re : Vous reprendriez bien un peu de "Désordre..." ?
Visiteur 
Monsieur le référent centrale, adjoint de l'ex-responsable centrale, nouvelle référente de la correction, nouveau référent de la partie poésie, chargé du recrutement et de la formation des nouveaux membres du CE en poésie, chargé du bon fonctionnement de la sélection, chargé de jenesaispastropquoi de la centrale...

Je ne sais plus trop quoi vous dire devant tant de fonctions... sinon que j'ai envie de ma taire devant la puissance de votre esprit !

Contribution du : 12/03/2013 10:53
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