Bonjour.
J'ai publié dernièrement un roman : Monette ou la femme effacée.
Pour le moment il est publié d'une part chez Joseph Ouaknine et par Amazon. Mais tout cela fait bien peu de lecteurs.
Voici un article de la revue Encres vagabondes.

Encres Vagabondes : Christiane CITTI, Monette ou La femme effacée

Claude Monet est mondialement connu mais Camille Doncieux l’est beaucoup moins alors qu’elle a joué un rôle essentiel dans le parcours créatif de Monet. En effet, elle était son modèle et l’est restée toute sa vie jusqu’à son lit de mort.

Première épouse de Claude Monet, Camille est restée auprès de lui malgré ce qu’elle a enduré. En effet, nous découvrons un Claude Monet obnubilé par son œuvre, ce qui est souvent et logiquement la caractéristique des artistes, au détriment de sa vie familiale. Il pouvait laisser Camille greloter dans la neige pour terminer le tableau qu’il faisait d’elle et qu’il avait dans la tête, il pouvait la laisser seule au moment d’accoucher, seule pour gérer le quotidien dont les multiples dettes du couple. Même si parfois, Claude Monet vendait des toiles à bon prix, il dépensait beaucoup et les rentrées d’argent n’étaient pas régulières. Camille a soutenu et encouragé son mari dans les moments de doute. « Mais si les gens ne te comprennent pas c'est qu'ils ne sont pas habitués à regarder ce que tu leur montres, ils restent coincés, ils ne se laissent pas aller à ressentir. C'est ça l'impressionnisme, pour moi ! Tu suggères : à nous de voir avec nos yeux, avec nos émotions. Le monde est fait comme ça, le ciel aussi, il suggère et chacun de nous le voit différemment, c'est la vie que tu nous offres, une multitude d'instants vivants. »
Camille se consacrait entièrement à lui et s’est oubliée en refoulant tous ses désirs de liberté et d’indépendance. Elle ne s’autorisait rien car elle aimait Claude Monet. Elle était persuadée qu’il était un grand peintre et serait reconnu un jour à sa juste valeur. La naissance de leur premier fils et le temps qu’elle lui consacra lui a permis de supporter bien des déceptions et des souffrances mais à quel prix. Elle ne se sentait pas exister. « Monette. Le mot, tendre et intime, lui était venu une nuit dans un baiser. Mais dès qu'il avait commencé à parler d'elle à ses amis en disant "la Monette", elle avait compris que loin d'une douceur d'amoureux, c'était pour lui la façon la plus évidente de la désigner. Camille Doncieux avait disparu, "Madame Monet" ne servait qu'à faciliter la vie sociale, mais dans le milieu des artistes, pour ses amis, elle était "La Monette" "La petite à Monet", une de ces "filles à peintres" dont sa mère lui avait fait entrevoir la honte. »
Camille écrit ce qu’elle ressent dans un cahier qu’elle cache soigneusement. Cela la libère.
Elle rencontre de nombreux peintres Courbet, Bazille, Renoir, Boudin, Pissaro… Elle affine son regard sur des approches picturales qui ont des proximités, des particularités, des différences avec celles de Monet.

La guerre de 1870 les poussera à l’exil ce que Camille vivra difficilement.
Après Londres et la Hollande, ils reviendront en France à Argenteuil. Un groupe d’artistes peintres réussit à organiser l’Exposition de la « Société anonyme coopérative des artistes » qui marquera le début de l’impressionnisme. Mais vivre de son art n’est jamais simple.

Toute l’ambiguïté de Camille est bien montrée. Elle est toujours partagée entre un soutien inconditionnel à l’homme qu’elle aime et à l’artiste qu’elle admire ou qu’elle déteste selon les moments et les souffrances quotidiennes qu’elle supporte.

Ce roman met en lumière Camille Monet, dont le rôle est invisible aux yeux des admirateurs actuels de Monet, et montre bien son rôle essentiel dans la construction de l’œuvre d’un grand peintre. Claude Monet apparaît avec la complexité de sa personnalité pas toujours facile à supporter au quotidien. C’est un très bel hommage à Camille Monet, porté par une écriture fluide et efficace.

Brigitte Aubonnet
(11/04/22)

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