Une info qui concernera tous les oniriens intéressés par les thèmes écologiques, et le drame de l’extrême pauvreté des peuples africains affamés, dont l’avenir est au centre de nombreuses préoccupations. Parmi lesquelles celle de l’immigration, qui n’en est qu’un des volets.

Em marge de la COP27, ARTE va diffuser le jeudi 17 novembre à 00 h 15 ( !!!), mais aussi en replay, le film documentaire « The Forest Maker »(87mn) réalisé par le cinéaste Volker SCHLÖNDORFF (Le tambour, l’honneur perdu de Katharina Blum…). Il est consacré à l’œuvre de Tony RINAUDO, agronome australien, prix Nobel alternatif en 2018.

J’ai eu la chance d’avoir une invitation pour la projection en avant-première de ce film, en octobre dernier, dans un grand cinéma parisien. En présence de l’auteur et du héros du film, qui ont participé à un débat public après la projection. Je possède une copie de ce film.

La déforestation africaine est souvent attribuée dans les esprits européens au réchauffement climatique générant la progression du désert.

Or c’est l’homme l’artisan majeur de la catastrophe :
- Par ses abattages irraisonnés pour vendre le bois, ou fabriquer du charbon ( destiné aux barbecues des émirats). Et cela pour quelques sous, hélas souvent indispensables.
- Par les coupes considérables destinées à organiser une agriculture intensive en libérant de grands espaces pour en faire des champs et des pâtures ; Échec total : la chaleur, la sécheresse, les vents, le choix des cultures… ont réduit à néant ces techniques productives venues du Nord, et inadaptées à l’Afrique.

Devant l’impérieuse nécessité du reboisement, l’union africaine appuyée par l’ONU et la Banque mondiale (…nécessité planétaire), a créé le concept de la « grande muraille verte » , bande reboisable de 15 km de large, de 7000 km de long , de Dakar à Djibouti. Opération hyper-médiatisée dans le monde entier : Résultat 45000 Ha plantés sur cent millions annoncés. 4% des plantations ont poussé. Pourquoi : terre pauvre en surface, sécheresse, vent… La Banque mondiale aura investi 120 Millions de $ dont beaucoup… se sont évanouis avant d’arriver.

Au Niger, Tony fait une découverte : une pousse d’arbre qui surgit du sol, au beau milieu d’un terrain glabre et aride. D’où vient-elle ? En réalité, dans le sol, subsistent, parfois très profondément, de l’eau, des sels minéraux, des nutriments et des racines. Ce que Tony appellera la « forêt souterraine ». Il suffit de régulièrement tailler ces pousses pour en accélérer la croissance, sans rien leur apporter puisqu’elles sont ancrées profondément dans un milieu nourricier suffisant.

C’est ce qu’on nommera la Régénération Naturelle Assistée (RNA), centre d’intérêt du film. En trois ans, l’arbre atteint 2 m. Son ombrage favorise d’autres rejets. Et des ilots, puis des zones forestières voient le jour. En dessous, au frais, à l’abri du vent et du soleil, l’homme peut cultiver une terre très productive. Ce qui vient de l’arbre, ses élagages,ses feuilles, régénère le sol et retient l’eau, sans autre apport. Le cycle naturel se recrée :broussailles, plantes sauvages, insectes, oiseaux.

L’agroforesterie est en marche. La chaîne de la vie redémarre.
Rien qu’au Niger, la méthode de Tony, en 15 ans, aura boisé 5 Millions d’ Ha, soit 200 Millions d’arbres. Pour la barrière verte, le coût du reboisement (souvent en échec), était de 6 000 $ l’ Ha. Avec la RNA : 2 $ l’Ha (juste les coûts des serpes et faucilles). Par contre, des fondations et des associations internationales collectent des fonds pour assurer la subsistance des populations durant les 5 ans de travail improductifs précédant la maturité des arbres.

Les images sont bien plus parlantes que mes propos. IL FAUT VOIR CE FILM, dont les images sont cent fois plus convaincantes.

D’autres thèmes y sont abordés :
- La solitude des femmes, dont les hommes sont partis végéter dans les grandes villes, ou rejoindre les marteaux-piqueurs et les bennes à ordure des eldorados.
- « Le piège de la pauvreté », qui pousse ceux qui veulent survivre à des pratiques néfastes pour tous , dans des pays sans gouvernance.
- Les débuts d’organisation pour stopper les départs de feu de brousse.
- La dure condition des femmes, omniprésentes, chez elles comme dans les cultures, qui n’ont que depuis peu l’accès à l’école (filmée avec l’exemple d’une femme admirable et émouvante).
- Très important : « l’Éloge des mils et sorghos » qui reprend les travaux et le documentaire de Robert Ali Brac de la Perrière (2017). Documentaire d’un expert qui milite depuis longtemps pour le retour aux cultures ancestrales, et notamment celles des céréales scientifiquement les plus adaptées et les plus rentables dans ces zones.
- Le CO2. Des zones après RNA sont complètement clôturées, laissant la nature s’épanouir, protégée des hommes et du bétail. Les arbres sont recensés, leur biomasse calculée, et conformément au protocole de Kyôto, les locaux se voient attribuer des certificats générateurs de versement de la Banque mondiale. En outre, dans ces zones, on voit renaitre des sources taries depuis des dizaines d’années.
- Et d’autres thèmes (aspirations modernistes de la jeunesse, désaffection pour les métiers ruraux, etc..

L’écologie et les impératifs qu’elle met au jour, commencent à vraiment convaincre, malgré parfois les maladresses de ses thuriféraires contreproductifs. L’accélération des phénomènes climatiques traumatisants inquiète. Les résistances des inconscients, des irresponsables et des négationnistes, qui freinent les actions, conduisent au pessimisme. Alors ce film est une bouffée d’air pur, une source d’espoir majeure. Il faut voir ce document.

Un dernier mot, à propos de Tony Rinaudo. Ce type au sourire permanent dégage une aura et un charisme empreints d’une bienveillance chaleureuse . Sa vie, entièrement consacrée à sa mission bienfaitrice, est une œuvre. En constatant l’adulation des peuples africains, ou en l’ayant éprouvé de visu, on ne peut qu’être troublé par la dimension de cet homme hors du commun.

Si j’osais, je dirais qu’il émane de lui comme une odeur de sainteté.


-

Merci beaucoup, Mokhtar !
Vieil écologiste (j'ai 73 ans), je milite depuis les années 70 (ce qu'il se passe actuellement chez les Verts me désole...).

Je serai devant mon écran le 17 novembre sur Arte.

Merci, beaucoup Mokhtar, je ne manquerai pas non plus ce documentaire.

Merci Mokhtar pour la transmission de ces infos qui doivent être relayées, et pour ce beau résumé qui en dit déjà long.

Parallèlement, on peut aussi relire "L'homme qui plantait des arbres" de Jean Giono.
Merci Mokhtar pour cette information de reportage.

Merci Hersen, pour ce rappel opportun de la nouvelle de Giono.

Je n'ai pas réussi à transmettre l'URL ici, mais on trouvera sur Youtube ce conte (l'homme qui plantait les arbres) dit par Noiret, avec un très beau film d'animation canadien.(30mn)

La similitude avec l'action de Tony Rinaudo est totale. C'est frappant.

Et bien loin, dans l'esprit, des ravages des stakhanovistes planteurs d'oliviers en Andalousie.

Super info. Merci beaucoup.

Je remonte ce fil pour la dernière fois puisque le film que je conseille aux oniriens est diffusé cette nuit sur ARTE, à 0h15. Il sera disponible en replay.
Merci à Damy, Vincente, Fanny,Hersen et Corto pour l'intérêt qu'ils ont manifesté pour cette annonce.

Ci dessous le lien pour la très belle Nouvelle de Giono conseillée par Hersen. Elle est lue par PH Noiret avec une superbe animation graphique (30mn)

https://youtu.be/n5RmEWp-Lsk

Moktar #6

Oui, bien bien loin de ces cultures intensives du néant.

Merci Hersen de nous avoir remis en mémoire cette fable écologique dont je ne connaissant pas le joli film d'animation qu'elle a inspiré et qui est effectivement très en lien avec le sujet évoqué par Mokthar.

L'Afrique, le continent émergeant, souhaitons lui le meilleur et beaucoup d'acteurs aussi bienveillants et engagés que tous ceux qui ont participé à ce film d'un côté ou de l'autre de la caméra.

Merci Mokhtar de nous avoir proposé de regarder ce beau documentaire et d'en avoir fait une présentation exhaustive et enthousiaste qui aurait sûrement touché Toni Rinaudo.