J'aurais besoin d'un petit coup de main (ou de clavier...). J'anime actuellement un atelier d'écriture et je manque de support sur un exercice : faire parler un objet sans le nommer (à la fin, on doit deviner ce que c'est...) pour travailler les points de vue narratifs.
Il me faudrait un texte court (à lire en 3/5' maxi) de ce genre :

« Je ne l’ai jamais quittée depuis le jour où elle m’a choisie dans cette vitrine. Je l’entends encore s’exclamer : « oui, c’est celle-là que je veux ! » Un vrai coup de cœur. Je correspondais en tous points à ce qu’elle recherchait. Il faut dire que mon design est plutôt original. Mais ce n’était pas le seul critère. Plusieurs détails lui ont paru essentiels : la matière, la précision de mon mécanisme, mon étanchéité. C’est d’ailleurs pour cette dernière qualité que je suis toujours placée au même endroit. J’accompagne ainsi tous ses faits et gestes, tous ses déplacements : dans la cuisine, sous la douche, au lit, sur le canapé, dans la rue, dans la voiture, à son travail. Aucun endroit ne m’est interdit et je sens pulser ses artères à un rythme qui s’accorde parfois au mien. Je sens aussi, quelquefois, son regard inquiet ou pressé, sa main qui caresse ma protection transparente. Impassible, je me meus à la même vitesse. Et pourtant, j’entends parfois dire le contraire. Pas à moi bien entendu… Depuis le temps que nous sommes liées l’une à l’autre j’ai appris à reconnaître ses pensées les plus secrètes : à l’affût des plus infimes changements dans sa respiration, sa voix, sa posture, je sais qu’elle risque de se mettre en colère après moi. Pas moi en tant qu’objet, mais plutôt pour ce que je représente. Je sens bien qu’elle aimerait de temps en temps me faire tourner à l’envers, à rebrousse-temps. Mais je résiste et avance toujours dans la même direction. » (texte de bibi...)

Connaissez-vous un texte (court ou extrait) qui aborde ce type de point de vue (en littérature éditée papier ou ici) ? Ou en avez-vous un dans vos fonds de tiroir que je pourrais lire en exemple au début de l'atelier ? ou pouvez-vous m'en écrire un ? (que je puisse lire autre chose que ma prose, qui soit assez différent).

Merci !

Heu…
Un truc comme ça par exemple?

Oui, je l'admets, j'ai des états d'âme (ça y est, je vais encore passer pour une chevelue gauchiste! ). Je n'aime pas cogner, pourtant c'est mon métier, que dis-je, ma fonction même, ma raison de vivre, je suis faite pour ça… Mais bon, rendons nous à l'évidence, ma rigidité de structure, ma matière, ce mou suffisamment dur, ce satiné noir, ma forme qui en impose, mon look étudié… Je ne suis bonne qu'à ça.
Et puis Lui, le grand benêt là, il ne me quitte ja-mais! Sa main, toujours sa main… C'en est pesant, aucune liberté d'action; de la jalousie, vous croyez?
Il s'appelle Maurice et dans le peloton ses collègues l'appellent MauMau (oui, ils ont de l'imagination!). Il a une façon de poser sa main sur ma partie basse… Brrr!
Hop! Hop! Hop! Plus le temps de rêvasser, on saute du fourgon, des faucheurs d'OGM paraît-il… Je vais faire tout mon possible pour malencontreusement le perdre dans les maïs! Je m'en vais lui fausser compagnie, quitte à tomber dans de mauvaises mains et faire pilon dans une cuisine d'écologiste… Pas mal comme réinsertion? Non?
"Monsieur le président, je m'en vais déserter." !

Pas mal. Je suppose que c'est une matraque. Légèrement tendancieux, non ?

J'aime bien le style et l'humour, en tout cas. Ceci dit, j'ai oublié de dire un truc : cet exercice viendra après un inventaire des objets quotidiens. Je suppose que la matraque ne fait pas partie de ta panoplie habituelle ?

L'idée, c'est de donner du mystère à un objet de tous les jours en le faisant parler, de modifier la perception qu'on peut en avoir... Je préférerais un objet simple si c'était possible.

Le public auquel je m'adresse est composé d'ado (15/16 ans). C'est pas que la matraque risque de les perturber, mais je préférerais ne pas trop les orienter dans cette direction.

Merci en tout cas, Raoul. Personnellement, j'adore ce genre d'exercice.

Dans le genre littérature de haut vol, il y a les publicités pour le recyclage sur France Inter ("laissez ces jeunes livreurs m'emporter... Peut-être qu'ils m'allumeront pour une dernière séance...xrvzzzzzcrrrzz).

C'est vrai. Je l'ai encore entendue ce matin. Il me faudrait le texte. Et là, c'est pas gagné. Je ne sais même pas si c'est retranscrit quelque part.

il faut alors l'enregistrer avec un dictaphone...

Au fait, tu veux que je t'écrive l'histoire d'une chaise à bar amoureuse du postérieur qui est posé sur elle ? Si ça peut t'aider, je veux bien essayer...

Tu as l’oreille collée contre mon cœur et moi j’insuffle d’autres rêves dans tes yeux. Sans moi tu vois le monde en noir et blanc, ensemble on marche sur des pétales de toutes les couleurs. Dans ces pays où je te fais voyager, tu vas de découvertes en découvertes. Ton pas se fait léger, je t’entraîne et tu swingues.

Tu butines mes plages, j’unis ton humeur à mes mots, me plie à tes caprices, souffle sur tes spleens des rythmes qui te donnent envie de croire que tout est possible.
J’ai les pleins pouvoirs.
Quand tu me frôles, je peux te faire rire ou pleurer ; tu m’écoutes et ton âme s’envole. Je t'hypnose et t’aide à oublier que le chemin vers tes désirs est long, tellement long…

A mi-voix ou à pleins poumons, j’impulse et t’emmène où tu veux, quand tu veux, de jour comme de nuit. Je te réveille, te suis dans la salle de bains, tu me poses à côté de toi ou m’enfouis dans ta poche. Le cordon ombilical qui nous relie donne à ton café des saveurs d’avenir et le gris qui plombe tes rêves inachevés s’éclaircit, devient plus flou… avec moi, le temps n’a plus d’importance et le tram qui nous emmène prend des allures de chenille sur le point de devenir papillon.

J’aime quand ta tête ballote de droite à gauche, j’aime quand ton pied marque ma mesure. J’aime entendre le stylo cliqueter sur tes dents ou danser sur ta disserte… Allume-moi : je suis ton oxygène.

C'est chouette ! Ça, c'est un objet de d'jeuns d'aujourd'hui... J'aime bien le lien qui est fait entre l'objet et le propriétaire. Merci !

Je vais avoir plein de matériel pour bosser. Ceci dit, faire cet exercice ici peut être sympa... voire inspirer un texte plus long à envoyer.

Citation :

Oh oui ! oh lui !!!! Rien que l'idée me réjouit...

Vendu ! Tu as besoin de ça quand ? Je peux essayer ce soir ou demain...