Parcourir ce sujet :
1 Utilisateur(s) anonymes
Lipogrammes |
||
---|---|---|
Visiteur
|
Georges Perec écrivit La Disparition sans utiliser la lettre (e) et Les Revenentes dans lequel c'est la seule voyelle utilisée..
Ce sont des lipogrammes. Je propose dans cet exercice d'écrire des lipogrammes en prose ou en vers sans (e) ou avec cette seule voyelle, au choix é, è, ê sont considérés comme des (e) donc à éviter dans le premier cas et autorisés dans le second
Contribution du : 11/04/2014 11:22
|
|
Transférer |
Re : Lipogrammes |
||
---|---|---|
Visiteur
|
Un vieux texte adouci pour être admis tout public. S'il ne l'est toujours pas, n'hésitez pas à modérer.
Porno gay navrant à Porto Crois-tu ? Ça fait mal, la chair bout d’amour fou ! Mais voilà : il a fui. Loin. Il voulait l’horizon, pas moins. Il t’a soumis à sa loi – un ruffian ! Pourquoi cours-tu ainsi, fais-tu rond sur rond vain, criaillant sur quoi ? À Porto, il y a un port… tu aurais dû savoir. Quand ton amour avait l’air hors action, tu jouais l’amant goulu. Bof, disait-il plus ou moins. Tu maudissais sa distraction sans y voir clair. Il y allait, au port, oui, disait n’importawak à son compagnon pour pouvoir roussir au chaud, sur un quai noir – goudron mollasson – où un bon ami lui parlait lointains îlots alanguis, garçons accorts, air fragrant : coprah, musc, cacao, nuoc-mâm, tout un bataclan qu’on lui moulinait ! Il buvait, aussi, dans un mauvais bistrot, du mauvais vin. La maison où tu cuisinais (mal) son plat favori lui paraissait non plus l’abri du marin, mais sa prison. Il qualifiait taudis un ravissant nid ! « L’humain ? disait-il avant, dans la datcha. Tuyaux, trous, sans plus ! » Un grognon, quoi, un abrupt. Tu l’aimais, arrogant, rudoyant, brutal parfois. Un vrai dur, viril, soudard, dragon sous Louis XIV ! Il puait à l’occasion ; tu suppliais, frissonnant sous la titillation, qu’il lavât un minimum son poil animal… Il crachait sur toi un juron flamboyant. Tout s’abîmait. Pourquoi ? implorais-tu. Nous nous aimons, ça suffit, non ? Non. Il fallait plus, toujours plus. Vibrations, palpitations, pics charnus, vits viandus, trous noirs… Qui, quoi pouvait assouvir sa soif ? Whisky, vodka, curaçao, gin, kahlua ? La chair, sans fin la chair. Alors tu lui fourguas Porto ; un nom d’alcool paraissait sympa, sur l’instant. Dans un port, supposais-tu, l’agitation aux quais pourrait au moins amortir l’inconfort du marin qui languit sans son pont tanguant. Un train passait (par hasard, ris-tu, taquin), il vous transporta à Porto sur un rail sympa. Là-bas il faisait chaud, mais pas tant ; un brouillard s’attardait. Archi ronchonna (mauvais, ça) : son cubitus lançait – ou son radius – un tibia, aussi. L’installation, comptais-tu, saurait mollir ton compagnon, ton amour grognon. « Bof ! dit-il, posant au sol du salon blanc son grand sac marin (!), un taudis, voilà tout… À la datcha, au moins, on n’a aucun parpaing ! » Snob ! suffoquas-tu dans ton for. L’indignation t’assommait. Tu mitonnas un nid d’amour. Mais, maladroit, tu gâchais toujours. Cousant, cuisinant, briquant, suant… on n’avait jamais fini, dans la maison. Tout produit à ton contact s’affadissait, virait pataud, sans goût. Bouilli, rôti, moulu, cuit au four, au wok ou au torchon, dans un plat ou un bol… aucun corgnolon n’avait satisfaction. « Mon loufiat, il travaillait ! criait Archi sur un umu – goulash – jambon ou saucisson maison – bounia – saumon – haggis – coq au vin, canard au sang – foutu. Ton cul vaut moins. Oh là là ! tu connais trois positions, aucun plat. Tu pourris tout, connaud ! » Pourtant, parfois, la nuit calmait vos conflits. Adouci, il attrapait ton corps, y touchait toujours plus profond… Tu y croyais, oui, tu y croyais ! Mais, au clair du jour, disparaissait ton illusion ; tu tombais sur un brimborion qui l’annihilait. Il partit un matin sur un rafiot à la con, sac au dos, saisi par l’insatisfaction du marin. Avachi, tu sanglotas. Tu voudrais savoir où il allait – où il va –, pour y bondir d’un saut colossal, inouï. Qu’il soit abasourdi, tombant partout, toujours, sur ton corps fin, ton poil roux, ton cou frais qui lui plaisait tant ! Mais tu languis, cogitant sur où va Archi, la circonvolution fumant sous l’os frontal : Rio, Acapulco, Shanghaï, Zanzibar… Darwin… doutant soudain, tu saisis un dico. Ouf ! Un port, un port… cinq ports, tu as bon. Dans tout port un marin, dans tout marin un porc.
Contribution du : 11/04/2014 12:30
|
|
Transférer |
Re : Lipogrammes |
||
---|---|---|
Visiteur
|
Merci Socque, pour ce texte fort réjouissant qui permet de démarrer cet exo sur les chapeaux de roue.
Autre exemple, Le sonnet des voyelles façon Rimbaud mais sans a, ni i, ni o ni u E-vert, e-pêche, e-blême, e-pers, e-crème... E, belle et véhémente lettre, E, lettre des secrets. E-vert des ménestrels, des frênes, des venelles, des vergers encerclés, des tecks et des guérets. E-pêche des péchés, des tendresses rebelles, des lèvres, des revers, des éternels regrets. E-blême des échecs, des névés et des grêles, des bébés énervés, des pestes, des décrets. E-pers des mers d’été, des grèves, des trempettes, des pétrels effrénés, des nefs et des tempêtes. E-crème des desserts et de l’entremets grec. E, lettre des effets et de l’effervescence, des thrènes, des tercets, lettre de l’excellence, je rêve de percer le secret de Pérec.
Contribution du : 11/04/2014 14:15
|
|
Transférer |
Re : Lipogrammes |
||
---|---|---|
Maître Onirien
Inscrit:
17/04/2013 18:11 De Monts du Jura -
Groupe :
Évaluateurs Auteurs Groupe de Lecture Membres Oniris Post(s):
46925
|
J'ai bien un lipogramme à proposer mais je crains de contrevenir à la règle onirienne qui interdit de poster un texte en vers sans passer par la sélection.
Contribution du : 11/04/2014 16:45
|
|
_________________
Vivre au paradis, quel enfer ! |
||
Transférer |
Re : Lipogrammes |
||
---|---|---|
Visiteur
|
Chapeau, tizef ! Beaucoup de classe dans ces vers en "e", je trouve.
Robot, je pense que ce genre de publication est autorisé pour les exercices, puisque précisément on est invité à y proposer des textes. Il y a eu voici quelques mois un exercice de "bouts-rimés" très populaire... Ce qui n'est pas permis, c'est de profiter d'un commentaire ou d'une discussion pour publier alors que tel n'est pas l'objet du "fil".
Contribution du : 11/04/2014 16:54
|
|
Transférer |
Re : Lipogrammes |
||
---|---|---|
Visiteur
|
Robot, en prose ou en vers, ce n'est qu'un exercice pour se muscler les neurones
Contribution du : 11/04/2014 16:56
|
|
Transférer |
Re : Lipogrammes |
||
---|---|---|
Maître Onirien
Inscrit:
17/04/2013 18:11 De Monts du Jura -
Groupe :
Évaluateurs Auteurs Groupe de Lecture Membres Oniris Post(s):
46925
|
Je me rends à vos avis, on verra bien si la modération passe.
Voilà donc ma proposition. Sans façon, au jardin Ou tout au bord d’un ru, Oh mon Troubadour roi J’aimais ta voix. Pourvu d’un foulard gris D’un pantalon sali Quand naissait mars puis jusqu’à juin Tu allais chantant au clair matin. Laborantin actif Tu rimais ton travail. Sans faillir, mais jamais par hasard, Aux mots ton imagination donnait l’aval d’un vol si pur.
Contribution du : 11/04/2014 17:02
|
|
Transférer |
Re : Lipogrammes |
||
---|---|---|
Visiteur
|
Sympa !
Contribution du : 11/04/2014 17:04
|
|
Transférer |
Re : Lipogrammes |
||
---|---|---|
Maître Onirien
Inscrit:
17/04/2013 18:11 De Monts du Jura -
Groupe :
Évaluateurs Auteurs Groupe de Lecture Membres Oniris Post(s):
46925
|
Tizef, c'est une performance car pour avoir essayé, je crois qu'il est plus difficile de rédiger seulement avec des "e". Au moins dans l'autre cas il reste 5 voyelles.
Quant au lipo de Socque, il m' a fait passer un bon moment.
Contribution du : 11/04/2014 17:11
|
|
_________________
Vivre au paradis, quel enfer ! |
||
Transférer |
Re : Lipogrammes |
||
---|---|---|
Visiteur
|
Performance, c'est exagéré, mais c'est quand même du boulot.
Pour ceux qui l'auraient oublié, voici le sonnet de Rimbaud qui m'a servi de guide Citation :
Contribution du : 13/04/2014 07:17
|
|
Transférer |