Proposition d’exercice s’adressant à tous, nouvellistes et poètes.

Le concept, pas nouveau, que j’ai croisé sur le net et qui m’a plu :
Un onirien choisit 10 mots (au hasard ou sciemment) et chaque passant intéressé compose et publie, sur ce même fil, un texte -micro-nouvelle ou poème- , qui les contient tous. Chacun pourra, à la suite, alors commenter les compositions présentées.

Dans la pratique :
En premier commentaire, je vous livre dix mots, proposés par un ami. En second com, je vous livre ma production.
Vous pouvez à la suite proposer un texte, si le cœur vous en dit.

Pour proposer, merci de rappeler les mots qui ont servi de base.
Pour commenter, merci de citer le n° du post concerné.
Pour les textes, on peut fixer une échelle de format : plus de 500 et moins de 2500 caractères (à voir et/ou discuter)

Si vous êtes intéressés et que vous participiez, on peut choisir le délai d’une semaine pour s’exercer. La semaine suivante, un Oririen (qui en aura envie) peut alors proposer 10 nouveaux mots.

Voici 10 mots , comme première proposition :


"capitole - embolie - procrastiner - nuls - cambouis - Rasta - schlitter - pis - solaire - couscous"

Et voici ma proposition à ces 10 mots :

capitole - embolie - procrastiner - nuls - cambouis - Rasta - schlitter - pis - solaire – couscous

Les mains dans le cambouis, depuis des plombes, je ne peux m’empêcher de rêver du temps où j’étais Rasta, le vrai, le pur, le rastaquouère, fier et noble devant tous les capitoles, le tanneur, le solaire, près des embolie pulmonaires, éblouissantes, rouges, rouge sang que chacun a rêvé de boire au pis de la terre mère.
Quand procrastiner était encore enfermé dans le cerveau d’un savant fou, ou mieux dans celui de Proust et de son Prisonnier dans les années folles, alors que le mot, le Verbe dormait dans un dictionnaire depuis mille cinq cent et quelques années. Du temps où l'astre solaire planait sur une terre plate.
D’autant que lorsque j’aurai réparé cette foutue tronçonneuse, qui viendra m’aider à schlitter ce qu’elle et moi auront abattu ? Nul être ni hêtre à des kilomètres, ah !! Les nazes, les nuls, ils m’ont vu venir en me promettant un couscous après la corvée. Y’a pas un dicton qui dit qu’on crèvera de gourmandise, non je mélange tout ; c’est : " Les riches n'ont pas d'appétit, les pauvres digèrent le bois."- Le dictionnaire des proverbes et dictons indiens (1980)
Hahaha ! parlons-z’en du bois, dans ces Vosges maudites avec pas même un ballon de rouge, juste celui d’Alsace

Mais m’en fous ! je suis devenu le pote des loups, les vrais, les gris, et je hurle avec eux, pour faire peur aux chasseurs. Je suis, de rastacouère, devenu loup solitaire et je préserve ma harde et ma louve alpha.

Commentaire sur Post #3 d'Eclaircie.

Bravo, Eclairicie, pour te lancer plus en avant dans l'écriture de micro-nouvelles. Pour quelqu'un qui hésitait, je trouve que cette micro témoigne d'un certain élan ou d'entrain... et donc d'une certaine facilité dans l'écriture.

Je ne connais pas tous les mots que tu as proposés, mais j'ai essayé d'en dégager le sens au travers de ta micro. C'est aussi une façon d'apprendre, indépendamment du dictionnaire. Mais je crois que je vais aller chercher, par curiosité, à moins que tu ne me le précises avant... Le mot : "schlitter". Et pour être honnête, je ne suis pas sûre du mot "capitole"... Ben oui, c'est aussi ça la lecture : on lit, on apprend.



Merci Eclaircie pour ce nouvel exercice d'écriture !

capitole - embolie - procrastiner - nuls - cambouis - Rasta - schlitter - pis - solaire – couscous

Voici venue une époque bizarre, celle d'un confinement de toute la population pour essayer d'échapper à la malfaisance d'un virus. Je pense à mon cousin dont le boulot est de schlitter dans les Vosges. Au moins, pour un certain temps, n'aura-t-il pas à mettre ses mains dans le cambouis pour réparer son vieux véhicule de transport constamment en panne. Quand je pense à lui, je le revois avec son visage solaire, sous sa coiffure Rasta. La dernière fois qu'il est venu me voir à Toulouse, je l'ai emmené déguster un couscous place du capitole. En sortant, nous avons croisé ma concierge et j'ai cru qu'elle allait avoir une embolie en le voyant, tant son regard était horrifié. Je la connaissais pour être très traditionnelle ( pour ne pas dire cul-pincé ) mais ce fut bien pis que je ne pensais. Elle déblatéra dans tout le quartier, au sujet de ces jeunes « qui n'ont aucune éducation, aucune tenue correcte, qui sont nuls et veulent faire oublier leurs incapacités en attirant notre attention sur leur coiffure. » Mon tempérament timide m'empêcha de lui faire remarquer qu'elle avait tendance à procrastiner et qu'elle ferait mieux de balayer, en commençant devant sa porte.
Non mais, de quel droit cette mégère critique la coiffure de mon cousin ? Elle se croit plus digne, à longueur de journée, avec ses bigoudis sur sa tête ?

Bonsoir Eclaircie,

chouette idée ce nouvel exercice !

sur ton texte post 3:

j'ai beaucoup aimé le rythme rapide, le langage familier qui reflètent bien l'état colérique du personnage.
Le style de ton texte fut une agréable et amusante surprise, car dans la continuité de celui de Cavana que je suis en train de relire.
Comme Lulu, je ne connaissais pas schlitter, ni procrastiner d'ailleurs
Pour ça aussi, merci
Un petit bémol : il m'a manqué un titre à ton texte.

Pardon Embellie post 5 : je n'ai pas encore lu ta participation

capitole - embolie - procrastiner - nuls - cambouis - Rasta - schlitter - pis - solaire – couscous


Black and Wight

Le Rasta s’arrêta.
En sueur, le front maculé de graisse, il se disait :
« Dans le temps j’arrivais à procrastiner. Plus maintenant. »
Son taf au garage LE CAPITOLE l’occupait 8 heures par jour, 6 jours sur 7. Pas moyen d’y couper.
« Aujourd’hui, c’est un traîneau de schlitter à farter, y prend n’importe quoi maintenant, le patron.
Loin, le temps du pis and love, de Wight, de Dylan.
Désormais c’est bosse au smic et tais-toi, faignasse.
Et alors ? Parce qu’on se la joue cool, on serait moins bien que les petits Blancs à lunettes bien propres sur eux ?
Non chef, on est pas tous nuls dans la secte, wech, On va pas tourner barjots comme ceusses du Temple Solaire.
Nous, on assume. Nos dreadlocks, nos bonnets, la démarche, notre zic.
On s’enquille pas le couscous le dimanche, nous.
Mais c’est sûr qu’on crève pas non plus souvent d’embolie. »
Le Rasta soupira, se pencha pour reprendre son fartage.

Bienvenue aux deux premiers participants.
Merci Lulu et maria d'être passées voir et d'avoir laissé vos impressions.
Les premiers 10 mots seront sans doute un peu compliqués à mettre en poème, mais qui sait ?


Embellie, je te vois en forme et inspirée ! Ton post n°5 à l'humour goûteux est bien réussi. Merci d'avoir essuyé les plâtres avec cette bien bonne micro. (c'est toi qui me disais de jouer, jouer des mots, et que tout allait mieux); Démarrer sur le confinement pour nous faire sourire ainsi, bravo !

Gulysse, post n°7 bienvenue sur ce fil, un texte bien déjanté, la prose hyperréaliste, un ton résolument familier, voire populaire et un jeu sur les sons bien sympa. C'est reggae tout ça ! Et avec un côté engagé remarqué.

post 1

Eclaircie, j'aime tellement ton jeu que j'ai eu envie d'y participer encore.
J'espère qu'il n'est pas interdit de remettre le couvert quand on a un gros appétit, voici donc ma deuxième proposition:

Maniaque à l'extrême, il aimait imaginer les choses et les êtres bien rangés, à sa façon : monsieur le maire sérieux, compassé, dans son capitole, le Rasta, dont il se passerait volontiers, décontracté, souriant, dans la rue à procrastiner en grattant sa guitare, le forestier dans ses bois, suant, harassé, occupé à schlitter son chargement, le fermier, assis sur son petit tabouret, caressant le pis de ses vaches pour en extraire le bon lait fumant, le mécano trifouillant dans les entrailles des voitures, chirurgien aux mains noires de cambouis, sa voisine marocaine, rieuse, solaire, l'invitant à déguster son couscous royal « fait maison », etc. Hélas quelqu'un lui fit remarquer que les individus n'étaient pas ainsi stéréotypés, qu'il existait beaucoup de nuances, de contradictions, et que ses espoirs étaient nuls. Il en fut si choqué que son cerveau s'emballa. Il fut victime d'une embolie.

Oh, Embellie, tout est permis, ravie de te relire.
Tu es une conteuse, une vraie conteuse, merci. Super cette participation.