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1 Utilisateur(s) anonymes
a propos de poésie de la tôle |
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Expert Onirien
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28/05/2009 14:02 De auray 56
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je sais qu'en poésie il n'est pas de bon ton de fournir d'explication de texte, mais si cela peut éclairer les lecteurs:
Une semaine en lorraine Gare l’Est, sa marquise en ferrailles, un feulement d’essieux, de longues campagnes mornes. Gare de Metz, couleurs brique Tudesque, oppressante déjà, les hommes y sont graves. Correspondance vers le gris, des gares en « ange », bifurcations, chemins de rails partant nulle part. Au loin des hauts fourneaux suppliants vers le ciel, gare de Thionville buffet fermé, en face le centre culturel Jacques Brel. Plus tard a mon hôtel, une cigarette à la fenêtre, une toundra de buissons rouges, secs, ressuyés de vent. La ville est large, les rues sont vides. La bombe économique sans doute, celle là, mangeuse de tendresse, jardins ouvriers devenus friches. Je revois ces hommes en casques de fondeurs sur les barricades. Les camions noirs en gyrophares, ces journaleux pressés, commentateurs graves au journal de vingt heures. On vivait loin. La Lorraine, c’était Jeanne d’arc, Donrémy, les mineurs de la Sarre. Ces types à l’accent rugueux, les yeux couleur bleu ciel, qui venaient chez nous l’été. Quand ils voyaient la mer, on aurait dit des gosses, le vent curait leurs têtes, c’était bien. Leurs filles étaient pâles, cheveux clairs comme l’estran. Les nôtres étaient dorées, cheveux noirs comme goémon. Ici les hommes deviennent paisibles, gestes lent sur la mer, piquetant les platiers à cueillir les huitres, un clocher pour amer. Leurs cœurs sont en voyages à la crête des vagues. La houle d’Atlantique brisée sur le ponant vient s’endormir par là. On leur avait promis, ils ont vendu leur âme, ils n’avaient pas le choix, leur vie aux mercantis. Tout ça pour de l’argent. Leurs fonderies s’éteignirent, les rames de tombereaux se turent dans la nuit. Silence des torchères, molettes qui s’arrêtent, chevalements qu’on abat. Ainsi vont mes voyages, en pays de misères, le cœur des hommes est noir. Ce monde devient rudesse, les machines vous mangent. Des gosses appesantis se consolent dans le sucre. Le bonheur à l’encan grugé par les écrans. C’était déjà la guerre et nous ne le savions pas. Là bas dans les jardins alignés en parade, les hommes se hélaient. Ceux du poste de nuit venaient tourner le sol aux aurores d’Avril, dans des après midi à la douceur de craie. Au fond des potagers, barrés de palissades, veillait l’usine. Le grondement des fourneaux, les chaînes des palans, les roues sur les éclisses c’était leur symphonie. La flamme des cheminées, les gerbes d’étincelles, les lueurs d’incendie c’était pour eux comme le soleil qui se lève sur la mer. C’étaient des ouvriers, nous étions paysans, notre jardin c’était elle, la houle pour sillons. Leurs maisons étaient claires, par leur femme, tenues. L’ordre était dans les choses, le fils devenait père en rejoignant l’usine. Dynasties ouvrières, jouant à l’harmonie, arborant un bleu neuf aux jours de la sainte Barbe, s’achetant une voiture chez le concessionnaire et rentrant l’œil faraud à cité Riviera. Et nous vivions alors en maisons équarries, taillées dans ce granit qui rend les pièces froides, attirant au dehors qui invite au voyage. Nos pères partaient en guerre ou sur les grands navires, et quand ils revenaient aux cafés de village, nous rinçant d’aventures et de filles dans les ports, ils traçaient le sillage de nos proches partances. Dynasties de matelots, confinés aux chaudières, forts en mer, âpre à terre. Achetant des arpents pour agrandir la ferme, tenue par leurs femmes maigres aux cœurs assassinés. On vivait là. Bretagne sans cornemuses où l’on ne dansait plus la gavotte des montagnes, les vieux rêvaient d’un pavillon pas loin du terrain de foot et du parking des autocars. Ici, pas d’usines, les conserveries c’était pour les gonzesses. Ailleurs est mieux qu’ici, alors on est partis… Et depuis je voyage, il n’est pas de laideur, en aucun paysage. Je n’y vois que couleurs aux fugues chromatiques. Des grisailles de peines, des pastels pleins d’ampleur. Des tours d’extraction, cathédrales de fer. Un chemin forestier, l’aurore sur les mélèzes. Et l’asphalte des routes, un grand chemin de rêves. Travailleur des routes, une cabine de fer, bercé par le diesel. Les fleuves dans le matin, roulant sur les levées. L’odeur d’un orage sur le goudron fondu. L’escalade des cols, solitaire dans les nuits. Les files de lampadaires annonçant les usines. La radio distillant ses bluettes, les rêves éveillés, manomètres éclairés, l’horloge qui s’avance, le régime régulé par le chant des cylindres. Poésie des parkings.
Contribution du : 01/05/2010 21:28
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Re : a propos de poésie de la tôle |
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Expert Onirien
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28/05/2009 14:02 De auray 56
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a tangage:
Un moment d’obédiences, sous l’éclair d’un instant Une onde qui s’avance s’arrondissant ténue Entropique univers qui s’étreint par le gel" le big bang / l'univers qui s'étend / qui se refroidi et se dissipe, l'entropie quoi :))
Contribution du : 07/05/2010 22:43
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Re : a propos de poésie de la tôle |
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Expert Onirien
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24/09/2009 18:53 Groupe :
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Bonsoir Meaban
Superbe témoignage que ton texte... A mon sens, il mériterait de figurer en poésie en prose. Bravo pour cette lucidité poétique ! Cordialement Chene
Contribution du : 07/05/2010 22:53
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Re : a propos de poésie de la tôle |
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Expert Onirien
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28/05/2009 14:02 De auray 56
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merci chêne, sincèrement d'avoir compris la teneur de ce texte, en fait il y à une suite et des clefs..
Contribution du : 08/05/2010 00:04
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