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À propos de "Monnaie de singe"
Maître des vers sereins
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11/02/2008 03:55
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Bonjour à vous, merci aux lecteurs de Monnaie de singe.

Mise à part quelques point de détails, je crois que je peux répondre globalement aux premiers lecteurs sans trahir leurs intentions.

Pour expliquer le premier quatrain :

Citation :
Mon amour énumère à la tendre bannie
Sans même une prière ou le pas d'un géant
Quelques vers apportés, pour chaque bras béant,
Comme un îlot sublime en pleine Océanie.


Je voudrais le comparer à cette partie d'un refrain de Frédéric François* :

Citation :
Mon cœur te dit je t'aime,
Il ne sait dire que ça,
Je ne veux pas te perdre,
J'ai trop besoin de toi,


C'est pareil, sauf que le sentiment remplace l'organe, c'est "Mon amour" qui parle au lieu du "Mon cœur" et il "énumère (... ) quelques vers (...) comme un îlot" au lieu de, simplement, lui dire je l'aime, et le T apostrophe est remplacé par "tendre bannie" parce que, par opposition aux deux derniers vers suscité Mr François, le besoin est bien là mais la perte est consommée, d'où l'expression.

Pour le second quatrain :

Citation :
Quand il tombe une pierre ou tout autre avanie,
Que de l'arme à son pied ne se tient plus séant
Le mirage éculé, repris par le néant...
C'était peut-être encore une simple manie.


(j'ai demandé à écrire "tout autre avanie" comme "à toute heure", en inquantifiant un truc quantifiable, pour coller au mètre des vers)

Re-Frédéric-François, qui chante ce passage :

Citation :
La maison a l'air plus grande,
Surtout la chambre,
Il ne reste rien de toi que ton parfum,
Je découvre en ton absence,
Un vide immense
En voyant s'ouvrir les roses du jardin,


FF (je le noterais comme cela désormais) ne déterminera pas son "tu, t', te, toi" qui pourrait être homme ou femme ; enfant, adulte, vieillard. La "tendre bannie", elle, serait un "mirage éculé", qui se serait tenu "l'arme au pied", c'est un ordre de parade militaire, ça consiste à placer la crosse d'un fusil près de la cheville correspondant au bras qui le tient, sur le sol. Le "mirage" se tient assis qui plus est. Comme pour FF, c'est une image qui était là mais n'y est plus.

Pour le premier tercet :

Citation :
Près de l'ombre entendu reste un éberlué,
Les décombres transis qu'il s'est évertué
De corrompre en couvrant de ce buis qu'il enjoue.


Pourquoi entendre les ombres ? Encore une fois, j'ai besoin de FF :

Citation :
Je vis près du téléphone,
Mais quand il sonne,
C'est jamais le coup de fil que j'espérais,
Tu m'oublies et moi je chante,
Mais si je chante,
C'est seulement pour me retenir de pleurer.


C'est sans appel (pardon... ) avec le coup de téléphone : les ombres, les absences, font ressortir des bruits jusqu'alors anodin, ça se devine aussi dans cette autre citation de FF :

Citation :
C'est surtout lorsque je rentre,
Que tu me manques,
Il faut dire que chaque soir, tu m'attendais,
Et malgré ma solitude,
Par habitude,
Hier encore je t'ai fais chauffer du café,
Je dois perdre un peu la tête,
Dans ma défaite,
Je t'invente et je ne sais plus où j'en suis,
A nouveau tes yeux m'éclairent,
J'ai ta lumière en couleur sur des photos,
Tu me souris.


Faire chauffer du café peut être également "bruyant" dans une atmosphère particulièrement silencieuse, il y a aussi cette histoire d'invention que je reprend avec cette histoire de "décombres (... ) corrompus" qui pourrait être une photo que l'on regarde comme si le portrait était présent.

J'ai trouvé ça sur le "buis", que j'ai choisi pour assonance avec "bruit" de mémoire, mais il renvoyait déjà aux "quelques vers apportés", merci Patrick Courtois** :

Citation :
LE BUIS

Le buis, du grec puxos, est aussi appelé bois béni, guézette, ozanne ou bois-d’Artois.

Le buis est, dans l’antiquité, l’arbre d’Hadès (Pluton) Dieu du monde souterrain, du royaume des morts et aussi des métaux précieux enfouis dans le sol. Le buis est aussi attaché à Cybèle la grand mère des dieux.

Toujours vert le buis est symbole d’immortalité et emblème funéraire. Le buis représente en même temps l’amour, la fécondité, la mort c’est-à-dire le cycle de la vie.

Dans les pays du nord, le buis a remplacé les feuilles de palmier le dimanche des Rameaux de la tradition chrétienne.

Par son bois compact et dur, le buis représente la persévérance et la fermeté. Le maillet des loges maçonniques est en buis. Les anciens font des toupies, des peignes, des flûtes, des fouets en bois de buis, mais surtout des tablettes, qui recouvertes de cire, servaient à écrire.

Chez les Gaulois le buis est divin, symbole d’éternité.

Faisant partie des arbustes infernaux, la superstition fait parfois du buis un signe de la stérilité, ce qui est contraire à sa symbolique générale.


C'est presque exactement tout ce que je voulais faire dire à ce petit mot, coup de bol ou presque, j'avais noté cela en cours de route.

"enjoué" est le participe passé qui correspond au verbe enjouer que je définirais comme "rendre joli/rendre joyeux" en même temps.

Voilà le dernier tercet :

Citation :
Pourtant rien ne peut taire en tout ce brouhaha
Ni même se remplir de larmes sur la joue ;
Si je ne te marchande, allons cahin-caha.


Le "brouhaha" c'est, j'espère que c'est plus clair désormais, le vacarme causé par tous les bruits du quotidien suraiguisés par une absence, dans ce quotidien, cf FF. J'ai une dernière fois besoin de lui pour les larmes :

Citation :
Je vis près du téléphone,
Mais quand il sonne,
C'est jamais le coup de fil que j'espérais,
Tu m'oublies et moi je chante,
Mais si je chante,
C'est seulement pour me retenir de pleurer.


Encore le bruit, alors que se devine le silence ; quand j'écris "rien ne peut (... ) se remplir de larmes sur la joue" je pense à la surface convexe de la joue, et aux larmes qui ne peuvent donc que s'en échapper, et FF, est-ce qu'il chante pour ne pas entendre le bruit du téléphone puisque l'appel ne peut venir de qui il l'espère ? En tout cas, il semble bien se résoudre à vouloir trouver mieux que les larmes pour apaiser ses tourments.

Elle est là, la monnaie de singe : croire remplir ses joues avec des larmes ou bien vouloir les transcender par le chant ou encore "quelques vers apportés".

Voilà, j'espère que c'est plus lisible comme cela, avec une chanson populaire en miroir. Je ne pense pas en prendre vraiment le contrepied en donnant pour titre "Monnaie de singe", ce tube a été distribué gratuitement sur les ondes radios tout en faisant partie, sans doute, d'un album et de tours de chant par ailleurs.

J'espère n'avoir oublié aucun détail, je compléterai à la demande simplement si besoin.

*Mon coeur te dit je t'aime Frédéric François, 45 tour de 1985.
**Patrick Courtois - L’Arbre mémoire de l'homme

Contribution du : 27/02/2011 15:33
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Re : À propos de "Monnaie de singe"
Visiteur 
Salut David ! A la lumière de tes explications je comprends mieux l'objet de ce sonnet-rébus dont il était, à l'évidence, difficile voire impossible de faire le rapprochement avec la chanson de Frédéric François, surtout pour moi qui suis resté fidèle, comme tu le sais, à l'époque de François Ier... Tout cela se tient quand on a la clé, mais je ne suis pas très fan de ce genre de devinettes et préfère de loin la poésie moins compliquée ! Il n'en reste pas moins que c'est bien écrit... mais je l'ai déjà dit !
Au plaisir de te lire dans un domaine plus à ma portée !
Amicalement. Alex... le simplet !!!

Contribution du : 27/02/2011 15:55
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Re : À propos de "Monnaie de singe"
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La chanson de FF est une clef comme tout autre chanson ou poème sur la mémoire et la nostalgie, ce n'était pas le but de la faire deviner en particulier. Je l'ai choisi d'après ce que me disaient les questions, je l'ai choisi parce qu'elle très simple, pour ne pas rajouter à l'indécision avec des textes moins connus.

Il n'y a pas de traduction, d'avant-poème mystérieux ni une culture ou une intelligence qui permettrait de reformuler les idées en quelques mots, je connais peu Frédéric François, mais c'est bien ce qu'il fait avec des mots simples et des références culturelles les plus générales possibles.

La fin d'un célèbre poème de Victor Hugo m'a sans doute aussi influencé :

"Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur."

Sauf que c'est du buis et qu'il s'agit de décombres au lieu d'une tombe, mais je crois bien qu'il vient "enjouer" la tombe de sa fille dans ses vers, ou le souvenir qu'elle lui renvoie, la tombe, du moins. C'est une "monnaie de singe" qui n'effacera pas son chagrin et ça n'entrainera aucune reconnaissance de la part de sa fille, par définition.

Demain, dès l'aube est autant une clé de lecture que Mon cœur te dit je t'aime et il y en a sans doute de nombreux autres.

Contribution du : 27/02/2011 17:11
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Re : À propos de "Monnaie de singe"
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Eh bien me voilà payée et grassement, de mes nuits sans sommeil à tenter de décoder les mystères de ce sonnet !
Payée, non pas en monnaie de singe, mais en belle et fine logique exposée avec clarté et rigueur. Merci Frédéric François pour l'aide inestimable que tu apportes à mes pauvres neurones clignotants et merci à toi, David, pour avoir, d'une main de maître, rétabli la connexion qui me faisait si cruellement défaut.
Je reste quand même complètement baba devant tant de subtilités !

Contribution du : 28/02/2011 11:41
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Re : À propos de "Monnaie de singe"
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Merci d'être passée Arielle, je ne voudrais pas laisser ton baba sans rhum. Je tente d'assumer l'incompréhension des commentateurs en mettant quelque chose en face. J'ai quand même un peu l'impression d'avoir écrit une espèce de lampe maudite qui obscurcit la clarté.

Pour la lumière un autre exemple, cette chanson d'Aznavour, qui finit comme commence le poème que j'ai écrit, et qui débute par la même idée commune à la chanson de FF, le poème de Victor Hugo et rejoint la "tendre bannie". C'est de là que vient la "monnaie de singe" ci-dessous énuméré après chaque "Par... " en début de vers :

Citation :
Paroles et Musique: Charles Aznavour 1959
© 1959 Editions Raoul Breton

Par la peur de te perdre et de ne plus te voir
Par ce monde insensé qui grouille dans ma tête
Par ces nuits sans sommeil où la folie me guette
Quand le doute m'effleure et tend mon cœur de noir
J'en déduis que je t'aime
J'en déduis que je t'aime

Par le temps que je prends pour ne penser qu'à toi
Par mes rêves de jour où tu règnes en idole
Par ton corps désiré de mon corps qui s'affole
Et l'angoisse à l'idée que tu te joues de moi
J'en déduis que je t'aime
J'en déduis que je t'aime
Par le froid qui m'étreint lorsque je t'aperçois
Par mon souffle coupé, par mon sang qui se glace
Par la désolation qui réduit mon espace
Et le mal que souvent tu me fais malgré toi

Par la contradiction de ma tête et mon cœur
Par mes vingt ans perdus qu'en toi je réalise
Par tes regards lointains qui parfois me suffisent
Et me font espérer en quelques jours meilleurs
J'en déduis que je t'aime
J'en déduis que je t'aime

Par l'idée que la fin pourrait être un début
Par mes joies éventrées par ton indifférence
Par tous les mots d'amour qui restent en souffrance
Puisque de te les dire est pour moi défendu
J'en déduis que je t'aime
J'en déduis mon amour.


Pour rebondir sur le commentaire de Chene, et bien que le poème en titre du sujet ne colle pas vraiment à une lecture à rebours, par construction, c'est bien une réalité d'un certains nombre de textes, comme celui-ci-dessus.

Même si les fins de quatrains forment des inversions un peu lourdes à contresens, ça pourrait être une tournure acceptable il me semble. Ça ne fait pas une meilleurs chanson, dans ce cas, ça permet de révéler la narration : la peur de perdre et de ne plus voir la muse, on va dire, va former la "monnaie de singe" concluant à l'existence de "mon amour" qui ne désigne pas la personne mais le sentiment.

Le sens du poème "Monnaie de singe" c'est de refuser ce marchandage, comme dans la chanson de FF, le poème de Hugo, la chanson d'Aznavour, de ne pas argumenter le sentiment mais de le vivre "cahin-caha" dans le "brouhaha" de ce qui le fait vivre, et qu'on retrouve je crois dans chaque exemple, de la cafetière et le téléphone de FF, au "Je ne penserai rien" de Hugo en passant par les "Par... " d'Aznavour.

Merci aussi à Chene et à Flupke pour leurs commentaires. J'ai profité de ce message pour préciser la question du sens comme le souligner Chene, sans vouloir tenter de remettre en question la lecture de Flupke ou de Lunar-K, ceux qui m'ont précisé que le fait qu'il y ait des explications était en soi un handicap. Je tenais à discuter de ce poème quand même.

Contribution du : 28/02/2011 16:14
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