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À propos de "La clé des sons" |
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Maître des vers sereins
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Bonjour à vous,
Ce poème, La clé des sons a sans doute était écrit en une heure ou deux, en une fois, de mémoire, aux alentours de la fin 2009. Ce que je vais en présenter ne s'est pas réalisé dans ce temps-là, mais "de fil en aiguille", comme on dit, durant les deux ans précédents. Désolé, ça ne commence pas simple, je vais aller droit au bout : Citation : Oncle et nocturne avec titan Ici, je voudrais vous montrer une des clés du choix des mots, je m’intéressais à ce que j'appelle des "consonnes complexes", des sons issus de l'assemblage de plusieurs consonnes. Je voulais en rassembler le plus possible, dans cette grille de lecture, les autres peuvent être considéré comme des "chevilles", "acquittant" et "titan" par exemple sont bien là "pour la rime". Citation : Oncle et nocturne avec titan La rime justement, et un peu au-delà, pose une alternance également de "son de consonnes" et de son de voyelles". Ces "son de voyelles" sont également "complexes" c'est à dire qu'il ne sont pas composé des voyelles de l'alphabet mais de voyelles construites par assemblage de lettres. J'ai aussi cherché à concentrer ces sons dans le poème, dans une moindre mesure que précédemment. Ah oui, au fait... "infecte" rime avec "architecte" et "stock"... avec "steak". J'ai pris le son des consonnes comme base, c'est une rime sans voyelle d'appui, pour ainsi dire ; l'écho, la répétition, bien qu'atténué est bien présent. Il y a une troisième grille d'écriture plus que de lecture, mais c'est un peu fusionné cela. Citation : Oncle et nocturne avec titan Chaque vers débute sur un son de consonne, sauf le premier, le poème est "embrassé" par deux sons de voyelle, au début de "Oncle" et à la fin de "parfum". Ces débuts de vers, soit il reprennent la consonne finale du vers précédent, soit il font suivre un son de consonne à un son de voyelle dans l'enchainement des vers, ce dernier point donnera cette dernière grille : Citation : On(cle et n)octur(ne a)ve(c ti)tan Tous les "entre mots" du poème font l'objet d'une alternance de sons de voyelles et de sons de consonnes, ou bien, comme dans "avec titan" forment une assonance avec une consonne composé courante, ou encore, comme dans "impact tank", le son de consonne est fondu par la liaison. Tout cela, c'est un travail musical sur la fluidité des vers par les enchainements, les échos, et l'utilisation de sons "complexes", tel que je les qualifie, mais dans des mots simples, du langage courant : "parfum" et "éventail" seront trouvés peut-être plus "poétique", d'autres comme "tank" et "câbles plutôt d'un registre professionnel ou domestique, mais globalement, pas de recherche de vocabulaire, d'uniformité ; la cohérence ne peut se comprendre que par la nature des mots, des sons associés à des signes. Pour finir sur cet aspect musical, c'est bien ainsi que je le revendique, il n'y a pas de E "masculin" dans le poème (le son E de "pleuvoir" est une voyelle complexe, dans le contexte) à l’exception de celui de la particule dans "segments de câbles". J'appelle les E masculin ou féminin suivant qu'ils produisent effectivement le son ou bien qu'ils sont, euh... évanescent, là sans être là, présent à l'écrit et absent à l'oral. Le E de la particule est commun à toutes les prononciation du français, sinon, c'est plus une affaire d'accentuation, en m'en passant dans ce poème, je n'ai pas besoin de savoir d'où vient le francophone qui me lit pour lui faire entendre exactement le nombre de syllabe que je souhaite. Ça faisait aussi partie de la recherche musicale, ou de fluidité, qui amena ce poème-là. Mais ce n'est pas ce qui m'a pris une heure ou deux, j'avais déjà expérimenté chacune de ces "grille d'écriture" auparavant, il me restait à choisir les mots. Je ne bannis aucun mot en théorie au moins, certains me font quand même plus de "chose" que d'autre, mais pour moi la poésie prend les mots, ce ne sont pas certains mots qui "se prennent de poésie". Néanmoins, les émotions prennent des mots, presque comme des otages parfois, je pense vraiment que certains mots sont trop "poétiques", qu'ils voudraient avoir une vie de mots, euh... "normaux". J'ai recherché une certaine neutralité au moment de faire leur choix, de les écrire, je ne le pensais pas en terme d'émotions, je formulais cela en terme de mots plus ou moins sombre ou lumineux, mais ça fait référence aussi aux émotions qu'ils suscitent, j'ai censuré "meurtre" pour lui préférer "tertre" par exemple, dans le contexte, ils avaient tout deux la même "consonne complexe" mais pas la même neutralité. Je n'ai peut-être pas répondu à tous les commentaires, c'est la "démarche d'écriture" que je voulais précisé avant tout, c'est déjà un peu long mais moins qu'une réponse commentaire par commentaire, je crois, avec les risques de redites. C'est encore un peu incomplet à mon goût, alors avant de finir sur les remerciements, je voudrais rajouter le message fait "aux correcteurs", je ne leur en ai pas tant tartiné, et ça pourra boucler quelques boucles : Citation : David (12/4 18h) : Bonjour, C'est un texte paru en "apprentissage" sous un autre titre. Ce n'est pas de l'écriture automatique à mon sens, ni une démarche oulipienne. C'est presque un poème "averbal" mais il y en a en fait quelques uns, participe passé, présent, c'est en fait centré sur le mot lui même, sa sonorité et sa "couleur". J'ai cherché une "musique de consonnes", des mots comportant des "consonnes complexes" comme PL, RTR, et d'autres. Comme on pourrait appelait "voyelles complexes" toutes celles autres que AEIOU comme AN, EI, IO, OI, UI, etc. Le poème serait en "octosyllabe" sans E non muet, cette voyelle là n'est pas utilisé de façon sonore, elle n'a que son rôle de liant. Il y a quelques rimes, des "suffisantes" par tolérance, mais pas de fortes conjugaisons à cet endroit, il y a par contre une alternance de mots finissant sur une voyelle complexe ou une consonne complexe, suivant le schéma d'un sonnet. À part "steak/stock" qui repose sur une consonne de l'alphabet. Je n'ai pas utilisé de mots riches en voyelles, la syllabisation serait évidente pour les lecteurs, du fait aussi des élisions systématique, de l'absence de E concret mais également de l'agencement des mots entre eux qui enlève des E virtuels (quand on écrit "avec des "si"... on lit en fait : avecque des si, je crois, on ne lit pas "Kdeu" mais "Keude" entre les mots "avec des", le "keude" comprendrait ce E "virtuel"). La démarche, c'est de produire un texte facilement mémorisable, et d'enlever toute signifiance, même symbolique, par le choix du vocabulaire. je ne pense pas avoir réussi, mais je suis satisfait du résultat, pour être sortis d'un registre de signifiant binaire, "solaire" ou lunaire" comme je les décrirai, c'est à dire un texte qui puisse être ressentis d'après son vocabulaire comme "émerveillé, positif, sentimental" par opposition à "lugubre, morbide, sombre". L'intérêt serait de mettre en valeur une "esthétique" par le confort de lecture mais aussi par le fait de "ne pas raconter" pour le texte, de "faire le vide" malgré l'abstraction que représente une lecture en soi, donc de créer une poésie "à minima". Ni "angoissante" dans le sens ou ça puisse être un plaisir, ni "enivrante" dans le même sens. Les deux pouvant bien sûr être des "défauts" de ce que l'on peut chercher dans un poème, "l'angoisse" réveille mais n'apaise pas, la "paix" peut-être lénifiante, abrutissante. Merci Merci à chacun des commentateurs, aux trois premiers évidemment, la première que je remercie d'aller si droit au but en quelques mots, je n'attendais pas d'ovations et sa nuance m'a été précieuse. Benway et sa lecture époustouflante pour moi, , je me suis rappelé à l'occasion de ce commentaire de sentiments "poétiques" que j'ai pu avoir lors d'un voyage à l'étranger, alors que j'étais sans possibilité de parler français, avec un anglais très imparfait pour tout moyen de communication, je n'en ai pas eu vraiment d'angoisse et j'ai même ressentis un "quelque chose" des langues qui m'entourèrent, qui a sans doute un lien avec ce poème-là. Marite également, la présentation du poème n'était sans doute pas dénué de prétention, mais si je me suis imaginé que le poème pouvait être une relaxation, c'est justement par une expérience sensible : ça m'a "relaxé" effectivement de ne pas comprendre ce qui se disait autour de moi, il y a longtemps, les mots faisait un peu musique, en plus c'était de l'allemand, du polonais, que des sons durs... mais ça aussi c'est vrai, mes choix de "consonnes complexes" se sont portées sur des sons pas très doux, il y avait sans doute d'autres choix. Bon, j'ai pas fini, mais je ne voulais pas plus attendre, le sujet est ouvert, je le compléterai rapidement.
Contribution du : 13/05/2011 21:33
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Pour rebondir sur le commentaire de Lariviere,
Le titre m'est venu quand j'ai voulu reprendre ce poème, au début de cette année, je ne savais pas du tout comment lancer ce poème. Il a eu plusieurs titre, comme je l'ai dit je crois, il a été publié 4 mois dans la catégorie "apprentissage" d'oniris et ensuite sur un blog. Il a pour titre simplement "consonne", il en a eu un autre. La "clé des sons", je l'ai passé sur Google à l'instant, renvoie plutôt à des écoles de musique ou des programmes pédagogiques pour enfants, je l'ai construit comme une interruption de "la clé des son... ges". C'était cette idée de "faire le vide" ou de "laisser aller" que je comparais aux prémices du sommeil. Ça pourrait se comparer au fameux "comptage des moutons", le défilé ovins est aussi son propre fil directeur, qui vient en lieu et place de la petite histoire pour s'endormir, qui renvoie néanmoins plus directement à l'enfance, le comptage est une caricature, mais concerne quand à lui les adultes. C'est un effort d'abstraction de "compter les moutons", se faire raconter une histoire est plus passif. Ça reste une opinion qui pourrait trouver son reflet inversé dans une autre, de dire que le titre préserve une certaine passivité que ne permet pas le poème, je crois qu'il est tout à fait possible d'inverser cette proposition. Le premier titre était plus obscure néanmoins, il n'évoquait rien de direct, c'était un jeu de mot, plus cohérent avec le texte sans doute, et il avait une couleur plus marquée, sombre en l’occurrence, donc il laissait passer une émotion, et ça ne me plaisait pas trop pour cela. Je ne serais pas aller jusqu'à "explosion" pour commenter le titre, mais c'est bien une idée d'ouverture, la violence n'en est pas absente, mais elle est diluée. Le groupe de mots peut être adressé à des enfants, c'est aussi une information émotionnelle sur sa "couleur". Je te remercie pour ta lecture attentive, tes lectures même à des moments différents, mais je ne veux pas faire l'impasse sur le commentaire de Marite précédent, en aveugle, qui met l'accent sur la dureté de mon choix de consonnes, qui ne rend pas la lecture spécialement douce, mais avec les deux aspects de la douceur : caresser et étouffer. Trop de "douceur" aurait sans doute empêcher toute musique, il y aurait un point commun, malheureux, entre la "sérénade" et les acouphènes. Si je ne l'ai pas dosé correctement, il me semble quand même qu'une musique a besoin d'une violence, de rupture, de pic et de creux. J'aurais de nombreuses occasions de revenir sur "l'exercice de style" que je ne sais pas encore comment commenter à mon tour... une absence de style est pour moi l'utilisation du langage tel qu'il est fait das les textes de lois, Journaux et bulletins officiels, ils énoncent en prenant garde de repousser toutes répétitions, toutes ambiguïtés, tous "charmes" même, ils tentent de se concentrer sur la plus simple expression, sans même toujours y arriver. Comme exemple de la dictature du style j'avais cet alexandrin qui s'afficha sur les parois des trains français : "Ne pas descendre avant l'ouverture des portes" C'est un équivalent au "non-style" revendiqué par les textes de lois, c'est une mesure de sécurité en l'occurrence, il ne faudrait surtout pas que ça soit "joli", et pourtant, son rythme en fait un vers. Il y a d'autres exemple comme le fameux "nuit grave à la santé" que des ados affichaient sur des tee shirt suite aux messages du ministère de la santé sur les paquets de cigarettes : "fumer nuit gravement à la santé". Cette phrase a du style, pour le malheur de son auteur anonyme... et surtout de son usage. Il en a été tiré de la poésie par son découpage. De là à dire que le style impliquerait le lecteur, je franchis le pas, le style est à découvrir partout où sont les mots, il ne peut disparaître que devant une certaine soumissions, parfois très légitime et volontaire néanmoins, du lecteur. Cela pour dire que je revendique le poème comme unique, je n'ai pas l'intention d'en faire un autre, il peut très bien en pas être "suffisant" dans son objectif, si on veut bien le considérer comme égal à un autre. Son message voudrait transcender ce que recherche justement un texte de lois, une formule de sécurité : se faire comprendre de chacune des personnes concernées, à égalité. Ce poème voudrait se faire entendre de même par chacun de ses lecteurs, au-delà de ce que chacun peut mettre derrière les mots, les connotations qui peuvent leur être donnés. Quatorze lignes de vers, c'est ce que j'ai utilisé et je n'aurais pas pris le risque de faire plus long, de cette façon, au moment où j'écrivais ce poème. Merci Raoul pour le mot "abrasif" c'est une nuance qui m'a permis de mieux comprendre ce que j'avais voulu faire, que je me décrivais comme simplement musical, j'en ai fait des pages déjà mais c'est vraiment difficile pour moi de formuler explicitement le fil directeur que j'ai suivi, les moyens que j'utilisais, et certains mots sont particulièrement précieux. L'idée de langue étrangère m'a aussi éclairée, j'en ai parlé précédemment. "La vraie vie est ailleurs" ce sont les mots du "voyant" Rimbaud, alors lire le dernier mot dans le commentaire de JamesBebeart m'a fait plaisir. Cet "ailleurs" ne pourrait faire la plaquette publicitaire d'une agence de voyage, il y a pourtant bien une frontière à franchir, merci de l'avoir accepté. Arielle, votre commentaire m'a intéressé, j'ai pensé à une autre comptine, largement oublié mais que j'ai sans doute utilisé, celle qui fait "Fer à cheval, cheval de course, course à pied, etc" c'est sans doute la lointaine origine de ce que je voulais faire avec ces histoire de voyelle et de consonne qui s'enchainent. J'ai déjà expliqué où se trouvait la rime à "infecte", c'est "architecte" dans la strophe précédente, au vers correspondant, mon choix de faire rimer "steak" et "stock" l'a rendu plus difficile à discerner encore. C'est effectivement un poème sans images, et j'ai voulu neutraliser des émotions, celles que peuvent porter chaque mot, pour n'en laisser que celles qui peuvent ressortir d'une musique informulée, on n'écrit pas le bruit d'une rivière ou du vent dans les feuilles d'un arbre, j'ai peut-être voulu le faire quand même, sans m'en tenir spécialement à ces exemples-là, et sans les imager non plus. Méléagre, je n'ai pas jeté les mots, je les ai pris avec précaution et j'ai choisi leur ordre, je ne l'ai pas constaté après coup, c'est ce que j'ai voulu montrer en colorant le poème dans les citations précédente. Je compare la dureté de votre lecture avec ce qu'ont pu écrire Marite et Raoul, Les choix de consonne peuvent être... abrasifs, c'est une concentration de ma part, ces sons ne sont pas rares ou recherchés individuellement, c'est un aspect de la langue, pas forcement plaisant, je dois bien le lire à mon tour. Comme vous avez écrit "ici" alors que d'autres lecteurs, Benway, Raoul, Jamesbebeart, mentionnent soit directement "ailleurs" soit font référence à une langue étrangère, je me demande si ce n'est pas une même émotion appréciée différemment, mais du coup il y aurait bien "émotion"... Merci en tout cas d'avoir écouter le poème. Merci Kaos pour cette lecture, je me dis que c'est de la poésie pour l'intention, pour la perception, c'est au choix de chacun. "Infecte" rime avec "architecte" dans la strophe précédente au vers correspondant, c'est la rime "steak/stock" qui empêche un peu de la ressentir je crois, les rimes de strophes à strophes ne sont pas une invention de ma part, elles sont de toutes façons plutôt discrètes. Estelle : "Ceci n'est pas un exercice !" comme on peut entendre dans les films catastrophes américains. Pour moi, c'est un poème en soi que je ne compte pas renouveler, ni pousser plus loin, à moins que... J'ai perdu des dates, ce poème date de 2009 comme le début du "mot en phrase" le jeu porte plutôt sur prendre les mots comme s'ils étaient des sigles alors que le poème joue plutôt sur leur son initial et final. Je n'ai pas inventé "le mot en phrase" je l'ai découvert en 2007. Je ne sais pas s'il y a un lien mais c'est possible, j'ai lu et apprécié l'humour de Raymond Devos, je l'ai écouté et vu à la télé également. C'est marrant, tu cites le "couac" que je trouvais au poème : "Bloc percé trace arpège embrun" La charnière entre "bloc" et "percé" ne correspond ni à une succession entre voyelle et consonne, ni à une liaison, ni à une consonne complexe : le "c-p" n'existe dans aucun mot il me semble. Pascal31, J'ai détaillé comment j'ai conçu le poème, cela n'a pas suffit pour vous, je m'en remet encore au caractère "abrasif" de mes choix et aux émotions de chacun face à l'incompréhension, certains s'en trouvant "ailleurs" et d'autres "ici". Les premiers commentateurs ont plus détaillé leur impressions, j'ai l'impression que c'est surtout l'avis de ceux qui ont apprécié le poème que vous ne partagez pas, plus que le texte lui-même, les sons sont différents et je n'ai pas inventé qu'un texte soit plus fluide par la succession de consonne et de voyelle, mais je crois qu'il faudrait inversé mes grilles d'écriture pour vous convaincre, en faisant en sorte que les charnières tombent autrement pour que vous vous en rendiez compte. Je pense qu'il y a une harmonie, simplement mécanique, je ne peux la défendre que contre des arguments qui permettent d'être contestés, les miens le sont un à un il me semble. Mais comme opinion, comme choix de beauté ou de laideur, c'est tout à fait acceptable et renvoie chacun, je crois, à sa perception de l'inconnu et de l'altérité. Pour l'exercice de diction, c'est un choix de lecteur de prononcer le poème, c'est peut-être celui-là que vous commentez, j'ai juste donner à lire pour ma part, mais il y a en effet des jeux de prononciations inversées comme "alpes et Naples", je trouve cela bien moins difficile que les exercices portant sur la succession de son S et ch, comme celui des fameuses chaussettes de l'archiduchesse. Je ne pense pas avoir cherché à faire fourcher la langue du lecteur, c'est pas un piège "alpes et Naples", plutôt un jeu enfantin, naïf, musical, à l'image des comptines que proposait Arielle par exemple. Thea, j'ai eu "ailleurs", "ici" et maintenant "là" dans votre commentaire, la géographie de la poésie est décidément assez présente. Bien que cela puisse paraitre absurde, j'ai voulu libérer les mots des émotions qui les prennent en otage parfois, bien qu'étant convaincu de ne pas y arriver avec tous, car j'en ai repoussé de nombreux. "acte architecte" claque sans doute, mais c'est comme la beauté d'un torrent et d'un étang, elle ne peuvent être simultanées, et j'ai choisi l'autre. Le "rêve" est bien l'objet du poème en quelque sorte, mais il n'y est pas délivré "clé en main" si je peux l'écrire ainsi : "donnes un poisson à un homme et tu le nourris pour un jour, apprends lui à pêcher et tu le nourris pour toujours" je crois que j'ai voulu proposer aux lecteurs de lâcher la bride de la narration, pas de cartes postales mais une musique, peut-être dure mais empreinte du quotidien, apprivoisée. Le "cœur" est plus délicat, si les chocs peuvent le heurter, il y a aussi un risque d'étouffement sous les caresses, alors j'ai tenté de le faire surmonter ce choc pour découvrir peut-être quelque chose au-delà... une liberté. La "grâce" comme "l'harmonie" que j'ai pu lire par ailleurs, j'ai voulu en construire une, de toute pièce et sans recourir aux "aurores mauves", à mes risques et périls. Rathur, je prend "potache" comme je prenais "comptine" si vous le voulez bien, c'est bien une naïveté qui parcourt le poème. J'ai tenté de montrer les liens qui relient les vers entre eux, les mots entre eux également et qui devraient éloigner cette impression de "cadavres exquis". Dans mes souvenirs, une phrase est écrite sur une feuille puis la feuille est pliée et passe à une autre personne, qui écrit une phrase à son tour, comment faire des rimes alors entre les vers, comment associer la fin de l'un au début de l'autre comme cela apparait dans le poème. Pourtant c'est vrai que le jeu du cadavre exquis est d'en découvrir la cohérence inexplicable, en dépliant la feuille et en lisant les phrases. S'il y a bien une impressions de cohérence, j'ai tenté de l'expliquer, elle ne doit au hasard que ce que tout lui doit un peu. Il doit avoir un erreur dans ce vous appelez "dodécaphonisme", dodéca est pour "douze" et j'ai choisi l'octosyllabe mais ce n'est pas important, je crois avoir compris : j'ai suivi une métrique régulière pour donner forme au poème et vous pensez que ça ne suffit pas, si je reformule bien. C'est "dodécasyllabisme" qui m'a bien plus, la syllabe est importante dans le texte, je crois bien qu'elle est universelle mais je prends un gros risque avec ce mot, l'accentuation de chacun peut changer le nombre de syllabe d'un même texte, j'ai tenté de surmonter les différences d'accentuations du français dans ce poème, en limitant les E non muet, "masculin" comme je les appelais, qui marquent les différentes accentuations de la langue, mais c'est peut-être trop peu pour les définir, ces différentes accentuations de notre langue... syllabique. Je fais un peu la planche dans ces notions-là, et ce poème serait bien la tentative de quelques brasses, aussi fine que soit l'ombre de l'ongle de mon petit doigt... de pied, j'ai effectivement tenté de le tremper un peu. Lunar-K, l'objectif était bien une musique, mais je ne pensais pas arriver à détacher complètement les mots des émotions qu'ils véhiculent, j'en ai choisi des "peu marqués" par elle, j'en ai pris néanmoins des "jolis" et des "sombres", en tentant d'équilibrer le tout. Le dernier "parfum" est plutôt clair, le premier "oncle" est plutôt neutre, "infecte" est sans doute sombre, "nectar" doit être très proche du blanc. Je voulais, mais j'ai eu du mal à m'en rendre compte alors merci à vous aussi, que les mots de l'intérieur soit "saccadés", constitués de consonnes complexes, comme on a pu les trouver "abrasifs" ou "difficiles à lire", tout en travaillant l'enchainement de chacun d'eux, mot à mot et vers à vers, pour compenser par une fluidité. Ça fait intervenir une syntaxe je crois, parce qu'il faut constater les blancs entre les mots, j'aurais pu tout accrocher comme une suite de lettres par exemple pour rejeter plus loin la syntaxe, il y a encore des mots, et ils ont bien une règle d'enchainement, moins exigeante que celle du langage courant néanmoins, mais pas totalement libre, ou arbitraire plutôt, non plus. Merci pour l'effort "titanesque", j'aurais peut-être dû mettre une majuscule à ce mot final du premier vers. Plié de rire, Douve, quand tu m'as demandé sur le tchat de quoi allait parlé le prochain poème que j'enverrais et quand il serait publié, c'était juste la veille et... j'ai pas réussi à faire plus court, heureusement qu'Oniris n'est pas un site par sms ou sur twitter, par tranches de 144 ou 150 caractères, ça serait quelque chose de curieux. Je ne prendrais pas une "mauvaise note" pour un rejet personnel, je l'écris quand même mais j'espère bien que ce n'était pas nécessaire de le préciser, comme je disais de la prise d'otage des mots par les émotions, les "notes" également sont un peu pris aux pièges des images qu'elles véhiculent. Si c'est bien ton cas, il est tout à fait possible d'accorder beaucoup d'importance au moindre "moyen+", de ne pas trouver dans ce poème amateur ce que tu pouvais trouver par ailleurs dans d'autres poèmes. Je n'ai pas eu tant de lecteurs qui m'ont parlé de l'assemblage des mots, des principes de leur juxtaposition, que j'ai décrit longuement mais dont je n'attendais qu'un constat simple. Pour les références, j'ai un exemple plus précis, bien que les noms que tu cites m'intéressent, je ne pourrais encore trop m'y retrouver, je les ai peu lu, en parcourant le site de l'oulipo, j'ai trouvé ce poème-là, cité plus bas, je ne pense pas avoir été autant rigoureux : Citation : LA RIEN QUE LA TOUTE LA Je pense qu'il "dit" quelque chose ce poème, avec des contraintes différentes bien sûr, mais plus cadrées que les miennes, palpables. Je remercie également Mona79, comme votre commentaire est arrivé dernièrement, je ne le commenterais pas plus que cela, vous reprenez en les partageant des remarques précédentes, je suis d'accord en tout cas pour dire que ce poème n'a pas fini son chemin, en tout cas sur Oniris, c'est fait. Post Scriptum : J'ai bien peur qu'il y ait de nombreux soucis d’orthographe comme je me connais, je m'en excuse par avance, s'ils gênaient la compréhension ou juste l’œil délicat, je les corrigerai sur simple mention, par MP ou ici.
Contribution du : 14/05/2011 17:09
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Merci pour tes explications et tes réponses, David.
Je ne me sens pas en mesure de débattre sur le sujet, c'est une démarche d'écriture qui m'est inconnue, mais ceci est intéressant et je te remercie d'avoir partagé ces informations avec nous. Pour ce qui est de la note, je me suis abstenue non par peur de blesser, mais parce que j'en étais incapable, tout simplement. Je n'ai aucune forme d'appréciation pour ce poème, il ne m'évoque aucune émotion, positive ou négative. Je ne peux donc parler que de la structure que j'ai perçue, avec mon approche limitée (j'y vois un peu plus clair maintenant). Ma façon d'appréhender les textes, nouvelle ou poésie, est entièrement sensitive. Ce poème est pour moi trop intellectuel, rationnel. Je ne sais pas l'évaluer. Merci encore !
Contribution du : 14/05/2011 17:35
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Suite au commentaire de Fouzh, je rappelle que ce poème est écrit en fonction de la lettre de tête et de la lettre de queue de chaque mot... je l'ai peut-être même écrit pour que l'expression "sans queue ni tête" y perdent un peu son latin :)
Ce n'était pas mon intention de l'écrire sans trop d'intelligence et de talent, ce poème. C'est un texte important pour moi que je tenais à partager, il a fait une petite route entre différents lecteurs et fait sa vie comme cela. Je le trouve important car je cherchais une musique des mots qui aille au delà de ce qu'ils signifient, autant que possible, comme je voulais l'expliquer plus avant.
Contribution du : 10/08/2011 15:18
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Comme un nouveau lecteur trouvait qu'il y avait une idée à creuser dans le poème, je me suis dit que c'était l'occasion de déterrer ce sujet.
Comme OH2Warenghien le suggère dans son commentaire, il reste toujours un peu de sens malgré tous les efforts, et ce n'est sans doute pas abouti d'avoir voulu l'esquiver. Il aurait pu être plus drôle par exemple, à l'image de cette vidéo que j'ai croisé depuis, qui joue un peu là-dessus, oralement, si ça vous dit : https://www.youtube.com/embed/HoozcETruio Smoukahontas m'a tout piqué...
Contribution du : 02/09/2015 23:17
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