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À propos de "Ourobore et Caducée"
Expert Onirien
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Je tiens à remercier tous ceux qui ont fait l’effort de lire ce texte, et plus encore ceux qui ont pris la peine de le commenter. Je me rends bien compte qu’il ne s’agit pas d’un texte facile à comprendre, et j’en assume totalement la responsabilité. Comme certains commentateurs semblent le souligner, j’ai fait ce texte beaucoup trop dense et sans doute m’y suis-je un peu perdu moi-même tant j’avais à dire… Je le considère néanmoins comme important car le plus aboutit, sans doute, au niveau de la réflexion ; or, peut-être vous en êtes-vous rendu compte, le fond est beaucoup plus important pour moi que la forme. Ainsi, certains commentateurs m’ont reproché un manque de poésie, une critique que je trouve pleinement justifiée. J’ai d’ailleurs longtemps hésité à proposer ce texte dans la catégorie réflexion/dissertation mais cela n’aurait pas du tout été adéquat non plus, cette catégorie nécessitant un minimum d’argumentation alors qu’il n’y en a pas du tout ici (la poésie, selon moi, devant présenter le résultat des réflexions de l’auteur et non son cheminement, d'où mon choix de proposer ce texte dans cette catégorie).

J’aimerai donc revenir sur ce texte, assez obscur je vous l’accorde, afin de vous donner quelques pistes de lecture ainsi qu’une première interprétation (personnelle) générale. J’aimerai, à ce propos, ajouter que ce texte n’est pas univoque (ce qui ajoute peut-être à sa difficulté) mais contient plusieurs niveaux de lectures selon comment on interprète les différents symboles proposés et leurs articulations. Je vais donc tenter de vous décrire le niveau le plus fondamental, c’est-à-dire le point de vue métaphysique dans ce texte qui, plus qu’un contenu, cherche à exprimer un mouvement qui va de l’Un vers le Multiple et du Multiple vers l’Un (reste à savoir si cette seconde unité est la même que la première ou bien est modifiée par ce mouvement…). Mais je suis convaincu que ce mouvement est suffisamment général pour être appliqué à différents niveaux : logique, psychologique, théologique, biologique, cosmologique,… Je reviendrai sur l’un ou l’autre de ceux-ci.

Tout d’abord, il faut signaler que ce texte est composé de trois parties :
- Une première décrivant le désert qui encercle l’Ouroboros
- Une seconde décrivant l’Ouroboros lui-même
- Une troisième décrivant la destruction de l’Ouroboros par le Caducée

A leur tour, chacune de ces trois parties se compose de deux sous-parties :
- Une partie en prose
- Une partie en vers libre
Les parties en vers libre reprennent l’essentiel de ce qui a été dit dans les parties en prose correspondantes et permettent ainsi d’articuler les trois parties principales entre elles.

Avant d’entrer dans le texte proprement dit, on peut d’ores et déjà dégager une clé de lecture primordiale à partir des différents narrateurs qui se succèdent. Alors que les première et deuxième parties sont écrites à la première personne du singulier (celle de l’Ouroboros), la dernière, quant à elle, est rédigée à la première personne du pluriel (les serpents du Caducée). De cela, on peut déjà en conclure ce point fondamental pour la compréhension de ce texte : il s’opère un passage de l’individualité à une sorte de collectivité, voire d’universalité. Il s’agit donc, en quelque sorte, de détruire le sujet ou, tout du moins (ce qui revient peut-être au même), de le dépersonnaliser.


1) Le désert :

Ce désert qui entoure l’Ouroboros, ce vide, ce néant, est en fait le fossile (écho, mausolée,…) de l’Unité originelle et perdue. Cette Unité, en effet, a été « tranchée » par l’Ouroboros qui, même s’il la circonscrit (et donc la limite), la divise. Pour être plus clair, on peut considérer l’Ouroboros comme le principe d’individualisation qui multiplie l’Unité originelle en l’enfermant (mouvement assez paradoxal donc…). Toutefois, comme je l’ai déjà signalé, l’Unité n’est pas totalement détruite mais subsiste encore sous une forme rémanente qui pousse les individus enfermé dans l’Ouroboros à la reformer. Il y a donc une tension fondamentale entre la division-circonscription de l’Ouroboros et l’unification-dépassement (car il s’agit de sortir de sa condition d’individu) de l’Unité que réalisera le Caducée dans la seconde partie du texte.

Cette explication devrait suffire, je pense, pour comprendre la première des trois partie de ce texte. Je n’en ferai pas une analyse détaillée (ça c’est votre boulot ) mais si jamais vous avez besoin d’éclaircissement sur certaines expressions, phrases, paragraphes,… je me ferai un plaisir d’y revenir.
Je vais donc juste vous donner l’explication des passages en vers qui reprennent la plupart de ce qui est dit dans les passages en prose qui précèdent :

Citation :
Plaine du faux absolu
Aux autours de mon centre dévasté
Sable éteint écho des enchantements
Plaine du faux infini mais d’imposante volonté
Comme en marche vers le soir
Comme un astre dans le noir
Comme l’homme a vu éternellement verra
S’abattre la main
Des dieux s’ébattre à contre-courant
Sable éteint écho des enchantements plaine du faux absolu


D’abord, faux absolu/infini (indifféremment) renvoie à l’Unité originaire (qui est le vrai absolu/infini) mais vidée de sa substance par l’Ouroboros qui l’individualise, la matérialise, la disperse,… D’où perte de sa « véridicité » puisque cette Unité n’est plus qu’un « écho », puisque ses plaines se sont « éteintes ». Toutefois, pas totalement puisque l’écho retentit toujours et appelle les entités dispersées au creux de l’Ouroboros, les attire, leur impose sa volonté et les guide comme « un astre dans le noir ». Ce pourquoi cette Unité éteinte, cet écho, peut être considérée comme des « dieux qui s’ébattent à contre-courant », c’est-à-dire contre le courant de la division et de la multiplication, contre le courant de l’Ouroboros qui cherche à la perdre définitivement. C’est donc en s’opposant à l’Ouroboros que l’Unité (les dieux) se maintient.

À ce propos, j’aimerai citer Antonin Artaud qui, dans la seconde partie de son « Héliogabale ou l’anarchiste couronné », affirme : « Et j’appelle ces dieux des noms ; je ne les appelle pas des dieux. Je dis que ces noms nommaient des forces, des manières d’être, des modalités de la grande puissance d’être qui se diversifie en principes, en essences, en substances, en éléments. » Ou encore : « Les dieux sont nés de la séparation des forces et ils mourront de leur réunion ». Donc les dieux, l’Unité perdue mais persistante comme force d’attraction et de mouvement dans les choses, constituent ce principe de (ré)unification qui nous pousse à nous opposer à notre condition d’être matériel et individualisé, d’être relatif ; dieux qui disparaîtront avec l’unification puisque, en tant que force d’unification, ils n’auront plus aucune raison d’être.

Pour ceux qui s’y connaissent un peu en philosophie, je pense qu’on peut aussi rapprocher ces « dieux-forces » des concepts de premier moteur et de cause finale chez Aristote mais aussi et surtout du concept d’Amour chez Empédocle (philosophe qui m’a beaucoup influencé pour ce texte, et dont la conception de l’Amour me permettra d’expliquer la citation de Césaire en exergue).

2) L’Ouroboros :

L’Ouroboros est ce serpent/dragon qui se mord la queue. Je trouve le symbole de cette créature particulièrement riche et intéressante ce pourquoi je l’ai employé ici, d’autant qu’il me permet d’exprimer de nombreux concepts à partir de lui seul.

D’abord, le serpent qui se mord la queue, c’est le cycle infini de la répétition du même, c’est-à-dire la fausse évolution puisque le point d’arrivée et le point de départ se confondent. Eternel retour du même donc, puisque les substances enfermées en son creux ne parviennent à se dépasser, à reformer l’Unité, son creux étant le principe de relativité des entités par rapport à toutes les autres et donc principe de division. De fait, l’Ouroboros enferme les entités dans leur individualité. Mais, pour maintenir son individualité, il faut appréhender son environnement ce pourquoi l’individu est toujours sollicité par l’extériorité, il n’existe pas sans elle et pourtant c’est cette dispersion de l’individu dans l’étrange qui l’empêche d’atteindre un niveau d’existence supérieur, fondé sur l’Unité et non plus sur la multiplication et la relativité. Il y a donc, à ce niveau, inversion du sujet et de l’objet, le premier se perdant dans le second afin de survivre.

Notez ici la métaphore de la chaleur, le chaud étant ce qui divise, ce qui dilate et amène l’instabilité, tandis que le froid, au contraire, unifie et gèle, permet l’équilibre véritable et non plus le faux équilibre qu’est l’homéostasie (qui est un équilibre qui doit sans cesse se confirmer, ce pourquoi il n’est pas un équilibre véritable). De même, la métaphore de la digestion, le creux de l’Ouroboros étant son « estomac », digestion qui consiste précisément en cette réappropriation de l’extériorité par le sujet pour se maintenir, en ce cycle des échanges qui doit sans cesse confirmer l’équilibre homéostatique.

Citation :
Et son écrin renferme un champ de bataille
Où survivre n’est pas gagner
Où les carcasses agglutinées sont une grâce
Et les coups reçus un don du ciel
Et son écrin renferme une tempête
Où mourir est un défi
Puisqu’on ne meurt qu’une fois
Et que c’est un peu se mordre la queue
Et mordre avec celle du destin
Que de mourir…


L’écrin, c’est bien sûr celui de l’Ouroboros qui contient les entités relatives et en mouvement continuel, qui contient une « tempête ». C’est pourquoi « survivre n’est pas gagner » car, pour survivre, il faut se nier soi-même et se perdre dans l’extériorité objective. C’est également pourquoi mourir est une grâce, puisque mourir c’est réaliser son but, à savoir la répétition, le cycle, c’est atteindre le faux équilibre homéostatique, la mort nous renvoyant à l’état inerte de la pure matière, nous renvoyant au point de départ.

3) Le Caducée

Le Caducée est la réalisation de cet élan primordial qui se trouve dans les choses et qui leur vient de l’écho dont j’ai parlé plus haut. Il s’agit du symbole de la médecine et de la pharmacie et qui représente un bâton autour duquel sont enroulés deux serpents (ça ne vous rappelle rien ? ). Ce symbole, je l’ai choisi pour des raisons assez évidentes. D’abord pour sa ressemblance avec l’Ouroboros (deux serpent qui forment une sorte de boucle, bien que celle-ci est ouverte contrairement à la boucle fermée du premier), mais aussi parce qu’il renvoi aux soigneurs, et par là, peut-être, à une certaine idée de délivrance.

En même temps que le Caducée, apparait le « Nous » (notez que « Nous », en grec ancien, signifie « esprit » lequel peut être opposé à la corporéité ; une piste de lecture pour le tout dernier paragraphe avant la dernière strophe en vers). L’acte réalisé dans cette dernière partie va donc consister à reformer l’Unité par la désindividualisation des entités et par leur dématérialisation. Cette idée est assez proche d’un certain mysticisme plutôt oriental qui cherche à se défaire du cycle des réincarnations pour se fondre dans une sorte de magma impersonnel, le Nirvana.

Citation :
Plaine du vrai absolu
Procession d’un cercle dévasté
Fiole ouverte bourreau des réclusions
Plaine du vrai infini et des corps dilués
Comme au biais des vitres closes
Comme en biais de pas grand-chose
Comme s’en va et vient la finitude
Quand on la gèle
D’une haleine froide et putréfiée
Fiole ouverte bourreau des réclusions plaine du vrai absolu :

Champ habité…


Pour la « plaine du vrai absolu » je vous renvois au faux absolu/infini. Il s’agit de cette Unité reformée, qui n’est plus un simple écho, une simple force motrice, une « plaine vide », mais une Unité actuelle, réalisée, au sein de laquelle les différentes entités se diluent en un Nous/Tout impersonnel, un « champ habité ». Il faut donc, pour cela, une ouverture, laquelle est réalisée par le Caducée qui détruit l’Ourobore, c’est-à-dire l’individualité et la corporéité. Ce pourquoi l’Ourobore devient « fiole ouverte » tandis que le Caducée, étant ce qui l’ouvre, peut-être considéré comme le « bourreau des réclusions ». Les entités réalisent donc l’Unité en franchissant l’infranchissable, les « vitres closes », c’est-à-dire l’individualité et la matérialité, en la dépassant et en passant outre le faux équilibre qui est un néant (un « pas grand-chose »…) qui refuse de s’assumer comme tel en donnant l’impression d’être et de mouvement alors même que rien ne s’y passe réellement si ce n’est la répétition de l’identique.

Ici je me rends compte que je n’aurai pas dû parler de va-et-vient dans la mesure où je n’en parle nulle part ailleurs (du moins jamais explicitement) et qu’il vous était donc très difficile de comprendre à quoi je faisais référence. Je veux en fait parler de l’idée empédocléenne selon laquelle il y a succession des phases d’unité et de dispersion. Théorie qui peut être rapprochée, en astronomie, de la théorie de l’alternance entre Big Bang et Big Crunsh, expansion et effondrement. Ainsi, l’Unité ne serait qu’un idéal difficile voire impossible à atteindre et à maintenir. Ce vers exprime donc un certain scepticisme envers la possibilité du dépassement, et marque le retour au niveau de l’Ouroboros avec l’Unité comme simple écho, force motrice.


Voila pour l’explication du mouvement général que j’ai voulu exprimer dans ce texte. J’espère ne pas vous avoir encore plus embrouillé : s’il est difficile à comprendre, il n’en est pas moins difficile à expliquer… C’est là que je me rends compte que j’ai peut-être abusé question densité du sujet. Difficile d’exprimer tout cela dans un seul texte sans devenir trop incompréhensible car trop condensé et trop lourd ce qui non seulement rend les idées confuses mais aussi ne donne pas très envie au lecteur d’y réfléchir… Je vous avais promis quelques exemples d’interprétations plus concrètes, cela vous permettre peut-être de mieux saisir de quoi je veux parler :

- Niveau cosmologique : Théorie de l’alternance Big Bang/Big Crunch dont j’ai déjà parlé.
- Niveau théologique : La conception chrétienne de la chute d’Adam et Eve me semble bien exprimer ce mouvement qui va du spirituel vers matière (et, à nouveau, un serpent y est pour quelque chose…), du simple vers le composé, avant un éventuel retour aux origines (le pardon de Dieu). Je tiens néanmoins à signaler qu’il n’y a aucune influence chrétienne dans ce texte. Je l’ai dit, les dieux dont il est question ne sont que des forces immanentes et impersonnelles.
- Niveau psychologique : Sans doute une des interprétations les plus intéressantes selon moi et qui me vient de la théorie psychanalytique. D’après celle-ci, en effet, le nourrisson ne fait aucune distinction entre le soi et le non-soi, entre le sujet et l’objet, lesquels se confondent donc. Ce n’est qu’après un certain temps, et après une certaine épreuve (l’épreuve de réalité chez Freud, l’épreuve du miroir chez Lacan,…) que le nourrisson se constitue une subjectivité, donc une unité, au détriment de sa dispersion première.

Enfin, je l’avais également promis, quelques mots touchant à la citation de Césaire puisque certains commentateurs ne voient pas du tout en quoi il est question d’amour dans ce texte, alors que d’autres ne voient que ça… Je trouve ces deux vers incroyablement adéquat à ce mouvement dont j’ai voulu vous parler. Et cela pas seulement à cause du « serpent corail » mais surtout à cause du dépassement des deux mouvements contraires que sont l’amour et la mort en une seule entité impersonnelle (cela c’est moi qui le rajoute : l’impersonnalité). Je parlais plus haut de la conception de l’Amour chez Empédocle qui est entendue comme force unifiante. Cette idée se retrouve également chez Antonin Artaud, dans l’ouvrage cité précédemment : « Car sur le plan où les choses s’élèvent, cette identification s’appelle l’Amour, dont une forme est la charité universelle, et dont l’autre, la plus terrible, devient le sacrifice de l’âme, c’est-à-dire l’individualité ». Mais la mort peut être comprise comme une force contraire à celle de l’Amour, à savoir une force dispersante. Il s’agit donc, dans cette citation comme dans ce texte, de dépasser la tension qui se joue au creux de l’Ourobore, tension entre les forces qui rassemblent et les forces qui séparent, entre pulsion de vie et pulsion de mort (pour faire un nouveau parallèle avec la psychanalyse).

Je reviendrai plus tard et de manière plus ciblée sur vos différents commentaires mais je vous remercie déjà pour leur pertinence. Même ceux parmi vous qui avouent ne pas avoir du tout compris mon texte sont parvenus à rester constructifs, ce qui me fait vraiment très plaisir.

Contribution du : 04/06/2011 19:30
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A. ARTAUD
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Re : À propos de "Ourobore et Caducée"
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Waw, un texte qui récolte des évaluations allant de "Très faible" à "Exceptionnel +" ça doit pas être si fréquent... C'est toujours amusant et intéressant de voir à quel point les avis peuvent être radicalement opposés (bien que globalement négatif ici).

En tout cas, un grand merci à tous pour vos commentaires que je trouve, dans l'ensemble, assez justes et précis !

Voici, comme annoncé, un petit retour personnel par rapport à vos différentes remarques. Même si ça ne vous intéresse pas tellement, ça me permet de mieux cibler ce qui a ou non été, donc j'en profite, même si vous pas du tout...

@Socque :


Je pense que vous mettez le doigt sur quelque chose qui me pose de nombreux souci et sur lequel je travaille : l’articulation de la poésie et de la philosophie. Ce n’est pas chose aisée, la poésie, comme je l’ai dit dans le post précédent, ne présentant pas le raisonnement mais uniquement ses conclusions, au contraire des textes philosophiques. Dans ce cas, choisir un juste milieu n’est pas la meilleure des solutions car cela donnerait lieu à une sorte d’hybride totalement inopportun qui en dirait soit trop soit trop peu. Un des principaux défauts que je reconnais à ce texte, c’est précisément cela : une volonté de poétiser qui ne parvient pas encore à se défaire suffisamment de l’intellectualisation. D’où, je suppose, cette impression fausse, cette rationalité forcée, que vous avez ressentie, le texte nageant entre deux eaux. Mais je ne désespère pas de trouver le ton juste, celui qui conviendrait à un tel sujet et qui permettrait de toucher le lecteur, de lui faire éprouver les conclusions métaphysiques que je lui présente.

Par contre, pour ce « quelque chose qui est de l’ordre du fantasme », je ne suis pas sûr de bien vous suivre. Peut-être voulez-vous parler du assez haut degré d’abstraction de ce texte ? Mais, dans ce cas, je ne vois pas en quoi le côté rationnel ne convient pas. Ou bien êtes-vous resté au niveau de la symbolique, de cette espèce de bagarre entre les deux créatures fantastiques sans en déceler le message sous-jacent ? Je comprendrais mieux, alors, en quoi la rationalisation du discours vous dérange. De toute façon, je pense que je n’ai pas été suffisamment explicite sur mes intentions, ce qui explique sans doute cette perplexité face à mon texte par rapport auquel on peut effectivement se demander de quoi il est question…


@Kaos :

Vous n’êtes pas le seul à avoir fait part de cette impression de « phrases vides de sens » et de « mots savant jetés pêle-mêle ». Certains commentateurs m’ont déjà fait cette remarque par rapport à mes textes précédents mais, dans celui-ci plus encore, la critique me semble tout à fait compréhensible. Cela ne veut pas dire, évidemment, que je l’accepte telle quelle, bien au contraire ! Je me défends de tout « hasardisme » ou « écriture automatique ». Comme je l’ai dit dans mon premier post, je privilégie le fond, trop peut-être, de sorte que rien n’est laissé au hasard et peu n’est là que pour « faire joli ». Cependant, le sens de ce texte est sans doute rendu beaucoup trop opaque par différents facteurs : trop grande densité, vocabulaire trop savant (non par suffisance comme certains semblent le suggérer mais plutôt par souci de précision), rythme mal maîtrisé, trop étouffant,… Je crois qu’il me faudrait, cela peut paraître paradoxal, moins rechercher la précision, laisser des significations un peu plus flottante et plus poétique afin de donner plus envie au lecteur de me comprendre, d’approfondir mon texte, et donc d’être mieux compris. Ainsi, si je refuse de considérer mon texte comme vide de sens, j’accepte de ne pas être parvenu à le susciter chez le lecteur, ce sens. Mais cela revient au même pour vous, je l’admets…


@Nescience :

J’ai expliqué la citation de Césaire dans le post précédent, j’espère que, avec cela, vous avez réussi à trouver l’amour ! Par contre, vous avez réussi à trouver le cycle, ce qui est déjà pas mal, celui-ci étant vraiment au centre du texte. Et je pense que les idées de vie, de mort, de maladie et de lutte ne sont pas étrangères au tout, loin de là.

Pour le reste de votre critique, je suis tout à fait d’accord : « ça fuse de partout » ! A l’avenir, j’essayerai, non seulement d’alléger mon écriture, mais surtout de me focaliser sur une idée moins générale que celle de ce texte, lequel pourrait facilement faire l’objet d’une dizaine de poèmes de cette taille sans que je ne me répète. Alléger donc…


@Wancyrs :


Je pense avoir répondu à vos différentes remarques dans la réponse à Kaos, notamment en ce qui concerne les « phrases vides de sens ».

Par contre, par rapport au vide que j’essayerai d’exprimer : oui et non. Je l’explique dans mon précédent post, le vide ne l’est pas totalement, il est écho, devenir, fossile, il est l’attente d’être comblé. Et c’est déjà pas mal pour du simple « vide ».

À la prochaine donc ! (Le rendez-vous est pris !)


@Alexandre :

J’ai répondu à vos remarques dans les autres réponses. Pour ce qui est de la présence/absence de poésie dans ce texte, je conviens qu’elle n’est pas facile à saisir et qu’on peut facilement la manquer. En fait, comme je l’ai déjà répété, j’ai davantage travaillé le fond que la forme, aussi la poésie du texte n’est-elle pas tellement à cherche dans l’écriture. Quoique, j’ai recherché un certain rythme, un certain étouffement suivit de phases plus posées, un cycle prose/vers qui manifeste un travail de forme évident, en parallèle au cycle décrit entre l’unité et le multiple. Mais je comprends bien que, à ce niveau, ce soit totalement loupé pour vous. Mais, là où la poésie se trouve, selon moi, c’est davantage dans le mouvement (qui est lui aussi formel) que je décris. Une sorte de poésie mathématique donc, comme certains peuvent trouver poétique une démonstration géométrique ou une formule physique (oui oui, il y en a pour y trouver de la poésie je vous l’assure !)... Le problème vient que, pour que l’auteur puisse avoir accès à cette poésie de fond, la forme doit être un minimum poétique elle-aussi, ou du moins suffisamment claire, ce qui n’est manifestement pas le cas ici.


Voila, pour les autres ce sera demain. Il commence à se faire tard et je ne voudrais pas bâcler ma réponse !

Contribution du : 04/06/2011 23:48
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Re : À propos de "Ourobore et Caducée"
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@Nescience : J’ai expliqué la citation de Césaire dans le post précédent, j’espère que, avec cela, vous avez réussi à trouver l’amour ! Par contre, vous avez réussi à trouver le cycle, ce qui est déjà pas mal, celui-ci étant vraiment au centre du texte. Et je pense que les idées de vie, de mort, de maladie et de lutte ne sont pas étrangères au tout, loin de là.


Je croyais qu'on se tutoyait. :) Ou alors j'ai raté un train et il faudra me remettre sur les rails...

J'ai lu toutes les explications et pour tout dire, je me sens encore plus perdue maintenant. Et je ne trouve toujours pas l'amour mais je pense que c'est tout simplement parce que je n'en ai pas la même conception. Peut-être est-il où je vois moi la vie... Ça ne m'a de toute façon jamais dérangée d'être à côté de la plaque dans mon interprétation (encore que ce ne soit pas visiblement pas tout à fait le cas), même si j'aime bien comparer ce que j'ai pu voir et ce que l'auteur a pu mettre...

Même si pour le coup ma lanterne n'a pas réussi à s'éclairer, je suis toujours contente lorsqu'un auteur prend le temps de répondre... alors juste pour ça, merci !


Contribution du : 05/06/2011 00:01
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Re : À propos de "Ourobore et Caducée"
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Hum... Oui on se tutoie mais, comme je n'ai pas encore "rencontré" tous les commentateurs, j'ai répondu à tous en vouvoyant, pour être sûr de ne froisser personne ! Je suis parfois un peu trop poli...

Navré de t'avoir perdue encore plus ! Par "amour", c'est vrai que je n'entend pas ce qu'on entend habituellement. C'est quelque chose de plus général. Tu parles de vie, pourquoi pas. J'ai moi-même parlé de pulsion de vie, de force unifiante. Mais je pense qu'on peut définir l'amour au sens usuel à partir de là.
Je ne connais pas bien Alain Badiou mais je pense qu'il définit le couple amoureux comme ne formant qu'une seule personne qui dépasserait la subjectivité des deux amants. Il y aurait alors, là aussi, unification c'est-à-dire dépassement du subjectif pour constituer une subjectivité d'un niveau supérieur, une subjectivité impersonnelle.
Ce qui te dérange peut-être, c'est que cette conception de l'amour n'est pas une conception véritablement intuitive. En tout cas, elle n'est pas présentée comme tel, mais plutôt comme une conception proprement spéculative. Il y a donc un changement de point de vue à opérer sur l'amour, lequel n'est pas conçu à partir de son vécu, de son expérience, mais d'un raisonnement abstrait (cela ne veut pas dire, bien sûr, qu'il est totalement étranger à la réalité factuelle).

Voila, j'espère que c'est un peu plus clair !

Contribution du : 05/06/2011 10:12
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Re : À propos de "Ourobore et Caducée"
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Salut.
Personnellement, j'ai failli rééditer mon commentaire, parce que le début était quand même assez dur (le mot ridicule notamment). Je suis désolé si je t'ai froissé.


Je lis tes explications, et je me dis surtout que le problème selon moi tient plus à la forme qu'au fond. J'ai déjà remarqué, dans d'autres textes, que mêler philosophie (ou réflexion) et poésie, c'était tout à fait casse-gueule : le lecteur n'arrive pas forcément à suivre la démarche intellectuelle, et la poésie du texte en pâtit.

Bref, tu disais que tu as hésité à mettre ton texte dans la catégorie "dissertation" : je crois que cela aurait préférable, en dépouillant un peu plus ton texte, extrêmement dense, tandis que tu aurais pu en parallèle écrire un autre texte poétique, à partir de deux ou trois images.

Contribution du : 05/06/2011 11:43
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Re : À propos de "Ourobore et Caducée"
Visiteur 
Désolé aussi d'avoir été un peu "dur" et ton explication me convient: je crois en effet qu'en route tu as perdu le sens poétique de ton texte. C'est dommage parce que ton idée de départ une fois expliquée est somme toute très intéressante. Tu dis étouffant, j'aurai dit contraignant.

Contribution du : 05/06/2011 11:53
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Re : À propos de "Ourobore et Caducée"
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Ne vous en faites pas si vous avez été un peu "dur" avec moi. J'encaisse plutôt pas mal la critique, d'autant qu'elle est justifiée et que je me la serais peut-être moi-même adressé !

Charivari, je reviendrai tout à l'heure (ou demain, selon quand je trouverai le temps) sur ces deux ou trois premières phrases que tu as trouvé "ridicules". Je comprends qu'elles peuvent déconcerter d'entrée de jeu le lecteur qui n'a encore aucune clé pour les déchiffrer. Cela me permettra également d'expliquer ce concept : "atomique" qui est assez important ici.

Merci à vous deux pour votre franchise (même un peu rude) !

Contribution du : 05/06/2011 12:11
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Re : À propos de "Ourobore et Caducée"
Visiteur 
Bonjour Lunar ! Merci pour votre réponse à mon commentaire un peu trop lapidaire, j'en conviens... Vous dites "poésie mathématique", soit, mais j'ai toujours été fâché avec les chiffres et ceci explique sans doute celà.
Ceci dit à chacun sa poésie ; nous naviguons vous et moi sur des vagues poétiques très éloignées l'une de l'autre ce qui ne m'empêche pas de vous souhaiter bon vent...
Amicalement. Alexandre

Contribution du : 05/06/2011 14:07
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Re : À propos de "Ourobore et Caducée"
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Pour ce qui est de la "poésie mathématique", Alexandre, je vous renvoi à ma réponse à Pluriels1 dans laquelle je pense avoir mieux expliqué ce que j'entendais par là. Les chiffres ne sont pas vraiment ma tasse de thé non plus, et heureusement ce n'est pas de cela qu'il s'agit !

Voici la suite des réponses à vos commentaires. Je n'ai pas encore eu le temps de répondre à tous, désolé. Les derniers viendront demain j'espère ! (Et ne vous étonnez pas si je vous ai tous vouvoyé, c'est plus commode pour moi, surtout que je rédige ces réponses sur Word, donc pas vraiment dans un cadre propice à la familiarité ! )


@Pascal31 :

Merci pour vos encouragements Pascal ! C’est très intéressant pour moi d’avoir quelques « fidèles » comme vous pour commenter mes textes. Cela me permet de voir s’il y a évolution on non (en l’occurrence, non, pas encore…).

Cela dit, je me permets de ne pas être tout à fait d’accord avec vous. Ça m’importe quand même que le lecteur comprenne mon texte. Par contre, je ne suis pas vraiment soucieux qu’il me comprenne. J’aime penser que la poésie, telle que je la conçois et essaye de la réaliser, ne cherche pas à transmettre un message mais à le susciter. Je ne veux donc pas tellement transmettre un contenu de pensée au lecteur, mais des formes et des mouvements de pensée que le lecteur devra lui-même remplir. Cela ne veut pas dire que mon texte est vide de sens, comme je l’ai déjà dit. Il y a bien un contenu qui a guidé mon écriture. Mais c’est au nom de cette conception de la poésie que je me permets de le « masquer ». Il est évident que ce contenu n’est pas explicite, qu’il ne vous parlera pas de lui-même mais que, au contraire, c’est à vous de le faire parler. Ma tâche, en tant qu’auteur, est donc de m’assurer que vous ayez envie de réaliser ce travail d’interprétation. Visiblement, je n’y suis pas encore bien arrivé, mais je ne désespère pas, moi non plus, d’un jour y parvenir !


@Charivari :

Je peux comprendre que les premières images plongent d’emblée le lecteur dans une certaine perplexité. Pourtant, elle ne me semble pas plus alambiquée que les autres images qui viennent plus tard dans le texte. Mais le lecteur dispose alors de davantage d’indices qui lui permettent de les mieux comprendre sans doute. Aussi une seconde lecture peut-elle s’avérer nécessaire pour en comprendre la signification.

Dans la première phrase, « médullaire » est à mettre en rapport avec « leucémie » de sorte que le « gouffre médullaire » est ce qui reste après l’ « avortement des leucémies ». Si vous avez lu mon premier poste, cela devrait sans doute vous rappeler ce que j’ai dit à propos de l’ « écho de l’Unité ». Je me rends compte, cependant, que l’image de la leucémie n’est pas la plus adéquate et que j’aurai plutôt dû parler en terme de cancer ou de tumeur (rien de très joyeux et pourtant…) afin d’exprimer cette unification qui s’opère avec la dématérialisation. Bref, une légère approximation de ma part, vous faites bien de le signaler. Ce qui est plus intéressant dans cette phrase, c’est la « viande atomique ». Pas besoin, je pense d’expliquer ce que vient faire la viande ici, par contre l’atomique est moins évident ainsi que le rapport entre les deux, viande et atomique…

Ma conception de l’atomique me vient, une nouvelle fois, d’Antonin Artaud qui, dans « D'un voyage au pays des Tarahumaras » (je pense), oppose « corps atomique » et « corps anatomique », opposition qui recoupe celle entre « culture indienne » et « culture occidentale ». Le corps atomique est un corps impersonnel c’est-à-dire fusionnel, c’est le corps en tant qu’il nous met en rapport avec l’ensemble des autres corps du monde, le corps en tant qu’il pâtit de l’extériorité. Au contraire, le corps anatomique est le corps fermé sur lui-même, le corps individuel qui se distingue de tous les autres corps. Là où (sans prétention, quoique…) je pense dépasser Artaud, c’est que je considère que cette opposition n’est pas réelle mais seulement logique. Dans les faits, le corps est toujours l’un et l’autre, distinct et fusionnel. Il s’agit de cette tension dont j’ai déjà parlé entre force unifiante (corps atomique) et force dispersante (corps anatomique) ce que, provisoirement, j’appelle le « corps schizophrène » (ce concept n’apparait pas dans ce texte, mais peut-être dans un futur…) en tant qu’il est fondamentalement tiraillé entre ces deux mouvements opposé, ou bien animé d’un seul mouvement paradoxal, selon le point de vue que l’on adopte.

Ainsi, si la viande atomique avorte les leucémies (entendez unification et décorporation), c’est précisément parce qu’elle incarne et disperse.

Je pense en avoir assez dit déjà pour que vous soyez en mesure de comprendre la seconde phrase, d’autant que l’ « ovule » y est explicitement assimilé à l’Unité et la « nuit » aux forces motrices.


@David :

Ce que j’aime bien avec vos commentaires, David, c’est que vous y interprétez toujours mon texte d’une manière tout à fait personnelle, si bien que j’ai moi-même du mal à voir à quoi vous faites référence.

Je me souviens que, pour « Le tocsin », vous m’aviez déjà parlé de naissance. Voici ce que je vous avais alors répondu :

Citation :
Mais il est vrai que la métaphore de la naissance permet peut-être de mieux le comprendre. Des nombreuses influences théoriques de ce poème, je pense ici pouvoir citer Jacques Lacan pour qui, d’après ce que j’en sais et surtout d’après ce que j’en ai compris, le fœtus serait à la fois sujet et monde ; serait un être fini et complet. Le fœtus réaliserait ainsi (imaginairement du moins) l’union d’une dualité puisque, s’identifiant à la mère qui l’englobe, il serait tout autant celui qui perçoit que l’univers qu’il perçoit. Or la naissance viendrait rompre cette union originelle en contraignant l’enfant à vivre avec les aléas de l’extériorité. Par conséquent, l’enfant ne serait plus que simple sujet, être incomplet et infini (dans les deux sens du terme puisqu’il subit l’infinie diversité du monde qui s’impose à lui).

Par rapport à cela, je crois qu’on peut dire que ce poème cherche à traduire cette angoisse (qui peut être celle de l’enfant mais pas seulement), angoisse qu’entraîne l’éclosion de l’univers extérieur dans le champ de l’être, le dédoublement passif du sujet soumis à l’Autre. C’est en réaction à cela que peut se comprendre la fin du texte, l’être se mettant à la recherche du "redevenir fœtus" (cet être complet qui est à la fois sujet du monde et monde).


Je crois que cette réponse tient toujours dans ce texte bien que sa portée soit beaucoup plus générale que la portée de mon « tocsin » qui se limitait à l’expression plus intuitive et personnelle de ce même sujet et qui n’allait pas aussi loin dans le dépassement de la dispersion, dépassement qui en restait à l’état de fantasme, d’aspiration.

Concernant la dualité masculin/féminin, c’est quelque chose auquel j’ai pensé effectivement. Je n’ai toutefois pas mis cela en évidence ici pour ne pas abuser des métaphores. Mais il est évident que le masculin est la dispersion (le sperme qui tranche l’ovule unitaire) et le féminin l’unité (l’ovule unitaire). Ainsi, l’Ourobore est masculin tandis que le Caducée permet le passage de l’un à l’autre par cette « éjaculation cathartique » (l’éjaculation étant précisément ce passage des semences masculines vers l’unité de l’ovule, l’œuf féminin). La métaphore est évidemment fort riche mais je n’ai pas voulu la développer davantage dans ce texte. Pourquoi pas dans un prochain… ?

Par contre, je ne vois pas d’où vous tenez, dans mon texte, qu’il n’y a d’amour qu’entre une mère et son enfant… J’ai du mal à saisir le lien que vous faites ici.


@Pluriels1 :

Je n’ai pas grand-chose à ajouter… Je savais, en proposant ce poème, que j’aurai du mal à trouver un public. Pour cela, il me fallait convaincre le lecteur de prendre son temps, et je n’étais pas sûr d’avoir les arguments nécessaires (par « je », je veux dire « mon texte » évidemment). Mais je ne désespérai pas. Aussi votre commentaire me fait grand plaisir, vraiment ! J’aime que vous parliez de « Tout ». Car, si j’ai divisé, dans mon explication, ce texte en trois parties, celles-ci ne sont évidemment pas véritablement distinctes. Elles sont liées les unes aux autres et ne font sens que dans leurs rapports mutuels. Je parlais de « poésie mathématique » avec Alexandre, c’est de ça que je voulais parler : la poésie dans le système, dans les idées qui s’enchaînent non pas de manière linéaire mais dialectique plutôt.

L’influence de Césaire n’est peut-être pas très explicite dans ce texte (sinon par l’exergue). Mais vous faites bien de la souligner. Le goût des phrases longues, la ponctuation parcimonieuse et, surtout, le caractère « épique » de la poésie césairienne, tout cela m’a profondément marqué et se retrouve ici.

Vous parlez aussi d’opéra. Je dois vous avouer que l’idée m’a déjà traversé. De symphonie plutôt. Surtout que le thème de ce sujet s’y prête bien, avec ces différents mouvements particulièrement denses entrecoupés de repos. Mais cela n’est encore qu’une idée, au mieux un projet, rien donc d’encore très concret.

Merci pour votre commentaire et, surtout, pour avoir pris le temps de me lire !

Contribution du : 05/06/2011 23:11
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Re : À propos de "Ourobore et Caducée"
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Citation :
Par contre, je ne vois pas d’où vous tenez, dans mon texte, qu’il n’y a d’amour qu’entre une mère et son enfant… J’ai du mal à saisir le lien que vous faites ici.


J'avais prévenu que la comparaison était un peu rêche, mais j'ai peut-être bien lu le poème comme une histoire d'amour entre Ourobore et Caducée, qui veulent passer du "faux infini", au "vrai", et quand ils y parviennent ou le réalisent, ils se dispersent :

Citation :
Plaine du vrai absolu
Procession d’un cercle dévasté
Fiole ouverte bourreau des réclusions
Plaine du vrai infini et des corps dilués
Comme au biais des vitres closes
Comme en biais de pas grand-chose
Comme s’en va et vient la finitude
Quand on la gèle
D’une haleine froide et putréfiée
Fiole ouverte bourreau des réclusions plaine du vrai absolu :


Champ habité…


C'est la narration des passages en vers qui posent un narrateur incantatoire et un interlocuteur "grandi" ou "mis à une certaine hauteur" du fait du ton que les vers prennent, sauf qu'à lire les images, je me demandais si ce narrateur priait ou maudissait.

J'en ai compris que l'absolu demeurait insaisissable, ce sont les impressions que me laissent les mots, ils ne décrivent pas pour amener à une image unique, directement compréhensible, mais ils sont posés-là. Quelque chose est appelée "plaine", puis "procession", puis "champs" ; "cercle dévasté", "bourreau des réclusions", "Plaine du vrai infini et des corps dilués (... ) Comme (... ) Comme (... ) Comme (... ) Quand on la gèle
D’une haleine froide et putréfiée", ce sont des images sombres, il y aura le "finitude" dans ces descriptions "aveugles", qui ne peuvent renvoyer qu'à une interprétation.

Je suis parti du titre, un couple de noms propres, le poème débutait par une citation, si on me dit "l'amour", "la mort", je pense à "la vie", comme à un test de suites incomplètes. Le poème ne sera pas seulement mystérieux dans son vocabulaire mais dans son propos également, l'agencement des mots n'est pas celui d'une réflexion comme un cours ou un traité, il y a toujours comme quelque chose qui manque. J'ai poursuivi ma lecture avec ce que je pouvais prendre du texte, ce genre d'impressions forcement laissées aux lecteurs.

Contribution du : 06/06/2011 00:28
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