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Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le "Troisième sexe" |
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Expert Onirien
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J’aimerais remercier tous ceux qui, lecteurs ou commentateurs, ont accepté de consacrer de leur temps à ce texte ; texte assez court, il est vrai, mais qui revêt néanmoins une très grande importance à mes yeux. C’est que, je peux bien vous l’avouer maintenant, le contrecoup de mon « Ourobore » ne fut pas des plus tendres… Non que les commentaires d’alors m’aient vexé, découragé ou que sais-je encore… Bien au contraire. Mais j’eus un peu l’impression que, après cela, un changement s’imposait, que je ne pouvais plus persévérer dans cette voie qui était la mienne et qu’il me fallait enfin me décider à tenter d’appliquer ce que vous n’avez cessé de me répéter depuis ma toute première publication. D’où une période de doute et de remise en cause qui donna cependant lieu à deux textes : un « Coup de langue » assez anecdotique, et, encore avant, une « Petite araignée en soie » dont j’aurais tort, je crois, de sous-estimer l’importance pour la composition du poème qui m’intéresse ici. C’est pourquoi il me semble assez intéressant de revenir un peu sur cette remise en question et sur le comment vos précédents commentaires ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd.
1) La démarche La remise en question d’abord, sur quoi porta-t-elle au juste ? Eh bien… je pense que certains parmi vous l’ont pressenti, le gros de mon travail fut consacré à la forme, à l’expression de cette réflexion déjà bien en place au sein de mon « Ourobore » mais que j’avais alors échoué à vous communiquer. Métaphores hermétiques, langages abstraits, tournures lourdingues, extrême densité… tant de mauvaises habitudes que vous avez judicieusement pointées du doigt et auxquelles j’ai tenté et tente encore de remédier. Non pas que j’aie renié l’objectif qui a toujours été le mien, à savoir atteindre cet instant où philosophie et poésie se rejoignent. Juste que je cherche à équilibrer ces deux aspects et, surtout, à utiliser davantage cet instrument qu’est pour moi la poésie afin de « sublimer », davantage que de simplement porter, la dimension fondamentale de mes textes, je veux dire la réflexion. Bon, je ne vais évidemment pas vous retracer tout l’historique de mes recherches poétiques, mais simplement souligner en quoi ce « Troisième sexe » témoigne d’un changement assez radical de point de vue par rapport à mes autres textes (excepté « La petite araignée en soie »). Je pense (c’est du moins ce que j’ai retiré de vos commentaires) que ce qui posait surtout problème dans mon « Ourobore », c’est cette dimension doublement abstraite du texte. D’une côté, l’intention était manifestement philosophique, mais, en plus de cela, le langage lui-même n’échappait pas à cette abstraction si bien que je me positionnais dès le départ en hauteur et demandait ensuite au lecteur de m’y rejoindre, sans pour autant lui montrer la voie qui le lui permettrait. Point de vue descendant donc, avec pour conséquence une poésie qu’on pourrait qualifier de totalitaire en cela qu’elle englobait une multitude d’interprétations auxquelles elle renvoyait par participation. En effet, je vous en avais parlé dans le fil consacré, mon objectif était de décrire une pensée pure, mouvement applicable à des domaines aussi différents que la psychologie, la physique, la linguistique, la logique, etc. Mais sans jamais ancrer explicitement le texte dans aucun de ces domaines. C’est essentiellement sur ce point que j’ai travaillé avec ce poème. Car, je l’ai déjà dit, mon objectif en lui-même n’a pas changé. Ma pensée non plus. Mais j’ai voulu ici lui conférer une substantialité plus tangible en la faisant redescendre au niveau des corps et en la concentrant sur ces deux aspects les plus centraux de ma réflexion : la physique et la linguistique. Cela explique, je pense, l’importance capitale qu’a pris pour moi depuis quelques textes ce petit bout de chair qu’est la « langue »… Langue-corps et langue-signe. La poésie qui va de l’une à l’autre en les articulant (ce qui n’est peut-être pas très clair encore dans ce texte). C’est ici, je crois, que le changement radical dont je parlais est à chercher. Car il ne s’agit plus du tout d’une poésie descendante, allant, par participation, de la généralité de la pensée à la particularité de ses applications multiples. Au contraire, la poésie est directement plongée dans cette particularité et constitue une sorte de tremplin duquel je vous invite à rejoindre la généralité de mon « Ourobore ». Non plus par participation cette fois, mais par analogie. Analogie déjà réalisée entre corps et langage mais pouvant bien sûr s’étendre à d’autres domaines (je pense notamment à la psychologie), si bien qu’on peut, par ce procédé, c’est en tout cas ce que j’espère, extraire le principe-mouvement exposé dans mes précédents textes. Je crois que ce décentrement de la poésie présente de nombreux avantages. En premier lieu, bien sûr, celui de la concrétude. C’est-à-dire qu’on peut désormais très bien passer à côté de la pensée que j’expose sans pour autant ne rien ressentir à sa lecture. Sur mon dernier texte, « Coup de langue », Léo commençait par cette phrase : « Ce texte ne m’évoque rien ». Ce n’est pas le seul à m’avoir dit ce genre de chose et c’est précisément ce que j’ai voulu éviter ici. D’où l’incarnation de ma pensée ici dans une situation extrêmement concrète, brutale même (voire animale mais j’y reviendrai sans doute), à savoir dans l’acte sexuel (qui s’avère plutôt être un acte reproducteur, mais je parlerai de tout cela par la suite). Si bien que ce texte peut très bien se lire comme la simple description d’un coït. Ce n’était évidemment pas mon intention première, mais c’est un bon début pour saisir ensuite le message véritable de ce texte, message sur lequel je m’en vais maintenant vous donner quelques indications. 2) Le texte C’est évidemment avec grand plaisir que je me suis rendu compte que vous aviez tous à peu près compris où je voulais en venir avec ce texte, au moins partiellement. Cela me facilite aussi grandement la tâche étant donné que je peux repartir de vos commentaires afin de poser/confirmer quelques jalons fondamentaux. Pour reprendre la comparaison avec « Ourobore », je dirais que la réflexion du « Troisième sexe » se positionne juste avant (ou bien juste après, le mouvement étant globalement cyclique) la réflexion de celui-ci. Je l’ai déjà mentionné, l’acte décrit est un acte reproducteur, lequel aboutira, malgré lui, à la constitution de ce que je symbolisais par l’Ourobore : une entité actuelle subissant le double-mouvement du corps-schizophrène (expansion et constriction) dont l’évolution apparente ne conduit jamais qu’à l’éternelle répétition de l’identique. Mais bon… cela n’est que pour vous situer ce texte, il n’est en fait pas véritablement question de tout cela ici (ou si peu). Au contraire, cette acte reproducteur (qui est, je le rappelle, à la fois celui des corps et du langage) n’a pas pour intention première de reproduire l’identique mais d’atteindre à un degré d’existence supérieur, presque divin : le « troisième sexe ». Il s’agirait donc de transcender notre condition d’Ourobore, d’entité étriquée, afin de rejoindre l’être plein et asexué (plus qu’androgyne) qui se rend, par toute l’étendue de son indétermination, maître de l’infinité des possibles. Je vous invite, afin de comprendre ce que j’entends par là, à lire la citation d’Artaud que je porte en signature : « puissance d’expansion », « domination sur les choses », etc. Je vous ai aussi déjà parlé à plusieurs reprises de la théorie lacanienne selon laquelle le fœtus serait à la fois sujet et objet, contenu et contenant, et qui, ce faisant, serait maître de son environnement, celui-ci étant considéré par lui comme la prolongation de lui-même (et encore, je ne sais s’il est exact de parler ici de « prolongation » puisque cela impliquerait encore une différence de niveau entre le sujet et le monde). Ce n’est là cependant que l’aspiration de l’être sexuel et linguistique. Le troisième sexe (que j’ai souvent qualifié d’Unité ou d’Absolu), lui, s’y dérobe toujours nécessairement. A l’instant où on pense le saisir, il n’est déjà plus comme tel, toujours déjà incarné : « ouroborifié ». Il n’est jamais qu’une espèce de point d’inflexion entre deux moments fondamentalement identiques (même si d’apparences parfois très différentes) de l’existence. Ainsi, l’évolution n’est jamais que superficielle. Dans le fond, c’est l’éternel retour du même qui prévaut. On a beau tendre, de cristallisation en cristallisation, vers cet absolu, on ne l’atteint jamais et ces cristallisations successives ne parviennent jamais, malgré leur évolution apparente, à dépasser leur ancrage corporel qui, en tant que tel, les rend dépendant de l’environnement qui n’a pour effet que de les ronger de l’intérieur jusqu’à leur totale annihilation. Par conséquent, la redistribution qui a lieu lors de chaque passage de témoin n’a pour résultat (pas pour objectif donc, mais pour résultat) que la conservation de l’existence étriquée de l’Ourobore. Détruire pour mieux conserver donc… Au sein de ce processus, le rôle de la poésie est clair (et c’est ici qu’on rejoint l’aspect poético-linguistique du texte) : exprimer cette infléchissement, cette espèce de chaos redistributeur indicible qu’est le troisième sexe. Je disais tout à l’heure que je voulais faire redescendre la poésie dans les corps, ce n’était pas tout à fait exact, vous vous en rendez compte maintenant. Pas dans les corps mais en équilibre instable sur le fil qui tranche le réel en surface sans pour autant le différencier en profondeur. Atteindre le Verbe silencieux à l’origine de toute parole, l’être asexué de l’infini des possibles. Autant le dire franchement, ce texte ne témoigne pas de la réussite de cette entreprise. Au contraire, il en reste au constat d’échec que je viens de vous décrire. Ce pourquoi le troisième sexe n’est ici caractérisé que par son absence, son retirement toujours renouvelé. Peut-être l’avez-vous noté, le nombre de vers par strophe dans ce poème va en décroissant : de cinq à un seul, ou plutôt à zéro. Car ce vers-zéro est véritablement au centre de ce texte. C’est lui qui lui confère son titre et c’est vers lui que tendent tous les autres. Mais ils y tendent non pas par libération, mais par étranglement. Si bien que cet acte est d’emblée condamné (« tuméfié ») et qu’on est en droit de douter de la possibilité d’atteindre véritablement ce troisième sexe, d’en voir la fin, c’est-à-dire le but, l’objectif. D’où l’interrogation du passage en italique et la répétition de celle-ci, venant en fait répondre à la question : non, on n’en verra jamais la fin, la répétition du même perdurera aussi longtemps qu’il y aura mouvement… Voici pour les quelques généralités relatives à ce texte. Je n’en dis pas plus pour le moment (c’est déjà beaucoup et j’ai bien peur de vous avoir déjà perdu ^^). Certains des éléments que j’ai abordés (peut-être même certains autres) devraient s’éclaircir, j’espère, avec ma réponse à vos commentaires (j’essayerai de faire ça pour ce soir). Je suis vraiment désolé d’avoir fait si long. Vous savez que j’ai parfois du mal à me contenir (je ne suis pourtant pas quelqu’un de très bavard). M’enfin, je me dis que ça pourrait intéresser certains d’entre vous alors… En tout cas, j’aimerais vous remercier tous encore une fois pour la pertinence de vos commentaires. Cela me fait vraiment très plaisir !
Contribution du : 09/10/2011 11:22
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Sans puissance d'expansion, sans une certaine domination sur les choses, la vie est indéfendable. Une seule chose est exaltante : le contact avec les puissances de l'esprit. A. ARTAUD |
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Re : Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le "Troisième sexe" |
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"Je ne crois pas qu'un auteur, surtout en poésie, doit nécessairement s'expliquer sur les termes qu'il emploie. Ca lui appartient, c'est son monde et le lecteur les interprète avec sa propre subjectivité."
C'est une phrase que j'ai tiré de mon propre commentaire sur ton poème. Tu comprendras donc que je n'ai pas lu tes explications, je n'en ai aucune envie. Vraiment, je ne comprends pas comment on peut à ce point disséquer, analyser, retourner dans tous les sens son oeuvre et en extirper du coup toute la magie, tout le mystère que nous étions plusieurs à apprécier. Autant je peux le comprendre pour une Nouvelle, autant la poésie n'a pas besoin de ce retour sur soi. Qu'est-ce qui t'empêche de laisser ton brillant poème voguer librement dans l'esprit des lecteurs ? Tu as déjà tout dit, tout écrit dans le "Troisième sexe", ce qui s'ensuit est donc superflu, inutile. Pire, tes explications détaillées imposent un sens et brisent ainsi les représentations intimes que chacun s'était construit. La déception n'est pas loin ... Je sais qu'Oniris est d'abord un atelier d'écriture et encourage ce type d'échange. Je ne fais donc qu'exprimer une opinion toute personnelle et ne remet absolument pas en cause ce fonctionnement.
Contribution du : 09/10/2011 12:17
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Re : Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le "Troisième sexe" |
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En toute courtoisie et amitié Jano,
je pense que lorsqu'on gravit une paroi, si l'ivresse est d'en atteindre le sonnet, elle est aussi de chaque instant à chaque prise, chaque appui qui y mène. Rien n'interdit d'ailleurs de s'arrêter en route pour mieux en jouir et retarder ainsi la jouissance suprème qui embrasse. Un sonnet se mérite et quiconque n'en connaît pas le cheminement ne le savoure pas pleinement, à mon avis toujours. Y a t-il un 'seulement', un 'uniquement' sensitif ? Il faut déjà cheminer ici par le seul fait du déchiffrement... La poésie est aussi dans l'outil. Cette vision où l'on contenterait de l'éblouissement, de la révélation, de l'adoration n'est-elle pas réductrice ? :) Personnellement j'aimerais bien que Dieu s'expliquât plutôt que d'admirer béatement sa création... :) Non pas que vous soyez béat ni que je considère Lunar-k comme Dieu :) Mas il joue sacrément bien de l'apex :))
Contribution du : 09/10/2011 13:09
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Re : Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le "Troisième sexe" |
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Jano :
Je me souviens bien de ton avis sur la question. A vrai dire, je ne suis pas loin de le partager (oui, vraiment). Moi-même (alors que je ne suis manifestement pas le dernier à disséquer mes propres textes), il m'arrive d'être "déçu" après avoir lu les explications d'un auteur sur son poème ou sa nouvelle (je ne fais pas vraiment de différence à ce niveau). Ce d'autant plus souvent lorsque je l'ai apprécié. D'un autre côté, en tant qu'auteur égoïste, il est assez important pour moi de faire le point de temps en temps. Et cela pour plusieurs raisons. D'abord parce que ça me permet de me situer et de clarifier ma démarche (non pas tellement auprès des lecteur mais auprès de moi-même). Ce qui a pour avantage de consolider les bases sur lesquelles je m'appuierai pour la composition de mon prochain texte. Ensuite parce que cela permet aux lecteurs/commentateurs de comparer leur compréhension à la mienne et, peut-être, de préciser leurs remarque en fonction de cet éclairage nouveau. Je suis convaincu que, si certains se prêtent au jeu, cela peut donner lieu à un débat très constructif pour moi et me permettre de mieux comprendre les critiques qui me sont adressées. Je suis donc, au moins, doublement gagnant . Cela dit, j'attends toujours un jour ou deux, histoire d'avoir reçu un nombre respectable de commentaires "aveugles" (qui sont sans aucun doute les plus intéressants), avant d'apporter ces quelques explications. Mon objectif n'est évidemment pas ici d'orienter le lecteur. Raison pour laquelle j'essaye aussi de rester le plus vague et général possible dans mes explications (même si je ne parviens jamais complètement à m'empêcher de projeter mon propre point de vue sur celles-ci... ^^). Mais sache que je comprends parfaitement ton opinion et que je suis tout à fait conscient de ce que ma démarche a de paradoxal puisque, d'un côté, je m'applique à conférer à mes textes cette dimension "mystérieuse" à laquelle tu fais allusion, alors que, d'un autre côté, je viens disséquer ce texte en forum et prends effectivement le risque d'en briser la "magie". Mais j'assume totalement ce "risque" et suis convaincu que je peux en retirer gros. Ce pourquoi je continue à le faire et continuerai sans doute toujours puisque, comme tu le fais judicieusement remarquer, je considère avant tout Oniris comme un atelier d'écriture et non comme une "vitrine" où exposer mes textes. J'essaye donc d'employer les différents outils à ma disposition afin d'optimiser les retours et mon apprentissage. En tout cas, je te remercie d'avoir exprimer ton avis (tant par rapport à mon texte qu'à ma manie de venir les expliquer), lequel m'est toujours aussi précieux !
Contribution du : 09/10/2011 13:12
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Re : Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le "Troisième sexe" |
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Maître Onirien
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J'ai écrit "sonnet" pour "sommet", hé !...
Contribution du : 09/10/2011 13:15
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Re : Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le "Troisième sexe" |
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Larivière :
Je ne sais si vous pouvez vous imaginer à quel point votre commentaire me réjouit ! « … de la vie, complexe, jaillissante, derrière le tumulte indispensable… » Si j’avais dû dire quels sont les sentiments que je voudrais faire éprouver au lecteur à travers mes textes, je ne pense pas que j’aurais pu trouver mieux. Ce « devenir fou » (pour reprendre un terme deleuzien) des existants qui manquent toujours à leur identité, le chaos indicible sur lequel se fondent les entités, lesquels n’ont d’unité que par cette unique mais fondamentale divergence… Je pense qu’on peut, en gros, résumer l’objet de ma poésie comme cela. Aussi est-ce avec grand plaisir (et aussi un peu de fierté) que je découvre que cela a pris chez vous ! Pour ce qui est de la citation de Nietzsche, je pense que sa justification est assez évidente avec ce que vous dites et ce que je viens d’ajouter… En ce qui concerne le passage en italique, je pense que vous avez en partie raison. Si vous avez lu mon premier post, vous vous êtes peut-être rendu compte de l’importance de cette conclusion. Sorte de retour critique sur l’acte qui vient d’avoir lieu, constat d’échec. Tentative d’exprimer cet indicible qu’est le troisième sexe, à savoir l’identité pleine (la tangente qui est cette identité préœdipienne articulant deux sexualisations, celle des parents et celle de l’enfant, et qui relance le processus après une pause toute idéale), tentative avortée par la répétition du même (c’est-à-dire la divergence fondamentale des entités et de l’être). Plus positivement cependant, il s’agit en fait d’une espèce de « définition » de la vie comme processus infini en quête d’immobilité, mais nécessairement voué à l’échec par le dérobement sans cesse rejoué de la tangente. Ainsi, je tiens beaucoup à ce passage en italique. Cependant, je suis d’accord avec vous pour dire que la répétition de l’interrogation est assez lourde dans la mesure où le symbolisme du procédé stylistique est bien trop inaccessible pour compenser cette lourdeur. Je vais donc essayer de trouver un autre moyen pour exprimer cette répétitivité (bien que la réponse implicite : « non, nous n’en verrons jamais la fin » semble déjà la suggérer). Socque : Je pense que vous pointez ici du doigt quelque chose de très important : le dérisoire et l’ironie. J’ai, en effet, essayé de dépouiller l’acte sexuel de tous ses atours sentimentaux et culturels (humains donc) afin de le réduire à sa dimension la plus brutale, la plus bestiale : la reproduction. Dès lors, là où se situe le dérisoire dénoncé, ce n’est pas tant au niveau de cette « préciosité » qu’on peut avoir par rapport à la question sexuelle (mais il y a effectivement de cela aussi et je suis heureux que vous ayez lui ce texte en ce sens), mais c’est dans l’acte lui-même, indépendamment des apparats dont on l’habille fréquemment. C’est-à-dire qu’on considère souvent (notamment dans le champ psychanalytique) l’acte sexuel comme une tentative d’unifier le principe masculin et le principe féminin et, par là, de réaliser pleinement son identité d’être humain (puisque notre sexualité nous empêche, par principe, de la réaliser pleinement). Mais, ce que je dis dans ce poème, c’est que l’acte sexuel, en tant qu’éminemment corporel, ne permet pas du tout de réaliser ce but qu’il nous fait miroiter et est, en cela, dérisoire. Un grand merci pour votre commentaire et ce point de vue nouveau que vous apportez sur mon texte ! Jano : Je ne reviendrai donc pas sur ton commentaire et te laisse tout à ton interprétation subjective ^^. Un petit mot cependant (je ne peux décidemment pas me retenir, désolé !) pour dire que j’aime beaucoup cette idée de « débauche d’énergie » qui, je trouve, résonne particulièrement bien avec ce que j’ai voulu exprimer. Encore merci ! Charivari : Je suis content que tu aie (enfin) ressenti une émotion en me lisant. Comme je le disais dans mon premier post, c’était un peu l’objectif principal de ce poème : me servir de l’émotion poétique et du concret afin d’accroître l’accessibilité de mon texte (ce qui n’était pas gagné d’avance au vu de la grande technicité de mes publications précédentes). Cela, bien sûr, sans oublier mon penchant naturel pour l’hermétisme et l’abstraction (on ne se refait pas ^^ !). Quant aux plusieurs lectures possibles, c’est effectivement quelque chose auquel je suis très attaché également. Cette impression est sans doute renforcée ici par cette double analogie : particulier/universel (soit concret/abstrait) et sexualité/parole, permettant, je pense, au lecteur de se positionner où il le souhaite selon ce qu’il recherche en lisant mon poème. Un grand merci pour ton commentaire qui, comme souvent, se concentre sur ce avec quoi j’éprouve sans doute le plus de difficulté : le ressenti et la musicalité. C’est surtout à ce niveau, je pense, qu’il me faut progresser. Aussi est-ce une véritable chance pour moi de pouvoir ainsi être commenté par quelqu’un comme toi (je veux dire quelqu’un pour qui, précisément, la musicalité et le ressenti priment sur le reste) ! Brabant : Eh bien… Votre commentaire est exactement de ceux-là qui ont l’art de me remotiver et de me pousser à continuer l’écriture. C’est une grande joie pour moi d’avoir su provoquer en vous toutes ces questions qui témoignent, non pas d’une incompréhension (je pense, au contraire, et malgré ce que vous semblez en penser, que vous êtes parvenu à saisir parfaitement toute la problématique que je voulais soulever dans ce texte), mais d’une volonté d’en savoir plus et d’approfondir le sujet. C’est évidement très gratifiant pour un auteur ! Concernant le pourquoi du titre que vous jugez trop explicite, je pense en avoir déjà dit un mot. Personnellement, je ne considère pas ce titre comme explicite puisque le troisième sexe n’apparaît pas vraiment dans ce texte, bien que tout tende à le décrire. Comme je le disais à Larivière, le troisième sexe est en fait le vers absent, cette tangente sans épaisseur qui ne peut qu’être approchée, mais jamais appréhendée en tant que telle puisque, lorsqu’on pense l’avoir enfin atteint, c’est qu’on se situe déjà de l’autre côté à recommencer une nouvelle fois le cycle en direction d’une « nouvelle » tangente et ce indéfiniment. Je pense avoir déjà répondu aussi à la question de savoir pourquoi le troisième sexe apparaît comme une fuite : parce que le troisième sexe est essentiellement une fuite (tout simplement… ^^). En fait, j’ai longtemps considéré ce troisième sexe comme l’union des contraires (à savoir du masculin et du féminin) mais je tends de plus en plus à le considérer comme l’affirmation de l’opposition. Ce pourquoi il est qualifié de tangente, il est ce par quoi masculin et féminin se séparent et s’articulent. Certes il est le seul à être identique à lui-même, mais c’est dans le mouvement que cette identité se constitue. Une identité actuelle donc, acte pur aristotélicien ou puissance dionysiaque nietzschéenne. Il n’est en fait qu’une espèce de point idéal et irréel de l’esprit qui divise et définit les entités réelles comme étrangères à elles-mêmes. A partir de ce que je viens de dire (et de ce j’ai déjà dit précédemment), je pense que vos autres questions devraient vite trouver une réponse : « Pourquoi ces sexes ne se rencontrent pas ? », « Le troisième sexe est-il condamné à se perpétrer ?, « L’homme est-il condamné à la non-réalisation ? »,… Mais si jamais certaines de vos interrogations persistaient (je ne suis pas toujours très clair dans mes explications et ai tendance à me perdre moi-même ^^…), n’hésitez surtout pas, je me ferai un plaisir de vous répondre ! Merci pour votre enthousiasme et votre intérêt pour ce texte ! Jamesbebeart : Comme quoi il n’est pas toujours besoin d’écrire une tartine pour saisir le nœud d’un texte (je devrais en prendre de la graine !) : « connivence » et « indicible ». Plus qu’à relier les deux et vous obtenez le troisième sexe, l’indicible qui ne se dévoile fugitivement qu’à travers la résonnance/connivence des principes masculin et féminin, dans l’affirmation conjointe de leur opposition. Merci d’avoir lu et commenté ! Je suis ravi que ce texte vous plaise !
Contribution du : 09/10/2011 18:32
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Re : Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le "Troisième sexe" |
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Visiteur
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Je suis heureux que tu ne te sois pas vexé après mon intervention. Après coup je me suis trouvé un peu excessif et, somme toute, je comprends que certains auteurs aient besoin de débattre de leurs textes alors que d'autres n'en ressentent pas la nécessité.
J'ai donc lu tes explications et confirme que ta nouvelle approche de l'écriture est bien plus abordable. A voir par la suite ...
Contribution du : 09/10/2011 19:03
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Re : Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le "Troisième sexe" |
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Échanges courtois, tolérance, partages, esprits fraternels...
Oui, c'est ça être de gauche (F. Luchini) W.
Contribution du : 09/10/2011 19:17
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Re : Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le "Troisième sexe" |
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Maître Onirien
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Je remercie sincèrement Lunar-k pour ce travail d'explication très rigoureux, et pour la profondeur et la maturité de sa réflexion.
Ses explications de dissection du texte et de sa démarche donnés sont intéressantes et elles peuvent servir (ou pas...) à tous.
Contribution du : 10/10/2011 08:37
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... "En dehors du chien, le livre est le meilleur ami de l'homme. En dedans, il fait trop noir pour y lire" Groucho Marx. |
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Re : Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le "Troisième sexe" |
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Expert Onirien
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Pich24 :
Vous êtes toujours le bienvenu dans mon atelier ! Je trouve que c’est là une lecture fort intéressante de mon texte : texte comme étant en train de se faire. Non pas texte achevé mais encore en acte, toujours sur le métier. Pour ce qui est de l’expression un peu dépassée, je dois dire que c’est là une de mes manies d’auteur. J’aime la « grandiloquence », une certaine « préciosité » du langage… J’essaye bien sûr de ne pas abuser en ce sens, mais je ne voudrais pas non plus m’en débarrasser totalement. Merci pour votre commentaire ! Jano : Je ne t'ai pas du tout trouvé excessif. Ton avis m'intéresse et je suis content que tu l'aies exprimé. Et puis, cela m'a permis d'expliquer pourquoi cette longue dissertation sur mon propre texte, laquelle, sans cela, aurait sans doute pu paraître d'un égocentrisme excessif et gratuit. Widjet : On est comme ça du côté poésie (courtois je veux dire, pas nécessairement de gauche...). Faut dire qu'on manque d'un widjet pour venir pimenter nos échanges . Larivière : J'espère qu'elles pourront intéresser et (mieux encore) servir quelqu'un. Dans le cas contraire, je me console en me disant qu'au moins elles me sont utiles, à moi (c'est déjà pas mal ^^).
Contribution du : 10/10/2011 09:34
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