À propos de l'histoire de Marinette.

Concernant les personnages, ils sont réels sous d'autres noms évidement et enfermés dans un autre établissement. Il m'a été difficile de prendre du recul pour transcrire ce que je ressentais et ne pas tomber dans le pathos. Pour cela, j'ai supprimé Gérard le tétraplégique qui se déplaçait en fauteuil roulant à l'aide de sa bouche, et qui rêvait de baiser les filles du Moulin Rouge, de leur faire faire des tours "à fond de train". À lui seul, une nouvelle peut sortir un jour de mes cahiers de brouillon.
J'ai supprimé les pleurs, les plaintes et les plaisanteries grivoises des grands brûlés qui se moquent des infirmières, médecins et visiteurs. J'ai supprimé également le côté cynique provoqué par l'immense solitude de chaque résidant. Les conversations ont été enregistrées à l'aide de mon magnétophone dans la salle du café, dans la salle d'attente de l'ergothérapeute. Supprimés les putains, cons, fais chier, bordel de merde, voilà, voilà, voilà, j'en ai plein le cul.
Je désirai garder uniquement le dialogue entretenu régulièrement entre ses deux personnages qui avaient le même âge. Mon long séjour m'a donné le temps de voir évoluer leur relation. D'eux je n'ai plus de nouvelles, et je ne veux pas en avoir.

Ce qui m'oblige à écrire cette missive, c'est d'abord le mot malheureux de Pol-Henri qui affuble ces gens du qualificatif méprisant de pauvres puis la phrase admirable suivante :
Le personnage de Marinette est psychologiquement sans nuance, sans pitié, sans humanité.
En précisant ce que tu as ressenti à la lecture, c'est exactement ce que je voulais transcrire de la réalité. Marinette était cruelle envers elle-même et torturait les autres personnes évoluant autour d'elle. À la relecture, je l'ai rendu un peu humaine, sans doute pour manifester mon attachement à cette période difficile et mon désir de voir naître un avenir plus souriant.
Plusieurs lecteurs m'ont précisé leur déception quant à la non-action de ce tableau. Oui, il ne se passe rien. Morne, morose, longue, la journée, la semaine, le mois passent et rien ne vient perturber le quotidien. Ou plutôt si, le changement de régime alimentaire qui bouscule en profondeur l'inertie invivable. Tant mieux s'il ne se passe rien, car telle est la réalité.
Merci socque, Pol-Henri, victhis0, brabant, Melilot, LittleJohn, macaron, alvinabec pour vos lectures et appréciations.

bertrand môgendre.

@ Mogendre

Permettez-moi de protester contre l'interprétation que vous faites du mot "pauvre" sorti de ma phrase. J'ai écrit :
"Bien sûr, la peinture de ces pauvres gens abîmés par la vie, etc..."
Si vous voyez là du mépris, c'est que vous voulez absolument l'y voir. Pour moi, c'est une attitude attristée, compatissante, à l'égard de ceux que vous mettez en scène.

Naturellement, vous êtes libre de vos interprétations, Monsieur Mogendre.

Pour complément, @ Mogendre :

Je ne ferai pas d'affirmation sur votre propre phrase dans le post ci-dessus :

"D'eux je n'ai plus de nouvelles, et je ne veux pas en avoir."

Seulement des questions :

Indifférence ? Dureté de coeur et d'âme ? Rejet ? Absence de charité ? Politique de l'autruche ?

pol-henri proteste. Il a bien raison, puisque j'ai extrait un mot qui ne me plaisait pas de sa phrase d'origine. Il ne faut pas. C'est mal. Désolé.

Concernant la question du manquement de suivi des personnages, la faute revient à ma seule crainte de me replonger dans l'environnement décrit plus haut.

bertrand môgendre.