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Le mobile du mobile |
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Expert Onirien
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14/08/2009 22:41 De "A mi-chemin de n'importe où" (Devos)
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Bonjour,
Merci aux lecteurs et commentateurs de mon poème, le mobile, et au CE qui a décidé de le publier. Comme le sous-entendait tizef, ce sonnet a été écrit dans le cadre des « Bouts rimés » (qui reprendront un jour, j'espère), donc avec des rimes imposées et une liberté de sujet. D'après moi, c'est un des textes les plus aboutis que j'ai écrits dans ce cadre-là. Je voudrais d'abord répondre à deux reproches qui m'ont été faits par plusieurs commentateurs. Sur la forme : Gaeli et Pol-Henri semblent contester le caractère « classique » d'un sonnet utilisant les rimes croisées dans les quatrains. Pourtant, le forum sur les classifications en poésie précise, à propos du sonnet classique : « La disposition des rimes dans les quatrains est libre (rimes croisées ou embrassées, on évitera cependant les rimes plates). » De plus, Gaeli soupçonne un hiatus dans l'expression « il oublie avec lui ». Mais Sorgel, dans son traité de prosodie (la référence pour Oniris), indique 4 exceptions à la règle du hiatus, notamment (p. 18) : « Quand il y a élision. Ex : Je lui vou(e) au désert de nouveaux sacrifices (La fontaine) ». Donc, a priori, il n'y a pas d'entorse à la prosodie classique ; merci à Alexandre , pieralun et Mona d'avoir rectifié. Après, je prends note des expressions aux sonorités moins réussies (« embellissait ses jours »), mal placées (« au-dessus de son lit »), incorrectes (« ne s'en rappelle plus », qui semble admis dans la langue parlée, mais incorrect grammaticalement) ou simplettes (« sans bouger de sa chambre », « une fois grand »). Je vous remercie de les avoir pointées, et j'essaierai d'en tenir compte pour retravailler ce texte. Raoul, je ne sais pas si c'est « orthodoxe » d'introduire une rupture au début du vers 11 d'un sonnet, mais je ne pense pas que ce soit interdit. Je crois avoir lu pas mal de poèmes qui créaient une rupture entre les deux tercets, au dernier vers ou autres, donc cela ne me semble pas inimaginable. Sur le fond. Les premiers commentaires m'ont surpris, jusqu'à ce que Tizef m'explique son incompréhension première et ce qui l'avait causée... Dans mon esprit, « le bébé » (début de la 1e strophe) et « le garçonnet » (début de la 2e strophe) sont la même personne... au même âge ! Pour moi, « garçonnet » veut dire simplement jeune garçon, jeune enfant ; mais je me suis aperçu après que ça pouvait aussi signifier : garçon qui n'est plus un bébé, garçon de 4 à 10 ans (par exemple). Pour éviter cette ambiguïté (dont je ne m'étais vraiment pas rendu compte), j'aurais dû commencer le 2e quatrain par « Le nouveau-né suivait... ». Donc, les 10 premiers vers racontent la même scène : un bébé qui regarde... son mobile. Oui, tizef et David l'ont bien expliqué, la voiture rouge, le navire au long cours et le gros hélicoptère sont des éléments du mobile. C'est pour ça que ce décor est « labile » (que j'ai pris au sens de changeant, instable, mouvant ; cette rime imposée est dure à imposer dans un Bout rimé), et que le regard du bébé est « malhabile » à le suivre. C'est pour ça aussi que ces éléments, représentant des moyens de locomotion, semblent voyager, et amènent le bébé à rêver de voyage (sans retour ou pas, je ne sais pas). C'est aussi pour ça que le sonnet s'appelle « le mobile », puisque le mobile est l'objet central du poème. La chute a été diversement interprétée. Oui, le poète constate que l'adulte a perdu « tous ses rêves d'enfants ». Mais faut-il s'en résigner ? Certains pensent que ce que j'ai indiqué, comme Damy (« L'auteur a choisi au contraire, assez froidement, la fatalité: l'enfant en soi est "superflus" ») et pieralun (« j'aime bien cette idée de l'adulte qui ne juge pas nécessaire de garder en lui ses rêves d'enfant. »). Mais d'autres voient ici une certaine nostalgie pour ces rêves d'enfants, délaissés par l'adulte. C'est le cas de Pol-Henri (« l’idée globale est assez intéressante, qui voudrait montrer que l’adulte oublie ses rêves d’enfants, les jugeant superflus, alors qu’ils ont enchanté son jeune sommeil et sa vie balbutiante. Et qu’il y aurait peut-être beaucoup à gagner de les préserver de l’oubli. »), de MichelMartinez (« Belle évocation de l'ingratitude de l'adulte pour les objets qui charmèrent son enfance. »), de Mona (« Qui ne regrette pas ses rêves d'enfant ? »). Merci MichelMartinez pour cet hommage à votre nounours, que ce poème vous a rappelé. Le poème ne tranche pas (et cela me permettrait peut-être de nuancer le reproche de simplicité excessive). Je laisse le lecteur libre d'adopter une des deux positions. Personnellement, je préfère la deuxième piste. Je la suggère d'ailleurs, dans le dernier vers (« Tous ses rêves d'enfants lui semblent superflus ») par l'emploi de « lui semblent ». Si l'adulte pense que ses rêves d'enfants sont superflus, j'imagine une voix intérieure lui souffler que, au contraire, ces rêves sont essentiels, vitaux, que l'adulte ne pourra se réaliser qu'en retournant à la source et en essayant de retrouver, voire d'accomplir ses rêves d'enfants. Certes, Pol-Henri a sans doute (qui sait ?) raison (hélas !), en disant : « c’est là une gentille vue de poète, car ces rêves de très tendre enfance sont irrémédiablement voués à l’effacement de la mémoire. » Pour finir, oui, ce poème est sans doute un peu trop simple, par son vocabulaire, son traitement. Je le voulais enfantin, comme une petite berceuse douce. Je le retravaillerai pour améliorer certains passages que j'ai cités plus haut, et pour intégrer une part de mystère. J'essaierai de respecter le conseil de Verlaine (dans « l'Art poétique », qui commence par « De la musique avant toute chose »), rappelé par pieralun : « Il faut aussi que tu n'ailles point Choisir tes mots sans quelque méprise Rien de plus cher que la chanson grise Où l'Indécis au Précis se joint. »
Contribution du : 27/11/2011 00:29
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