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Quelques mots sur les Pensées
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Bonjour à tous,

Merci au CE d'avoir accepté de publier ces Pensées ; merci aux lecteurs et aux commentateurs qui se sont penchés sur ce poème. Je voudrais en profiter pour remercier les Oniriens qui me suivent, si ce n'est depuis toujours (comme Pieralun), du moins depuis longtemps (comme Alexandre, Charivari, placebo, et, d'habitude, Mona et Brabant). J'essaie de leur rendre la pareille, et ces liens tissés sur Oniris me sont précieux.

Pour une fois, je n'aurais pas grand chose à dire sur ce texte ; ce n'est pas un de ceux qui me tiennent vraiment à cœur, comme les derniers que j'ai présentés ici. Je l'ai écrit dans le cadre des Bouts rimés, à partir de rimes imposées qui m'ont assez naturellement conduit sur la voie moralisatrice ; et, quand j'ai découvert après coup le sonnet de Vion Dalibray, j'ai vu que c'était aussi un sonnet « philosophique » ou moralisateur, montrant également la vanité de la gloire, et l'égalité de tous devant la mort : Songe, songe, mortel, que tu n'es rien que cendre .

Encore une remarque générale, avant de répondre plus précisément aux commentaires : certains (Arielle, funambule) ont noté une petite teinte humour ; d'autres ont déploré son absence...
Pour moi, s'il y a de l'humour dans ces vers, il est bien caché (un excès dans le propos, sans doute trop pompeux). Mais l'humour est perceptible (enfin, à mon avis), en comparant ce texte au dernier que j'ai publié sur Oniris : Au lecteur. Dans ce dernier, le poète prétendait à l'immortalité, qu'il souhaite gagner grâce à la survie de ses œuvres :
« Leur chant harmonieux
Réveillera mon âme au bout d'un millénaire,
Et viendra me bercer doucement dans les cieux. »


Ici, au contraire, je pointe la « Vanité » (« Vanitas, vanitas, omnia vanitas ») de cette prétention à l'immortalité, puisque la mort emportera le conquérant et le poète, comme le simple quidam :
« Celui qui façonna de sa main des merveilles
Laisse un nom qui résonne au creux de tes oreilles ;
Son sort n'est pour autant pas meilleur que le tien. »


Les commentaires d' « Au lecteur », notamment celui de Charivari qui lui trouvait une certaine pointe de « mégalomanie », m'ont donné envie de proposer ici le contrepoint.



@ Arielle : merci pour ce compliment, qui me fait rougir. Si, j'envie beaucoup de choses aux fleurons de notre littérature ! Pour l'humour, j'ai répondu plus haut.

@ Alexandre : Rassure-toi, je n'essaierai pas d'imiter Alexandre, pas plus l'onirien que le conquérant ! J'ai aussi une petite préférence pour le premier quatrain (et pour le dernier tercet aussi...).

@ Sadja : Il me semble que le tutoiement est souvent utilisé par les moralisateurs.
Oui, le propos est bien de montrer que l'héroïsme et l'ambition ne sont que vanité, comme l'ont déjà dit beaucoup de moralisateurs. C'est à pondérer avec mon dernier poème ; et j'avoue que j'aime bien les auteurs qui écrivent pour dénoncer la vanité de toute ambition : écrire, avec une recherche stylistique, formelle, n'est-ce pas avoir un peu d'ambition, et cela ne contredit-il pas un peu le propos ? Si tout est vanité, pourquoi chercher à créer ?

@ Funambule : Tu as bien vu cet « amusement à tout ça mâtiné d'une douce morale », ça résume bien le propos ! Si tu as vu de l'épique, je suis comblé !
Personnellement, je considère plutôt le sonnet comme un cadre que comme une bride, surtout depuis que je l'ai redécouvert dans le cadre des Bouts rimés : cela nécessite de la maîtrise formelle, de la concision, et une progression rapide vers une chute.

@ Charivari : Je sais que ce genre de poèmes n'est pas ta « tasse de thé » ; donc un grand merci à toi d'avoir commenté et apprécié celui-ci. Suite à ton commentaire, je suis allé dans le musée des Beaux-arts de ma ville pour revoir des peintures néo-classiques ; je croyais y avoir vu un David (le Serment des Horaces et des Curiaces) ; mais non, il est au Louvre... Je vois assez bien ce que tu veux dire, et cette comparaison me fait plaisir.
"Il a sacrément de la gueule" : voilà un compliment qui fait plaisir ! Oui, vanter et blâmer l'ambition de ces grands hommes...
Tu m'as mis le doute, sur le terme d'empire, mais je crois qu'on parle bien de l'Empire d'Alexandre, qui était largement plus grand que celui de Napoléon : L'empire d'Alexandre
Je note tes remarques formelles, et j'essaierai d'améliorer ces deux expressions.

@ Pieralun : Tu veux vraiment me faire rougir ? Nerval, Heredia... J'aurais peut-être dû naître au XIXe, pour ne pas avoir l'impression d'avoir une écriture anachronique...
Pour répondre à l'ambiguïté que tu décèles dans le 2e tercet : ce que je qualifie de « merveilles », ce n'est pas spécifiquement les actions des conquérants. Les deux quatrains sont deux exemples d'action ambitieuse (la conquête d'un empire, une expédition de découverte) ; les deux tercets sont une généralisation à l'ensemble des formes d'ambition (et notamment l'art).

@ Roots : Pourquoi dites-vous que c'est un sonnet irrégulier ? J'ai l'impression (merci David (l'Onirien, pas le peintre) pour l'information) que vous vous référez à Théodore de Banville, pour lequel un sonnet régulier doit obéir à un seul schéma de rimes : ABBA ABBA CCD EDE ; et que la moindre entorse à cette disposition rend le sonnet irrégulier. Mais Banville est le seul à revendiquer cela. Vous pouvez trouver des informations sur ce qui est accepté sur Oniris ici : Les classifications en poésie
Qu'entendez-vous par « hiatus muets » ? Est-ce l'élision d'un « e » devant une voyelle ? Je ne vois pas de mal à cela. David (l'Onirien, toujours) a tenté quelques explications là-dessus, mais j'aimerais bien votre éclairage.
Quand vous dites « Je pense que la médaille aurait pu être plus métaphorique », qu'appelez-vous « médaille » : est-ce la présentation ?
Si vous pouvez éclairer ma lanterne...

@ Placebo : J'ai choisi le titre, « Pensées », en pensant au peu que je connais de Pascal (le philosophe, pas l'Onirien), pour lequel la condition humaine semble caractérisée par la vanité et par le malheur lié à l'ennui. Oui, ce pluriel pourrait appeler un ensemble de textes ; mais je me refuse à en écrire tout un recueil !
"Qui s'est trop élevé, le trépas l'humilie" : j'ai employé ici le mot « humilier » avec son sens ancien de « rendre humble », ou « abaisser », sans connotation de honte.
Oui, il y a un arrière-plan judéo-chrétien derrière ce poème, que je signale en citant l'Ecclésiaste dans la présentation ; libre à toi de le trouver dépassé.


Bon, j'ai encore fait aussi long que d'habitude, mais c'est parce que je tenais, pour une fois, à répondre personnellement à chacun de mes commentateurs !
Merci à encore, et à bientôt,

Méléagre

Contribution du : 25/02/2012 19:49
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Re : Quelques mots sur les Pensées
Maître Onirien
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De Luxembourg
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Merci pour les explications. Concernant celles m'étant adressées :
- J'avais presque oublié Pascal… faudra que je tente de le lire, un jour ^^ Je ne pensais pas à un recueil mais à un quelques textes.
- Ok pour ce sens d'humilier :)
- Ce fond n'est pas dépassé (il est toujours présent dans notre société par exemple) mais peut-être pas sous la même forme qu'avant.

Contribution du : 25/02/2012 20:41
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Re : Quelques mots sur les Pensées
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Bonsoir Meleagre ! J'espère que tu as pris la première phrase de mon commentaire pour ce qu'elle valait : une simple galéjade !
Toutefois, imiter l'Alexandre onirien n'est peut-être pas du meilleur conseil compte tenu des bourdes qu'il produit régulièrement ... que ça soit dans la rime ou la métrique.
Pour ce qui est de l'autre Alexandre, le Grand, le Conquérant, je pense que toi ni moi n'avons grand chose à craindre de sa part !
Bonne soirée collègue et au plaisir de te lire !

Contribution du : 25/02/2012 20:57
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Re : Quelques mots sur les Pensées
Visiteur 
Bonsoir Meleagre,
citation:
"@ Sadja : Il me semble que le tutoiement est souvent utilisé par les moralisateurs.
Oui, le propos est bien de montrer que l'héroïsme et l'ambition ne sont que vanité, comme l'ont déjà dit beaucoup de moralisateurs. C'est à pondérer avec mon dernier poème ; et j'avoue que j'aime bien les auteurs qui écrivent pour dénoncer la vanité de toute ambition : écrire, avec une recherche stylistique, formelle, n'est-ce pas avoir un peu d'ambition, et cela ne contredit-il pas un peu le propos ? Si tout est vanité, pourquoi chercher à créer ?"

J'apprécie votre franchise et votre question: "si tout est vanité, pourquoi chercher à créer?"
Maintenant, vous l'avez dit, beaucoup de moralisateurs ont utilisés cette formule, ainsi qu'un tutoiement digne d'un Alexandre dictateur.Où est la pondération, mentionnée, dans votre poème?
Je vous avoue ne l'avoir lue, est-elle sous entendue?
Franchement, je le souhaite...
Mais encore une fois, dites-moi où SVP!
Bien à vous ,
Sadja

Contribution du : 25/02/2012 21:20
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Re : Quelques mots sur les Pensées
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Bonsoir ! Merci à vous pour vos réactions !

@ Placebo, si tu lis Pascal, tu m'en fais un résumé ? Je n'ai guère réussi à dépasser quelques extraits...

@ Alexandre : oui, j'ai vu la galéjade ; ma remarque en était une autre... Cela dit, c'est toi, en partie, qui m'a appris à écrire classique ; donc, dans une certaine mesure, je suis amené à imiter Alexandre...

@ Sadja : Quand je parle de "pondération" du propos, c'est ce que j'expliquais plus haut. Dans mon dernier poème (Au lecteur), le poète rêve d'acquérir l'immortalité par son œuvre ; ici, dans ces "Pensées", toute entreprise glorieuse semble vaine, puisque tout homme est promis à la mort. Les deux poèmes, en soi, sont excessifs dans le propos ; mais ils se pondèrent l'un l'autre, comme des échos, des contraires, des images déformantes. En quelque sorte, les "Pensées" viennent dénoncer la vanité d' "Au lecteur", et "Au lecteur" reproche aux "Pensées" d'être trop pessimiste. Est-ce que cela répond à votre question ?

Contribution du : 25/02/2012 22:09
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Re : Quelques mots sur les Pensées
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Merci aux derniers commentateurs !

@ The Dreamer : Je vois que vous connaissez bien vos classiques bibliques, merci d'avoir complété la citation qui m'a servi de présentation.
Oui, j'aurais pu utiliser d'autres exemples que les aventuriers (même si les tercets élargissent un peu le propos) ; j'ai peut-être été restreint par le cadre du sonnet, et par les rimes imposées (dans le cadre des Bouts rimés, quelqu'un choisissait un sonnet, n'en gardait que les rimes, et chaque participant pouvait écrire un sonnet avec ces rimes-là) : ici, les mots "Alexandre", "orgueil" et "écueil" m'ont mis sur la voie d'Alexandre le grand et de La Pérouse (c'était peut-être, aussi, un hommage à d'anciens voisins qui portaient ce nom).
Tiens, j'ignorais qu'il convenait d'éviter le "é" à le césure ; pouvez-vous m'indiquer où vous avez trouvé cette préconisation ?

@ zenobi : J'avoue que ce commentaire me laisse perplexe. Puis-je savoir quel est le lien entre mon sonnet et celui de Corbière, d'où est extrait la citation : "Ça peut dormir debout comme soldats de plomb" ?
Oui, j'utilise une métrique héritée de nos anciens ; le sonnet est-il obsolète, pour vous ? Et quels sont vos critères pour dire que cela ne relève pas de la poésie ?

Contribution du : 27/02/2012 22:08
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Re : Quelques mots sur les Pensées
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Encore une fois, merci aux derniers commentateurs !

@ MichelMartinez : Votre commentaire est le meilleur compliment que je puisse espérer sur ce texte... Son seul défaut, c'est sans doute qu'il flatte un peu trop mon orgueil, et je tente de me raccrocher à un "Vanitas, omnia vanitas"...
Grâce à vous, j'ai (re)découvert Cabanel ; lui aussi s'est attaché à montrer des personnages fondateurs de l'histoire ou du mythe, en proie à la mort ou au malheur : la mort de Moïse, la malheur d'Ophélie, la Nymphe enlevée par un faune, Adam et Eve après la chute...

@ Fanch : vous pouvez évaluer le fond et la forme ; l'un ne va pas sans l'autre. Je comprends vos remarques, y compris vos réticences, sur ces deux aspects.
Oui, j'aime varier la ponctuation ; il m'est arrivé, même dans un poème, d'employer - si, si, je vous assure - un point d'exclamation !

@ fredericprunier : je ne sais si on peut encore écrire ce genre de choses au XXIe siècle, je sais juste que je l'ai fait... J'ai parfois l'impression, il est vrai, d'avoir une écriture anachronique, mais la forme classique est la seule que je maîtrise ; mes rares tentatives d'en varier se sont soldé(es ?) par des échecs.

Contribution du : 05/03/2012 18:17
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