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1 Utilisateur(s) anonymes
A propos de Nouveau-Mexique |
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Expert Onirien
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21/07/2012 17:47 Groupe :
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Il arrive que les commentateurs en sachent plus sur un poème que celui qui l’a écrit. Et c’est très bien ainsi. En ce sens, le poème est réussi.
J’ai écrit « Nouveau-Mexique » le 26 avril 1980, j’avais vingt-deux ans et j’étais étudiant à Lyon. J’avais fait la connaissance d’une copine (qui est devenue ma femme) dont les parents étaient expatriés en Tunisie. Nous passions donc nos week-ends dans un grand appartement bourgeois sur la colline de Fourvière qui est, selon l’adage lyonnais, « la Colline qui prie », par opposition à la Croix-Rousse qui est « la Colline qui travaille ». Fourvière est donc une éminence de Lyon couronnée d’une basilique qui ressemble à un éléphant couché sur le dos, les quatre pattes en l’air, d’un cimetière gigantesque et d’une tour-émetteur prétentieusement surnommé « la tour Eiffel ». Bref, on s’y ennuie ferme à moins d’être amoureux. Du balcon de l’appartement, nous avions une vue magnifique sur les quais de Saône en contrebas, mais aussi sur les immeubles qui ont été construits dans les boucles de la montée de l’Observance. Ce poème m’a simplement été inspiré par ce point de vue. Je m’étonnais de ne jamais apercevoir personne sur les terrasses ou aux fenêtres de ces immeubles et je me plaisais à penser qu’il était possible que personne n’y habitât, ou que tous ses habitants y étaient morts dans l’indifférence générale, ou que tout cela n’était qu’un décor de théâtre. L’inspiration avait été également provoquée par le ciel de printemps bousculé de nuages. Un ciel à la Ruysdaël. Les allusions à la guerre sont exclusivement liées à ce ciel. En effet, ça parle du temps qui passe, mais que je m’amuse à faire passer « de travers » (le temps qui se fissure et le fait que je me compare à un vieux, alors que je n’ai que 22 ans). Pas de guerre thermo-nucléaire donc, mais je suis très content que vous ayez pu le penser et que j’aie pu l’évoquer involontairement. Mais alors, pourquoi ce titre étrange ? Eh bien, je voulais quelque chose d’exotique, en relation avec ce désert dans ces immeubles si proches. Quelque chose de décalé. Rien de plus, mais rien de moins non plus, car j’ai toujours trouvé que le titre était aussi important que le reste de l’œuvre. Idéalement, je rêverais d’un poème qui puisse se résumer à un titre. Voilà, vous savez tout. C’est toujours un peu prosaïque un poème désossé. Quand on découvre le si peu de choses dont il est constitué. En ce qui me concerne, ce si peu, est tout ce qui m’importe. Comme je l’ai déjà écrit dans un commentaire précédent, l’essentiel est dans l’impression. C’est la seule chose que je poursuis, que je traque depuis plus de trente ans. Je n’ai jamais montré mes poèmes à mes proches, parce que je ne voulais pas les sentir obligé de me dire que c’était très bien, alors qu’au mieux ils étaient indifférents à mes préoccupations. Oniris m’a offert l’occasion de me confronter anonymement à la critique et cela me convient parfaitement. @Soque : Merci et vous êtes bien perspicace à propos du vers « qui gisent dans les éclaircies » ! C’est le seul vers que j’avais tenté de modifier trente-deux ans après : mal m’en a pris – ça reste boiteux et je ferais mieux de reprendre, quitte à abandonner le beau verbe gésir. Quant à dérisoire, vous êtes dans le mille @LeopoldPartisan : Très touché et un peu confus d’avoir mérité un « exceptionnel ». Mais comme vous en redemandez, je tâcherai de vous satisfaire @Jano : mon poème a, à mon sens, touché au moins son but s’il vous a désorienté et provoqué le désir de le commenter. Merci @Brabant : j’espère vous avoir donné le trousseau de clés complet. S’il en manque, je peux encore jouer le rôle du serrurier @MonsieurF : je suis à la fois fier et gêné d’avoir nécessité 8 lectures. Mais, sans mystère, que resterait-il de la poésie ?
Contribution du : 29/10/2012 16:32
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Re : A propos de Nouveau-Mexique |
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Maître Onirien
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05/06/2009 23:42 De La Thébaïde
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Bonjour Rosebud,
Le Nouveau-Mexique c'est quand même pas commun comme choix de région désertique, avez-vous une idée du pourquoi de ce choix ? Etiez-vous un fana de westerns quand vous aviez vingt-deux ans ?... un amateur de peyotl ?... Cet exotisme-là risque d'en laisser plus d'un dans les sables... mouvants de l'inconscient. Pourquoi pas le grand Erg Oriental ?... Un mignon désert tunisien à l'époque ?... C'est vous qui avez voulu partager hein... lol Cette clé-là, la possédez-vous ? Et ouste sur le divan ! lol
Contribution du : 29/10/2012 17:18
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"L'homme n'est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête." Blaise Pascal |
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Re : A propos de Nouveau-Mexique |
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Expert Onirien
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21/07/2012 17:47 Groupe :
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Eh bien non, je n'ai pas la clé, sinon que Nouveau-Mexique ça a quand même plus de gueule que Grand Erg. Sahara aurait pu marcher, mais sûrement pas Tassili, ni Gobi, ni Kalahari... Toujours une question d'impression. Je revendique absolument le droit au manque de rigueur en poésie.
Contribution du : 29/10/2012 17:56
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Re : A propos de Nouveau-Mexique |
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Visiteur
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Il ne resterait rien, et j'ai aimé ton texte. Simplement: pourquoi les aérostats ? (à cause de l'aéroport pas très lointain ?)
Contribution du : 29/10/2012 17:58
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Re : A propos de Nouveau-Mexique |
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Expert Onirien
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21/07/2012 17:47 Groupe :
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Non plus. Là je voulais évoquer les volutes d'air chaud provoquées par un brasier. Prenez un ballon de baudruche et lâchez-le, vous aurez la trajectoire dont je parle. C'est plus de la poésie, c'est de la thermodynamique.
Contribution du : 29/10/2012 18:14
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