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1 Utilisateur(s) anonymes
Nous n'irons pas jusqu'à Brest |
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Bonjour,
Mes remerciements à tous ceux qui ont permis la publication de ce texte et à tous ceux qui se sont penchés dessus après, ainsi que par anticipation à tous ceux qui le feraient encore. Je ne suis pas un adepte des textes hermétiques, pas plus en poésie qu'ailleurs. Je ne veux aucun mal à ce genre de textes, mais je me sens simplement incapable de l'apprécier comme il mériterait sans doute de l'être. Je ne souhaite donc pas non plus en écrire. Pour un débutant comme je le suis, les nombreuses règles à respecter en poésie classique peuvent mener à écrire autre chose que ce que l'on souhaitait écrire. Je suis donc très satisfait d'avoir pu exprimer exactement ce que je souhaitais exprimer. Misumena a su lire les mots dans le bon ordre pour former son sens, qui se trouve être le même que le mien, mais je n'ignore ni n'occulte que quatre commentateurs avant elle ont eu du mal à le faire, voire n'y sont pas parvenus. J'avais pourtant fait lire ce poème à une amie avant de le proposer, me disant que si elle le comprenait, tout le monde le comprendrait. Si je considère sa lecture comme un test sévère, ce n'est pas que je la crois idiote, pas du tout, mais parce qu'elle est comme moi : il lui faut un sens bien solide auquel elle puisse s'accrocher, car elle est attentive à chaque mot, et un mot mal choisi, une tournure malheureuse peuvent la faire passer à côté du sens. Des explications sont donc nécessaires et je les donne d'autant plus volontiers qu'elles me sont demandées par au moins un commentateur. Je me permets de répondre dans le désordre en commençant par Pimpette, pour une raison bien particulière liée directement au sens de ce poème. Pimpette D'abord, je me permets de te rendre ton tutoiement. S'il y a bien une personne dont l'incompréhension me fait de la peine, c'est toi. Je m'en explique. Cela fait de nombreuses années que, lors de nos vacances communes, mon fils et moi-même bourlinguons aux six angles de l'hexagone, de Dunkerque aux calanques et du Mont Saint-Odile à la Plage des Déportés. En Italie, également. Cette année, c'était la Bretagne : 5.000 km en voiture au total, voyages aller et retour depuis la Belgique compris. L'année dernière, ce furent l'Alsace (en faisant deux haltes en Lorraine : Metz et Nancy) et... la Normandie. Mon fils a seize ans et, très bientôt sans doute, il délaissera son vieux père pour partir avec des amis ou même une petite amie; c'est d'ailleurs tout le mal que je lui souhaite. Dans l'intervalle, je veux lui montrer le plus de choses possibles, sans nécessairement les approfondir toutes, mais je considère cela comme une initiation, une sensibilisation, notamment à la diversité, aux richesses que recèle ton magnifique pays, si proche du nôtre par la géographie, la langue, l'histoire et la culture. Les vacances passent si vite, et il y a tellement de choses à voir, dont on se désespère après coup de n'avoir pas eu le temps de les voir toutes. Nous aimons particulièrement les vieilles pierres et les bonnes tables. A cet égard, la Toscane et la Dordogne (mais pas que) sont de purs diamants. Il faut hélas faire des choix, et faire des choix, c'est renoncer. Nous avons visité pas mal de choses, l'an dernier, en Normandie, mais nous avons, ou plutôt j'ai renoncé, pour moi et pour mon fils, à une ville en particulier : Le Havre ! Je ne connais pas toute l'histoire de cette ville, mais je n'ignore pas qu'elle a payé un lourd tribut lors de la seconde guerre mondiale, que des quartiers, des pans entiers de la ville ont été rasés, que les destructions n'ont laissé que peu de choses, à part des trous béants à reconstruire, rapidement, pas forcément bien, pas forcément de manière esthétique, ce qui ne laisse que peu de choses à offrir au touriste d'un jour, en sachant très bien que tout endroit à des choses à offrir pour peu qu'on prenne le temps d'approfondir. Si l'on compte encore deux passages cette année pour aller en Bretagne et en revenir, cela fait maintenant six ou huit fois que nous avons franchi cet ouvrage d'art impressionnant qu'est le pont de Normandie, mais jamais nous ne nous sommes arrêtés au Havre. Ce poème se veut l'expression du sentiment que j'ai connu devant Brest cette année, le même que j'avais connu à l'égard du Havre l'an dernier. Il s'agit de la culpabilité et presque d'un sentiment de trahison. Etant donnée la topographie des lieux, c'était encore pire dans le cas de Brest, car je me tenais sur les falaises de la presqu'île de Crozon, je voyais la rade magnifique et, droit devant moi, sur l'autre rive, cette ville qui semblait me dire "Sais-tu que j'étais belle autrefois ? Sais-tu ce qui m'a fait souffrir, ce qui m'a défigurée ? Sais-tu que la rade, que tu admires aujourd'hui, qui contribue à la beauté d'un paysage généreux avec le touriste pressé et peu curieux, fut, pour mon malheur, un gigantesque port de mouillage pour navires en guerre et que ce paradis s'est fait mon tombeau. Sais-tu que ma lente agonie, quatre années durant, ne fut pas tant le résultat d'attaques ennemies que celui du sacrifice offert au feu des armes alliées venues délivrer tes grands-parents et, au-delà d'eux, que je n'ai été que le soldat sacrifié au front pour préserver les lignes arrières, dans les vestiges desquelles tu vis aujourd'hui préservé des malheurs que j'ai connus ?" Oui, je savais tout ça. D'ailleurs, deux semaines plus tôt, j'avais regardé une émission édifiante au sujet du martyr de Brest. Je l'ai expliqué à mon fils. J'ai eu beaucoup de mal à détacher mon regard de ces bâtiments que je voyais dans le lointain, comme si j'espérais de leur part une sorte de pardon, et puis je me suis retourné, et j'ai repris la voiture pour partir ailleurs. Nous étions parvenus au terme de notre voyage au bout de l'Armor, et nous ne sommes jamais allés jusqu'à Brest. Très sincèrement, je n'exagère pas l'intensité que ce que j'ai ressenti à ce moment-là et, pour te dire tout, mes joues s'en sont trouvées quelque peu humides. Si j'avais été seul, c'est-à-dire sans mon fils, je serais peut-être allé jusqu'à Brest, et je me demande encore si ce n'est pas une grave erreur de ne l'avoir pas fait. Socque Après relecture, vous avez su trouver une grande partie du sens que je voulais donner au texte. Si vous n'aviez pas eu besoin de cette relecture, je l'aurais considéré comme réellement réussi. Hananke Il me semble que vous avez lu ce poème avant qu'un petit contentieux ne nous oppose et ne sachant pas qui l'avait écrit. En lisant votre commentaire, bienveillant, ne retenant que ce que vous avez aimé sans me tenir exagérément rigueur de ce qui vous y chagrine, je me rends compte pourquoi mon commentaire sur votre dernier poème vous a à ce point heurté. Nous ne commentons pas du tout de la même manière. Il faut sans doute connaître un peu des habitudes de chacun pour ne pas conclure trop rapidement à un jugement ciblé. Marité Tu es passée à côté du sens. J'y ai sans doute ma part de responsabilité, et cela d'autant plus que je t'avais avertie, lors d'un échange privé, que je comptais traiter ce sujet dans un poème. Robot C'est très honnête de votre part de suspendre votre notation le temps qu'une explication vous soit fournie. J'aurais cependant espéré qu'elle ne soit pas nécessaire, ce qui m'aurait laissé la satisfaction de n'avoir pas failli. Vous la trouverez dans ma réponse à Pimpette, mais puisque vous me faites l'honneur d'en être curieux, je me propose de lier dans le détail le sens et les mots du texte. Comme vous le savez si vous m'avez lu jusqu'ici, il ne s'agit pas de "ma" Bretagne; il ne s'agit que du lieu de villégiature d'un touriste injustement sélectif dans le choix de ses haltes. L'incipit ("Voyage au bout de l'Armor") évoque le fait qu'il s'agit d'un voyage effectué en Bretagne jusqu'aux confins du Finistère, en l'occurrence ici sur la presqu'île de Crozon, au-delà de laquelle il n'y a plus que l'Océan. Bien sûr, l'incipit en jeu de mots est aussi une référence (encore une !... me diront certains) à Louis Ferdinand Céline. Le titre ("Nous n'irons pas jusqu'à Brest") me laissait à penser qu'il serait clair que le poème ne serait pas celui d'un breton. Premier quatrain : "Quelle est cette carcasse, la ville de Brest ou une épave ?" me demandez-vous. Je vous réponds : les deux, mon capitaine. Le troisième vers dit "La carcasse de Brest". Il s'agit donc de la ville de Brest. "Carcasse" peut être compris comme le squelette qui subsisterait d'un corps meurtri au point de ne plus le reconnaître. Mais, dans la mesure où la rade de Brest fut le port de mouillage de nombreux navires de guerres, dont j'imagine que nombre d'entre eux ont été envoyés par le fond, je me permets également une autre métaphore, dans laquelle la ville elle-même n'est qu'un navire parmi d'autres, ayant connu le même sort qu'eux. L'étrive serait un cordage, mince comme l'est l'espoir que jamais plus elle n'ait à connaître pareil sort; et sa cargaison : les bâtiments et les âmes qu'elle porte. Second quatrain : "brasier du feu" parce que Brest fut le théâtre récurrent de bombardements très nourris. "venu de l'horizon" : l'horizon est une ligne fictive séparant ce qui est visible de ce que l'on ne peut que deviner, assez lointain, et je le situe donc plus volontiers du côté de l'océan, c'est-à-dire à l'ouest, parce que cette ligne fictive se confond alors avec la ligne matérielle qu'est la surface la plus lointaine de la mer. L'Allemagne se situe à l'est de la Bretagne, et non à l'ouest. Ce qui vient de l'ouest, c'est le feu des armes alliées, britanniques ou américaines, voire même françaises venues de Grande-Bretagne. Les deux vers suivants jouent sur l'expression "Lorsqu'on n'a pas de grive, on mange des merles", comme l'a fait remarquer Misumena. C'est une expression qu'utilisait souvent quelqu'un que j'ai bien connu et elle m'est venue assez naturellement pour l'appliquer à mon propos, sauf que je l'ai un peu retournée : "Je ne veux pas manger de merle, donc je pars ailleurs chercher des grives, puisque je sais qu'il y a beaucoup de grives à trouver ailleurs". Avant d'avoir trouvé le huitième vers, je me demandais s'il était vraiment pertinent, pour le confort du lecteur, de construire le sens sur cette expression et je gardais ce choix en suspens. J'avais du mal à trouver un mot satisfaisant rimant avec Crozon/cargaison/horizon. Mais lorsque j'ai trouvé que "blason" était un excellent mot pour servir mon propos, j'avais déjà le second hémistiche du huitième vers : "mais d'un autre blason". "Blason" me parait un excellent choix, car le blason représente une ville en particulier, et "un autre blason" signifie donc une autre ville, mais aussi parce que les blasons des villes bretonnes reprennent souvent les motifs constituant le drapeau breton, auquel de nombreux bretons semblent tellement attachés, au point que j'aie vu de nombreux jardins d'habitations dans lesquels leur propriétaire avait planté un mat supportant le fameux drapeau noir et blanc, ce que je n'avais encore jamais vu ailleurs, dans aucune région de France ou d'ailleurs. J'ai ensuite eu l'idée de filer la métaphore ornithologique pour former un vers complet, ce qui me paraissait du coup justifier davantage l'expression basée sur le merle et la grive. J'ai un énorme regret pour le deuxième vers de ce second quatrain. Il contient une formulation que je trouvais médiocre, mais que j'ai conservée tout de même alors que j'aurais pu attendre un jour de plus que me vienne l'inspiration pour en trouver une autre : "à mer". Il s'agit pour moi surtout de la transposition maritime de l'expression "à terre", plus que d'un jeu de mots avec le qualificatif "amer". En réalité, pour les vers 6 et 14, je me serais bien contenté de "Il n'en reste qu'un merle dont on se prive" et de "Aux martyrs de la rade, la double peine". Mais il fallait des alexandrins. J'avais donc écrit "Il n'en reste qu'un merle, hélas, dont on se prive" et "Aux martyrs de la rade, hélas, la double peine". C'était un "hélas" de trop, déjà que je trouve un peu trop facile l'utilisation de ce genre de mots d'une ou de deux syllabes, un peu trop passe-partout, permettant de combler un trou dans un vers. J'ai conservé le "hélas" au dernier vers, mais ce "à mer" au vers 6 est vraiment du remplissage qui ne me satisfait pas du tout. Premier tercet : Le mot "tribut" est minutieusement choisi, car il est directement lié à "le feu venu de l'horizon". Certes, de nombreuses villes du monde ont dû souffrir des guerres et de leurs destructions, mais le mot "tribut" signifie, au figuré comme le dit le Wiktionnaire, "ce qu’on est obligé d’accorder, de faire, de supporter" car il y a une différence de nature entre des bombardements effectués par l'ennemi et des bombardements effectués par des alliés, même si le résultat peut-être le même. "le mépris du touriste jeté sur le Ponant" me semblait parfaitement clair : il s'agit de mon mépris à moi, narrateur du poème, que je jette sur Brest en négligeant de la visiter. Second tercet : Les "martyrs de la rade" peuvent désigner les hommes et les femmes blessées ou décédées dans les bombardements, mais peut aussi désigner les bâtiments détruits ou fortement abîmés. La "double peine", c'est simple : Brest a été détruite une première fois, mais en refusant de la visiter, je la détruis une seconde fois. Misumena Bon, ben, je crois que vous avez écrit l'essentiel de ce qu'il y avait à écrire sur le sens. La prochaine fois, je vous engage pour rédiger mes remerciements, ils n'en seront que plus digestes. Merci à tous pour votre lecture et votre commentaire... et surtout pour votre indulgence à l'endroit de mes trop longs messages.
Contribution du : 13/09/2013 17:30
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Re : Nous n'irons pas jusqu'à Brest |
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Maître Onirien
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Stony!
je ne veux pas que tu aies le moindre chagrin à cause de moi! Je t'explique: Toi, on le voit, et c'est très bien, tu as besoin d'un peu de 'longueur' pour dire ce que tu veux dire! Moi, c'est le contraire...je suis si laconique parfois que mes enfants râlent:'Un jour, la Mé, on ne comprendras plus rien à ce que tu nous écris! TU vois c'est une vraie infirmité! J'aime que tu parles de Brest et du Havre et que tu te souviennes de la souffrance de ces deux villes... je vais te confier quelque chose qui ne se voit pas. Ce n'est pas suffisant de construire des immeubles pendant des decennies, pour qu'une ville redevienne vraiment une ville.Une atmosphère particulière, des lieux de spectacle, des écoles...et surtout, qu'il y ait de la gaieté dans l'air et que les filles soient jolies. TU piges? C'est seulement depuis quinze ans que le Havre, qui était sinistre est redevenue un belle ville animée avec une rade magnifique et un stade pour les footeux!! TU PARDONNES? Pimpette PS je ne relis pas. Je suis fatiguée.
Contribution du : 13/09/2013 17:55
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"""Soyez réglé dans votre vie ordinaire comme un bourgeois, afi n d’être violent et original dans vos oeuvres. » Gustave Flaubert |
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Re : Nous n'irons pas jusqu'à Brest |
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Visiteur
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Bonjour stony
Il est exact que j'ai eu votre poème à lire en prélecture anonyme. Mais cela aurait-il changé quelque chose à mon commentaire ? Peut-être sur l'appréciation générale ? J'ai pour habitude de ne point chercher la petite bête car je sais par expérience qu'il est très difficile de se mettre à la place d'un auteur et bon nombre de poèmes parmi les les plus grands ont été compris bien après leur écriture ( ex : Mallarmé). Et surtout ce n'est pas parce que je n'ai pas saisi le sens d'un texte que celui-ci est mauvais.De plus, loin de la Bretagne je ne pouvais passer qu'à coté de votre écrit, donc je ne me suis pas trop "mouillé" sur le sens du message. Bonne soirée. Hananké
Contribution du : 13/09/2013 17:58
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Re : Nous n'irons pas jusqu'à Brest |
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Maître Onirien
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17/04/2013 18:11 De Monts du Jura -
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Bonjour Stony
J'au lu attentivement vos explications. Si elles m'ont éclairé sur nombre de points, que dirais-je: Peut être qu'à trop vouloir rechercher le symbole, vous nous avez un peu égaré? Ceci posé, comme je l'ai précisé en commentaire c'est avec grand plaisir que j'ai découvert votre écriture d'un texte agréable à lire.
Contribution du : 13/09/2013 22:21
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Re : Nous n'irons pas jusqu'à Brest |
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Maître Onirien
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15/11/2008 09:48 Groupe :
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Bonsoir Stony ! Effectivement je viens de revoir ton MP mais une seule ligne parmi environ 25 parlait de ce sonnet en préparation sur Brest. Il y avait tant de choses autour que j'avoue ne pas l'avoir mémorisé.
Bon cela dit, après avoir lu tes explications en forum je suis effectivement passée à côté de l'essentiel de ce que tu voulais exprimer, à savoir : " Il s'agit de la culpabilité et presque d'un sentiment de trahison. " à l'égard de la ville. Je ne l'ai pas du tout ressenti car mon attention a été détournée par le choix de certains mots : merle ... à mer ? ... grive ... mépris ... touriste ... que j'avais du mal à relier. Et peut-être aussi le décalage dans le temps de cette culpabilité et de cette trahison : faits de guerre et un voyage touristique aujourd'hui.
Contribution du : 13/09/2013 22:37
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J'aimerais être esprit pour traverser l'espace et modeler le temps, à jamais, à l'infini. |
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Re : Nous n'irons pas jusqu'à Brest |
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Hello stony ! Je n'avais pas compris que le "méprisant" touriste c'était vous, je viens de le découvrir ! Alors là, c'est de l'autoflagellation gratuite ou je ne m'y connais pas... A travers ces quelques lignes écrites de la main d'un local, moi-même, Brest vous pardonne de ne l'avoir point honorée de votre visite et vous invite à y venir quand vous le souhaitez.
Savez-vous qu'en plus des bombardements de 44-45, en Juillet 47 ( j'avais six ans et je m'en souviens) un liberty-ship du plan Marshall chargé de nitrate a explosé en rade faisant 29 morts... Ce jour là les Brestois ont vraiment cru que ça recommençait ! Simple anecdote mais pendant que j'y étais, n'est-ce pas... Bonne soirée et à bientôt... à Brest ou ailleurs !
Contribution du : 13/09/2013 22:41
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Re : Nous n'irons pas jusqu'à Brest |
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Je comprends votre point de vue, Alexandre. Je ne savais pas que vous étiez natif de Brest, mais je savais bien sûr que vous étiez plus ou moins du coin, raison pour laquelle j'étais très curieux de votre avis sur ce texte.
J'évacue rapidement la question de la forme : je prends plaisir à constater que je ne me serais pas trop mal débrouillé pour respecter ce qu'il y avait à respecter, tout cela étant pour moi tellement neuf. Je vais vous avouer une chose à se sujet : je me suis dit plusieurs fois que je devrais constituer une check-list (pour reprendre un lexique d'aviateur qui doit vous être familier) des règles principales à respecter, parmi lesquelles figurerait la vérification des diérèses et synérèses. Après l'annonce de la parution du texte, je me suis rendu compte qu'un mot m'avait échappé : brasier. A moi, il me semble évident qu'il n'y a pas diérèse (car dans ce cas, je verrais plutôt l'orthographe "brasiller"), mais j'ai plusieurs fois constaté que l'évidence ne faisait pas forcément loi. Ce n'est donc que par chance que "brasier" est tombé du bon côté, c'est-à-dire du côté de la synérèse. Sur le fond, je comprends très bien que, de votre point de vue, cela paraisse pour de la flagellation gratuite. Vous avez vécu une vie d'homme, que je vous souhaite bien entendu encore très longue, depuis cette enfance qui ne vous laisse, selon vos dires, que des souvenirs plus ou moins ténus. Et je ne suis pas en manque d'imagination au point de ne pas me rendre compte que cela date de soixante-dix (septante) ans, bien avant ma propre naissance, que Brest, comme toutes les villes et régions du monde, ne m'ont pas attendu pour vivre ce qu'elles avaient à vivre et progresser, quelle que soit leur histoire plus ou mois récente. Mais mon point de vue à moi, c'est le point de vue d'un touriste, parfaitement ignorant de la vie brestoise actuelle, n'y ayant jusqu'à ce jour jamais mis les pieds. C'est le point de vue d'un moment figé de l'histoire. C'est aussi le point de vue d'un homme peut-être un peu trop marqué par le peu d'éducation qu'a pu lui fournir son père, peut-être un peu trop intellectualisée, peut-être un peu trop ciblée, ayant mené ce père à fournir à son fils, en matière de visites touristiques, des périples récurrents au fort de Breendonk, camp proche de Bruxelles, antichambre de déportations vers Auschwitz ou ailleurs, de visites à Verdun, à Drancy, des séances de projections de films dont le sujet était la seconde guerre mondiale et les horreurs du nazisme en particulier, lors de réunions parmi ses camarades du parti communiste bruxellois, de discours maintes fois entendus sur le sacrifice des soviétiques, avant, pendant ou après Stalingrad, de la tragédie de la destruction de l'Allemagne, de Cologne à Dresde en passant par Hambourg ou Berlin, dans la bouche d'un homme maniant, parait-il, aussi parfaitement la langue de de Goethe que celle de Pouchkine (je ne suis personnellement pas capable d'en juger, mais je fais confiance à ceux qui le disent). Vous comprendrez peut-être qu'à la lumière de cette éducation, restreinte dans le temps mais très ciblée, le mot "Brest", sonnant étrangement comme le mot "Dresde", ne soit plus tellement un nom propre, mais un nom commun désignant tout ce qui pourrait me faire sentir coupable de bénéficier aujourd'hui d'un peu trop de confort, dont je me sentirais à jamais redevable à l'égard de gens que je n'ai pas connus. Lorsque je me suis retrouvé devant Brest, sur la presqu'île de Crozon, c'est dans doute cette éducation qui m'est revenue en quelques secondes, et je me trouvais à côté de mon fils, et j'étais déchiré entre le devoir de mémoire et le droit d'oubli, entre la responsabilité de transmettre à mon fils un peu de l'éducation que j'ai reçue et l'envie de le laisser bénéficier de vacances obtenues au prix de dix mois de travail scolaire. C'est ce que j'ai tenté de traduire au moyen de ces quatorze vers imparfaits. Sur un sujet qui peut être voisin, mais pour des causes différentes, j'ai été interpellé par le commentaire de Misumena qui, en tant que Lorraine, peut se sentir concernée par les destructions citadines. Je suis Bruxellois et si je sais que la Belgique et la région autour de Bruxelles en particulier (Waterloo par exemple, mais pas que) est le champ de bataille de l'Europe depuis des siècles (c'est toujours le cas aujourd'hui, mais sur un plan plus symbolique), que Bruxelles a connu son lot de destructions, de Louis XIV jusqu'à Adolf Hitler et sans doute même avant ce brave Louis, je sais surtout que la destruction de Bruxelles n'est due essentiellement qu'à la bêtise de soit-disant progressistes, à la cupidité des promoteurs immobiliers et au rasage de quartiers entiers sur l'autel des institutions européennes et de la circulation automobile, que j'ai un peu honte de ma ville qui devait être si belle il n'y a même pas un siècle, bien que la trouve très agréable à vivre et vivante d'un point de vue culturel, et que pour le touriste de passage en Belgique, je conseillerais de visiter Gand, Anvers (ayant subi beaucoup de destructions lors de la seconde guerre mondiale, soit dit en passant), Bruges, Malines ou Louvain avant de visiter Bruxelles. Pour apprécier Bruxelles, il me semble qu'il faut y vivre, au moins pour un temps, comme j'imagine (peut-être à tort ?) que cela doit être le cas de Brest. Merci, Alexandre, pour votre lecture et votre commentaire.
Contribution du : 14/09/2013 00:58
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Re : Nous n'irons pas jusqu'à Brest |
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Bonjour stony. C'est tout à votre honneur de transmettre à votre fils ce devoir de mémoire qui s'estompera, qu'on le veuille ou non, au fil des générations, et je comprends très bien votre démarche.
J'ai eu l'occasion voilà quelques années de visiter Oradour sur Glane. Là-bas tout est resté comme au lendemain de cette "boucherie" de 1944 et l'émotion est palpable entre ces murs noircis. A Brest on ne retrouve rien de cette ambiance si pesante. Sur la côte autour de chez moi subsistent des vestiges du mur de l'Atlantique et de nombreux camping-caristes allemands y font régulièrement une halte... Il m'est arrivé de les piloter ou de les renseigner sur ce qui s'est passé ici. Ainsi va la vie ! Oublier, il n'en est pas question pour les gens de mon âge mais aider à tourner cette page d'Histoire, pourquoi pas ? J'ai écrit il y a belle lurette un genre de nouvelle "historique" en deux parties, Rosservo puis Le mur, deux récits basés sur ce que m'ont raconté quelques anciens aujourd'hui disparus... Ca se passe en ces lieux que je fréquente chaque jour et ça n'a d'autre objectif que de dénoncer la guerre et la connerie humaine... Bon week-end cher collègue
Contribution du : 14/09/2013 11:11
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Re : Nous n'irons pas jusqu'à Brest |
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Bonjour à tous
Au vu des questionnements que suscitent les derniers textes publiés sur Oniris : -Nous n'irons pas jusqu'à Brest -La dernière cigarette -Le jour éclot, soyeux. -Pensée triste etc... Je me demande s'il ne faudrait pas que les auteurs joignent un minimum d'indication avec leur texte. Bien sûr je ne parle pas d'une notice explicative comme ils peuvent le faire en remerciant les commentateurs mais plutôt quelques flèches directionnelles. Je pense que cela aiderait grandement à la compréhension aussi bien en lecture qu'en "prélecture" anonyme et peut-être éviterait à certains écrits d'être évincés. J'ouvre ce questionnement au débat en espérant d'autres réponses que les poncifs du genre : le lecteur doit savoir lire entre les lignes ou ce qui s'énonce bien se comprend bien. Bonne journée Hananké
Contribution du : 14/09/2013 11:37
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Re : Nous n'irons pas jusqu'à Brest |
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En espérant que ma réponse n'entre pas dans les cas de "poncifs" que vous écartez à l'avance : pour moi, l'auteur est tout à fait libre de donner les pistes que vous évoquez dans le "chapeau", cette case qu'il est invité à remplir au moment de la soumission de son texte.
S'il n'explicite pas son texte, c'est son choix, il prend en effet le risque de n'être pas bien compris. Pour moi, c'est sa liberté de prendre ou non ce risque, de décider de s'adresser à un lectorat qui doit faire l'effort de creuser le texte pour en saisir toutes les subtilités, ou de lui "mâcher le travail", au lectorat, pour avoir plus de chances de faire saisir ses intentions. Évidemment, selon la formule consacrée, ceci n'est que mon avis. Et l'auteur est libre aussi de se planter, de mal évaluer le degré d'explicitation nécessaire... J'ose dire que c'est son problème.
Contribution du : 14/09/2013 11:47
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